Suivez, soutenez et aidez vos auteurs favoris

Inscrivez-vous à l'Atelier des auteurs et tissez des liens avec vos futurs compagnons d'écriture.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
Image de profil de null

uglos

uglos
Un séjour imprévu dans un hôtel à l'autre bout du monde, entre deux vols. Une escale pas vraiment décidée.
7
11
22
20
Défi
uglos


Je ne pouvais pas y croire ! Ça a été un tel choc, je ne sais pas si je m’en remettrais un jour.


Notre rencontre aura été aussi brève que violente, pourtant l’adrénaline m’a donné l’impression que ça ne finirait jamais. J’ai eu tout mon temps pour la contempler dans les moindres détails. Son délicieux visage si pâle et le contraste des taches de rousseur. Son gloss si rouge dessinant sa bouche ouverte en un « O » de surprise. Sa chevelure brune aux mèches emmêlées par la brise. Les courbes de son corps, promesses de délices, si bien mises en valeur dans sa robe réglisse. Et ses yeux magnifiques, aussi ronds que sa bouche, l’air de me découvrir avec un étonnement subit.


Vraiment, j’en ai eu le souffle coupé. Je n’imaginais pas, il y a encore si peu, qu’un tel événement, eût bien pu m’arriver. Moi qui ne croyais pas tellement aux rencontres impromptues, j’ai bien dû réviser amèrement mon jugement.


Je la tiens dans mes bras, elle grelotte et elle tremble. Nous sommes coincés ensemble, pendant que la nuit entre, le froid également, dans ma voiture en ruine. Je la serre si fort en m’excusant vivement. J’ai eu un coup de foudre, juste avant qu’elle ne traverse le pare-brise.


Je lui souris tendrement, pendant que je contemple le reflet des gyrophares dans ses yeux qui s’éteignent.
21
40
1
1
Défi
uglos


– Tu es sûre que ça va aller maman ? T’as bien retenu tout ce que je t’ai dit ?
– Mais oui enfin ! Ne sois pas inquiète, bécasse, j’ai déjà élevé des enfants, je sais encore comme ça marche. Allez, va t’amuser, profite un peu, ça va bien se passer.
– Tu crois que…
– J’en suis sûre ! Allez zou ! file avant qu’il ne se réveille et remarque que t’es partie, ça évitera un drame. Dehors maintenant, hop hop hop !
– Merci maman, t’es géniale, bisous.
– Comme à chaque fois que t’as besoin de moi va, bisous ma grande.
 
    Mince, quelle conne, c’est la première fois que je laisse Marius depuis qu’il est né et j’arrive quand même à culpabiliser. Courage ma fille, c’est pas le moment de gâcher tout ce temps libre, haut les cœurs ! Enfin, haut-le-cœur, vu que je suis toute seule. Bof, c’est nul au singulier, ça fait plutôt envie de vomir. Ce soir c’est le grand jeu, ça fait longtemps que je me suis pas sentie un peu remplie différemment, un peu plus satisfaite et épanouie, j’ai hâte !
    Demain je n’irai pas bosser avec des traces douteuses sur ma veste, ou exhalant un léger fumet de lait caillé ou de vieux fromage. Faites des gosses… ils vous le rendront avec allégresse. Demain je vais pas bosser, et je vous emmerde ! Je vais m’en mettre ras la gueule, ça va être génial !
    Tiens, en parlant de traces douteuses, ça me rappelle l’autre fois dans le placard, à la soirée d’halloween. Je suis toujours pas sûre que c’était bien Louis, trop de mojito et d’obscurité c’est pas bon. Les déguisements ça aide pas. Ah merde alors, rien à foutre de ce connard, tant pis si c’était pas lui, il s’est barré, alors quelle importance ? C’était chaud quand même, dommage qu’il soit venu un peu vite, j’en aurais bien profité un peu plus moi. Chlo et ses idées à la con, elle devait bien avoir une idée derrière la tête en lançant cette idée de cache-cache bourrée à deux heures du mat’. A mon avis, ses jambes aussi ont dû se retrouver derrière sa tête…
    Je suis déjà arrivée ! Faut arrêter les souvenirs en conduisant, je sais même pas par où je suis passée pour rentrer, la conduite automatique, c’est pas terrible. Oh-là-là, ça fait presque deux ans cette histoire, et te voilà toute émoustillée par un vieux souvenir. Ma pauvre, va falloir te remettre en selle.
    Oh non, ça fait à peine deux heures que je suis partie et j’ai déjà les seins gonflés à bloc, putain ça fait mal ! Pfff, quelle fontaine, j’ai encore inondé mon chemisier avec ces saloperies de coussinets qui tiennent pas, à croire qu’ils les ont jamais essayés les génies qui ont inventé ces trucs-là. J’ai l’impression d’être une vache laitière. Avec tout ce que je produis, je devrais faire des fromages et les vendre au marché, tiens. Un coup de tire-lait et ça ira mieux. La prochaine qui me parle d’allaitement je lui fais bouffer ses dents. Et j’irai lui tripoter les nichons, elle verra comment c’est agréable pendant cette période. Et voir la gueule de son mec quand il se fera rembarrer quand il les approchera de trop près prétextant un massage pour la soulager. Ouf, ça va mieux maintenant.
    Un petit tour sur mutique, le site de rencontre des gens peu loquaces, avec un peu de chance, je trouverais peut-être un mec bien, ça changerait. Pas évident de nouer le dialogue. Faudrait éventuellement que je change ma formule d’accroche, j’ai copié sur les autres, mais c’est moyen quand même : « je sais ce que je veux et ce que je ne veux plus, si tu ne rentres pas dans mes critères de sélection qui font de toi Orlando Bloom ou Ryan Gosling, je ne perdrais pas de temps à te répondre ». On se croirait dans un supermarché à choisir un bout de viande. C’est pas perdre son temps que de prendre trente secondes à dire : « merci pour ton message, mais n’insiste pas, tu ne corresponds pas vraiment à mes attentes ». Il y a des personnes à l’autre bout, pas seulement des paquets de bits. Faire preuve d’humanité ne me semble pas superflu. Je vais améliorer ma com, ça fera pas de mal. Tiens, ce gars-là à l’air plutôt bien. Bon, ben j’ai plus qu’à espérer qu’il m’envoie un message, soyons attentiste.
    Allez, je continue à m’occuper de moi. Un bon décrassage et un bon ramonage te feront le plus grand bien, hein ma salope, ça fait longtemps que t’en rêves, au boulot maintenant !
    J’expédie vite-fait les préparatifs, et plouf, au jus. C’était pas mal comme idée la planche en travers de la baignoire pour y poser un verre de vin et quelques douceurs. Rien à cirer des pétales de roses par terre, c’est moi qui devrais les balayer après. Les bougies c’est sympa, ça fait ambiance panne de courant, ou placard d’halloween, c’est selon. Voilà, y’a assez d’eau et de mousse maintenant. Hop mon canard jaune, hop une serviette confortable pour se caler la tête et c’est parti !
    Merde, j’aurais pas dû me regarder aussi longtemps à poil dans le miroir, tu fais un peu champ de bataille ma cocotte. C’est plus un rasoir qu’il va te falloir pour remettre de l’ordre, mais une débroussailleuse. M’en fous, pour l’instant, ça intéresse personne. J’ai morflé avec la grossesse, mais bon ça va continuer à s’améliorer, je suis encore baisable. Juste un peu d’ordre à mettre pour que ça se remarque. Baisable ou désirable ? Oh c’est bon, on n’est pas des princesses, baisable, c’est décidé. Désirable c’est pour avant la baise. Là j’ai plutôt envie de cul si je m’écoute un peu.
    Rahhhhh, ça fait du bien nom de dieu ! Position de croisière dans la baignoire avec tout ce qu’il faut. La tête bien, calée, les mains posées entre les cuisses, une gorgée de Maury et une bouchée de chocolat noir de temps en temps et on y retourne. Oh bordel que c’est bon ! Comment c’est bien ! J’ai envie de gueuler comme un veau tellement ça soulage.
    Ça fait plus d’une heure, l’eau est froide, j’ai fini la bouteille et je suis un peu beurrée maintenant. Va falloir passer aux choses un peu plus sérieuses.
    Rinçage et séchage rapide. J’enfile quelques dessous affriolants rien que pour moi.
    Je me glisse dans mes draps frais, changés de ce matin, avec mon matériel préféré, et allons-y pour une nuit d’expérimentation.
    Déjà quatorze heures ! J'ai ronflé comme un sac plus de douze heures. Je suis bien dans mon t-shirt XXL trois fois trop grand et mon immonde culotte trouée trop confortable. J’avais encore jamais lu de roman policier, ce sera pour une autre fois, je me suis endormie au nom de l’auteur.
    Quelques jours rien que pour moi, faire la sieste dans la baignoire, dormir et lire sans interruption. Me reposer un peu, m’occuper de moi. Franchement, c’est mon fantasme depuis l’accouchement.
11
27
31
5
Défi
uglos
Mazette, quel coup de pompe ! T’es fatigué, qu’est-ce qui se passe ? Non non, je viens juste de me faire échauffer l’arrière-train par une godasse égarée. Ah, mais sait-on d’où vient-ce ? Probablement la pompe à Dour, voilà quelqu’un qui ne va pas tarder de se prendre une pompée ! Salope de marquise, avec ses grands airs, elle le mériterait bien. Mais non, pas la marquise, Dour, son chauffeur ! C’est pourtant bien elle que Pompée pistonne, qu’est-ce que Dour vient faire là-dedans ? Pompée, le type au phare sale ? Ben oui, le pauvre Dour n’a jamais eu le temps de finir le nettoyage, du coup, Pompée a dit de laisser comme ça, en souvenir de l’événement. Qu’est-ce qui s’est passé ? Il traînait les bars au lieu de nettoyer, le pauvre s’est fait molester et a récolté un bon paquet de beignes, un vrai massacre.
Ah oui, au rade Dour surglane ! C’est pas ça qui va tirer cette pompe au net. Oui, ça commence à pomper l’air tout ça. Tu m’embrouilles à tout confondre, ça commence à me gonfler prodigieusement. Ma parole, t’es aussi irritable que l’autre là, le Pompée gonflable ! Ahhhhhhh, je vais commettre un meurtre ! Hmm, cette histoire commence à s’orienter vers de sombres auspices, je sens poindre les pompes funèbres. J’ai pas vu la couleur de la chaussure, l’attaque sournoise est venue de dos. On pourrait aller voir Dour et essayer de lui tirer les vers du nez, l’inviter à boire et manger, le distraire pour lui poser des questions. C’est pas gagné, avec son klaxon, il ne fait que des sonnets. Et toi avec ton esprit chevaleresque, il faut faire comme si tout était une cérémonie en grande pompe ! Mon fondement l’estime bien à du 45. Tiens d’ailleurs, voilà l’ustensile du délit, allons confondre la pompe à Dour afin d’y voir plus clair.
[…]

Oh, merci de l’avoir retrouvée messieurs, je l’ai perdue ce matin lors d’un virage un peu brusque. Du coup je la cherche et me voilà fort marri depuis quelques heures. Alors, c’était la pompe à Marie mal amarrée et non celle de Dour chauffeur de la marquise ? Si c’est la même, Dour en était marri, maintenant il est de retour, même s’il est en retard ! La marquise et Pompée ne pomperont plus Dour, lui qui claque sonnets à longueur de jour. Voilà, l’histoire a fini par exploser au grand jour, c’est juste une pompe à retardement.
8
23
1
2
Défi
uglos


    Je me sens si seul.
    J’ai tellement froid ce soir, abandonné dans la rue comme un malpropre.
    Ça ne fait même pas une heure que tu m’as laissé et déjà ta chaleur me manque, absorbée par le vent, transpercée par la pluie glaciale qui me ruisselle dessus.
    Anéanti.
    C’est le bon mot pour exprimer le rien qui me remplit. Comment pourrais-je continuer sans toi pour me combler l’existence ? Je n’en ai même pas envie.
    J’aimais tellement quand, au beau milieu de la nuit tu venais te blottir contre moi. Tu remontais tes genoux sous ton menton en prenant bien soin de passer ton immense t-shirt informe par-dessus. Puis tu les enserrais avec tes bras et tu te mettais à pleurer jusqu’à l’aube froide, dure, comme la pointe de tes seins que je sentais parfois quand tu changeais de position. Moins dure toutefois, que les os de tes fesses anecdotiques. Néanmoins, c’était bon de les sentir sur moi jusqu’à n’en plus pouvoir.
    Maintenant c’est déjà un souvenir, il me brûle et je ne peux m’en défaire. Pour l’instant je souffre de savoir qu’il faudra m’en séparer. S’imprégner de toi pendant des heures me comblait. Combien de temps faudra-t-il pour qu’il devienne tiède et supportable ?
    Je défaille rien qu’à repenser à toi quand il t’arrivait de te mettre sur moi et de te caresser sans vergogne à t’en faire rougir les doigts ainsi que les murs et probablement les voisins, qui ne devaient pas en perdre une miette.
    Quelle torture que de revoir ces scènes sachant qu’elles n’arriveront plus jamais.
    Je t’aimais, même lorsque dans tes accès d’autodestruction tu entaillais ton corps à coups de lame de cutter. Quelquefois le mien aussi, emportée par l’élan. Ton sang me coulait dessus, et moi je l’absorbais, pour devenir une partie de toi. C’était malsain je l’admets, cela dit, j’appréciais que d’une autre façon tu t’offres encore à moi.
    Ensuite tu m’abandonnais quelques jours et me regardais avec dégoût, comme tu te regardais dans la glace dans ces moments-là. Les traces que tu me laissais te rappelaient ta culpabilité, jusqu’à ce que tu finisses par la dépasser et que tu me revenais.
    Je t’en prie, saigne encore, lacère-moi si tu veux, mais reviens-moi !
    Il t’arrivait aussi de temps à autre de jouer avec un homme. Je n’étais pas vraiment à l’aise, mais pour toi j’aurais tout accepté, du moment que tu restes. Sentir vos peaux tour à tour finissait par m’enivrer. Pour finir en apothéose de sueur, de cyprine et de semence. J’adorais quand tu m’essuyais avec ton air mi-coupable, mi-salope. Je me serais accommodé de la situation bien longtemps encore si tu l’avais voulu.
    Que ne donnerais-je pour revoir ton sourire apaisé  ?
    Ceci n’arrivera plus.
    Tu as versé jusqu’à ta dernière goutte. Même pas sur moi, tu es tombée avant, trop affaiblie pour te relever. Je n’ai eu de toi qu’à peine une caresse de ta main qui essayait de m’attraper. En vain.
    Puis nous sommes restés ainsi tous les deux, plusieurs jours dans le calme de la mort, moi m’imprégnant de ton odeur putride. Odeur qui a dû attirer les voisins puisque des gens ont fini par défoncer la porte et t’arracher à moi, me laissant seul. Jusqu’à ce soir, en me retrouvant sur le trottoir.
    Le jour se lève sur une nuit de détresse et des quelques contacts abjects de passants égarés.
    Un camion s’arrête devant moi. Deux hommes en descendent et s’approchent. Ils me saisissent par les pieds et les accoudoirs et d’un geste vif me balancent dans la benne.
 
5
8
2
2
Défi
uglos
Une histoire qui sent bon l'humanité.
4
5
0
0
Défi
uglos

Je voudrais juste mélanger ton encre au papier de mon être.
8
15
0
0
Défi
uglos


    Elle se réveille au petit matin dans les draps blancs de l'hôtel, seule à goûter la douceur printanière qui s’installe dans la chambre ; avec le soleil filtrant à travers les stores pour venir s’étaler sur les murs en flaques floues. Pendant quelques minutes elle reste immobile et contemple les petits grains de poussière qui volettent et scintillent dans les rayons lumineux. Ça lui fait penser à une chute de neige et renforce encore l’impression de calme et de silence qui règne dans la pièce. Elle aime particulièrement cette période de l’année, quand l’hiver tarde à se faire oublier et que la nouvelle saison s’annonce doucement. Cet entre-deux où elle se surprend à s’éveiller vraiment, comme si elle sortait d’hibernation avec ce je-ne-sais-quoi dans l’air annonçant le renouveau.
 
    Elle se lève sans faire de bruit pour ne pas réveiller la forme sous les draps dont quelques mèches de cheveux dépassent. Son pas léger effleure à peine l’épaisse moquette blanche. Elle sourit en s’imaginant qu’il a neigé dans la chambre. Puis se dirige vers la porte d’entrée en essayant de faire le moins d’empreintes possibles, se prenant pour une espionne qui fuit discrètement le lit du bellâtre ballot à qui elle aurait soutiré d’importantes informations de façon fort peu orthodoxe. Arrivée à son but, elle observe le sol avec la satisfaction du devoir accompli et s’esquive discrètement.
 
    En arrivant sur la terrasse, des crampes abdominales la foudroient sur place. Elle s’accroche fermement à la rambarde de bois en y enfonçant ses ongles, attendant que l’orage passe. Elle se dit qu’il n’y a pas que le printemps qui s’annonce aujourd’hui. La douleur s’estompant, elle se dirige vers le jardin, louvoyant entre les tables où quelques lève-tôt prennent leur petit déjeuner. Ce faisant, elle distribue des bonjours et des sourires, mais les clients semblent plus absorbés par leurs croissants que par sa présence et ne lui répondent pas. Il y en a bien un qui a relevé la tête avec un air agacé, comme si une mouche lui tournait autour. Tant pis, pense-t-elle, ce sera pour une autre fois.
 
    Au-dessus d’elle, le ciel est d’un bleu très vif ; elle peine à regarder la chaine de montagnes vertes et grises aux sommets encore enneigés en contre-jour. Le soleil ardent la force à plisser les yeux. Le contraste est assez saisissant avec la chaleur des rayons solaires et la fraicheur encore matinale de l’atmosphère. Elle avance vers le ruisseau qui gronde, grossi par les glaciers en train de fondre. Elle éprouve avec délice l’herbe tendre sous ses pieds diaphanes, le contact vivifiant de la rosée et soupire d’aise.
 
    Ce moment de bonheur simple est bien vite gâché par le froid qui la saisit. Elle regarde en l’air pour voir si quelques nuages ne cacheraient pas l’astre du jour, mais non il n’y a rien. Rien que cette boule qui irradie au creux de l’estomac, comme si elle avait avalé trop vite un grand verre d’eau glacée. Un très grand verre alors, la douleur s’étendant jusqu’au bout de ses doigts.
 
    Elle se reprend difficilement et décide de retourner s’allonger un peu le temps que ça aille mieux. Pendant qu’elle revient elle entend des sirènes de police se rapprocher de l’hôtel. Alors qu’elle monte les quelques marches pour revenir sur la terrasse, elle voit passer en trombe un groupe d’hommes en uniforme. Ils s’engouffrent dans le bâtiment. Certaines personnes commencent à se lever pour aller voir, attirées par la curiosité, prêtes à dégainer leur portable, en quête de sensationnel sordide.

 
    Elle aussi s’interroge et se joint au mouvement. Les badauds, ignorant savamment sa présence, lui marcheraient presque dessus si elle n'y prenait garde. Dans le couloir, elle voit les policiers tout au bout, juste devant sa porte. D’un seul coup la voilà la gorge sèche, déglutissant avec grande difficulté. Elle se précipite en avant, s’insérant entre les curieux s’agglutinant comme des globules dans une artère bouchée. Elle entre dans la chambre en même temps que la maréchaussée.
 
    L’un des hommes se dirige vers le lit. Il approche lentement sa main des draps, comme s’il redoutait un animal blessé aux réactions imprévisibles. Il découvre la silhouette et tous peuvent voir le corps d’une jeune femme. Sur son cou gonflé d’une couleur violacée, des marques de strangulation violente.
    – Encore une victime de ce cinglé de violeur…
    – Chef, c’est bizarre son expression, on dirait qu’elle ne sait même pas qu’elle allait mourir ou qu’elle est morte. La pauvre, c’est sûrement mieux comme ça, qu’elle ne se soit aperçue de rien.
    La jeune femme effarée fait le tour du lit, passe à travers le groupe et contemple horrifiée le visage figé en un masque mortuaire. Elle hurle. Personne ne la remarque.

 
7
11
14
3
uglos
En fait c'est plutôt une chanson, mais comme il n'y a pas la catégorie... poésie ça marche aussi.
0
2
2
1
Défi
uglos
Réponse au défi "sans verbe"

Quand tout va bien, oui tout va bien.
4
10
0
0
uglos
Le passage inattendu du Père Noël un peu en avance.
1
2
0
13
Défi
uglos


 C'est bientôt Noël. Seigneur, qu'il fait froid ! Sans bouger au fond de mon trou depuis plusieurs heures, ça devient dur, très dur. Le corps complètement ankylosé, les pieds et les mains ne sont plus que des blocs de glace. Bouger les doigts est une véritable torture. Allumer une clope, même si c'est interdit, relève de l'exploit. Mais au moins la flamme vacillante du zippo et l'odeur de l'essence me donnent l'illusion de me créer un monde meilleur pendant quelques secondes. Et ça me force à bouger pour que ne rien laisser voir, sous peine d’attirer les balles comme la lumière les moustiques. Ca maintient un minimum ma concentration et m'évite l'envie irrépressible de me laisser aller et de me fondre dans le néant.
 Depuis plusieurs mois, rien que du chaos en continu. Agir comme une machine, ne surtout pas penser à ce qui m'entoure ni à ce que je fais. Faire ce qu'on me dit, comme tout le monde. Continuer encore et encore sans réfléchir pour ne pas devenir fou face à l'inanité de notre condition, jusqu'à ce que toute cette vie invraisemblable finisse par trouver une conclusion, quelle qu'elle soit. Juste des objets, des pions à avancer pour arriver au but, ou pas. Je ne sais même pas ce qui me maintient, ce qui nous maintient tous. De la volonté pure ou autre chose. Aucune idée. Je suis juste là, maintenant, et j'ai trop froid. Il commence à neiger, manquait plus que ça... La minute suivante sera très certainement identique à la précédente, encore et encore. Jusqu'à la relève. Pouvoir espérer avaler un truc chaud ressemblant vaguement à du café si toutefois il en reste. Mieux vaut ne pas savoir avec quoi est faite cette eau sale. L'avaler, se réchauffer, dormir et recommencer. Pour l'instant, c'est le principe. Jusqu'à ce que ça change.
 Malgré tout, la nuit est calme.
 Ayant fini par perdre toute notion du temps, le froid m'engourdit tellement que je commence à somnoler, j'essaie de me remuer pour ne pas sombrer encore plus avant.
 Réveil soudain. Quelque chose a changé dans l'air et mon corps a senti la différence avant mon cerveau embrumé. Oui, malheureusement, c’est bien ça. Tout d'abord un bruit ténu, presque imperceptible puis qui grossit jusqu'à n'être plus que le sifflement caractéristique d'un pilonnage d'artillerie en règle. L'enfer se déchaîne à une vitesse fulgurante. Du concentré d’ultra violence.
 Une grêle d'obus déferle sur nous. C'est tellement brutal que le sol tremble en continu et me secoue tous les os comme si je n’étais rien de plus qu’un vulgaire fétu de paille. L'adrénaline monte d'un seul coup, je me sens vivre. J'ai comme l'impression de tout voir au ralenti. Tout ça va encore durer un temps infini. C'est déjà long en temps normal, là c'est insupportable de lenteur. Le bruit est tellement assourdissant que bientôt je n'ai plus qu'un sifflement continu dans les oreilles. Les explosions déchirent la nuit. L'impression est totalement surréaliste, encore plus avec le bruit que je ne perçois plus. Je ne ressens que des vibrations en contemplant un immense stroboscope de destruction aléatoire. C'est terrifiant, je ne peux pas m'empêcher de trouver le spectacle de ce maelström de non-sens absolu magnifique. Ce cataclysme m’enivre à chaque fois, c’est comme une drogue dont on ne veut plus se passer.
 Je vois tout le monde qui m'entoure s'agiter en tous sens comme un essaim d'abeilles essayant de fuir le danger. Je ne peux pas détourner le regard de ce film muet qui se déroule sous mes yeux. Bientôt la neige tombe rouge des morceaux de ceux qui furent mes compagnons d'infortune, le tout mélangé de terre plus ou moins poisseuse malgré le gel qui règne ici. Une chose proche de la bouillie me tombe dessus. J'imagine le bruit mat qu'elle a dû produire au contact de mon treillis.
 J'ai toujours aimé l'orage, attendons que celui-ci s'éloigne, comme les autres.
1
3
0
3
0