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Thomas Dansor

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Défi
Thomas Dansor
Je travaille dans la carrière depuis que mon père m’a vendu. Le soleil brûle la terre de mes ancêtres et assèche mon cœur. Même pleurer devient difficile… difficile… difficile et vain. Par ma sueur, mon sang et mes mains, moi Abioni je m’en sortirai.
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Défi
Thomas Dansor

Quitter sa province pour empoigner la vie et puis surtout conquérir Paris...
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Thomas Dansor


Mes coudes et mes genoux s’écorchent au contact de la pierre. Dans le noir le plus complet, je rampe et me faufile comme une souris. Les yeux sont inutiles lorsque l’on connaît le chemin par cœur. Derrière la muraille, l’humidité et la crasse, le bruit régulier des vagues résonne sur la roche. Dans la noirceur des tunnels, cette mélodie est ma seule véritable amie. Toujours présente, elle me berce de ses petites notes d’espoir. La nuit, elle couvre l’effroi et la solitude. Ses rouleaux sur la pierre me murmurent tout bas :
- Ne t’en fais pas Olivia, tout va bien, ce n’est pas la fin, mais le début.
Aujourd’hui, Martin, que tout le monde surnomme Marteau, nous a envoyés fureter au deuxième niveau du donjon, celui de la milice blanche. Alors je rampe en compagnie de Minus. C’est un p’tit, il n’a que cinq ans. Moi, je suis grande, j’en ai huit ! Avec mon crâne rasé et mon caractère de teigneuse, ils me prennent tous pour un garçon, un dur à cuire. Oli Mangepierre qu’ils m’appellent. Tout ça parce qu’un jour, j’ai fracassé Eddy Longuemorve à coups de rocs... C'était un grand, un grand d'dix ans.
Une voix apeurée geint derrière moi.
- Hey Oli !!! Attends-moi !!!
Je réponds par un murmure étouffé.
- La ferme Minus ! Les voix résonnent sur la pierre.
Au Noir Rocher de Montembrun, les erreurs de débutant sont aussi tranchantes que la lame de leurs geôliers. Deux milices sévissent dans la prison. Au deuxième niveau, la Garde Blanche veille de l’aurore au couchant. La nuit, elle est relevée par les sombres soldats du sixième niveau.
J’avance en silence et répète mentalement la liste d’objets commandés par Marteau : « lime, poinçon, maillet et chaîne ».
Mes mains ressentent un contournement dans la roche, le conduit oblique. Nous approchons de la voie d’accès. Notre fourmilière traverse la forteresse de haut en bas et de part en part. Nous, les Bâtards du Rocher, accédons à chaque recoin de la forteresse dans l’impunité la plus totale. Nos forfaits engendrent d’étranges disparitions d’objets et de denrées. Anodines, mais inexplicables, elles nourrissent des rumeurs de fantômes dans toute la place forte.
Je ralentis. Minus me rejoint. Ma voix à peine plus audible qu’un courant d’air parvient à ses oreilles attentives.
- Écoute-moi bien Minus. Nous arrivons au deuxième niveau. C’est le quartier des gardes. S’ils nous choppent, ils nous trancheront le cou sans aucune pitié. Plus un mot ! Et fais gaffe, une pierre qui dégringole ça fait un boucan monstre !
Je fixe ce qui ressemble à une silhouette dans le noir. Immobile, il ne répond pas. Un bruit étrange me parvient, comme un léger sifflement. Un parfum un peu piquant m’incommode.
- Minus ?
Il bredouille d’une toute petite voix :
- O... Oui ?
- Tu fais dans ta culotte ?
- Oui…
Un pincement sur mon cœur et sur le coin de mes paupières. Marteau exagère ! Les p’tits ne sont pas faits pour les missions.
Je radoucis mon ton et tente de le rassurer :
- Écoute, tout va bien se passer. Toi, tu resteras bien caché, et moi, j’irai en expédition. Tout ce que tu auras à faire, c’est d’attendre à l’abri et de mettre tout ce que je te donne en sécurité dans la galerie.
- D’a… D’accord Oli.
- Allez ! Tu vas voir, ça va aller. Mais plus un bruit !
Mes paumes ressemblent à des ventouses dont chaque fibre me renverrait ses informations. J’adapte la position de mes mains afin d’être prête à bondir en cas d’alerte. Mes yeux s’apparentent à ceux des chats. Les pupilles complètement dilatées scrutent le moindre changement dans ce décor charbon.
Des points lumineux brillent enfin à l’horizon. Nous approchons de la réserve. Je redouble de prudence et avance au millimètre. Mon rythme de limace permet à Minus de me suivre en toute discrétion.
J’y arrive. Mon oreille s’approche du mur pour détecter le moindre bruit. La paroi devant moi est une pierre désolidarisée. C’est notre technique de creuse. Nous évidons les joints de manière à pouvoir desceller les blocs et créer nos galeries. Les pierres descellées sont jetées à la mer. À chaque roche évacuée, notre réseau s’agrandit.
Mon écoute interminable perturbe Minus qui gesticule derrière moi. D’un geste vif, je me retourne et lui saisis le bras. Il comprend et redevient tranquille.
Revenue à ma place initiale, mon écoute se poursuit de longues minutes. Mon instinct me libère du carcan de la prudence. Je glisse mes doigts dans les encoches creusées et tire. La pierre crisse dans ma direction. Prions pour que personne ne passe dans les environs. Je prends garde à ne pas trop la décaler afin de faciliter sa remise en place. Dès que l’espace est suffisant, je la fais pivoter et crée un trou dans la muraille, à peine plus grand qu’un terrier de lapin. À son ouverture, une coulée de lumière inonde le couloir sombre.
Mon visage oblique vers la mine morveuse de Minus. Les joues aussi sales que les parois de notre galerie, il dégouline de terreur.
- Ça va aller, ne bouge pas de là.
Je lui lance un clin d’œil plein de confiance et disparais dans la lumière.
*
Quelques secondes s’écoulent, le temps de m’habituer à la clarté des torches. L'endroit devenu familier au fil des rapines se dessine. Je redécouvre les établis jonchés de quincaillerie, véritables coffres aux trésors pour mes yeux démunis.
Des étagères en enfilades poussent au milieu de l'atelier comme des haies bien entretenues, elles masquent la porte d’entrée.
J’observe les plans de travail et m’arrête sur une armure de cuir en réparation. Furtive comme un petit rat, je déleste la table de sa pièce de tannerie que je viens déposer devant l’entrée du trou. D’un geste habile, le plastron vient masquer notre accès dérobé.
D’instinct, j’évite de rester plantée au milieu de la pièce et me colle dans l’ombre d’une armoire. La liste me revient en mémoire : « lime, poinçon, maillet et chaîne ».
Mon regard court entre les rayonnages garnis de boîtes métalliques. L’ennui avec l’outillage, c’est qu’il libère un bruit de ferraille désagréable lorsqu’il s’entrechoque. J’opère donc ma fouille du bout des yeux.
Je trouve rapidement la lime, le maillet et le poinçon qui sont des objets courants dans un atelier. Je reviens vers la pierre descellée, soulève la peau et découvre Minus, mortifié dans son trou. J’ai l’impression d’être un renard devant un lapereau. Je lui tends les outils et lui indique d’un geste du doigt le silence. Il hoche la tête. Sans attendre, je le replonge dans le noir.
Une chaîne… Sceptique quant à mes chances de succès, je tente une recherche minutieuse. Ne pas ramener le butin demandé serait synonyme de coups de Marteau… Sentence qui a donné son nom au chef de bande.
Ma fouille devient un peu trop longue à mon goût. Chaque seconde passée augmente le risque. Mais où vais-je trouver cette fichue chaîne ?! Un objet particulier m’interpelle. Je m’arrête sur une longue aiguille, presque aussi grande que moi. Je m’interroge sur son usage lorsqu’un bruit alerte mes sens. L’armure de cuir dégringole de son emplacement et je vois apparaître Minus au milieu de la pièce.
Par l’enfer d’en dessous !
Il murmure :
- Oli… Oli J’ai peur, viens, on s’en va.
Je m’apprête à me ruer vers lui, mais un bruit me stoppe dans ma course. Un cliquetis de serrure suivi d’un grincement de porte, des pas… Nous sommes découverts.
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Défi
Thomas Dansor

"L'expérience est une lanterne qui n'éclaire que celui qui la porte..."

Jean
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Défi
Thomas Dansor

Je voudrais parler, crier, laisser exulter cette tristesse mais en vain. Le desespoir se mue en rage et bout en moi. Ce poison m'assassine autant que le jugement de mes pairs. Dans ce monde baigné d'injustice, mon corps coule, ma tête sombre et je me noie. Mes yeux lancent un regard vers la surface... une ombre se meut. Serait-ce un espoir. Ce bras qui plonge dans ma direction mène t'il vers une échapatoire ? Non, ce que je prenais pour une main tendues est en réalité un doigt accusateur. Coupables, nous sommes coupable d'être pauvre, perdant, handicapé, malchanceux, car tant qu'il y aura quelqu'un d'autre à écraser ils survivront... pour un temps du moins.
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