Suivez, soutenez et aidez vos auteurs favoris

Inscrivez-vous à l'Atelier des auteurs et tissez des liens avec vos futurs compagnons d'écriture.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
Image de profil de 10206578387317527

Rémi Bodin

Quelque part par là....
Rémi Bodin

1


    D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu ce Livre avec moi. Il m’a accompagné à chaque instant de ma vie, quel que soit l’endroit, l’heure ou le moment. Même en dormant, je l’avais ! Ah ! ça oui, pour m’avoir accompagné toute ma vie, il l’aura fait, ce fameux Livre de la Vie.
    Mais j’oublierais presque de me présenter. Je me nomme Cassandre Audet et aujourd’hui, j’ai décidé de raconter en quoi consiste ce Livre.
    Et pourquoi ? Vous le saurez bien assez tôt.
    Commençons par le commencement.




    Avant même la venue au monde d’une personne, un Livre de la Vie attend patiemment son futur possesseur dans un endroit tenu sous secret d’État. Quand un bébé arrive (moment merveilleux s’il en est), son Livre est prêt à être utilisé. Un agent du gouvernement le remet aux parents qui le mettent soigneusement de côté, jusqu’à ce que l’enfant ait trois ans, âge où il commence sa vie.
    Il est considéré qu’un enfant ne commence son long chemin qu’à cet âge-là, moment où il doit aller à l’école maternelle. Avant ce moment, c’est aux parents de gérer la vie du bambin.


    Pardon, vous me demandez en quoi consiste ce Livre ? Je ne l’ai pas encore dit ? Excusez cette erreur, je vous prie.


    Donc, le Livre de la Vie est un ouvrage avec en couverture le nom et le prénom du propriétaire. Sur le mien il y a donc marqué Cassandre Audet. À l’intérieur est décrit avec une précision hors du commun le déroulement de la journée de la personne. Comment est-ce possible ? Ça l’est, tout simplement. Personne n’a jamais cherché à savoir pourquoi et ne l’a jamais voulu. Tout un chacun est tenu de suivre ce qui est écrit dans son Livre et ne doit rien dire.
    C’est d’ailleurs la loi qui le dit. Personne ne doit en dévoiler les tenants et les aboutissants.
    Mais quand on a trois ans, la loi...
    Avec les autres enfants, nous parlions sans complexes de nos Livres et ça donnait un bel échange de pensées.
    — Mon Livre il m’a dit qu’aujourd’hui j’allais bien travailler. disait un enfant.
    — Bah, le mien, il dit que j’aurai un bon point !
    — C’est pas vrai, tu l’as toujours pas eu.
    — Eh bah je vais l’avoir ! La maîtresse a dit que j’en aurai peut-être un.
    Ce genre de conversations, en somme.

    Le temps passait au fur et à mesure que je tournais les pages de mon Livre. Ma vie se déroulait selon mes prédictions. Parfois j’avais droit à une bonne journée, parfois le contraire. Je me souviens qu’une fois, quand j’avais treize ans, mon Livre ne m’avait pas averti d’une chose. À ce moment-là, j’étais au collège et, conformément à ma page du Livre, je devais prendre la parole devant toute ma classe pour faire un exposé. Mais voilà, quelques heures auparavant, j’eus la malchance de me faire voler mon sac et toutes les affaires qu’il contenait.
    Par précaution, je n’emmenais jamais mon Livre pour éviter de le perdre. C’est donc totalement déconfit que j’annonçai à mon professeur que mon exposé s’était fait la malle. Je reçus en récompense un magnifique zéro et un sentiment d’humiliation prenant jusqu’aux tripes.
    Quand je suis rentrée chez moi, je dis à ma mère la nouvelle et lui demandai :
    — Mon Livre n’avait pas dit ça, alors pourquoi ça s’est passé ?
    — Le Livre t’annonce la trame principale de ta vie, répondit ma mère. Il y a toujours une place pour que tu puisses décider quoi faire, mais tu dois tout de même suivre ta page.
    Je me rendis alors compte d’une chose.
    Toute ma vie, j’allais devoir suivre ce Livre.
    Quoi qu’il me dise, je devais m’y conformer sans la moindre protestation. Il est mon maître, j’en suis l’esclave.






2




    Tous les matins je découvrais une nouvelle prédiction. Celle-ci disait « Cassandre va aller acheter du pain et en chemin elle se fera agresser par une bande de voleurs. Elle leur donnera tout son argent et recevra un coup de poing à la mâchoire ».
    Pardon ?! Mais c’est quoi cette prédiction pourrie ? Et depuis quand je me ferais agresser, moi ? Si c’est pour subir ce genre de choses, hors de question que j’y aille ! C’est alors que j’entendis ma mère me demander d’aller chercher du pain.
    Comment faire pour éviter ce qui doit m’arriver ? Je fais semblant d’être malade ? Je sors quand même, mais je ne choisis pas la boulangerie la plus proche ?
    Étant donné que je suis déjà prévenue de ma journée, pourquoi ne pas la modifier ? Du moins, pour qu’elle soit moins dramatique. Oui, voilà, je tenterai d’éviter les voyous.
    Allez ! Au combat !
    Je sortis et me dirigeai vers l’endroit voulu. En chemin, je surveille les alentours à la recherche de la menace tant redoutée. Mon cœur tape si fort que j’ai l’impression qu’il va me briser les côtes et mes intestins me font sentir mon stress.
    Je fis mon achat et sortis de la boulangerie. Regard à droite et à gauche. Personne. Plus qu’à rentrer.
    Et il ne se passa rien. Aucun voyou ne me tomba dessus et je ne reçus aucun poing.
    Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que j’y suis allé à la fin de la journée, il n’y a plus grand monde dehors à ce moment.
    J’eus la sensation de remporter une victoire contre mon Livre. Alors comme ça, il serait donc possible de ne pas suivre à la lettre sa page. J’ai accompli ma prophétie, mais en évitant une chose qui m’aurait été nuisible.
    Qui donc est au courant de cette possibilité ? Quelqu’un d’autre a-t-il décidé de modifier son lendemain ?
    Il me vint alors une idée :
    Tournant la page du jour, je trouve une feuille blanche et j’écris moi-même ma journée de demain. J’y inscris « Cassandre va avoir le dernier téléphone portable à la mode et elle rencontrera un beau jeune homme qu’elle reverra par la suite ».
    Il me semble que je devais avoir dans les 14 ans, si j’ai bonne mémoire. Qu’est-ce que vous vouliez que je veuille d’autre ?


    En me réveillant le lendemain, la première chose que je fais est de regarder mon Livre de la Vie. Espérant tellement que ce que j’ai écrit devienne réalité, je retrouve la page et là...
    Je constate que ma prédiction est remplacée par une autre, celle du Livre. Et à la lire, je pensai que le Livre voulait se venger de ce que j’avais fait. Il m’annonçait une journée épouvantable dans laquelle j’aurais affaire à ma rivale au collège. En plus, le garçon pour qui j’ai le béguin allait se mettre avec elle, avec la chance que j’allais avoir !
    Très bien le Livre, tu veux jouer à ça avec moi ? Et bien, jouons !
    Je pars au collège en me préparant à la bataille que j’affronterais.


    Je n’ai plus les détails de la journée en tête, mais je me souviens que ce jour-là ne fut pas excellent. J’ai bien eu une confrontation avec ma rivale, mais je survécus quand même en rentrant chez moi.
    En revoyant mon Livre posé dans ma chambre, je fus prise d’une envie de le brûler, de le détruire pour ainsi éviter d’avoir à lui obéir aveuglément. Toute ma vie je devrais suivre docilement ce foutu Livre ? Un objet que je n’ai jamais voulu, imposé dès ma naissance ! Mais d’où vient-il ? Pourquoi est-ce que j’en ai un ? Pourquoi existe-t-il ? Le destin de l’humanité entière est-il déjà prévu dans un Livre pareil ? Je mourrais donc comme on tourne une page ?

    Je hurlai et pleurai comme une folle.


    Arriva alors une longue traversée du désert. Je ne prenais même plus la peine d’ouvrir mon Livre. Je ne voulais même pas me lever le matin. Je n’avais plus envie de manger ni de voir qui que ce soit.
    Je ne voulais plus rien, à part tourner la page.
    Au sens figuré, bien sûr.
    Ma mère me découvrit un jour complètement amorphe. Elle me tira du lit et me força à me ressaisir. Elle ouvrit mon Livre et me lut ma prédiction.
    « Cassandre sera réveillée par Irène, sa mère, et ira avec elle voir un spécialiste psychologique pour éviter de sombrer dans une grave dépression ».
    Alors même le Livre savait que je ne l’ouvrais plus ?
    Mais aller voir un psy ou un truc du genre, là, j’étais contre. J’avais vu un reportage sur ce qui arrivait aux gens qui ne suivaient plus leur Livre. Ils finissaient dans des centres fermés et ne ressortaient jamais. À croire qu’ils savaient quelque chose que le peuple ne doit pas savoir. Je devais éviter ça. En un instant je me redressai et repris une attitude plus conventionnelle.
    Ma mère avait sûrement eu en prédiction de venir voir ce qu’il m’arrivait, j’en étais sûre.
    Un raisonnement commençait à se mettre en place dans ma tête.
    Par la suite, j’arrêtai mon comportement et fis profil bas. J’éclaircirais tout ça plus tard. Ma mère crut savoir ce qui me tourmentait tant.
    — Moi aussi quand j’avais ton âge, tout me paraissait comme ça. Comme ci le monde entier était ligué contre moi, que rien ne fonctionnait comme je le voulais. Mais ça m’est passé, et toi aussi tu en feras de même.
    La belle affaire ! Moi, croire que le monde s’est ligué contre moi ? Mais il ne tourne pas rond, ton monde, t’as remarqué ? Je lui ai alors posé la question fatale :
    — C’est pas ça qui me met dans cet état, mais mon Livre. Est-ce que tu sais, toi, pourquoi on a un bouquin qui nous dit quoi faire toute notre vie ? Depuis quand les gens doivent-ils s’y résigner ? Personne ne pense par soi-même ?
    La réaction qu’elle eut aurait dû m’en dire long sur le sujet. Elle me regarda comme si je venais de faire une déclaration de guerre ou si j’avais proféré le plus grand blasphème jamais dit.
    — Cassandre, personne, non, personne ne doit remettre en question le Livre de la Vie ! Il est là et puis c’est tout ! Tu dois y obéir encore plus qu’à ta mère et ne jamais chercher à t’y soustraire !
    Elle était écarlate à me crier dessus. Je m’attendais à ce qu’elle m’envoie une paire de baffes, mais comme je venais juste de sortir d’une déprime, elle retenait ses mains. À la place, elle les faisait voler au-dessus de sa tête comme gestuelle. Mine de rien, je n’en menais pas large. Je craignais de prendre un coup perdu, mais pire que tout, je me rendais compte que je venais de perdre la première personne à mettre de mon côté dans la recherche de la vérité.
    Je ne dis plus rien jusqu’à ce qu’elle ait fini, écoutant à moitié ce qu’elle me criait. C’était surtout des couplets sur l’obéissance au Livre, de ne jamais reparler de ça, de retourner en cours et de recommencer une vie normale.
    Alors comme ça je devais me taire et lire mon Livre tous les matins ? J’éclatai en sanglots.


    Je vous épargne le passage sur les relations conflictuelles mères-filles. Elle pensait que je supportais mal mon adolescence, rajoutez à ça que je devais obéir à un Livre. Je voyais qu’elle ne me comprenait pas et ne me soutiendrait pas dans le nouvel objectif que je me suis donnée : trouver la vérité sur le Livre de la Vie.
    Pour la tranquillité, je gardais bien pour moi mon ambition et adoptais une attitude de façade devant ma mère. Nos relations s’adoucirent avec le temps. J’obtenais d’excellents résultats en cours, non seulement pour amadouer ma mère, mais aussi pour accéder aux écoles supérieures et choisir l’orientation qui me plairait le plus.
    Mais aussi pour avoir accès aux hautes strates de la société et à l’endroit où sont créés les Livres de la Vie.
    Oui, j’étais persuadée que nos dirigeants étaient au courant de leur création, c’était forcé.
    J’envoyais des demandes d’entrée dans des écoles. Jusqu’à ce que...






3




    Jusqu’à ce que j’ouvre mon Livre un matin et que la prédiction me coupe le souffle. Il m’échappa des mains et tomba dans un bruit qui me parut lointain. Comment une telle chose pourrait-elle m’arriver ?
    Il y était marqué « Cassandre va se rendre en cours et elle se fera renverser par un conducteur roulant trop vite. Elle sera blessée et ira à l’hôpital. Après ça, elle perdra l’usage de ses jambes et en sera traumatisée à vie ».
    Non ! Pas ça ! Pourquoi m’annonce-t-il une chose pareille ? Comment peut-il ? Je ne mérite pas ça !
    Et le pire, c’est que la loi m interdit de parler de ma prédiction et encore plus de ne pas la suivre. Mais il devait bien y avoir un moyen d’éviter ça !
    En y réfléchissant bien, je me souvins de la fois où j’avais réussi à ne pas me faire agresser par les voyous. Je devais recommencer, éviter qu’une mauvaise chose ne m’arrive.
    Surtout que là, je pouvais y passer. En quoi le Livre garantissait-il que j’allais survivre ? Heureusement que j’avais de la suite dans les idées pour trouver une solution de secours. J’irais en cours, mais j’arriverais en retard, seulement une heure ou deux. Juste le temps d’éviter l’accident.
    Ça me paraissait réalisable.
    Je pris donc le chemin de mon destin. À chaque changement de trottoir, je surveillais bien si rien n’arrivait et arrivai devant mon école.
    C’est alors que ça arriva.
    Une voiture roulait à grande vitesse sur le trottoir droit sur moi. Tous les autres élèves qui étaient là se jetèrent sur le côté ou furent eux aussi percutés par le bolide. Il se rapprochait tellement vite, et moi, tétanisée par la peur, j’allais donc accomplir ma page. Le plan que j’avais conçu n’avait pas servi, car je me rendis compte que je ne savais pas à quel moment le drame allait avoir lieu.
    Je finirais donc estropiée à vie. Puisque je ne pouvais pas lutter contre mon Livre...
    Je fermai les yeux dans l’attente de l’impact et je sentis alors comme une étreinte autour de moi, puis mon corps plongea sur le côté et percuta le sol. J’entendis ensuite la voiture passer à côté de moi et continuer d’avancer et crier des freins un peu plus tard.
    Chose étrange, je ne sentais aucune douleur. Mais alors, ça voudrait dire que...
    En ouvrant les yeux, je remarquai que j’étais allongée, mais le plus étrange, c’est qu’il y avait quelqu’un sur moi. Un garçon, de plus. Il se releva et remarqua que je le regardais.
    — Tu vas bien ? me demanda-t-il. La voiture allait te faucher et tu ne réagissais pas, et comme j’étais à côté... Heureusement que je cours vite, ça sert à quelque chose le sport, hein ?
    Il me tendit la main pour m’aider à me relever. Sans trop chercher à comprendre, je la saisis. Je n’en revenais pas ! Je devais me faire écraser, même ma stratégie pour l’éviter n’avait pas fonctionné, et voilà que finalement, la prédiction ne s’était pas accomplie.
    Je ne finirais pas handicapée, mais plus important encore, je devais prendre en compte un nouveau facteur pour modifier la prédiction du Livre : la bonne volonté des hommes.
    — T’arriveras à t’en remettre ? me demanda mon sauveur. Rien de cassé ?
    — Euh... non, ça ira. Euh... mais... euh... comment tu...
    La plupart des élèves arrivaient en masse pour secourir ceux qui s’étaient fait renverser avant moi, mais je ne les voyais pas. Je n’avais d’yeux que pour mon sauveur. À bien y repenser, ce n’était pas un premier prix de beauté, mais bon, il venait de me sauver la vie, alors je pouvais bien lui accorder un peu de ma considération. Mais d’abord...
    — Moi c’est Cassandre Audet et toi ?
    — Rodolphe Hebert.
    — C’était vraiment super ce que t as fait ! Mais pourquoi ?
    — Pourquoi ? C’est pas trop mon genre de voir les gens se faire tuer devant moi sans réagir, tu vois le genre ?
    — Oui, je vois.
    En réalité, je ne voyais que Rodolphe. J’entendais à moitié ce qu’il disait, mais franchement, ça ne me dérangeait pas plus que ça.


    Ce qui m’arriva par la suite ne figurait pas dans mon Livre.
    J’étais amoureuse.
    Ça a l’air assez classique de tombée amoureuse de son sauveur, mais là, ça m’arrangeait. J’avais forcé le destin pour qu’une situation inattendue m arrive. Et pour clore le chapitre, j’arrêtai de lire mon Livre. Fermé et rangé hermétiquement, je ne le verrais plus jamais.





4




    Je ne dis à personne que j’avais abandonné mon Livre, sinon je pense que j’aurais risqué de sérieux ennuis. Toute la population suivait les prédictions de cet objet rectangulaire annonçant ce qui allait arriver pour sa journée. Moi j’en arrêtais là. À moi de décider de quelle façon j’allais m’habiller, est-ce que j’allais manger, à qui je parlerais...
    Deux mois se passèrent ainsi sans problèmes.
    J’en avais presque oublié ce Livre qui traînait dans un coin quand vint le jour où ma mère le retrouva par hasard, ou bien elle l’avait cherché un peu partout. Elle m’attendait à la maison quand je suis rentrée du lycée et j’eus droit à une belle démonstration de toute sa colère.
    — Cassandre, depuis quand n’as-tu pas ouvert ton Livre ?! Si le mien ne m’avait pas dit que tu avais arrêté de l’ouvrir, tu courais droit à la catastrophe ! Mais qu’est-ce qui te prend de ne pas t’en occuper ? Tu tiens à finir en prison ou à mourir ?
    — Mais de quoi tu parles ? Si j’ai arrêté de l’ouvrir, c’est tout simplement pour décider par moi-même de ma vie ! Et ce n’est sûrement pas un Livre qui va me dire comment la gérer !
    — Je t’ordonne de le lire tous les jours ! Ne cherche pas à comprendre les raisons, obéis et c’est tout !
    — Toute ta vie, tu vas suivre ce truc-là ? Tu veux jamais prendre une décision sans ouvrir ton Livre ? T’as pas l’impression d’être manipulée depuis toujours ? Je veux décider !!
    C’est alors qu’elle se leva et me colla une grande claque pour que je me taise une bonne fois pour toutes. Là, ça voulait tout dire. Elle ne supportait pas que je remette en question l’autorité et la véracité du Livre. Quand elle m’a mis la baffe, ce n’était pas seulement une douleur physique qui suivit, j’étais assurée qu’elle ne serait pas de mon côté pour la suite.
    J’avais l’intention de partir d’ici peu de temps pour chercher la vérité sur le Livre, ça prendra le temps qu’il faudra, mais j’y arriverai. Rodolphe était prêt à me suivre et je comptais en parler à ma mère. Mais là...
    Et bien tant pis, j’agirai sans elle.
    Sans plus attendre, j’ai pris mes affaires et je suis partie de la maison, sans emporter mon Livre. Je ne sais pas trop par où commencer, mais je pense qu’en cherchant un peu, je peux trouver des gens qui comme moi, ont décidé d’abandonner leur Livre. Ces personnes doivent se cacher pour éviter de croiser les agents du gouvernement qui nous manipulent grâce à ces Livres. Chaque fois qu’on entend parler de rebelles qui bravent leur Livre, ils finissent exécutés sur les places publiques, avec retransmission télévisée pour montrer l’exemple au peuple.
    Donc, je ne suis pas seule à chercher la vérité. Je risque sûrement de finir comme eux, mais je combattrai jusqu’au bout. S’il existe un quelconque moyen de faire ouvrir les yeux du peuple, je le trouverai.
    Ça m’étonnerait que mon Livre ait prévu ce qui allait arriver chez moi, mais c’est bien la preuve qu’il n’est pas infaillible ! J’ai réussi à éviter certains événements qui auraient pu être désastreux, ce qui m’a assuré que ce que prédit le Livre n’est pas inévitable, mais seulement une partie d’un grand ensemble.
    Oui, un grand ensemble qui fait que les prédictions de tout le monde sont faites pour s’emboîter les unes aux autres afin que la société tourne rond. Un système bien organisé qui agit de sorte que les humains obéissent aveuglément à ces prédictions pour diriger le troupeau à la convenance des dirigeants.
    Je pars donc pour un voyage des plus dangereux qui me sera très certainement fatal à un moment ou à un autre, mais qui importe.

    Et vous, comment décidez-vous de votre vie ?


1
4
0
13
Rémi Bodin

  – A nous la victoire !
Ce cri fut repris et résonna dans toute la ville par les soldats - bien qu’ils ne se considèrent pas comme tels – d’Armon Cario. Le tocsin se mit à sonner, reprit par toutes les autres cloches disponibles. A ce signal, les troupes kagranes déposèrent les armes et se rendirent.
La guerre était terminée.
Dans la salle du trône du palais, Armon venait de battre en combat singulier l’empereur Maltar Azukar. Le bras gauche en sang, à genoux, son sceptre de magie hors d’atteinte, le vaincu se voyait tenu en respect par les deux lames du vainqueur.
– C’est terminé, vous entendez ?, annonça Armon. La ville est à nous, le peuple est libre. Quant à vous…
Armon Cario hésitait entre l’achever de suite et le jeter en prison. S’il l’exécutait, il craignait de ne pas finalement valoir mieux que son ennemi. Celui-là même qui lui avait tant pris. Tellement de personnes étaient mortes par sa faute… Une simple vengeance, à titre personnel et au nom de tous. Armon n’avait qu’à placer ses lames au cou et à faire un ciseau et s’en serait fini de Maltar.
– Vous serez jugé puis condamné, termina-t-il en baissant ses armes.
Celui qui fut jusqu’alors l’humain le plus puissant de cette terre regarda son vainqueur dans les yeux et sourit, puis eut un petit rire.
– C’est donc ainsi que ça se finit ?, dit-il de sa voix grave et rocailleuse.
Armon anticipa la suite. Maltar leva la main droite, attirant à lui son sceptre. Armon pivota pour dévier l’arme avec ses épées, et dans la foulée, frappa l’empereur à la tête par un grand coup de pied retourné, l’assommant.
– Oui, répondit Armon dans un souffle. C’est bel et bien fini.
2
4
3
5
Rémi Bodin

    Le chevalier Enguerrand arriva face à la porte du donjon, épée à la main, en se jurant intérieurement de savater tous les imbéciles qui croiseraient sa route en l’empêchant d’avancer. Il ouvrit la porte d’un grand coup de pied et se rua dans les escaliers en hurlant comme un malade son cri de guerre « mort aux pigeons ! » Enguerrand était le fils du redouté roi Courge 1er et il avait la ferme intention de retrouver sa dulcinée, la belle princesse Ygrenne. Il massacra sans distinction toutes les personnes qu’il croisa sans même chercher à savoir qui elles étaient, soldats ou simples habitants des lieux. Il était essoufflé en arrivant tout en haut du donjon, la prison où était enfermée sa belle. Enguerrand ne savait pas s’il allait être en mesure de pourfendre les geôliers, mais il se devait de combattre. Démontant la porte avec un revers de son bouclier, le chevalier pénétra dans la pièce et vit alors… que la belle princesse était en fait un laideron dont la date de consommation était depuis bien longtemps dépassée ! « Oh ! mon prince ! » dit-elle avec des yeux scintillants.
    Enguerrand n’en revenait pas. Lui qui avait chevauché pendant des journées entières pour venir ici, il s’attendait à une beauté romanesque et finalement, il avait droit à une vieille fille édentée à qui il poussait du poil au menton et des rouflaquettes. Enguerrand n’arrivait pas à distinguer s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme, d’ailleurs. On verra bien, pensa-t-il. Après tout le trajet que j’ai fait, autant revenir avec quelque chose !

    Il libéra la princesse (ou le prince, il ne savait pas bien encore) en se demandant à ce qui allait bien pouvoir se passer après ça. Après tout, si ça n’allait pas, Enguerrand pouvait toujours se débarrasser d’elle/de lui et d’aller voir ailleurs si la gueuse était plus agréable à cuisser. 
4
8
0
1
Rémi Bodin

    Avant-propos :
    Cette histoire est un pilote d'un remaniement d'un texte antérieur, alors dans l'idéal, peut-être mieux vaut-il avoir lu celui auquel il se réfère ? Sinon, découvrez le chevalier Enguerrand !




01


Et voici le chevalier !!








    La nuit s’installait lentement sur le château de Ventmurailles, demeure du duc Harménon. La place forte se situait dans une vallée plutôt verdoyante et aux forêts giboyeuses. Elle avait valeureusement su résister aux divers assauts au fil du temps depuis son édification il y a sept siècles.
    C’est quand les étoiles scintillèrent de tous leurs éclats et que la lune brillait dans son croissant descendant qu’une silhouette obscure approcha du pont-levis relevé. C’était un homme vêtu d’une armure lourde complète et d’un casque à ventail surmonté d’une plume, une épée bâtarde et un écu dans les mains. Il redressa la visière et hurla de tous ses poumons :
    — Je suis le chevalier Enguerrand et je viens récupérer la princesse Ygrenne ! Ouvrez vos portes !
    Son annonce résonna sur plusieurs lieues aux alentours, les chiens de garde aboyèrent, les soldats du château se réveillèrent et se mirent en branle, l’alerte se répandit et la bataille pointait son nez.
    Des archers se positionnèrent sur les courtines et le pont-levis s’abaissa lentement avec la herse qui se relevait simultanément, le tout dans le roulis des chaînes et les soldats en arme dans la cour, n’attendant que l’ordre du duc pour attaquer le chevalier.
    Le seigneur lâcha ses guerriers mettre à mort l’impudent et se précipita dans sa demeure pour s’y cacher, trop apeuré par lui.
    La cinquantaine d’hommes se ruèrent comme un seul en criant.
    Enguerrand fit un moulinet avec son imposante lame et se délecta d’avance de cette petite échauffourée, il la voyait comme un échauffement. Il courut à la rencontre de ces assaillants en faisant jouer de sa voix. Son épée bâtarde passa au travers des ustensiles maigrelets servant d’armes et trancha proprement les adversaires, les deux parties s’écrasant au sol dans des gerbes de sang. Le chevalier tuait tout en clamant sa volonté d'avancer et de retrouver la princesse.
    Quand plus personne ne fut en mesure de lui barrer la route (que les opposants soient morts ou enfuis), le preux chevalier s’élança dans l’enceinte du château et défonça la première porte d’un grand coup d’épaule armurée. Il traversa la demeure sans croiser personne, sans doute parce que tous ses occupants étaient étalés en plusieurs morceaux à l’extérieur, se dit-il.
    Enguerrand remonta le donjon et arriva devant une porte close derrière laquelle il entendait des voix atténuées. Nul doute possible pour lui, la princesse se trouvait là !
    Il la délogea de ses gonds par un puissant coup de pied et l’obstacle vola dans la salle pour aller se plaquer contre une fenêtre. Enguerrand remarqua alors que deux mains dépassaient de derrière la porte.
    La princesse Ygrenne était bien là, sur son lit. Enguerrand bomba le torse et déclama fièrement :
    — Je suis venu vous sauver, ma dame ! Mon destrier nous attend au-dehors pour que je puisse vous ramener auprès de votre père.
    — Mon chevalier, comme vous êtes valeureux, minauda la captive.
    Enguerrand enleva son casque et découvrit un peu mieux à quoi ressemblait Ygrenne. Il se l’était imaginé belle et soyeuse, à la peau douce exhalant des effluves frais et parfumés, une chevelure délicate et légère... Mais il déchanta au galop.
    Ygrenne avait des yeux globuleux non alignés sur le même axe, un nez aux larges narines affublé d’une verrue noire, des oreilles décollées, des dents manquantes et un goitre. Le reste du corps n’était guère plus attrayant et indescriptible pour le chevalier.
    — Quelle est cette vile sorcellerie à l’œuvre ? interrogea-t-il. Qu’est-il arrivé à votre visage ?
    — Mais rien du tout, croassa-t-elle. Je pense que je vais vous épouser sous peu, et...
    — Ce ne sera pas nécessaire !
    Enguerrand sentit poindre en lui une volonté de quitter ce château, peut-être même d’y mettre le feu pour effacer les preuves. Il releva la porte de la chambre qu’il avait arrachée et découvrit le duc en dessous, les yeux révulsés et le nez en sang.
    — Quand partons-nous, mon brave chevalier ?
— Et bien, je... je vais aller chercher des renforts pour... enfin, attendez là et... ne bougez surtout pas !
    Enguerrand replaça la porte à son emplacement et fila sans demander son reste et sans plus s’inquiéter de la princesse. Il retrouva sa monture, le poney Bijou, et l’éperonna pour qu’il avance.


    Il galopa ainsi toute la nuit et une partie de la journée jusqu’à arriver à Crack-en-Fort, le fief du roi Courges 1er, souverain de ce royaume. Le chevalier atteignit le château et confia Bijou aux écuyers et se rendit droit dans la salle du trône pour faire son rapport. Le seigneur l’attendait, assis dans son siège, à bavarder avec ses conseillers à ses côtés.
    Enguerrand s’agenouilla, le casque au sol.
    — Mon seigneur, entama-t-il. Je reviens de Ventmurailles où la situation était désespérée. La princesse Ygrenne n’a pas pu être sauvée à temps, j’en suis navré.
    — Quel dommage ! Moi qui pensais la marier à mon héritier... Mais que s’est-il passé ?
    — Le duc avait envoyé des hordes de mercenaires me retarder, mais je les ai tous occis. Hélas, le félon avait profité de mon immobilisation pour avilir Ygrenne. C’était trop tard quand je l’ai retrouvé, le mal était fait, irréparable.
    — Fichtre. Puisse-elle reposer en paix, au moins. Et le duc ?
    — Neutralisé pour de bon.
    — Fort bien, dormez un peu. Vous avez agi au mieux, chevalier.
    Enguerrand le salua et se retira. Il alla dans ses appartements et jeta toutes ses affaires sales à son écuyer à qui il aboya de les laver et d’entretenir ses armes, puis il se prélassa dans un bain.


    C’est au cours de la nuit qu’un valet réveilla le chevalier en frappant à sa porte. Il se retrouva entiché de quelques coups de poing, car Enguerrand exécrait être dérangé dans son sommeil, mais il l’informa que le roi le mandait de suite.
    Le valeureux mit son aversion de côté et fila droit dans la chambre du roi. À l’intérieur, Courges 1er était alité et plusieurs personnes se trouvaient tout autour de lui. Le médecin précisa au chevalier que le roi était atteint d’un mal puissant et soudain, et qu’il n’allait certainement pas revoir le soleil.
    Le monarque bougea difficilement la main droite en appelant le chevalier.
    — Enguerrand, écoute-moi, fils.
    Sa voix n’était pas plus élevée qu’un murmure et sifflait douloureusement dans sa gorge. Le chevalier saisit la main et la serra précautionneusement.
    — Je croise que mon heure arrive... le Faucheur m’attend. Alors... tu dois savoir...
    — Mon roi, si je peux faire quoi que ce soit pour vous guérir...
    — Non, il est trop tard, je...
    Courges 1er toussa pendant quelques instants puis reprit :
    — Tu dois savoir une chose. Je ne t’ai jamais... jamais révélé d’où tu venais vraiment... quand je t’ai adopté.
    — Non, en effet, mais je vous ai toujours considéré comme mon père, mon seigneur.
    — Écoute, Enguerrand, tu es l’héritier perdu... l’héritier du royaume de... de Gratémuala. Le légendaire pays... au-delà des océans...
    — Diantre ! Que dites-vous là, comment est-ce possible ?
    — Je ne peux pas te le prouver, hélas. Je t’ai recueilli jadis... j’ai fait des recherches... ta force physique, ton caractère, ta volonté... tu es Gratémualdos, c’est évident !
    — Que dois-je faire à présent ?
    — Pars... pars à la recherche de ce qui est tien, toujours droit devant toi. Je te libère... de mes services.
    — Mon seigneur, sauriez-vous, par hasard, qui est mon père biologique ? Cela me ferait une piste par où commencer.
    — Il... s’appelait... A... Aaarrrgh...
    Et Courges 1er mourut dans un étouffement, la langue tirée, les yeux exorbités.
    — Son nom ! Dites-le-moi !
    Enguerrand se mit à serrer le cou du roi et à le secouer en répétant sans cesse sa requête. Les pleurants se mirent à l’œuvre et les conseillers séparèrent le chevalier de la dépouille du seigneur. Il se résigna à la réalité et se mit en tête de retrouver son héritage, un pays entier n’attendant que lui ! Il attrapa son écuyer par la jambe, alors qu’il dormait dans le chenil, et lui somma de préparer ses affaires pour un nouveau voyage.
    Enguerrand enfourcha Bijou et s’élança à l’horizon, droit devant lui, selon les paroles de feu Courges 1er.


    Dans la chambre du dit roi, les pleurants arrêtèrent leur simulacre et le souverain se releva, se massant un peu le cou et but un verre d’eau.
    — C’est bon, il est parti ? demanda-t-il.
    — On ne peut mieux, sire. Vous êtes un comédien exceptionnel ! lui répondit un ministre.
    — Enfin débarrassé de ce boulet ! Qu’on fasse chauffer les cuisines et cuire les rôts, volailles et autres gibiers, c’est la fête dans toute la ville !
2
3
1
6
Rémi Bodin

    Il était une fois un couvent rempli de bonnes soeurs passant leur journée à prier leur dieu, à manger du pain sec et de l'eau, encore prier et allant se coucher sur les coups de 21h30 pour refaire exactement la même chose qu'hier le lendemain.
    Ces bonnes soeurs vivaient en autarcie et ne recevaient quasiment pas de visite de l'extérieur. Elles n'avaient même pas Internet, c'est dire leur isolement ! Et en plus, la plupart d'entre elles avaient largement dépassé la date limite de consommation sans même avoir été utilisé au moins une fois...
    Et c'est par une nuit d'orage que tout bascula. La pluie et le vent s'abattaient sur le couvent quand un étranger vint frapper à la porte. Il frappa pendant des heures jusqu'à ce qu'une des soeurs vienne lui ouvrir.
    C'était un voyageur égaré avec sa mule cherchant un abri pour passer la nuit. Il n'avait aucune richesse sur lui et fut autorisé à passer la nuit dans la grange avec les animaux. Une fois que la soeur se fut éloignée, le voyageur la suivit discrètement et en profita pour s'infiltrer dans le couvent. Il trouva rapidement le garde-manger et le vida complètement, mangeant tout ce qu'il contenait.
    Ensuite de quoi, il remonta dans les dortoirs des soeurs et s'introduisit silencieusement dans la chambre de la soeur supérieure. Celle-ci dormait à poings fermés et ronflait comme un soufflet de forge. Le voyageur la réveilla mais pris le soin de l'empêcher de parler en lui mettant la main sur la bouche. Il était furieux et avait l'intention de le lui faire comprendre.
    - Dites donc ma soeur, vous osez me faire dormir avec les bêtes, moi, le chevalier Enguerrand ?! Je suis de passage dans la région pour une tournée d'inspection et voilà que vous refusez de m'offrir un lit décent avec l'accompagnement qui va avec ? Voilà un crime de lèse-majesté !

    Et en une nuit, Enguerrand reprit le couvent en main. Il chassa les bonnes soeurs et fit de l'endroit une des plus grandes maisons closes de tout son royaume. Même le grand roi Croustichoco 3 comptait parmi les meilleurs clients et grâce à cela, Enguerrand put éviter une guerre avec son voisin en l'amadouant comme il le fallait.
1
0
0
1
Défi
Rémi Bodin

    Bonjour père Noël,
    Je t'écris cette lettre pour te demander très gentiment si tu pourrais m'apporter tout plein de choses pour le 25, soit dans 18 jours. En fait ce sera pas pour moi cette liste de cadeaux, mais pour le reste du monde entier.
    Alors dans un 1er temps, se serait de supprimer les religions. Ça pousse les gens à se taper dessus et ça c'est méchant. C'est indiqué dans aucune qu'il faut taper son voisin, mais y en a plein qui pensent ça, alors une fois les religions en moins, ils arrêteront d'inventer ça.
    Après, ce serait de redonner un air pur à la planète. Comme ça tout le monde aura une bonne santé et les animaux pourront se promener dans les arbres ou les déserts ou les banquises. Et on aura des bons légumes pour les animaux qui feront de la bonne viande. C'est bon la viande.
    Et enfin, un semblant d'intelligence et de morale pour tous les gens du monde. Du moins, pour ceux qui n'en ont pas, mais je ne citerais aucun nom, y a trop de monde. Comme ça, on sera tous des copains et on fera une grande chaîne humaine à travers le monde. Et même sur l'eau, parce que les baleines seront d'accord pour qu'on se mette sur leur dos pour se tenir les mains.

    Une dernière question, si on finit par dire aux enfants que tu n'existes pas, pourquoi on ne fait pas la même chose aux adultes pour le bon dieu ? D'ailleurs, si tu t'appelles père, c'est que t'es curé ? C'est pour ça que t'aime bien les enfants ?
4
3
0
1
Rémi Bodin
Histoire de science-fiction épisodique, les aventures d'un homme à la recherche de la liberté et de la vérité dans l'univers.
0
2
0
9
Rémi Bodin

    Les chevaux galopaient à vive allure à travers champs, portant sur leur dos les voleurs qui venaient de dévaliser la salle du trésor du redoutable seigneur Tibor Barbegrise. Les quatre bandits rejoignirent leur cachette secrète au milieu de la forêt, dans un ancien monastère abandonné. Ils déballèrent leur butin et commencèrent la répartition des parts. Il y avait des pièces d’or, des bijoux, des armes décoratives et même un demi citron vert encore comestible.
    Les quatre manants ne connaissaient pas l’égalité et raflaient le plus de parts possible sur le tas posé devant eux. Une fois chose faite, après qu’ils se soient un peu battus entre eux pour avoir la dernière pierre précieuse, celui qui semblait être le chef décida d’aller dépouiller un autre endroit mais les trois autres étaient soudainement pétrifiés par la peur car un cavalier venait de surgir de la nuit et entra dans le repaire. Arme à la main, il se rua sur les bandits et signa son nom de la pointe de son épée d’un E qui signifie Enguerrand.
    – Vous êtes dans mon ancienne garçonnière, vils marauds ! éructa le chevalier. C’est là que j’apprenais aux bonnes sœurs comment prier à genoux leur seigneur.
    Le chef des bandits riposta à l’attaque d’Enguerrand et ils croisèrent le fer pendant un moment, les trois autres vinrent alors en renfort pour submerger le chevalier, mais Enguerrand déjoua le piège en s’emparant du citron et en projetant le jus dans les yeux des bandits. Ils hurlèrent de douleur et tombèrent à genoux devant leur nouveau maitre.

    Mais Enguerrand n’avait que faire de ces voleurs, eux qui avaient volé le trésor de son frère, alors il les livra à son château et les laissa à la justice de Tibor Barbegrise. Celui-ci décida de les abandonner dans son jardin, là où vivent les chameaux carnivores qui crachent du feu par les yeux. Quand à Enguerrand, il fit reconstruire son ancienne cachette et rappela les bonnes sœurs pour qui les voies de leur seigneur ne sont pas forcément impénétrables…
1
2
0
1
Rémi Bodin

    Cette histoire se passe dans une époque depuis longtemps oublié et révolue, un temps où la technologie fonctionnait au bois et à la pierre, un temps que les moins de 20 000 ans ne peuvent pas connaître, un temps où vivait le légendaire chevalier Enguerrand !
    L'homme qui dirigeait le royaume d'une main de fer dans un gant... de fer, également et avec son épée bâtarde régentait son peuple comme bon lui semblait. Le bas peuple dans les champs et les belles donzelles pour son service personnel. Enguerrand vivait dans un immense château aux tours élancées et ne recevait que très peu de visites et pour cause, personne n'était en mesure de franchir l'imposant pont-levis qui permettait d'enjamber les douves pleines de créatures carnivores.
    Le seul moyen d'avoir une audience avec le chevalier était de dire le mot de passe aux gardes en faction. Et c'était bien là tout le problème, personne ne le connaissait ! Pourtant, le peuple avait grandement besoin de s'entretenir avec leur seigneur car ils avaient des revendications à formuler. Mais le-dit seigneur les ignorant superbement à la base, il n'allait pas se fouler pour cette fois-ci.
    Toutes les personnes tentant de dire un mot de passe et se trompant dessus, ce qui devait forcément arriver, finissaient décapitées puis pendus.
    Les seules à pouvoir approcher le chevalier étaient ses donzelles, mais leur demander de rapporter le mot de passe ne servait à rien car elles ne ressortaient jamais du château.
    Mais un jour, Enguerrand sortit de sa demeure pour aller dans le royaume et à ce moment, des cohortes entières de peuple indignés lui tombèrent dessus pour lui faire comprendre leur façon de voir les choses. Mais le chevalier leur demanda le mot de passe pour pouvoir l'approcher.

    Aucun ne répondit, alors Enguerrand prit son arme et les massacra impitoyablement sans distinction, muni de son épée et de sa férocité. En moins d'une journée, la moitié du royaume fut anéanti et Enguerrand voulut rentrer chez lui pour se reposer, sans oublier de changer le mot de passe une fois de plus. Histoire de s'occuper du reste du royaume par la suite.
1
1
0
1
Rémi Bodin

    Le royaume tout entier était en proie à la panique, des portes donnant droit sur l'enfer s'était ouverte soudainement un peu partout, déversant alors des hordes de démons assoiffés de sang humains. Ils ravagèrent les campagnes, les villes, les plus puissantes forteresses tombèrent sous leurs griffes et leurs pouvoirs maléfiques.
    Très prochainement, le seigneur des ténèbres allait prendre le pouvoir si rien ne changeait...
    Arriva alors en haut d'une colline, sur son fier destrier et dans son armure étincelante, le chevalier Enguerrand !
    Il tira son épée à deux mains et chargea les rangs de créatures démoniaque, les fauchant impitoyablement et sans distinction. Les monstres ne pouvaient rien contre lui et sa rage chevaleresque, ils prirent la fuite et retournèrent en enfer.
    Mais Enguerrand ne l'entendait pas de cette oreille, il galopa à travers le passage et déboucha lui-aussi dans l'autre monde pour éradiquer le mal à sa source.
    Là, le seigneur des ténèbres défia le chevalier et ils se battirent en duel pendant des heures. Le seigneur était sur le point d'avoir le dessus quand Enguerrand utilisa sa technique secrète. Il enleva ses bottes et en fit se répandre l'odeur ! Tous les démons tombèrent, sauf le seigneur des ténèbres car il était un peu plus résistants que les autres.
    Il supplia Enguerrand de l'épargner et de remettre ses bottes, cette effluve était trop insupportable, même pour toute sa puissance démoniaque. Enguerrand n'exigea qu'une chose en retour, la fidélité inconditionnelle du maître des enfers. Ce dernier accepta, trop content de pouvoir sentir autre chose d'aussi malsain.

    Et c'est depuis ce jour que le chevalier Enguerrand compte dans ses alliés le seigneur des ténèbres, vaincu assez lamentablement, il faut le dire. Même l'enfer a dû s'incliner devant la puissance du chevalier, cet humain venu d'un autre monde... et auquel on a supplié d'y retourner. 
0
1
0
1
Rémi Bodin

    Le vent soufflait en puissante bourrasque et pliait les autres éléments à sa volonté. Il faisait nuit noire à ce moment, la lune était cachée par des nuages épais et la créature que tout le monde appelait « la bête » parcourait les landes désertes. Personne ne savait ce qu’elle était réellement puisqu’il n’y avait aucun témoin vivant pour la décrire, hormis des cadavres en plusieurs morceaux indistincts comme trace de son passage.
    Les croyants pensaient qu’il s’agissait d’un fléau envoyé par le malin tandis que les chasseurs organisaient des battus pour arrêter la bête. Ces expéditions étaient inutiles puisque cette bête savait se jouer des humains, la base de son régime alimentaire. La violence des attaques de la créature plongeait la population dans la peur totale, car rien ni personne ne semblait pouvoir la stopper.
    Les plus résignés attendaient de mourir dévorés par la bête ou bien ils pensaient qu’elle finirait par s’en aller un jour ou l’autre.
    Arriva alors dans cette contrée le chevalier Enguerrand, envoyé par le roi pour contrer cette menace et lui en ramener la dépouille. Il se mit en route et grâce à ses talents de pisteur, il remonta la trace de la bête et la débusqua dans une grotte dissimulée dans la forêt. Enguerrand prit son épée et son bouclier ainsi que son courage et chargea la créature.
    Celle-ci n’était qu’un assemblage de griffes et de crocs qu’un formidable instinct sauvage parachevait ce prédateur par excellence. La bête et Enguerrand combattirent dans un duel symbolisant la domination de l’homme sur l’animal (ou l’inverse, des fois que le chevalier se fasse bouffer comme tous les autres) et dans un dernier assaut de leur part, Enguerrand mit à bas la bête. Il n’avait que pour seule blessure une profonde morsure. Les crocs du monstre étaient parvenus à percer son armure et manquèrent de lui arracher le bras droit, mais Enguerrand s’arracha de cette mortelle étreinte.

    Ce combat bestial permit à la région de se libérer de la peur de cette bête qui restera pour tous un mystère fondateur de légendes ancestrales. Et Enguerrand repartit vers le soleil couchant, tel un chevalier solitaire loin de son foyer.
1
1
0
1
Rémi Bodin

    L'armée du roi Croustichoco III avait envahi son pays voisin sans crier gare et les soldats se livrèrent aux pires bassesses inimaginables, comme couper les connexions Internet, mettre le feu aux usines de mayonnaise, voir même écrire des gros mots sur les murs.
    Le roi Courges 1er devait réagir et il envoya son fils à la tête de l'armée, le chevalier Enguerrand, ultime espoir de son royaume. Enguerrand déboula sur le champ de bataille sans avoir reçu d'invitation sur Facebook et se mit à éliminer ses ennemis alors qu'ils dormaient ou qu'ils étaient sur le pot.
    Le roi Croustichoco III prit ses armes et alla à la rencontre de ce chevalier qui refusait encore et toujours de se soumettre face à l'envahisseur. Enguerrand et Croustichoco se retrouvèrent enfin et se battirent en duel pendant des heures sans jamais prendre le dessus. A bout de force, ils firent venir des serviteurs pour leur apporter à boire et ils décidèrent de régler leur différent d'une autre manière. Et ils en essayèrent plusieurs !
    Meilleur archer, meilleur joueur de pétanque, meilleur retourneur de bière, j'en passe et des meilleurs...
    Rien à faire, les deux adversaires refusaient bec et ongle de se soumettre à l'autre, tant et si bien qu'à la fin, ils décidèrent d'en rester là car leur force était égale. Enguerrand et Croustichoco se séparèrent après s'être promis de se revoir pour les prochains jeux olympiques à l'épreuve du cuissage sur 500m haies.


1
1
0
1
0