(J'avais très soif)

Poème avec MUGUET et TRAVAIL (je sais, j'ai détourné le sujet ;)

Je me souviens
De tes doigts d'artistes
Qui couraient si bien
Sur ma guitare triste

Fatiguée de m'entendre
Pleurer tes accords
Ton regard si tendre
Et tes doigts en or

Toujours les mêmes airs
Amères mélodies
Pour enfin te plaire
Musicien maudit

Explosait mon cœur
Lorsque tu parlais
Avec cette douceur
De conteur ailé

Gammes pentatoniques
Accords silencieux
Mon âme romantique
Perdue dans tes yeux

Mes joues écarlates
Comme une trahison
De mettre en hâte
À ton diapason

Guitare enlacée
Serrée contre toi
Position rêvée
Devenir le bois

Mes paupières baissées,
Idylle électrique
Car tu m'as laissée
Si mélancolique

Mille fois j'ai voulu
Te le dire, te lancer
Ce cri irrésolu
Et enfin t'embrasser

Et j'ai épuisé
Jusqu'à la dernière corde
Ces fantasmes usés
Avec toi mon Lord

Drien. Il se prénomme Drien. Un prénom qui sonne un peu comme... incomplet. Quelle drôle de sonorité ! Impossible de trouver le sens réel de l'origine de ce nom. Il le tient de l'excentricité d'une mère ex-hippie qui voulut éviter tout conformisme pour son fils.

Je ne peux dire ce qui m'émeut le plus chez lui. Peut-être que ce sont ses yeux profonds et un peu tristes, peut-être est-ce cette voix douce qu'il prend lorsqu'il me murmure qu'il ressent ce vide en lui, lorsqu'il est sur terre depuis trop longtemps. Nous sommes du même monde, lui et moi. Le monde de ceux qui sont toujours loin. De ceux qui ressentent tout trop intensément, qui ne disent rien et portent en eux tout un univers. Ceux qui rêvent en silence de mers et d'horizons.


Je me trouve tout prés de lui. Sur le pont de son voilier, le "Venture." Il est 23h, je ne me souviens plus pourquoi je suis venue. Son sms équivoque, sûrement...
"Tu viens ? Drien." Quel étonnement de recevoir ce texto sur mon téléphone. Il doit se sentir très seul, sûrement.
Pourquoi moi ? Je ne suis qu'une simple équipière. On s'est certes dit bonjour quelques fois lors de cette course. Et nos discussions ont un peu dérivé vers des territoires plus intimes. Nos vies, nos rêves, nos histoires personnelles... Est-ce correct de fréquenter nos concurrents ? Cette course insensée est bientôt finie, nous sommes tous très stressés... Je dois dire qu'il me trouble de plus en plus. Il est si mystérieux, tout comme son prénom. Peut-être que quelque chose est sur le point de se dérouler ce soir, sur le pont de ce voilier. Je frissonne...


Drien dit enfin quelque chose :
- Le vent est un peu froid, ce soir. Tu veux entrer ?
Prestement, il se met pieds-nus et se dirige vers l'intérieur. Je l'imite. Enfin, qu'est-ce qui me prend ?? Je suis une fille bien, et non une de celles qui suivent les hommes dès qu'ils le leur proposent !! Cet endroit sombre, c'est le couloir qui mène vers son lit.
- Où m'emmènes-tu ?
Pour toute réponse, il se retourne brusquement vers moi, se penche et pose ses lèvres sur les miennes. Je sens ses doigts qui frolent doucement mes cheveux, et puis qui explorent tout doucement mon corps. Nous glissons vers le sol recouvert de nos vêtements. Entièrement nus, nous nous étreignons fièvreusement.


- Drien !!!!
Une voix furieuse de femme retentit et nous sort brusquement de notre sommeil. Je me rend compte que je suis nue, encore un peu endormie sur une moquette de voilier, celle du Venture. Mon plus gros concurrent. Drien bondit et prend vivement son pull pour dissimuler son corps encore moite.
- Mélie ? ? Tu n'es plus en Norvège ??
- Espèce d'enfoiré, c'est tout ce que tu trouves comme mot de bienvenue pour ton épouse ?? Je suis venue te soutenir pour cette foutue course ! ! je me crève le cul pour que ce soit une surprise, et tu me remercies en...
- Chérie !! Je peux tout t'expliquer !!
- Drien ? ! Qui est cette femme ? Dis-je.
- Oh, toi, remet tes vêtements !! Et bouge vite d'ici si tu veux rester en vie ! !!! Me hurle "Mélie". Très vite, je m'exécute. J'enfile mon tee shirt, mon string, mes tongs et je quitte ce fichu dériveur en vitesse. Je les entends qui se disputent...
Ce gros con n'est qu'un menteur. Je dois me méfier des hommes de mer, c'est toujours des histoires de fous... Furieuse, je cours sur le dock, en direction de mon hôtel.

- Hey, Lily !! Entends-je. C'est encore un des équipiers, sur son voilier. Ses cheveux roux bouclés ondulent souplement sous le vent. Ses jolis yeux verts sont pleins de spleen.
- Tu es sûre que tu te sens bien ?
-Dure soirée. Répondis-je, les sourcils froncés.
- Tu veux monter ? Propose-t-il. Mon prénom c'est Lexis. Bienvenue sur mon voilier, le "Ccident".
- NON MERCI !!!! Répondis-je en un hurlement. Et je m'enfuis le plus vite possible.