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Edensnavely

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Œuvres

Edensnavely


J.0

Le centre de la capitale brulait. Les flammes léchaient le ciel étoilé et le couvraient d’un voile de fumée grise. La chaleur insoutenable envahissait la nuit pourtant fraiche en cette saison et le rugissement de l’incendie couvrait les hurlements des habitants piégés transformés en brasier. Les cris de douleur se mélangeaient aux crépitements et aux craquellements du bois de charpente. Depuis déjà deux heures des bâtiments s’effondraient entrainants avec eux, d’autres édifices aux fondations précaires. La poussière se mêlait aux cendres virevoltantes et formait sur le sol une couche grisâtre sur laquelle les habitants de Lavelor glissaient. Terrorisés des hommes et des femmes fuyaient vers les couronnes, d’autres s’affairaient à sauver leur maison, tandis que certain s’agenouillaient au milieu des rues, hébétés par la perte de proches ou de leur bien. Ils oubliaient serrés les uns contre les autres qu’ils leur restaient le plus précieux, la vie. Autour d’eux, les chiens hurlaient à la mort, les oiseaux et les chats désertaient les toits brulants, et des chevaux galopaient en tous sens, affolés
La grande place de Lavelor, épicentre de la tragédie, fourmillait de villageois. Forcés de lutter contre les flammes par des gardes aussi apeurés qu’eux, ils formaient des chaînes et se passaient des seaux et récipients débordant d’eau épaissie par les cendres. Conscients de l’inutilités de leurs efforts se laissaient malmener par les hommes armés du Suprême. Le plat des épées frappait ceux qui tentaient de déserter, les bottes aux bouts renforcés de plaques de métal fouettaient ceux qui renonçaient fatigués et les bras entraînés repoussaient vers le feu les peureux qui hurlaient leur désarroi. Toute la population de la partie interne de la ville était au travail. Les premiers de la chaine s’écartaient pour laisser approcher les suivants. Ils toussaient, s’évanouissaient et mouraient sous les yeux larmoyant de leurs camarades. Des pans entiers de murs s’écroulaient sur des badauds trop épuisés pour réagir. Des explosions éparpillaient des braises en toutes directions créant de nouveaux foyers.
La situation dans les autres quartiers de la ville dégénérait. Les ordres clairs des autorités visaient à punir ceux qui ne participaient pas à l’extinction de l’incendie en les interdisant de sortir de la ville. Par instinct des foules de villageois se ruaient tout de même vers les portes de la cité pour désarmer les soldats en poste. Des rixes éclataient aux quatre coins des remparts, les corps s’entassaient. Une brèche s’ouvrit, les laveloriens s’entassèrent dans l’étroite ouverture. Les premiers tombèrent, et furent piétinés. Rapidement, poussés par la masse les suivants formèrent un bouchon, et plus personne ne put profiter de cette issue. Au milieu du carnage, des enfants séparés de leurs parents appelaient sans être entendu. Ceux qui réussissait à ne pas finir au sol écrasé par les adultes, se blottissaient dans des ruelles sombres les uns contre les autres, le visage plein de morve et de larmes, les culottes pleines d’urines.
Partout des pillards opportunistes défonçaient les portes verrouillées et s’emparaient de tout ce qu’ils pouvaient. Ils entassaient dans des chariots leur trésor que d’autres volaient à leur tour. Le tout se transformait inévitablement en rixes et en tueries.
Des femmes tirées par les cheveux ou les pieds sentaient leur dos se déchirés sur les routes mal entretenues de Lavelor et laissaient des trainées de sang jusqu’à l’endroit où elle se faisait détrousser et violer.
A ce rythme tous ses habitants de la ville (et la ville elle-même) auraient disparu au petit matin, tués par l’incendie ou la folle panique qui régnait cette nuit-là à Lavelor.
Midas se réveilla en sursaut, secoué par une quinte de toux. Il se frotta les yeux pour ôter le brouillard qui lui voilait la vue, sans résultat. L’odeur de fumée et de cendre finit par le convaincre qu’il se passait quelque chose de grave. Il tomba littéralement de son lit, s’emmêla dans sa couverture et s’en libéra en la déchirant. Il enfila son pantalon en sautillant sur un pied puis sur l’autre, attrapa sa chemise suspendue à la patère et la relâcha aussitôt se rendant compte que la situation était trop urgente pour qu’il se souci de sa tenue vestimentaire. Lorsqu’il sortit dans le couloir il prit la mesure de l’évènement. Une brume épaisse envahissait toutes les parties communes de la maison. Il entendit un bruit sourd. Puis un gémissement.
— Mamet ?... Mamet ? Tu m’entends ?
Il cria en direction de la chambre voisine afin de faire sortir sa sœur Lista de son sommeil. Tirailler entre descendre aider sa grand-mère et secourir Lista qui se trouvait à seulement quelques mètres il choisit finalement de descendre les marches quatre à quatre. Il trébucha sur le corps inanimé de sa grand-mère.
— Mamet ? …Mamet ?
Il lui tapota la joue et elle remua faiblement.
Toujours en vie ! C’est bien. Tiens le coup ! Je vais te sortir de là.
Lista dévala à son tour l’escalier et se pencha sur son frère.
— Tu étais où ? lui demanda-t-il furieux.
— Pourquoi tu me cris dessus, j’ai fait au plus vite…Descendons-la, à la cave.
— Tu n’as trouvé que ça ? lui répondit-il en hurlant pour se faire entendre. Si la maison s’effondre nous resterons coincés pendant des jours, peut-être même pour toujours ! Il faut trouver une autre solution, sortons d’ici et réfugions-nous dans les plaines.
— Midas ! Lista lui pris la tête entre ses mains.
Elle colla son front contre le sien et fixa le jeune homme dans les yeux. Je sais que tu as peur pour elle…et moi aussi. Je lisais sur les remparts quand l’incendie à débuter. J’ai fait au plus vite après avoir compris. Dehors, c’est la guerre Midas ! La ville brûle et les gardes ne laissent sortir personne, les gens s’entretuent. C’est le chaos. Je t’assure que la cave est notre seule chance. Il y a des vivres et Hens saura où nous trouver.
Le souffle d’une détonation fit éclater les vitres. Des éclats de verre vinrent se planter dans la joue de Lista. Elle frotta énergiquement sa peau par réflexe, lacérant son visage et la paume de sa main. Les crépitements sonores couvraient les cris en provenance de la rue, pourtant l’effervescente panique qui régnait sur les pavés de la capitale aurait en temps normal assourdit le plus sourd des hommes.
— Prend lui les pieds, Lista, je m’occupe des épaules, ordonna Midas.
Lista hocha la tête sèchement et saisit les frêles chevilles de la vieille femme.
Midas coucha délicatement la tête de sa grand-mère adoptive sur son épaule gauche, posa son visage contre le sien, et glissa ses bras au creux des aisselles de Mamet.
— Maintenant !
Ils la soulevèrent. Lista grimaça et tâtonna pour trouver la première marche. L’escalier taillé dans la pierre offrait des appuis instables. Ils durent faire preuve de prudence pour la conduire lieu sûr et l’allonger sur une paillasse improvisée.
— Ce n’est pas normal Midas ! Le feu à débuter à la bibliothèque. J’en suis certaine. Ce ne peut-être un hasard ! Tu m’écoutes ? Ce qui se passe à un lien avec le souvenir de Bella. Je t’avais prévenu que …
Midas laissa Lista parler. La jeune femme ressentait le besoin de s’exprimer lorsqu’elle angoissait. Elle gesticula en tous sens et déblatéra sans s’assurer qu’il l’écoutait. Et il ne se souciait d’elle que d’une oreille. Ce qui l’inquiétait pour le moment, c’était la santé de sa grand-mère. De plus il savait que lorsque Lista se trouvait dans cet état il valait mieux se taire. Il servit un verre, de la première bouteille venue, à la vieille femme qui reprenait peu à peu connaissance.
— Bois ça Mamet. Tu dois avoir la gorge sèche.
Elle se dressa sur ses coudes et bu quelques gorgées en grimaçant.
— Pouah ! C’est quoi ce truc ? Tu veux me souler pour que je ne vois pas la mort venir ! Va me chercher de l’eau s’il te plait. Je…
— Il n’y a pas d’eau, ici. Je vais monter en chercher. Ne dis rien, repose-toi.
— Hens ?
— C’est un grand garçon. Je suis sûr qu’il va bien, lui dit il simplement.
Il n’en doutait vraiment pas. Le vieux avait de la ressource. Lista arpentait toujours la pièce de long en large en fouettant l’air avec ses gestes hystériques et termina sa tirade sans s’être rendu compte de la conversation entre Midas et Mamet. Le jeune homme l’entraina dans un coin.
— Je n’en sais rien Lista ! Rien du tout ! Je dois remonter chercher de l’eau et d’autres objets qui pourront nous être utile. C’est la seule chose qui compte actuellement. Nous parlerons du mémoreur et de Bella demain si nous sommes encore en vie.
— Je viens avec toi.
Mouchoir sur le nez, ils gagnèrent le rez-de-chaussée. L’épaisse fumée et la lueur orangée émanant de l’incendie donnait à leur salon un bien triste visage. Celui des enfers. Pendant leurs recherches, Lista agrippa le bras de Midas. Elle se pencha et se rapprocha pour qu’il puisse l’entendre.
— Je dois sortir ! Tu sais que l’un d’entre nous doit trouver Hens. Si la maison s’abat sur la trappe et si le vieux meurt nous sommes fichus. Prends soin d’elle. Je reviendrai.
Midas attrapa à son tour son poignet et le serra si fort qu’il vit le visage de sa sœur adoptive se crisper. Il relâcha sa prise. De toute façon, la dissuader était impossible, elle était plus têtue qu’une mule.
Lista se dirigeait vers la sortie. Midas l’arrêta une seconde fois.
— Soit prudente.
Alors qu’il entendit les pas de sa sœur résonner sur les pavés et la porte claquer, Une vague de culpabilité l’envahit. D’instinct il asséna à l’étagère la plus proche un coup de poing. Elle grinça et s’affaissa contre le mur opposé. Il aurait dû partir à sa place à la recherche de Hens. Comme toujours, il avait été à deux doigts de le faire, mais au dernier moment n’avait pu s’y résoudre. Accepter que sa sœur joue les héroïnes alors qu’il restait calfeutrer ici, lui tordait les organes.
Un lâche ! voilà ce que tu es Midas, se sermonna-t-il lui-même. Et la prochaine fois, sera identique à toute les autres, tu te défileras…S’il arrive quelque-chose à Lista, pourras-tu vivres avec ça ?
Il ne pouvait plus rien y faire à présent. Il attrapa une cruche à moitié vide d’une eau qui lui semblait assez propre pour être bu et retourna au chevet de sa grand-mère. Il respira un grand coup et s’installa auprès d’elle. Il lui prit la main et posa son front contre son ventre. Elle dormait. Le mouvement lent de la respiration le calma.
— Je suis désolé Mamet. Je ne suis pas comme elle.
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