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Renard .

Renard .
Une petite histoire noire se déroulant en Ardenne belge, entre avant et maintenant.
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Renard .
Et Jésus les appela, et dit : Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.
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Renard .


Elle entrait sans frapper et tombait face à sa mère nue, debout devant l’évier, en train de se laver l’entrejambe avec un gant de toilette. Laisse-moi tranquille, je me lave les fesses, ordonnait-celle-ci, mais elle restait. Elle ne voyait pas le derrière de sa mère, seulement ce devant, poilu, effrayant, dont on lui racontait qu’elle était sortie. Ce triangle de broussaille lui semblait la plus laide chose jamais entraperçue. Fascinant et affreux. Oui, la touffe brun clair de Maman était immonde, le zizi de Papa semblait bien plus marrant, un beau tuyau lisse au milieu de poils noirs imposants. Elle aurait voulu mieux voir, mieux comprendre. Mais on la grondait, on la chassait, ça suffit.
Parfois sa grande sœur la rejoignait contre le chambranle de la porte de la salle de bain, elles se bousculaient, qui devant, qui derrière, qui d’abord, qui après, non moi. Y’a pas moyen d’être cinq minutes tranquille, s’énervait la poilue. Elles fuyaient. Si l'autre n’était pas venue, elle aurait pu rester, regarder encore, en silence. Le corps nu de sa mère la fascinait. On aurait dit une géante. Une géante fâchée qui vociférait des phrases compliquées avec les mots « droit » et « intimité ».
Elle se décidait alors à suivre la sœur qui accepterait peut-être de jouer avec elle. Dégage, t’es chiante et porte claquée au nez. Retour au lit avec ses poupées. Des poupées fort bavardes qui se chamaillaient beaucoup.
Hurlements de l'aînée, elle fait trop de bruit, elle m’empêche d’étudier, je la supporte plus. Voyons, joue moins fort, conseillait la mère enfin habillée.
Elle était alors forcée de punir les poupées pour leur apprendre à se taire, mais les poupées sanglotaient en hautes larmes, et la sœur hurlait de plus belle.
Le père arrivait et gesticulait avec une colère contenue, ce n’est pas possible, deux sœurs qui n’arrêtent pas de se chamailler, quelle honte.
Alors elle pleurait, elle était la préférée, et pointait l'index sur la grande en déclarant elle m’a tapée, elle a dit que vous ne m’aimez pas, que je suis adoptée. Elle mentait avec allégresse, improvisait, quelle créativité, ça marchait. L’aînée bavait de rage devant tant d’injustices et se faisait sévèrement réprimander malgré ses dénégations désespérées.
Mais elle savait que c’était juste et partait enfin consoler ses poupées.
En chuchotant.
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Défi
Renard .
Réponse au défi sur la vraie vie...
à suivre ! 4 chapitres... dit le défi ;)
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Renard .


Il gueulait avec envergure, je le regardais gesticuler, j’avais coupé le son, en interne. Je pensais il va faire un infar, là il va tomber mort et ce sera cool, j’aurai peut-être le temps de le prendre dans mes bras, le consoler un peu, j’aime bien les agonisants, puis terminus, ciao bello. Mais non, il tenait le coup. Alors je m’étais rabattue sur le cancer de la prostate, après tout il vieillissait, ces trucs-là peuvent être vicieux, atteindre les reins, puis les os, puis ciao bello. J’avais ramené un feuillet de prévention de chez le médecin, tu ferais pas un contrôle, rien à foutre, va faire une mammographie toi-même chieuse. Il s’était acheté une tronçonneuse, il y avait un pin sylvestre de deux cents mètres de haut à couper avant qu’il ne nous écrase lors de la prochaine tempête, je lui ai suggéré, on va quand même pas gaspiller, fais-le toi-même, monte tout en haut, coupe la tête, continue tranche par tranche, ça doit pas être si difficile, t’as fait de l’escalade plus jeune, non ? Prends une corde. Il a ri. Carrément ri. Et a appelé une entreprise d’élagage. Il partait en voyage, en Pologne, fais attention sur l’autoroute, méfie-toi des camionneurs roumains, ils roulent en regardant des films de cul et mangent des brochettes brûlées, puis ils écrabouillent les petites voitures françaises. T’inquiète pas, je sais conduire moi. Alors je mettais une bougie et priais Saint-Christophe. Une frontale, une collision en chaîne, un pneu crevé, aidez-moi, cher Saint, doux Saint.

Je me répétais que la vie réserve toujours des surprises, une noyade à la piscine municipale, une poutrelle qui se désoude au supermarché, un câble électrique décalotté. J’étais créative, je faisais des listes pour m’endormir, j’aime les listes.
J’imaginais l’enterrement, il n’était pas catholique, il était communiste, athée convaincu, je lui payerais une super messe, je prendrais le nouveau curé noir celui avec l’accent de sketch raciste, un vrai Africain qui aime s’habiller en mauve et chanter en tapant des mains pour les funérailles. Peut-être même que je tenterais de frotter mes fesses sur sa soutane aubergine et or, assouvir mes ultimes fantasmes, baiser un curé, baiser un noir, baiser devant un cercueil. Je m’endormais en souriant, que de beaux projets la vie me réservait encore.
Parfois je m’imaginais ce que je ferais avec l’assurance vie, je riais en pensant la verser au fond français pour la recherche nucléaire.
Mais voilà, comme le matou de Steve Waring, il revenait le jour suivant, il était toujours vivant.
Je n’avais pas l’énergie d’intervenir, le désespoir était trop lourd. Je préparais mes valises, elles aussi étaient lourdes. Je restais.
Puis un jour il y eut ce truc dingue, ce petit miracle, métamorphose du quotidien, douceur et candeur, le soleil riait, l’amour brillait, joie et bienveillance, les oiseaux et les petites souris applaudissaient du bec. C’était cool, le bonheur m’arrosait de majuscules. J’avais recommencé à prendre de l’héro.
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Renard .
Le titre comme un gentil petit clin d'oeil (pas drôle?) à "la liste" de Parker ;)
Le reste, bah, ça défoule.
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Défi
Renard .


Il y a ce type qui est mort. Contre un arbre. Jeudi passé. Il paraît que la télévision locale a filmé la dépanneuse qui évacuait l’épave de la voiture. Comme toujours, les clients demandent vous êtes au courant ? Et je réponds oui, oui, la vie est cruelle.
Je pense à la dernière fois où je l’ai croisé. Un sportif du genre deux cents kilomètres de vélo chaque dimanche. Pas spécialement sympathique. Mais un visage intéressant, très osseux. Il ne puait pas la joie de vivre. Quand même il a été enterré hier. Il est mort pour de vrai. D’un coup.
Une fois de plus, je m’insurge contre ma naïveté. Pourquoi est-ce que je persévère à croire qu’il y a un bouton marche arrière. Que tout ça, la mort pour tous, est une bonne blague. Genre poisson d’avril. Même pas vrai. On vous a bien eus. Je me dis que contre un certificat de résurrection garantie, je goberais volontiers des messes hebdomadaires avec esprit saint, lumière née de la lumière, rachat du péché du monde, chair de la vierge, et tout le sang et les clous avec. Finalement j’absorbe goulûment ma honte d’être aussi ridicule. Puis me connecte à Bouddha.com et répète dix fois que se tracasser sur son sort après la mort est aussi absurde que s’interroger sur ce que devient son poing en ouvrant la main. Je souris enfin et pense à Norge qui demandait où va le blanc quand la neige fond.
Mais, mais, mais… parmi toutes les bêtes questions humaines qui éclaboussent mon rêve d’indifférence, il y en a une qui revient encore. Et s’il avait su ? C’est toujours cette question qui me fout à plat. La veille, la semaine avant, le mois, l’année, avant, s’il avait su ? Jeudi prochain à quatorze heures trente-deux tu vas te prendre un arbre dans la gueule et voilà.
Mon rêve d’indifférence est évidemment un mensonge. Je mens. Je mens plusieurs fois par jour. J’aime ça. Le mensonge est trop souvent décrié. Mentir est ma croisade pour la liberté. Ce midi, par exemple, j’ai raconté à une vieille dame attentive que le chien était malade, que le lave-vaisselle était en panne, que la salade était bio. J’estime que plus le mensonge est futile, plus sa beauté est prégnante. J’ai beaucoup de théories, un peu sur tout.
Plus tard dans l’après-midi, j’ai aussi menti à ma mère au téléphone, elle me demandait à quoi j’étais occupée, j’ai répondu que j’arrachais des fleurs fanées, alors que je me roulais une cigarette et buvait mon troisième verre de vin.
Et il y a moins d’une heure, j’ai menti aux deux policiers qui m’ont demandé si j’avais vu Henri Bolon. J’ai dit non.
Maintenant je suis là à écrire ces mots épars pour un peu dorloter la vérité. C’est son heure. Je me demande encore si le Bolon serait venu au fond du jardin s’il avait su.
Je le revois. Il était là, avec ses épaules voûtées, sa tête de babouin hargneux et ses cheveux blancs trop longs. Il était caché derrière un buisson, comme si on n’était pas en hiver, comme s’il y avait des feuilles, comme si j'étais une conne aveugle. Je n’ai aucun regret, même si mes bras n’aiment pas le souvenir de la facilité avec laquelle la fourche est rentrée dans son ventre. Ce con m’a empoisonné quatre chats. Je le soupçonnais depuis longtemps et hier je l’ai pris sur le fait. Il déposait tranquillement ses boulettes de mort au rat juste derrière le puits près de la mare.
Je ne crois pas que je me servirai encore de l’eau du puits pour arroser les fleurs. De toute manière, je n’aime pas jardiner.
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Renard .
C'est "Où est Stefano?"
Le premier très long chapitre : c'est la partie déjà partagée
Après, c'est la suite.
Les annotations sont toujours bienvenues,
même sur la première partie si le courage est là.
Je termine plus par principe que par conviction, quoique les convictions sont peut-être des principes, ou le contraire...
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Renard .
Annotations très très bienvenues. Merci déjà.
Un texte ancien que j'ai relu et allégé (un peu).


Ce n'est pas de l'épouvante, c'est un ... drame social.
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Renard .
Donc cet hiver, j'avais complètement décidé de gagner le Prix Bien-Être.
C'était même devenu une obsession proclamée, un mantra autocentré, un cocorico anticipatif, un ressassement monomaniaque, un gloussement satisfait.
Je ricanais et j'exultais comme une demi démente.
Bref...
Ça ne l'a pas fait.
Et j'ai changé le titre.

Toute suggestion reste très bienvenue, en vue d'étoffer et alléger (les deux).

Merci à Vis9vies, carolinemarie78 et Angie pour les corrections.
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Renard .


La voisine téléphone, la musique va trop fort. J’éteins. Je sors. J’enjambe le clochard réfugié dans le hall. Il dit truie, je dis bonne journée. La pharmacie est pleine, je rejoins la file brouillonne en foudroyant du regard les nouveaux venus, qu’ils ne s’avisent pas de me dépasser. Une femme éternue, je sens des gouttelettes humides atterrir sur mon visage, elle s’excuse. J’achète l’insuline, je n’oublie pas les seringues. C’est cher. Il pleut. Je marche sur un pavé descellé, j’ai les pieds trempés. Je rentre. J’enjambe le clochard. Il dit truie, je dis connard. Le chien m’accueille. Je dis je t’aime toi. Je plonge la seringue dans le flacon, aspire jusqu’à dix-sept, lui attrape la peau du cou et pique doucement. Je lui sers ses croquettes spéciales. Je rallume la musique, je décroche le téléphone. Je regarde la cafetière. Le chien se frotte contre moi. Je dis on va promener maintenant ? Il dit volontiers. J’attrape la laisse. Il me suit. Je descends les trois étages. J’enjambe le clochard, Il dit il est beau ton chien. Je dis il a du diabète. Il dit il a quel âge ? Je dis douze ans. Il dit ah ben c’est beaucoup pour un gros chien comme ça. Je dis oui, mais sinon il est encore en forme. J’arrive au parc, le chien chie sous un arbre, il n’y a personne, je ne dois pas ramasser, je suis contente. Il pleut toujours. Je marche vite, le chien a du mal à me suivre, il est vraiment vieux. Je m’assieds et lui caresse la tête. À l’autre extrémité du banc, il y a un jeune noir, anorak trop grand et bonnet en laine turquoise. Je le regarde. Il baisse les yeux. Je dis ça va ? Il me sourit. Je dis tu t’appelles comment ? Il dit moi s’appelle Nahom. Je dis tu dors ici ? en montrant le parc. Il dit oui froid. Je me lève et le salue de la main. Le chien est fatigué, je rentre. Dans le hall, le clochard est endormi. Je l’enjambe. Je monte chez moi, le chien se couche et ronfle. J’allume la musique. Le téléphone est resté décroché. Je me fais un café. Je fume. La voisine frappe à la porte. Je n’ouvre pas. J’aperçois glisser un papier sous la porte. Je me lève et le lis.

Elle a écrit : Madame Renard, votre égoïsme est sans limites.
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Renard .
SF - space opéra ? Un peu WTF...

Tina - saison 1 - Océan

Tina appartient à l'univers de Merces.
L’univers des Merces a été créé par Vis9vies qui l’a généreusement mis à disposition de Tina et autres.

S’adresser à V9V pour plus de précisions sur personnages et le reste.
Texte de 2015
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