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Samy Barjeart

Défi
Samy Barjeart

Je suis dans mon bain avec mes jouets qui flottent autour de moi. C’est mon père qui me lave ce soir. D’habitude j’adore prendre mon bain. C’est un peu comme aller à la piscine. On plonge, on ouvre les yeux sous l’eau, ça pique, on essaye de tenir le plus longtemps possible, on remonte à la surface pour respirer. Au bout d’un moment on a les doigts tout fripés comme ceux de mémé. Et puis l’eau commence à devenir froide alors il faut sortir. On a les cheveux qui sentent bon le ptit Dop (Ne pique pas les yeux, évite les nœuds.) Il faut se mettre en pyjama avant de passer à table. J’ai le droit de regarder un peu la télé, et après papa me dit « allez, pipi et au lit ! » Je vais faire pipi, et vais attendre dans mon lit que maman ou papa me borde. J’adore être bordé. Etre serré dans mes draps qui sentent la lessive me fait me sentir en sécurité.  Ensuite papa et maman me font un bisou, chacun leur tour, puis ils m’éteignent la lumière. Ils me laissent quand ma même ma veilleuse allumée. C’est un petit bateau qui flotte dans un halo de lumière rose pastel.
Mais ce soir rien ne sera pareil. Nous somme dimanche soir et demain je rentre à la grande école, en CP. Je ne sais même pas ce que ça veut dire moi, CP. Au moins dans mon école c’était simple. Quand t’es petit t’es dans la classe des petits, ensuite tu vas chez les moyens, et tu finis chez les grands quand tu es grand. Simple, logique. Mais demain je vais faire ma rentrée en CP. C’est austère comme nom, c’est froid. Ça me fait peur. Comme me fait peur la sorcière qui habite au deuxième étage de l’immeuble de Damien. Le CP, ce n’est même pas un nom, c’est juste deux lettres côte à côte. Quand je serais plus grand j’apprendrais qu’on appelle cela un acronyme. Et encore s’il n’y avait que le nom, je crois que je m’en accommoderais. Non ce qui m’effraie le plus dans cette grande école, ce sont les « devoirs ». C’est par un copain plus grand que moi que j’ai découvert cette torture. Il avait changé d’école pour aller dans cette prison. Avant on jouait ensemble dans le quartier. On fabriquait des arcs et des flèches, des pièges avec du fil de pêche tendu entre deux arbres, des cabanes. Mais depuis qu’il est là-bas il a changé. De temps en temps j’essaye encore de le convaincre de me rejoindre pour jouer avec moi, en criant sous ses fenêtres en bas de son immeuble. Mais sa réponse est bien souvent la même, « Je ne peux pas, j’ai mes devoirs à faire. » D’après ce que j’ai compris, après avoir passé ta journée à apprendre à lire, à écrire, à compter, à apprendre l’allemand, et encore plein d’autres choses, tu dois faire tes « devoirs » en rentrant à la maison. Les maîtres et les maîtresses de cette grande école doivent vraiment détester les enfants pour leur faire subir cela. Peut-être qu’ils sont juste jaloux que les enfants soient plus libres qu’eux, alors ils les punissent. A partir de demain, j’imagine que je ne pourrais plus jamais jouer comme avant. J’emporterais tous les soirs un bout d’école dans mon cartable. C’est comme si ta maîtresse s’invitait de force chez toi tous les soirs. Est-ce que je viens l’embêter chez elle la maîtresse? Chez moi c’est chez moi, et la maîtresse n’a rien à y faire. Les « devoirs ». Quel est le malade qui a inventé ce truc? Faut être tordu quand même. Même papa fait ce qu’il veut quand il rentre du travail. Quand il rentre le soir, il fait un bisou sur la bouche à maman (dégueu!),  et il nous embrasse sur la joue mon frère et moi. Et puis il « se met à l’aise », c’est-à-dire qu’il enlève son costume du travail pour enfiler un jogging. A partir de ce moment il est tout à nous. Fini le travail. Alors pourquoi nous faire subir ce traitement à nous les enfants ? Ça ne leur suffit pas de nous enfermer du matin au soir, il faut encore qu’ils soient sûrs qu’on ne s’amuse pas en rentrant à la maison ? Je la déteste déjà cette nouvelle école.
Ça y’est, l’eau du bain commence à être froide. A table, pipi, au lit, dodo. Demain, fini la liberté, en rentrant de l’école j’aurais mes « devoirs » à faire. 
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Samy Barjeart

Ouvre grand tes esgourdes, je vais te raconter une story pas piquée des hannetons.
C’est un vioque qui déambule dans la superette Shopi, rue De Boinville à Ablis, dans les Yvelines (mais si tu sais, dans le prolongement de la rue Bladillot, à côté de la place de l’Église). Pour quoi y faire? Ben ses courses, t’avais pigé. Fernand de La Tète, c’est son blaze à l’ancêtre. Un aristo désargenté comme on dit. Sa bourgeoise l’a envoyé acheter des petits pois. Ça fait soixante-dix et quelques berges qu’il se la coltine, la Sybelle (qui ne l’est plus tant que ça au passage, si tant est qu’elle l’a été un jour). Depuis tout ce temps, tous les mardis c’est la même rengaine. Il lui faut son escalope de veau à la Clamart, à madame de La Tète. Et s’il se goure dans la marque des petits pois, il a le droit à une soufflante carabinée. Sauf qu’il a la mémoire qui fout le camp, le Fernand. C’est un début d’Alzheimer que lui a dit le toubib. «Tu deviens sénile» lui a dit son ingrat de fils, la dernière fois qu’il est venu manger à la maison. C’est pourtant vrai qu’il a la mémoire qui ressemble de plus en plus à une tranche d’Emmental de Savoie. Il s’en rend bien compte Fernand, et ça lui fout le cafard. Comme maintenant par exemple, devant le rayon des boîtes de conserve de petits pois. D’Aucy, Géant Vert, Cassegrain (et encore je reste poli), Bonduelle, Grand Jury? Petits pois doux très fin, extra fin, à l’étuvée, doux extra fin à l’étuvée? Et puis merde! Il en pioche une au pif et se dit qu’il verra bien la réaction de la baronne quand il rentrera à la casbah.
Il se dirige vers la caisse et fait la queue car la greluche devant lui n’a pas l’air décidée à le laisser passer. Non contente de le laisser poireauter malgré ses quatre-vingt-douze automnes (quoi? on dit printemps? je m’en cogne c’est moi qui raconte, et si je veux je ne lui fais pas passer l’hiver au vieux, alors mollo sur les conseils), la souris lui lance :
 -Vous ne devriez pas acheter les petits pois de cette marque, ils sont bourrés de pesticide, c’est très mauvais pour la santé. Personnellement je n’achète que ceux de la marque Sup’R Bio, et j’en suis ravie.
Ce à quoi le délabré rétorque:
 -Vous savez cher madame, à mon âge on est plus près de la fin que du début, et je ne pense pas que manger bio puisse y changer quoi que ce soit mais je vous remercie toutefois de vous soucier de ma santé. A ce sujet j’ai d’affreux rhumatismes dans les genoux et vous seriez bien aimable si vous me laissiez passer devant vous.
-Mais oui, bien sûr, où avais-je la tête, passez je vous en prie, vous en supplie, vous en conjure, mes respects mon colonel, bonne journée, au revoir, adieu, bonjour à madame.
Après ce bref échange, l’ancêtre se natchave du Shopi le sourire aux lèvres, avec la maigre satisfaction d’avoir mouché cette Marie mêle-tout.
Sur le parquinge y’a un gonze qui a une trogne qui lui est familière. Il essaye de se souvenir mais il a la cafetière qui surchauffe. Y’a des connexions qui essayent de se faire là-haut. Les synapses, les neurones et tout le merdier. Dans un ultime effort, ça lui fait tilt. Mais bon sang, mais c’est bien sûr, c’est ce bon vieux Anatole, son ami de l’école communale! Il ne l’avait pas revu depuis des lustres. Depuis quand au juste? Il ne s’en rappelle plus bien. Il va à sa rencontre pour lui serrer la pince, le mec lui fait un grand sourire et lui dit:
-Monsieur de La Tète, ça fait plaisir de vous voir.
-Monsieur Sacolle, ravi de vous voir également, lui répond Fernand, persuadé que son ami lui donne du monsieur pour le faire marrer. Quand s’est-on vu la dernière fois?
-Il y a cinq ans. Pour l’enterrement de papa.
Fernand percute. Il parle au fils d’Anatole, ce dernier ayant passé l’arme à gauche il y a cinq piges.
-Déjà cinq ans. C’est fou ce que le temps passe vite. D’ailleurs je n’avais pas vu l’heure mais veuillez m’excuser mon épouse m’attend à la maison et je suis affreusement en retard.
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Samy Barjeart
J'ai bâclé ce défi car je n'ai pas réussi à passer trop de temps dessus, j’étais à deux doigts de vomir.
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Samy Barjeart

Aujourd’hui, notre premier ministre nous dit que 20000 personnes sont fichées «S ».
«La fiche S (pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ») n’est en réalité qu’une des nombreuses catégories d’un fichier vieux de plus de quarante ans: le fichier des personnes recherchées (FPR). Créé en 1969, il comporterait plus de 400 000 noms, qu’il s’agisse de mineurs en fugue, d’évadés de prison, de membres du grand banditisme, de personnes interdites par la justice de quitter le territoire, mais aussi de militants politiques ou écologistes (antinucléaires, anarchistes, etc.)» Le Monde 31.08.2015
Le Figaro rapportait le 26.11.2015, que «ce fichier géant répertoriait plus 400.000 individus au 1er novembre 2010».
En 2012, 5000 noms y étaient répertoriés selon Sud-Ouest. Trois ans plus tard, le nombre a été multiplié par quatre.  

Selon Manuel Valls il y a 10500 personnes sur 20000, qui sont surveillées pour leur appartenance à la mouvance islamique mais « Tous ne sont pas des terroristes », «certains sont connus […] pour avoir tenus il y a quelques années parfois tel ou tel propos»(Le Point 24.11.2015). Faites gaffe à ce que vous dites au PMU du coin avec un verre dans le nez, tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous. Et je ne parle pas seulement de discours appelant à massacrer des mécréants ou autres conneries du genre. Car selon Manu, il nous reste 9500 personnes fichées « S ». J’imagine aisément que le moindre Conti, le moindre militant d’association, le moindre arracheur de chemise a le droit à sa petite fiche. Sans le savoir évidemment.

Je sais que j’enfonce des portes ouvertes mais j’ai besoin que ça sorte.

Soyons vigilants, ne laissons personne nous empêcher de penser, dire, ou faire ce qu’on veut. Notre premier ministre a dit sur canal+ que sa première pensée, en apprenant les attaques du vendredi 13 novembre, a été: "Ca y est, on y est". Oui en y est. Dans la merde que nos dirigeants ont eux-mêmes entretenu toutes ces années. "Ca y est, on y est" dans la surveillance de masse pour notre bien. Ils nous pensent trop cons pour savoir ce qui est bon pour nous ? Interdiction de manifester pour la COP21! Pour NOTRE bien ? Mais depuis quand on se soucie de NOTRE bien? Par contre on me laisse le droit d’aller au stade pour m’abrutir devant du football, sans pour autant que ce soit moins dangereux.Qu’on nous laisse décider de ce qui est bien pour nous, par nous-mêmes.

Si on ferme notre gueule on leur donne raison. Cela voudrait dire qu’on ne mérite pas mieux que la façon dont ils nous traitent.

N’oublions pas qu’un des plus grands terroristes s’appelle Dassault. Il a plus de sang sur les mains que n’importe quel tocard qui s’est fait sauter la gueule un jour d’affluence. C’est ce genre d’enculé qui vend des armes à tous les camps. Ces gens-là n’ont pas de pays ou de patrie. Ils n’ont certainement pas pleuré le 13 novembre. Au contraire, ils ont dû se frotter les mains, sabrer le champagne en criant « Les affaires reprennent ». Ils tuent aussi au nom de leur dieu, le pognon. C’est aussi contre ces gens-là qu’il faut se battre. Il faut arracher le mal à la racine. Arrêter de soigner les conséquences sans s’en prendre aux causes. L’Arabie Saoudite a acheté pour 1,92 milliard d'euros d’armes à la France en 2013. L'Arabie Saoudite qui a les mêmes pratiques que Daesh, qui flagelle, torture, coupe des mains. L'Arabie Saoudite qui a filé du pognon et des armes à Daesh.

Ne laissons pas la peur nous anesthésier le cerveau, continuons à penser par nous-mêmes.


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Samy Barjeart

Ma flamme dore encore alors qu’il pleure dehors. Elle a oublié de se démaquiller et d’enlever ses faucilles. Elle fait un bruit de ronzottement quand elle dore, on dirait une autobylette, et je ne dose pas la réveiller. J’ouvre la porte du lit et sors froussement.
Je change l’o du chien, pour un a car il s’appelle Ottilo, et mets des roquettes dans sa mamelle. Je change ensuite l’eau des moissons et je prends ma mouche. Mamouchka, ma mouche, est un insecte très curiositant. Elle a des ails d’hélivionctères, et des yeux de verre. Elle est douscrète et vole à pas frottés dans le salon pour ne pas dérangêner les voisins.
Les voisins, eux, ils ont un chat tout petiscule et tout moudu, ainsi qu'un répètoquet du Japon. Ils m’ont ramené leur répètoquet hier et il m’a insulté de stupicon. J’ai pris la mouche, pas Mamouchka, et j’ai pris une douche pour laver cet affront.

Depuis, je vais mieux.  
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Samy Barjeart

Selon un récent article du Monde intitulé Elections régionales : dans ses mairies, la progression en trompe-l’œil du FN: « le Front National progresse de manière relative au nombre de votants, mais pas de manière absolue. »
Il n’y a donc pas plus de fachos en France aujourd’hui qu’hier. Je n’ai peut-être pas fait Science Po mais j’ai l’impression que le FN est bien utile pour les autres partis, c’est la menace qu’on brandit pour nous forcer à choisir entre la peste ou le choléra. Et bien si je dois crever, je ne boirais pas volontairement la ciguë. Je ne sauterais pas par la fenêtre car l’immeuble est en feu, j’attendrais qu’on me pousse.
Arrêtez de me dire que si je n’ai pas voté je n’ai qu’à fermer ma gueule.
Si le vote blanc était vraiment pris en compte on pourrait commencer à avoir un vrai débat démocratique. On pourrait s’autoriser à penser que si nous n’avons aucune confiance envers les principaux partis politiques en place, ce n’est pas parce que nous sommes cons. Ce n’est pas parce qu’on refuse de voter pour le PS ou Les Républicains qu’on veut que le bruit des bottes résonne dans nos rues. Ne pas voter peut être un acte bien plus politique et réfléchi que glisser un bulletin dans l’urne pour celui dont on sait par avance qu’il va nous baiser.
D’ailleurs quand on regarde les résultats du FN aux élections présidentielles depuis la création de ce parti, on s’aperçoit qu’en fait il n’a jamais eu une seule chance de les remporter. La seule fois où il est passé au second tour il a logiquement perdu. Pourquoi? Parce qu’il y a eu une mobilisation nationale? Parce qu’une horde de hippies (dont je faisais partie) est sortie manifester en scandant «Le Pen serre les fesses, on arrive à toute vitesse !» Parce que les gens se sont réveillés et sont allés en masse aux urnes ? Non. Tout simplement parce qu’il n’y a pas assez de fachos en France pour que le FN remporte les présidentielles. Le taux d’abstention au deuxième tour était sensiblement le même que les autres années, environ 20%.
Faisons un pas de côté et tentons de penser différemment, par nous-mêmes. Ce n’est pas parce qu’on nous martèle que ne pas voter fait le jeu du Front National que c’est vrai. Si mon vote blanc était vraiment pris en compte, le FN ne pourrait pas profiter du fait que je ne veuille pas voter pour le PS ou Les Républicains.
Tant que le vote blanc n’est pas réellement pris en compte, la mascarade n’est pas près de prendre fin.
Et si demain il y avait demain un parti du vote blanc ? Nos femmes et hommes politiques seraient bien emmerdés.
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