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Marseille.
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Effacer les erreurs passées. C'est la question que Sam se pose au volant de sa Peugeot alors qu'il se rend à un entretien important sous une pluie battante.
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— L'adresse que vous m'avez donné, c'est bien la rue où se trouve la fameuse boite de jeu virtuel CORTEX ? — C'est bien ça, repondit Roger en haussant le ton à cause du volume de la radio. — Vous croyez vraiment que leur nouveau jouet est dangereux ? Demanda le conducteur à son encontre. Roger ne répondit pas sur le coup, car son attention était absorbé par un débat houleux à la radio entre un concepteur de jeux et un représentant d’une association de parents qui se plaignaient de l'emprise de plus en plus grandissante des jeux sur leurs progénitures. Le programmeur interviewé cherchait à tout prix à éviter la confrontation sur les récents cas de névroses qui s'étaient manifestés ces derniers temps. L'affaire, lié à la compagnie auquelle il intervenait, avait déjà tendus certains investisseurs qui menaçaient déjà de se retirer si cette affaire n'était pas résolue au plus vite. Le chauffeur de taxi klaxonna à l’encontre d’un motard qui le collait de trop près. — Regardez-moi ça. Et après, ils se plaignent que les automobilistes ne les respectent pas. En le dépassant, le type sur sa bécane lui presenta son majeur levée, que lui rendit instinctivement l'homme au volant en exagérant gr
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Assis sur le rail de sécurité, il observait avec attention chaque détail de l’objet qui se trouvait à demi enfoui dans un réseau de tiges vertes à quelques mètres de ses pieds. Celui-ci lui semblait familier. Deux ou trois mouches virevoltaient gaiement autour sans jamais se poser dessus. Quelques rares voitures passaient devant lui. Une brise légère animait ces herbes folles qui poussaient ici et là, entre la route et le vide. C’était un jour calme ou il y avait très peu de circulation.
En cette fin d’après-midi, beaucoup se rendront vers le promontoire pour contempler le coucher de soleil, songea-t-il en se souvenant que lui-même faisait de même en un temps reculé.
À quelle heure était-il arrivé ? Il ne se le rappelait plus. Une phrase lui vint à l’esprit : sur le champ à l’écart brille la clé des mondes. Luc médita sur son sens pendant qu’il se retournait vers les vagues silencieuses qui s’écrasaient sur l’escarpement rocheux, en contrebas. Il se leva et s’agenouilla dans l’étendue de paille et de jeunes pousses verdâtres luttant contre le bitume.
Les couleurs de l’objet l’intriguaient. Vacillant entre bordeaux et rouille, tantôt net, tantôt terne, la peinture semblait changer d’aspect par rapport à l’angle où il l’observait. L’une des figures étranges qui décoraient sa surface, semblable à une flèche, pointait en direction d’une fleur au bouton oranger couronnée de pétales jaunes qui se trouvait à ses côtés. Une aura lumineuse pulsait autour de celle-ci comme une sourde respiration.
« Pourquoi es-tu toujours pensif ? lui demande-t-elle.
— J’essaye de comprendre, répondit Luc.
— Me trouves-tu belle aujourd’hui ?
— Comme à la première fois.
— J’aime quand tu me regardes.
— Je sais.
— Je t’aime.
— Moi aussi.
Luc aime Gaëlle ! Luc aime Janice ! » chantonna la fleur.
Elles me manquent. Mais maintenant, il faut que je rentre, songea-t-il avec une pointe de tristesse dans le cœur.
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— Sally ! Où as-tu mis mes chaussettes ?
— Je ne sais pas. Regarde dans un tiroir au fond de ton armoire.
Le sentiment d'effroi qu'elle ressentait ces derniers jours virait maintenant au cauchemar. Une oppression lui nouait la gorge tandis qu'elle essayait de contrôler sa respiration, en vain. Elle ne voulait surtout pas que David remarque à quel point elle paniquait. Plus tôt dans la journée, il était sorti localiser des endroits sûr afin de préparer leur départ. À son retour, son regard fuyant trahissaient les obstacles qu'il avait dû repérer et qu'il essayait de garder pour lui. Elle avait alors pris conscience de leur illusoire sécurité, qui pouvait prendre fin d'un moment à l'autre sans crier gare.
À l'étage inférieur, une vieille radio à piles diffusait en boucle des messages d'alerte à destination des gens qui vivait au périphérique de la ville.
Le chaos était en train de se propager rapidement. Des milices privées tentaient de s'imposer sur les résidents des zones environnantes. Ces derniers, horrifiés par les événements en cours, n'avaient guère de choix que de se plier à ces hommes armés jusqu'aux dents dans l'espoir d'être protégé de la barbarie qui se refermait sur eux.
La plupart savait déjà que des villas et les banlieues environnantes avaient déjà été pillées et saccagées par des hordes de pillards hors de contrôle.
Tout en essayant de faire le tri dans ses vêtements, elle se remémora les flashs d'infos sur le nombre effroyable de corps retrouvés dans les maisons des quartiers environnants, de l'infâme speaker radio de service et de ses descriptions sadiques des tortures faites aux victimes. Elle ressenti de nouveau de la haine froide à son égard en regard des horreurs qu'il décrivait sans tenir compte de la sensibilité de certains auditeurs. Elle avait eu l'envie de jeter la radio sur le sol mais David n'aurait pas apprécié qu'elle perde son sang-froid. Il avait besoin de la sentir forte, prête à réagir au cas où les ennuis se rapprocheraient.
Les événements actuels paraissaient si irréels Elle se sentait prisonnier dans un rôle de personnage de films ou de romans, qui observe inerte son univers s'effondrer face à une barbarie refaisant surface des cendres des guerres d'antan. Des peurs anciennes jadis relégués dans les profondeurs du genre humain. Comment était-ce possible ?
— Tu es prête ? David se tenait derrière elle, un grand sac à dos sur ses épaules.
— Non. Je ne sais pas quoi prendre. D'ailleurs, comment pourrais-je le savoir !
— Chérie, on doit faire vite... Quelques pantalons, des T-shirts et des pulls. Des choses qui seront utiles, quoi !
— Des choses qui seront utiles ! Tu pourrais me dire au moins où est-ce qu'on va ? Elle était soudain redevenue cette petite fille apeurée qui se cachait sous les draps durant des nuits dans sa chambre, terrorisée par les recoins sombres, hantés par son imagination . Des tremblements s'emparèrent de ses mains face à ses anciennes terreurs nocturnes. Elle ne pouvait se permettre de perdre le pas sur sa réalité, et qui l’ébranlerait sûrement dans le cas contraire.
— Je ne crois plus qu'il y est encore un endroit dans le monde où aller, reprit-t-elle tout en se focalisant sur un tricot qu'elle détestait, et qu'elle déchira soudain avec rage.
David posa son sac et lui prit ses mains dans les siennes.
— Écoute, je te mentirais si je te disais qu'il n'y a pas de risques. Malgré tout, il se pourrait que, quelque part, des gens se soient organisés entre eux. En attendant, on se cachera dans les bois les premiers temps. Ensuite, on anticipera. Pour l'instant, il faut qu'on bouge avant qu'il ne soit trop tard
Il l'embrassa sur le cou, puis se dirigea vers l'escalier.
— Je descends prendre de quoi manger et quelques médicaments pour la route et je remonte t’aider. OK !
— Je vais y arriver, murmura-t-elle tout s’acharnant à plier correctement un pantalon, sans y parvenir. Fais ce que tu as à faire .
— Dix minute, lui dit-il doucement. Je sais que c'est dur d'en arriver là, mais on n'a pas le choix. On doit emporter que le strict nécessaire. Je reviens de suite.
Elle le regarda s'éloigner tout en essuyant les larmes sur son visage. Il lui fallait avant tout se calmer si elle ne voulait pas se retrouver avec comme seuls habits les fringues qu'elle détestait le plus. Dehors, au travers des carreaux de sa fenêtre, le soleil brillait. Cela aurait dû être une belle journée.
Elle s'était dit, par la suite, qu'ils pourraient s'en sortir, qu'ils trouveraient, comme David venait de lui dire, d'autres personnes comme eux essayant de fuir le chaos et auxquels ils se joindraient. S'accrochant à cet espoir, elle se motiva à ranger ses affaires avec frénésie.
Ils quittèrent leur maison une fois qu'ils eurent pris tout ce qu'ils pensaient indispensable, tente, sacs de couchage, denrées alimentaires en conserve, coupe-faim. Lampes de poche, briquets et allume-feu ainsi que des cartes des environs et une boussole.
Sally suivit David en direction de leur garage. Ils portaient chacun un sac à dos d'une vingtaine de kilos ainsi que des sacs de toiles à bandoulières contenant de quoi se vêtir en prévision d'un long séjour dans la nature.
C'est à ce moment-là qu'un groupe d'individus fit son apparition à quatre pâtés de maisons de la leur. Une trentaine d'hommes et de femmes agités qui avançaient dans leur direction. Certain titubaient, une bouteille à la main, tandis que les autres semblaient observer les alentours avec intérêt. Malgré la distance, Sally réalisa avec horreur que la plupart portait des machettes ou des haches en main. C'est à ce moment que l'un d'entre eux, un jeune homme au crâne rasé, bardés de tatouages, pointa un doigt en sa direction. Sans hésiter, la horde se rua aussitôt en leur direction comme des prédateurs fonçant sur leur proie.
— Lâche tes affaires...
— Quoi... ? Répondit-elle, l'air hagard.
David, qui se trouvait à sa droite, lui saisit le bras.
— Laisse tes affaires..., lâcha-t'il, la mâchoire crispée par la peur. On se tire !
En voulant se retourner brusquement, elle se vrilla une cheville et tomba de tout son long sur son sac à dos, envoyant valser en l'air celui qu'elle tenait dans ses mains. En état de choc, elle resta là sans bouger. Toute ce qui l'entourait se déroulait soudain au ralenti dans son esprit. David l'agrippa par-dessous ses bras, lui criant dessus tout en essayant de la relever comme il put.
— Réagis ! L'intonation emprunte de panique de sa voix résonna brutalement dans sa tête. Elle n'eut pas le temps de se remettre qu'il la tira sans ménagement vers l’arrière de leur maison. La peur paralysait son corps devenu étranger alors qu'elle essayait de remuer ses jambes qui ne lui obéissaient plus. David, d'une bref et rapide halte, la porta vers l’allée qui menait à la palissade au fond de leur jardin. Une fois devant, il la posa et s’accroupit devant elle.
— Il faut que tu te reprennes, MAINTENANT ! Pose ton pied sur mes mains, vite ! ordonna-il tout en enlevant précipitamment son sac à dos qui le gênait puis joignit ses deux mains l'une contre l'autre. Elle voulut lever le sien et se froissa l’un des muscles de sa nuque. Elle poussa un cri malgré elle lorsque David lui vint en aide. Sans s'attarder, il reprit aussitôt sa position accroupie et elle posa fébrilement son pied gauche sur ses mains malgré les tremblements de son corps. David s'arc-bouta et la poussa vers le haut de toutes ses forces. Elle enjamba péniblement la palissade. David fit de même, poussé par l'adrénaline, et atterrit de l'autre côté avant elle. Il la saisit par la taille et l'aida à descendre. Des bruits de pas rapides et de voix se firent entendre de l'autre côté de la balustrade. Sans hésiter, ils s’élancèrent en direction de la plaine devant eux.
Elle sentait ses forces. ses mains moites lâchèrent celles de David qui la reprit fermement par son bras droit.
— Accroches-toi !
Ils s’éloignèrent aussi loin qu’ils purent alors qu'un fracas de vitres cassées provenait de leur allée. Ils atteignirent les bois environnants quand David se retourna pour voir où ils se trouvaient. Il vit avec effroi les silhouettes menaçantes franchissant leur palissade et se précipiter vers eux.
Sally trébucha une nouvelle fois sur une racine, se reprit et enleva rapidement ses chaussures. David, respirant à plein poumons, lui prit la main et l'emmena dans un chemin qui s'enfonçait dans des broussailles épaisses tout en essayant de faire le moindre bruit possible. C'est à ce moment que leurs assaillants pénétrèrent dans la forêt ainsi que d’autres, qui les rejoignirent dans la foulée. Ils couraient trop vite et étaient sur leurs talons. Le couple, à quelques pas devant eux, se rendit compte avec horreur qu’il ne s'en sortirait pas.
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— Tu aurais dû montrer tes biscoteaux ! Helena fait la moue en me disant cela, puis elle éclate de rire.
Hier, un guignol m’a invectivé à un feu rouge alors que je venais de lui gratifier d’une queue-de-poisson. J’ai perdu mon sang-froid et je le lui ai fait remarquer par un geste obscène. Le type est sorti illico de son véhicule avec un air menaçant pour en démordre. Je me suis aussitôt dit à quel point j'avais été stupide de ne pas réparer la poignée de ma vitre qui tournait dans le vide. Celle-ci restait en position baissée et il me fallait à chaque fois la remonter à la main. Bref, me voilà soudain nez à nez avec un faciès terrifiant, me crachant toutes sortes d'immondices au visage. Le tout accompagné d’un copieux jet de postillons.
C’était à partir de ce moment-là qu’Helena s'était franchement marrée. Je lui ai donc raconté la suite.
J’ai repoussé l’énergumène avec ma portière et je suis sorti à mon tour, déterminé à lui remonter les bretelles. Et voilà que je me retrouve au milieu de la rue à concourir au meilleur lancé de mots d’oiseaux en face de ce lourdaud qui tenait à me démontrer son génie en matière de conduite devant des rangées de véhicules en arrière-plan. Bref, ce n’est pas le genre de situation que j’aime à évoquer. Et je crois qu'il devait en être de même pour ce type. C'est pourquoi, j’ai achevé notre petite discussion par une conclusion assez percutante.

Helena se tord à nouveau de rire pendant que je frotte ma main encore douloureuse. Elle et moi, on se tape la causette dans la chambre de mon appartement. C’est comme ça à chaque fois que je lui raconte mes déboires. Elle y met tout son soûl et cela me ravit de la voir d’aussi bonne humeur.

Pourtant, ce n’est pas toujours le cas. Surtout en ce qui concerne Domi, un gars que j’aime bien, et avec lequel j’ai partagé beaucoup de choses. Pour d’obscures raisons, elle ne supporte pas sa nouvelle petite amie qui ne sait pas garder sa langue dans sa poche. D’ailleurs, lors de notre dernière rencontre, il y avait une telle tension entre nous que je suis parti sans dire un mot. Mal m’en a pris. Pendant tout le trajet du retour, j’ai eu droit à toute une avalanche de reproches de sa part.

Pendant qu’elle parle, je ne peux m’empêcher de penser à la jeune femme devant moi. Seules quelques rares personnes connaissent les blessures physiques et psychologiques qu’elle s’efforce de dissimuler. Son père adorait faire parler ses poings sur eux depuis le départ de leur mère un beau matin, les laissant seuls face à celui qui incarnait déjà depuis longtemps le masque de leurs plus profondes peurs. Son frère, qu’elle me lance souvent, pèse le plus dans ses confidences. Je n’ose l’interrompre quand elle évoque la perte de ce dernier. On est là, à rire à gorge déployée sur mes aventures et je ne peux m’empêcher de comparer la jeune fille terrifiée d’avant et celle qui m’offre ce visage si radieux comme un défi à une vie privée d’amour.
— Heureusement que je t’ai ! reprend-elle en s’essuyant les yeux rougis par ses fous rires. Que les jours seraient tristes sans toi.
Je sais, Helena. On a vécu tout ça ensemble. Je suis là pour toi. Une larme coule sur sa joue.
J’ai envie de lui raconter une autre histoire de mon cru, mais la sonnerie de la porte retentit. Je lui fais signe de se taire, et me lève en direction de l’entrée. À travers l’œil-de-bœuf, j’aperçois Domi. Je soupire intérieurement et lui ouvre.
— Je te dérange ?
Oui !
— Non… ! Je suis surpris de te voir. On s’est à peine quitté hier !
Et ce drôle de regard qui me transperce.
— Tu me laisses entrer ?
Non ! Je préférerais que tu t’en ailles sur le champ et que tu repasses dans… disons mille ans !
— Euh… j’étais en train de… oui ! Bien sûr !
En refermant la porte, je l’entraîne vers le salon.
— Si je te dérange, dis-le-moi franchement, dit-il en chuchotant.
Il doit penser que je suis avec quelqu’un. Peu m’importe. Après tout, ce n’est qu’Helena, ton ex que tu as laissé tomber pour une greluche à la langue bien pendue.
— Je t’assure que non ! Ai-je l’air dérangé ?
Il ne semble pas apprécier l’humour. Il s’assoit sur le fauteuil décrépi en face de ma télé, je le rejoins à une place de distance...
Il me regarde de nouveau avec son air inquiet. Cela commence à m’agacer sérieusement.
— Je voulais te voir à cause d’hier. Tu paraissais tellement… enfin, tu comprends ! me dit-il d’un ton gêné.
— Ah bon ! Moi qui croyais que tu venais pour autre chose. Je t’avoue que je suis…
— Je pensais qu’on en avait fini avec cela… Fred ? À ce que j’observe, ça n’a pas l’air d’être le cas !
Il ne digère toujours pas ma relation avec Helena. J’en profite pour continuer dans la lancée.
— J’ne vois pas de quoi tu parles ! Par contre, ta copine… faudrait lui apprendre les bonnes manières, tu ne crois pas ?
Son regard se fait plus sombre. J’imagine qu’il regrette déjà sa présence ici. Tant mieux.
— Elle dit tout haut ce que d’autres pensent tout bas, balance-t-il sur un ton plus direct. Ce n’est pas de sa faute, elle est comme ça… comme toi, tu es… toi !
Il commence à m’énerver. J’enchaîne avec du cinglant.
— Je réalise à quel point elle t’indisposait ! Si tu te sens mieux maintenant, qu’est-ce que tu fous là ?
— OK ! On dirait que j’ai mal choisi le moment pour te voir. Je ferais mieux de partir.
Il se lève et se dirige vers la porte. J’essaye de le devancer dans son élan, mais je me prends un pied dans le bord du tapis et je trébuche sur lui.
— Ohhh ! Doucement ! Qu’est-ce qui t’arrive ?
— Eh ! Bas-les-pattes, lui dis-je en repoussant ses bras d’un geste brutal.
Il me regarde, le front plissé, ses deux mains levées, genre "calme toi, tout va bien !".
— Je sais ce à quoi tu penses. Franchement, rien à cirer !
Il ne dit rien. Je lis du désarroi dans ses yeux. Autant en profiter.
— Qu’est-ce que tu crois ! Elle t’imaginait différent des autres. Tu percutes ce qu’elle attendait de toi, imbécile !
— Pas la peine de me crier dessus ! me répond-il, l’air maussade.
Je suis déçu de sa réaction. Il reste de nouveau là, à me fixer, puis il se tourne un peu dans tous les sens. Je sais qu’il cherche quelque chose à dire.
— Je m’inquiète vraiment pour toi ! Tu devais prendre soin d’elle d’après ce qu'on on avait convenu. Tu t’en souviens ?
Toujours la même rengaine. Combien de fois il me l’a sorti celle-là. Je ressens une soudaine envie de lui foutre mon poing la gueule. Juste pour voir comment il réagirait s'il se prenait un coup comme moi j'en ai si souvent reçu. Est-ce qu'il chialerait ?
— Oh ! Bien sûr ! Ne t’inquiète pas ! Elle peut compter sur moi, sur ce point-là je te rassure. Ce qui n’est sûrement plus ton cas…
— Tu n’as pas à me juger ! J'aimerais juste te… lui dire que je suis désolé. Tout ça me dépasse. Tu as raison. Je n’ai pas les épaules pour ça. Par contre, tous les deux…
Il se tait. Lui dire à quel point Helena souffre ne le ferait pas revenir. Il n’en veut plus.
— Je m’en vais…
Quelques secondes passent avant que je réagisse, puis je me retourne sors du salon. Il me suit, hésitant.
Une fois près de l'entrée, il me lance avec un geste de la tête en ma direction : elle est là !
Je ne réponds pas. Je me demande où se trouve le Domi que je connaissais. Je lui souris et lui ouvre la porte. Il sort sans rien dire de plus, se retourne vers moi et reste quelques instants à me regarder, puis s’en va.


— Eh ben, dis donc ! Tu y es allé fort, dis-moi !
Helena, toujours pétillante, m’observe d’un œil amusé.
— je préfère t’éviter ce genre de confrontation qui ne mène à rien. Les gens changent parfois lorsque d’autres arrivent à leur faire croire qu’ils valent mieux.
— Toi non !
— Mon père… il m’a, pour ainsi dire, forgé mon avenir. Tu peux compter sur moi. Je suis celui qu’il te faut, lui dis-je en songeant que j’ai été là pour elle depuis le drame, et que je le serais pour l’éternité.
— Enfin mon propre chevalier à moi, ou peut-être un autre frère, conclut-elle en un sourire. Voilà l’Helena que j’aime.
On se marre encore pendant un moment sur quelques histoires, puis je me lève et la raccompagne. Un dernier coup d’œil sur le reflet de son visage toujours aussi radieux. Ensuite, je la laisse tranquille. Je veux qu’elle se repose, qu’elle prenne soin d’elle, de sa nouvelle vie.

















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FONDU À L'IMAGE:
EXT. ESPACE DE JEUX POUR ENFANTS. JOUR
Les rues, ensoleillées, grouillent de passants pressés. Des rires d'enfant se font entendre.
Un ballon rebondi sur une grille. Un petit garçon le saisit au vol et cour vers ses camarades. D'autres essaient de le lui prendre au pied.
INT. BUREAU. JOUR
FRANCK, assis derrière son bureau, rédige des documents sur son ordinateur. Le visage tendu, les yeux fixes, il pianote fébrilement de ses mains son clavier. Une goutte de sueur descent sur le côté droit de son visage.
NARRATEUR
(voix off)
T'es-tu déjà demandé...
L'écran de l'ordinateur s'éteint. FRANCK reste immobile un moment. Ses yeux affichent la stupeur, ses mains crispées au-dessus du clavier en attente, il tourne sa tête à droite et à gauche. Ses camarades de bureau travaillent derrière leurs écrans. Il est le seul à avoir son écran éteint.
NARRATEUR
... si c'est ce que tu voulais ?
FRANCK regarde derrière l'écran, puis les connexions sous la table. Il cherche, tâtonne, manipule les câbles reliés à l'écran. Il s'arrête et se gratte le cuir chevelu l'air anxieux.
NARRATEUR
Cette vie.
La sonnerie de son téléphone se fait entendre. FRANCK regarde le numéro affiché, puis répond.
FRANCK
Allo, oui !

VOIX FÉMININE
(voix off - énervée)
Franck, tu as oublié la liste des courses ! Comment compte-tu savoir ce qu'il faut prendre ?
FRANCK soupire d'exaspération.
FRANCK
(d'une voix contenu)
Chérie, tu tombe mal, là ! J'ai des problèmes avec...

VOIX FÉMININE
(en colère)
Et tu crois quoi...! C'est moi qui vais les faire à ta place ? Et les enfants ! C'est toi qui va les chercher à l'école ?
Le visage de FRANCK se crispe sur le téléphone. Il prend un carnet et un stylo.
NARRATEUR
Ces moments où l'on se sent seul.
INT. ASCENSEUR. JOUR
FRANCK a le visage en sueur. D'autres personnes qui se trouvent dans l'ascenseur le regardent avec insistance.
NARRATEUR
Perdu.
INT. VOITURE DE FRANCK. JOUR
À travers les vitres fermées de son véhicule, Franck, le regard écarquillé, fixe le feu piéton qui est au rouge. Au vert, il accélère brusquement. Un crissement de pneus se fait entendre.
NARRATEUR
Ces moments ou l'on sent la colère en soi.
EXT. ESPACE DE JEUX POUR ENFANTS. JOUR
Les enfants se chahutent sur un ballon. L'un d'eux s'en empare et court à toute vitesse vers les cages adverses.
INT. VOITURE DE FRANCK. JOUR
Une sonnerie de téléphone se fait entendre. Franck le saisit.
FRANCK
Oui, JANE. Je suis en train de conduire...

JANE
(à demi hystérique)
Franck ! On m'a appelé pour me dire que Joanne était malade et qu'il fallait que je vienne la chercher. Tu...

FRANCK
(agacé)
Mais je suis loin, là ! Tu m'as dit de me presser pour les courses et maintenant, tu veux que je vienne te prendre toute de suite !

NARRATEUR
Peut-être voudrais-tu qu'il revienne...
Un ballon voltige dans la rue.
EXT. ESPACE DE JEUX POUR ENFANTS. JOUR
Un grand crissement de pneus se fait entendre, puis un choc. Les enfants courent vers l'origine du bruit.
EXT. RUE FACE à L'ESPACE DE JEUX. JOUR
La voiture de Franck est à l'arrêt, le pare-chocs avant déformé, enfoncé sur l'arrière d'un fourgon publicitaire sortant d'une ruelle en marche arrière. À quelques mètres de celui-ci, un garçon, un ballon dans ses mains, regarde Franck.
Franck, les mains crispés sur son volant, regarde fixement l'image plaquée sur l'un des côtés du fourgon. On y voit des enfants au bord d'une plage avec leurs parents.
NARRATEUR
... l'enfant qui est en toi.
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Quand la vie nous rattrape, a-t-on encore le temps de dire les choses qui nous tiennent à coeur ?
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Alex détient un secret terrifiant qui le pousse à fuir depuis son enfance.
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Greg erre dans le désert à demi conscient. Des flash-back lui rappellent une dure réalité oubliée.
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Encore une nuit sans sommeil. Je me retourne sous mes draps, exaspéré par le bruit de la rue. La pluie qui tambourine sur les carreaux de la fenêtre de ma chambre me déprime . Je ne sais pas ce qui me fait le plus peur, rester coucher dans ce lit devenu si grand sans toi, où me forcer à affronter cette journée avec tout son lot de crispations habituel.

Sandra... tu me manques !
Après un effort considérable, je finis par me mettre sur pieds, puis j'avance, les yeux mi-clos, en direction de ma salle de bain. Une heure plus tard, j'en ressors tout aussi fatigué malgré m'être douché vigoureusement. Peut-être qu'un bon café fort fera l'affaire, me dis-je intérieurement.
Quelques heures plus tard, je sors sans but précis dans les rues bruyantes du quartier où je vis.  La pluie a cessé. J'observe les gens qui passent ici et là. Ou pourrais-je aller  aujourd'hui qui me fera oublier ton absence ?

Sans même m'en apercevoir, je me retrouve dans un tram menant vers le centre. Les passagers ont tous des visages hermétiques, inexpressifs. Cela me fout le cafard. Le monde me semble soudain plus sombre que la grisaille environnante. 

Quelque chose attire mon attention, ou plutôt quelqu'un. Une personne parmi les autres, assise pas loin de moi, un livre entre ses mains. Dans la quatrième de couverture, à coté du texte de présentation, je vois une photo d'une jeune femme. Ses cheveux, son sourire... C'est Sandra !




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Marc courut le plus vite qu’il put. Il sentait encore le regard jaune derrière sa nuque. La nuit était tombée, et les rues s’étaient vidées de leurs lots de passants habituels. Il était seul. Une fois arrivé sur une grande avenue, il ralentit son allure. Les battements de son cœur secouaient violemment sa poitrine. Il fit une pause, ses bras en appui sur ses genoux à demi pliés. Il pencha sa tête en avant afin de reprendre son souffle. Une vision d’horreur lui revint brusquement à l’esprit. D’un mouvement vif, Marc se retourna. Il n’y avait personne aux alentours. La camionnette se trouvait maintenant à quelques kilomètres de lui.
« Pourquoi est-ce que je suis fourré dans ce pétrin ! » maugréa-t-il envers lui-même.
Il se remit lentement en marche tout en se forçant à paraître détendu malgré sa seule présence dans cette rue. La station de métro la plus proche était à dix pattée de maisons. C’était bien trop loin. Il devait trouver un moyen plus rapide de renter chez lui. À ce moment-là, une automobile apparue à un croisement derrière lui. Le véhicule tourna dans sa direction. Lorsqu’il arriva à sa hauteur, Marc aperçut le mot taxi peint sur son capot avant. Sans perdre un instant, il se précipita vers lui en agitant ses bras pour le stopper. Le chauffeur baissa sa vitre à son approche.
Le visage souriait.
— Vous désirez une course, m’sieur ?
— Oh que oui ! Dis Marc, haletant. Je peux monter ?
— Mais bien sûr, m’sieur que vous pouvez ! Même que vous êtes mon premier client de la journée. Croyez-moi, je n’en attendais pas mieux !
Marc s’engouffra précipitamment dans le véhicule et donna illico au chauffeur la direction à prendre. Ce dernier reprit lentement sa route.
L’intérieur du taxi était confortable, ce qui mit à l’aise.  Il observa les rues qui défilaient devant ses yeux.  Des images se mélangèrent à celles du décor. Des images effrayantes. Une camionnette immobilisée. Debout à côté d’elle, une silhouette. Il s’était approché d’elle. Qui aurait refusé d’aider une jolie jeune femme en détresse ? Une banale crevaison de pneu. Et lui en parfait gentleman, avait accepté de la dépanner. Au fond de lui, il se disait que celle-ci, en guise de remerciement, l’inviterait peut-être à boire un coup, tant qu’à espérer.
Comment aurait-il deviné. Qui l’aurait pu d’ailleurs. Peut-être la clef à écrou ? Ben non. Son rôle avant tout était de dévisser des boulons. N’empêche, quand la beauté s’était plantée à ses côtés pendant qu’il jouait le mécanicien, ses poils sur ses bras s’étaient subitement redressés. Lorsqu’il se retourna, sa définition la clef à molette avait brutalement pris une autre option.
Le bruit silencieux du moteur le rassurait. Il était en sécurité maintenant. Ses yeux ! Qu’est-ce que c’était ? Son bras avait réagi sans qu’il ne sache comment. Le coup atteignit la tempe gauche de la créature diabolique qui vacilla en arrière. À cet instant, une seule chose lui vint à l’esprit : comment pourrait-il oublier ce visage.
Marc commença à somnoler. À travers la vitre du taxi, le décor se mit à tanguer. Il se redressa, hésitant. Il devait rêver, car il pouvait voir le dessus des maisons ! Il se frotta vigoureusement les yeux. Il était bien réveillé, maintenant, et il volait dans les airs avec un taxi !
— Eh ! Chauffeur ! C’est quoi ce... Devant lui, le chauffeur resta immobile, sans aucune réaction. Marc tendit son bras en direction de l’épaule droite de celui-ci, mais il stoppa net son geste et son sang se figea. Dans la vitre du rétroviseur passager, des yeux jaunes souriaient. L’un d’eux sortait de son orbite suite à un coup porté sur l’arcade. Ensuite, un bruit, comme un sifflet d’une bouilloire surgit de nulle part, se changea en un long hurlement d’horreur qui lui vrilla les tympans.


Marc se renversa en arrière, ses mains sur ses oreilles, clouées par la force centrifuge. Ce qui fut auparavant un taxi se mua alors en une sorte d’horribles protubérances aux arrêtés vives. Le visage de cauchemar s’était retourné, et il comprit dans un chaos de cris qu’il n’aurait plus jamais l’occasion d’être galant auprès de qui que ce soit.






















































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Défi
Pasot


Plus jeune au lycée, j’ai négligé l’apprentissage de l’anglais. Je n’avais qu’un but, faire passer cette heure de cour en fanfaronnades avec quelques amis. Au cours de cette période, l’enseignante, une femme d’origine anglaise, la cinquantaine avancée, nous inculquait l’art de sa langue d’une manière qui lui était propre mais qui paraissait tellement comique à mes yeux qu’il était impossible pour moi à ce moment-là de prendre l’ensemble du cours au sérieux. Maintenant, je galère en autodidacte.
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