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Guillaume Etuy

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Œuvres

Guillaume Etuy

Un soleil mourant de fin d'été s'accrochait aux croix byzantines de la cathédrale orthodoxe de Tallinn projetant leur ombres allongées sur les pavés de la ville haute. Deux berlines noires vinrent se stationner dans le refuge de ces ombres, des hommes en costumes se précipitèrent pour ouvrir les portières arrières et leurs occupants en sortirent. La plus remarquable était une femme rayonnante de haute stature, elle était vêtue d'une ample robe azur et d'un manteau ivoire à capuche, celle-ci était relevée pour dissimuler ses traits mais elle laissait échapper une cascade de longs cheveux blonds. Elle était accompagnée d'un homme en costume trois pièces bleu taillé avec grand soins, il avait des yeux d'un gris d'acier et des cheveux courts blonds. Il avançait d'un pas nonchalant mais son regard scrutateur contredisait son apparente décontraction. De la deuxième voiture sortit un grand homme sec au visage d'un blanc laiteux, il avait des yeux d'un rouge de braise proprement effrayant, il portait une chemise rouge à col Mao fermée jusqu'en haut. Un observateur distrait aurait pu le croire seul, mais une forme discrète le suivait, se coulant dans les ombres environnantes avec une facilité féline. Cette jeune femme était mince et petite, elle était vêtue d'anthracite, gilet à capuche et un pantalon moulant ses fines jambes.
  Mais Yuri n'était pas un observateur distrait et il avait repéré Jasna, l’assassin du Prince Ivan, comme il avait reconnu Madame Beaumont et son âme damnée Thomas Mauclerc. Yuri avait stationné sa vieille Lada à la carrosserie cabossée, il était garé dans une rue donnant sur la place de la cathédrale. Yuri avait une apparence banale, vêtu en jean et pull, châtain et barbe de trois jours et même un peu de bedaine, un monsieur tout-le-monde en somme, n'éveillant pas les soupçons. Yuri était descendu de sa voiture et était allé jusqu'à un café, il observait à travers la vitrine alors que le groupe s'engouffrait dans la cathédrale. Yuri pesta, il annula sa commande et sortit en se hâtant aussi lentement que possible. Il traversa la place et se dirigea vers les portes principales il ne se rendit compte qu'au dernier moment que Thomas Mauclerc et Jasna était restés dans l'entrée, ils surveillaient l'accès à l'édifice. Yuri ne pouvait pas faire demi-tour au milieu de la place sans risquer d'éveiller les soupçons, il décida de tenter le tout-pour-le-tout et gravit les quelques marches jusqu'à l'entrée de la cathédrale. Yuri marcha sans hésitations, et il entra par la porte principale comme l'aurait fait n'importe quel fidèle. Thomas et Jasna ne prêtèrent aucune attention à lui. Yuri sourit, il était content d'avoir une apparence banale. Dés la porte passée il s’aperçut que Madame Beaumont et le Prince discutait ensemble discrètement dans un coin de la cathédrale. À part eux il n'y avait que quelques vieux croyants faisant leurs dévotions. Yuri se dirigea vers une icône qu'il fit semblant de contempler, dans le reflet de la vitrine qui abritait les idoles religieuses il regardait toujours les deux protagonistes de cette scène. Il distingua alors un objet dans la main de Madame Beaumont, elle le passa furtivement au Prince. Celui-ci l'enfourna dans sa poche de pantalon et hocha la tête, il salua la femme et repartit d'un pas rapide vers la sortie. Yuri resta à observer l’icône, il attendait que Madame Beaumont reparte. Mais celle-ci s'approcha de lui. Elle s’arrêta à ses cotés regardant les icônes dans la vitrine.
« Magnifique » dit-elle en anglais avec sa douce voix chaleureuse.
Yuri frémit pourtant.
« Pardon ? » dit-il en estonien.
Madame Beaumont tourna son visage vers Yuri. Elle se contenta de lui sourire puis s'éloigna aussi rapide et discrète qu'un courant d'air.
 Yuri avait peur, il avait compris, elle avait compris ! Il resta là quelques minutes attendant de se faire saisir par Thomas, mais rien ne se produisit. Il expira et prit une profonde inspiration après avoir retenu sa respiration depuis sa rencontre avec Madame Beaumont. Il se retourna et regarda vers la sortie : personne. Yuri se décida à partir, de toute manière il n'avait pas le choix, déjà il voyait le prêtre demandant aux fidèles de quitter les lieux, la cathédrale allait fermer. Yuri se mêla aux quelques personnes âgées pour sortir, il entama la discussion avec une vieille dame et lui proposa de l'aider à descendre les marches. Yuri tenait la vieille dame par le bras et regardait aux alentours tout en descendant l'escalier. Il ne voyait aucun danger, les voitures étaient partie. Yuri souffla, en bas de l'escalier il sourit à la vieille dame et lui souhaita une bonne soirée avant de partir d'un pas rapide vers sa Lada.
 Yuri ouvrit la portière de sa voiture et entra, il mit la clé et démarra le vieux moteur bruyant et fumant. Il partit en direction de son hôtel. Il roula aussi vite que possible sans risquer d'alerter les autorités, il devait se dépêcher d'avertir son père. Il gara sa voiture près de l’hôtel et se précipita vers l'entrée, il ne remarqua pas l'ombre qui sortit quelques instant après lui de sa Lada. Yuri passa la porte de l’hôtel et traversa en coup de vent le hall d'entrée.
 Yuri monta dans sa chambre et sitôt la porte refermée à double tour il se dépêcha de démarrer son ordinateur portable. Il mit son mot de passe et commença à rédiger un message à l'attention de son père. Alors qu'il était concentré dans la rédaction de son mail le verrou de la porte tourna et la porte s'ouvrit lentement, une petite forme anthracite se glissa dans la chambre de Yuri et referma délicatement la porte. La jeune femme s'approcha dans le dos de Yuri. Elle lut discrètement par dessus de l'épaule de Yuri et distingua le nom du destinataire : Gustav Fersen.
 Le visage de Jasna ne trahit aucune émotion lorsqu’elle enfonça la longue lame effilée de son couteau entre les vertèbres cervicale de Yuri. Le pauvre homme tressaillit à peine, il mourut vite, la mœlle épinière sectionnée proprement. Jasna essuya la lame sur le vêtement de sa victime et rengaina son poignard. Elle jeta un coup d’œil circulaire autour d'elle et se mit à fouiller la chambre. Elle rassembla les papiers de Yuri, son téléphone et son ordinateur portable, les rangea dans un sac et quitta les lieux.
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Guillaume Etuy

Mary était une jolie jeune femme de tout juste dix-huit ans, elle avait de longs cheveux de jais, des yeux noirs en amande, de belles pommettes saillantes et de fines lèvres vermeilles. Elle était grande et élancée, athlétique même, car ses nombreuses activités sportives en pleine nature l'avaient sculptée au fil de ses jeunes années.
Pourtant malgré sa jeunesse, malgré sa beauté, malgré sa vigueur, Mary était depuis longtemps rongée par la tristesse et la nostalgie. La disparition de sa mère l'avait marquée, son père avait fait son possible et il l’avait élevée du mieux possible. Pourtant Mary était solitaire et introvertie.
Mais depuis quelques temps son tempérament solitaire était devenu quasiment compulsif, elle était renfermée et ne quittait sa chambre que pour de longues randonnées en forêt.
Cela faisait maintenant plusieurs nuits que Mary dormait mal, elle était particulièrement pâle, ce qui pour une descendante iroquoise comme elle, était quelque peu ironique. Elle avait des cernes marqués sous ses magnifiques yeux et ses idées habituellement si limpides étaient brouillées.
Mary s'était levée en pleine nuit, elle ne trouvait pas le sommeil, mais le voulait-elle vraiment ? Après ces dernières nuits, ces cauchemars infernaux, elle faisait tout pour éviter de dormir et de revoir ces visions monstrueuses qui l'avaient traumatisée.
Mary avait quitté la maison à pas de loup pour éviter de réveiller son père. Elle avait mis ses chaussures de randonnée, pris une lampe frontale et un sac avec le nécessaire pour une longue marche en forêt.
Mary gravissait les hauteurs qui surplombaient la maison familiale, elle s’arrêta au sommet et regarda en arrière poussée par une étrange sensation. La maison à peine visible sous la clarté de la lune semblait paisible sous les ombres des frondaisons. Sans qu'elle ne puisse la retenir, une larme perla au coin de son œil et elle pleura autant de fatigue que de désespoir. Elle resta là, fébrile. Elle s’accroupit et ferma les yeux seulement un bref instant, mais suffisamment pour voir apparaître les images qu'elle tentait de fuir.
Un immense soleil rougeoyant perlant des gouttes de sang...
Mary ouvrit vivement les yeux. Elle se redressa vigoureusement et essuya ses larmes. Elle s’enfonça dans la forêt, le faisceau de la lumière de sa lampe frontale éclairait son chemin au rythme de ses pas. Mais Mary connaissait par cœur la région, elle avançait rapidement sans hésiter, la fatigue ou la pénombre ni pouvaient rien, chacun de ses pas était assuré.
Elle marcha ainsi pendant plusieurs heures, mais plus elle avançait plus la fatigue prenait possession d'elle, chacun de ses pas devenait moins sûr, inexorablement ses paupières devenaient plus lourdes et elle commençait à entendre d'autres sons que ceux de la forêt. Elle entendait des cris angoissants et elle avait peur. Cette forêt qu'elle avait maintes fois arpentée, ces arbres qu'elle avait déjà croisés, ces pierres qu'elle connaissait, tout cela lui parut pourtant étrange et effrayant. Tout, autour d'elle, semblait éclairé d'une lueur rouge. L'accablement la submergeait et un voile pourpre tombait devant ses yeux.
Mary tenta de se ressaisir, elle cria, sa propre voix la réveilla, elle frissonna et partit en courant plus profondément dans la forêt. Elle courait éperdue, fuyant ses propres songes. Elle ne voulait plus voir ce soleil rouge, cet amas ruisselant de sang. Elle avait si peur, elle se mit à pleurer, elle devait perdre la tête !
Elle courait toujours plus vite, toujours plus triste, toujours plus meurtrie. Son pied cogna contre une racine, son corps s'effondra et sa tête rencontra violemment une pierre.
Une respiration, du sang !
Une belle femme, la quarantaine, vêtue d'un jogging et portant des écouteurs dans les oreilles, courait entre les arbres sur un sentier forestier. Elle était sous l'ombre des frondaisons, le jour était à peine levé et il faisait encore frais. Mais aucun bruit ne se faisait entendre aux alentours, seulement la respiration de la femme. Cette femme aurait pu remarquer ce silence inhabituel si elle n'avait pas eu une musique résonnant dans ses écouteurs.
Une ombre passa entre les arbres, la femme courait sans s'apercevoir de rien. Un souffle d'air accompagna un mouvement rapide vers la femme. Un hurlement de rage déchira les airs suivi d'un court râle de souffrance, puis du sang imbiba l'humus forestier.
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Guillaume Etuy

L’attente angoissante
éclate le hurlement
d'une vie naissante
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs

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