Suivez, soutenez et aidez vos auteurs favoris

Inscrivez-vous à l'Atelier des auteurs et tissez des liens avec vos futurs compagnons d'écriture.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
Image de profil de null

Yaëlle

Yaëlle

Droite ou gauche ? Mes poumons brûlent, j'ignore comment j’arrive encore à avancer. Gauche. La rue est déserte. Mon Dieu, faites que ce ne soit pas une impasse. Je me remets à courir, priant pour les avoir semés. Wouuups, j'ai failli glisser. Fichus talons... Les images de la copine de Justin Timberlake sprintant sur talons aiguilles dans Time Out, me reviennent. À se demander où cette fille a été entraînée, moi, je manque de m’étaler à chaque foulée. Tant pis, pas le temps de les retirer. Une voiture s’arrête à l’extrémité de la rue, deux hommes en sortent. La peur me fige et je me plaque dans le renfoncement de la porte cochère d’un immeuble. Pas besoin de m’approcher pour voir qu’ils sont armés jusqu’aux dents et qu’ils cherchent quelque chose. Et cette chose pend autour de mon cou. Respire. Reste calme. Analyse l’environnement. Où peux-tu te planquer ? Mais il n’y a rien. Rien du tout. Des cris résonnent autour de moi. Les autres m’ont rattrapée aussi. Fébrile, je sors mon portable et maintiens la touche 2 appuyée. Réponds, je t’en supplie, réponds.
Les pas des hommes se rapprochent de tous les côtés. Votre correspondant n’est pas disponible actuellement, veuillez rappeler ultérieurement. Et tu comptes être dispo quand, sérieux ? Parce que dans trente secondes, je suis une fille morte. Je rappelle. Juste au-dessus de mon épaule se trouve un interphone. C’est ma dernière chance, alors j’enfonce successivement tous les boutons et je prie.
Comment me suis-je retrouvée dans cette galère ?

Deux heures plus tôt
Chris
La douleur cogne dans mon crâne, dans mon ventre et s’étend progressivement à mes muscles. Ça devient vraiment insupportable. Il faut que je me concentre sur autre chose. Le hall d’entrée où je me trouve est bondé, un truc intéressant sur lequel me focaliser, ça doit se trouver. Je n’ai pas à chercher longtemps avant que mon regard ne s’ancre. Audrey. Négligemment appuyée contre le mur, un café à la main, elle semble absorbée par sa conversation. Son tailleur gris perle fait ressortir sa peau pâle, ses cheveux auburn relevés en queue de cheval laissent entrevoir les multiples grains de beauté qui affleurent dans son cou. Mes yeux se posent sur ses orteils vernis et glissent le long de ses jambes avant de parcourir ses courbes féminines. Bon sang, ce qu’elle est sexy… Tu baves.
Camille me ramène sur terre et par la même occasion, à mon triste état corporel. Il faut que je l’enlève, je murmure.
Il affiche une expression inquiète, puis secoue la tête, catégorique. Pas maintenant, pas ici. C’est trop dangereux, tu le sais bien. J’ai pas vraiment le choix, je suis à la limite. Si j’attends encore, je risque d’être complètement vidé.
Nous échangeons un regard soucieux. Il sait que j’ai raison, mais nous avons tous deux conscience des risques. Donne-le moi.
Je souris. Cela aurait été la meilleure solution, mais vu que mon ami ne me lâche pas d’une semelle, aucune chance que je me rétablisse. Non, j’ai besoin de m’en éloigner réellement. Si je te le laisse, il faut que tu restes loin de moi. Hors de question.
Camille fronce les sourcils en réfléchissant. Une cachette sûre, accessible facilement… Quelques secondes plus tard, une expression victorieuse s’affiche sur son visage. Il me tend discrètement sa paume ouverte en me glissant deux mots à l’oreille. J’approuve et lui remets l’objet, soulagé. Pour trente minutes, son idée me semble acceptable.

Audrey
Il parle, parle, parle... Je ne sais pas de quoi, et je m’en moque : s’il ne s’arrête pas d’ici deux minutes, ma vessie va exploser. Okay, tout va bien, Audrey, il y a pire comme problème. Pense à autre chose. Mes yeux se posent sur la diapositive présentée par le conférencier : « Understanding the formation of metamorphic rocks ». De la géologie quoi. Je soupire en me tortillant sur place. À ma droite, Sonia prend des notes avec application. Je retiens un commentaire moqueur. Elle se fiche autant que moi des cailloux, tout ce qui l’intéresse c’est de pouvoir briller lors de sa prochaine conversation avec Chris, l’abruti de géologue qui dirige le labo en face du nôtre. Les signaux envoyés par mon corps sont de plus en plus pressants. Bon, là, ça urge. Je m’éclipse discrètement, obligeant la moitié de la rangée à se lever pour me laisser passer, et atteins avec soulagement la sortie de l’immense salle de congrès.
Quelques secondes plus tard, je m’engouffre dans les toilettes. Parfaitement propres, comme tous les locaux de la Fondation pour les Sciences. Je me fie à leur brillance et me laisse tomber sur la cuvette sans même poser de papier. Enfin ! Mes doigts jouent négligemment avec ma bague, tandis que j’essaye de me rappeler des présentations de la matinée. Evidemment, seules celles concernant la bio me reviennent. Quelle idée de faire un congrès mixte, biologie-géologie aussi…
Gling, gling.
Zut. La bague a chu. Je remonte ma culotte et lance l’opération sauvetage. Mais c’est qu’elle a roulé loin, la coquine. À quatre pattes, je tends la main pour la saisir, et mes doigts se referment sur un objet saillant. Un pendentif en cristal vert au bout d’une longue chaîne en bronze. Mmh, plutôt joli. Je l’embarque avec ma bague, on verra comment retrouver son propriétaire après ma présentation. À cette pensée, mon ventre se noue et la sueur perle sur mes tempes. Courage, tu vas t’en sortir. Dix minutes de blabla, cinq de questions et c’est fini. Je maitrise le sujet, je peux y arriver… N’empêche que les oraux m’ont toujours fichu la trouille.

Chris
Les effets de l’éloignement ne se font pas attendre. Déjà, mon cœur bat moins vite, ma tension diminue et les douleurs s’estompent. S’il n’était pas le garant de ma survie, je m’en débarrasserais bien… Ou peut-être pas, je suis trop curieux de découvrir ses autres secrets. Ma récupération va suffisamment vite pour me permettre de m’intéresser à la formation des roches métamorphiques, même si mon esprit ne cesse de me rappeler les derniers bouleversements de ma vie. Justement, l’un deux se lève en dérangeant tous ses voisins. Un sourire étire mes lèvres, tandis que j’observe Audrey qui s’éloigne d’un pas pressé. Elle croise Camille au niveau de la porte, puis disparait, me laissant songeur. Je ne m’aperçois de la panique de mon ami que lorsqu’il se faufile à côté de moi. Ils sont là, murmure-t-il.
Mon sang se glace à ses mots.
« J’ai reçu un appel du secrétaire d’État. Ils sont au congrès depuis ce matin, tu n’es plus en sécurité ici. Il faut filer. »
Je réfléchis frénétiquement en tentant de maîtriser ma peur. Okay, on le récupère et on se tire, je lui souffle.
Nous nous levons et nous éclipsons sans un bruit. Si ces types sont aussi déterminés qu’ils en ont l’air, mieux vaut ne pas s’attarder.
101
132
281
39
Yaëlle
Quelques poèmes, tout simplement.
38
47
14
3
Yaëlle

# 4 claviers pour une histoire - Jacques IONEAU, Costello, Yaëlle et Mytifle vous dévoilent la réalité cachée derrière la façade respectable du Père Noël entouré de ses lutins, aidé de ses rennes, et réalisant les voeux enfantins.
Vous ne savez pas tout...
Nous n'en dirons pas plus... place à la lecture ! #

— Père Noël, Père Noël ! PÈRE NOËL !
Sacrerouge, qui avait donc permis à ce lutin d'avoir une voix si aiguë ? La masse ronde s'agita sous les couvertures rouges et blanches et une tête coiffée d'un bonnet tout aussi rouge, émergea de l'entrelacs de tissus pourpres. Encadré de poils plus ou moins longs d'un blanc presque suspect, le visage affichait un air revêche et contrarié du plus décevant effet.
Le reste du corps s'extirpa à grand renforts de bâillements et de grognements, avant que des pieds ridés mais étrangement petits ne tapotent le sol en quête d'un entourage molletonné.
La tête dodelina un instant au-dessus d'un ventre proéminent puis se tourna en direction de la fenêtre avant de se stabiliser.
— Père Noël, Père Noël !
L'homme assis sur le bord du lit grommela quelques paroles incompréhensibles dans sa barbe, se retenant d'invoquer son Seigneur pour le prendre à parti. Quelle ingratitude, quel manque total de respect ! Il avait signé pour offrir de la joie aux enfants, pas pour se faire réveiller par les cris insupportables de Flamèche qui s'évertuait à ne voir en lui que la solution à tous les problèmes pouvant survenir. Enfin, surtout ceux qu'il était si apte à déclencher.
— Père NO...
Le brusque silence amena une moue perplexe et inquiète sur le visage de celui que tous appelaient Papa Noël dans ce village reculé de Laponie. Depuis l'arrivée des premiers Samis*, malheureusement en même temps que lui, ce nom "Laponie" était resté, au grand dam de notre homme qui s'était vainement battu pour faire appeler cette terre La Noëlie. Vous conviendriez que cela sonnait tout de même plus joliment.
Un bruit de tonnerre suivi d'un énorme fracas, déchira l'étrange silence. Les sourcils du Père Noël remontèrent au niveau de ses cheveux, si tant est que l'on puisse les distinguer les uns des autres. Interloqué mais inquiet, celui-ci entreprit de basculer son grand corps hors du lit.
— Mille millions de jouets sans sourire ! Flamèche a détruit l'escalier !
Cette fois ce fut l'inquiétude qui se refléta sur les traits du père Noël. Avec une agilité soudaine, il se faufila jusqu'à la fenêtre à travers le dédale de meubles et d'objets encombrant la pièce.
Un hoquet agita faiblement sa poitrine lorsque ses yeux découvrirent l'œuvre de son lutin. Il était prisonnier d'une tour sans possibilité de sortir et son escalier... son bel escalier en bois de chêne achevait de se consumer au pied de sa tour. Ses mains s'agitèrent sous l'effet d'un tremblement compulsif, sa bouche s'ouvrit sans parvenir à émettre un son, et Papa Noël perdit son calme.
Flamèche s'était réfugié sur un amas de planches constituant un abri pour le bois et jetait des regards apeurés sur le troupeau de gloutons envahissant la place. Crétin !


* Les samis : Ce peuple est souvent nommé « Lapons » mais ce terme est non seulement un terme étranger mais aussi originellement péjoratif, issu de la racine lapp qui signifie porteur de haillons en suédois. De même, ils appellent leurs terres ancestrales Sápmi et non Laponie.
Les activités traditionnelles des Samis étaient autrefois la pêche et l'élevage de rennes, mais aujourd'hui, seule une minorité des 85 000 Sames en vit encore.
37
63
24
8
Défi
Yaëlle

Je vous ai haïs toutes ces années.
Je vous détestais et vous me le rendiez bien. Entre nous, c’était une guerre quotidienne, depuis longtemps. Elle avait commencé lorsque j’étais revenue en France, en CE1. Comme si ma couleur de peau un peu trop sombre, ne suffisait pas à me démarquer, il fallait que vous aussi vous vous fassiez remarquer. Vous n’en faisiez qu’à votre tête, dédaignant toute loi, même celle de la gravité.
Dans la classe, les autres enfants vous regardaient, intrigués. Vous auriez dû être normaux. Pour la couleur, ça n’était pas trop mal, mais votre forme ? Votre texture ? Un échec, un scandale ! Ma pauvre mère s’arrachait vos congénères : que faire de vous ? Aucune technique ne convenait. Alors on vous attachait, histoire que vous ne fassiez pas trop parler de vous.
Je dois vous reconnaître, qu’à défaut d’être domptables, vous n’étiez pas prompt à attirer les nombreux parasites qui courraient sur les têtes de mes petits camarades. Mais c’était bien là votre unique qualité (et encore, vous avez failli une fois…). Bon, avec votre compétence à amortir les chocs, comme la fois où une échelle s'était écrasée sur ma tête dans le rayon du Monoprix ...
En CM1, ma sœur m’a emmenée chez un dresseur professionnel. Quelques coups de baguette chimique, et je ressemblais enfin à toutes les autres filles. Vous aviez été maîtrisés, vaincus, aplatis ! J’étais la plus belle, la guerre était gagnée.
Quelle funeste erreur ! C’était mal vous connaître, vous n’aviez pas dit votre dernier mot. Hérissés par l’horrible sort que je venais de vous faire subir, vous vous êtes soulevés. De façon unanimement désordonnée, chacun d’entre vous le faisant à sa manière. Il n’y avait plus rien à faire, j’étais totalement dépassée : ma mère vous a fait couper.
En CM2, vous aviez réussi, je ressemblais à un garçon. J’avais droit au « jeune homme » de la boulangère et aux moqueries de mes camarades de classe. J’avais honte de moi et honte de vous. Je ne serais jamais une fille normale. Pourquoi vous acharniez-vous à être drus en plus d’être courts ? Je vous parais d’accessoires sans qu’aucun ne parvienne à vous rendre un peu de charme. Au moins les gens devinaient quel était mon sexe. A défaut d’être jolie, j’étais une demoiselle.

Au collège, j’avais trouvé la solution : désormais, je vous cacherais. Bon sang, combien vous m’avez coûté cher ! Enfin … Vous avez coûté cher à mes parents. Au bas mot, 800 euros par an. Vous ne les méritiez pas, la reconstruction de ma confiance en moi, si. Alors, je payais pour porter des faux « vous ». Je vous recouvrais 360 jours par an. Vous étiez marrons moches, eux étaient noir de jais ; vous étiez tordus selon votre volonté, eux étaient bouclés selon la mienne. Vous n’étiez pas doux, eux non plus, je dois l’avouer. Mais avec eux, je me sentais mieux. Pourtant, j’avais aussi droit aux moqueries : « tu piques », « tu ressembles à Méduse »… J’en passe et des meilleures.
Adolescente, je lisais ces magazines qui donnent des conseils pour vous entretenir, vous lustrer, vous cajoler. Je les détestais presque autant que vous. Ils n’étaient valables que pour les autres, ces conseils ! Pas pour les énergumènes farouches que je possédais ! Toujours aussi courts, d’ailleurs, vous vous refusiez à grandir avec une opiniâtreté déconcertante. Je ne vous voyais qu’un jour par mois, qui suffisait à m’apercevoir que vous étiez toujours aussi laids et ingérables. Personne ne vous aimerait jamais, ni moi ni aucun garçon sur cette Terre.
Et puis, en troisième, le jour où j’ai de nouveau dû vous porter à la vue de tous est arrivé bien malgré moi, avec ses larmes et ses « ton coiffeur s’est suicidé ? ». On vous touchait sans gêne, parce que vous étiez « marrants ». Vous ne faisiez plus partie de moi, vous étiez une propriété publique. Ce n’est pas vraiment que je vous appréciais mais mon corps reste un tout : même si c’était vous, je voulais qu’on vous respecte. Alors j’ai crié, j’ai giflé jusqu’à ce qu’on vous lâche.
Ce jour là, j’ai aussi eu droit à un « mais tu es belle, aussi comme ça ». Ah ?

Au lycée, je l’ai rencontré, mon Prince Charmant. Évidemment, devant lui, je vous cachais ! Il n’avait droit qu’aux faux. Mais il me trouvait toujours belle même quand j’étais affreuse, c’était encourageant !
Devant l’insistance de mes sœurs qui me disaient qu’il fallait que je fasse la paix avec vous, je vous ai peu à peu ressortis. Nous avons commencé à nous apprivoiser. Mes camarades ne se moquaient plus, ils touchaient toujours et commentaient sans ambages mais ils ne riaient plus. Parfois, on vous complimentait même. Peut-être qu’on se réconcilierait un jour ?
J’ai fini par vous présenter à mon Prince. Il a dit qu’il vous aimait moins que les faux, mais que j’étais toujours jolie. Il m’a aussi dit que vous ne pourriez jamais être doux. J’étais un peu d’accord, mais ça m’a blessée. A croire qu’il me restait encore un peu d’espoir en votre potentiel.

27
55
78
7
Yaëlle
Recueil de textes en tous genre :)
CV
20
43
35
10
Défi
Yaëlle
Ce texte, je l'ai écrit pour toi. J'espère de tout cœur qu'il te plaira.

PS : J'ai hésité à changer le titre, vu ce qu'il s'est passé entre le jour où j'ai écrit (mi-janvier) et aujourd'hui, et puis je ne l'ai pas fait. Après tout, c'était MON titre... ! *a été spoliée de son bien* Et il prouve bien des choses... ;)
17
38
11
2
Défi
Yaëlle
Tiens, un défi chouette ! Je me demande juste de qui je dois écrire le portrait chinois. Ah ? Genre imposé "Autobiographie" ? Boooon. Très bien. Mais ça ne m'avance pas beaucoup, moi. Attendez, je vous explique. Je ne suis pas seule dans ma tête, on est nombreux. Genre très, trop beaucoup.
Et vu les moi dans ma tête (ou l'émoi dans ma tête, c'est comme vous voulez), et leur nombrilisme (ah, c'est narcisisme?), ils veulent tous que je fasse leur portrait.

J'ai donc organisé une réunion démocratique où chacun de mes moi a pu s' exprimer afin de donner son opinion. Vous trouverez ci-dessous le procès verbal.
14
31
31
6
Défi
Yaëlle

Dimanche 28 avril 2019, 12h50

Je l'appelle. Un service à lui demander, je crois. Et puis hier, elle m'a écrit que la vie était belle, qu'elle me dirait pourquoi plus tard. Quelques jours que nous n'avons pas discuté, sa voix est joyeuse, heureuse et pleine de vie, comme toujours. Je n'ai pas souvenir de l'avoir vue souvent triste, excepté lors de décès de personnes qu'elle aimait.
Je quémande son aide pour une broutille, elle prend de mes nouvelles, s'inquiète de savoir si je dors bien. Je réponds évasiment, moi aussi je veux savoir comment elle va. Très, très bien ! s'exclame-t-elle d'un ton enjoué.
Un large sourire éclaire mon coeur. Même si elle possède un naturel fort gai, un tel enthousiasme me surprend. Raconte moi, alors.
Dehors, le ciel est bleu, la température frise les vingt-cinq degrés. Une belle journée. Et bien, hier j'ai failli mourir.
Douche froide.
Mon esprit transige, refuse de comprendre. La connexion est mauvaise, l'appel se coupe. J'en profite pour continuer à ne pas comprendre. Je disais, hier, j'ai failli y passer. Mais, comment ?
Un accident de voiture, c'est la première chose à laquelle je pense. Tragique mais fréquent. Voilà, reprend-t-elle toujours avec le même ton joyeux, je descendais les poubelles, je devais jeter du verre.
Elle descendait les poubelles ?! Non, on ne peut pas rencontrer la mort en vidant ses déchets... Le téléphone coupe, me rendant hystérique. Ou alors, elle se serait coupé avec un tessau ? Non, mais il faut quand même sacrément se couper, pour se tuer sans le vouloir avec du verre... J'étais donc dans le petit jardin du local et la fontaine était pleine.
Les détails s'allongent, je ronge ma peur, nerveuse. Quant elle est pleine, j'ai l'habitude de la vider. Je me trouvais à trente centimètres d'elle, quand plouf, un objet tombe dans l'eau. C'était une sorte de ciseau à bois, de près d'un kilo. Un outil tranchant dont se servent les ouvriers qui travaillent sur le toit.
La mort, à trente centimètres donc.
Ca y est. L'image est sckotchée dans mon cerveau, horriblement gore. Celle que je chéris de tout mon être, étendue sur le goudron du local où je descends les poubelles depuis quinze ans, un épieu dans le crâne. Quand j'ai compris, j'étais bien remuée, continue-t-elle. J'ai vidé ma poubelle et la fontaine, et je suis remontée dans l'appartement. J'ai prié et loué le Seigneur.
Je suis vidée. Mon esprit a renoncé au déni, je commence à comprendre que je suis passée à deux doigts de recevoir un appel m'anonçant son décès. Le millier de kilomètres qui nous sépare ne m'a jamais paru aussi insupportable. Quand ton père est rentré, il m'a trouvée en train de chanter en passant l'aspirateur. Il m'a demandé pourquoi. Je lui ai dit de s'asseoir, l'ait embrassé et puis je lui ai dit "Je suis heureuse parce que je suis là, alors que tu aurais pu me retrouver morte."
Sa voix est toujours guillerette, la mienne peine à contenir les sanglots qui l'envahissent. Je pensais que j'en avais pour encore vingt ans, au moins. Mais finalement, tout peut s'arrêter si vite. Alors maintenant je vais cultiver cette pilosophie !
Le téléphone coupe, encore. Elle me rappelle, me dit qu'elle m'aime et puis repars vaquer à ses occupations, joie sur le coeur, sourire aux lèvres,
Le mien a disparu. Je reste seule, des visions horribles en tête. "Mais non, m'a-t-elle dit, sois heureuse, je vais bien ! Rends grâce !" Mais comment ? La vie lui semble plus éclatante, à moi elle n'en parait que plus terne !
Je suis terrifiée.
Mais de quoi au juste ? La peur de perdre un être cher ou celle égoiste d'être broyée par une souffrance insondable ? A moins que ce ne soit la même ?
Bien sûr, je sais que tout est éphémère, mais là c'est si concret... Nous ne sommes que des pantins animés par un fil qui peut se rompre à chaque instant. Et à moins d'être le premier à tomber, voir les autres s'éffondrer, désarticulés, est inéluctable.
L'image me hante. Je reste seule de longues minutes, recroquevillée devant ce trou noir, cette vertigineuse réalité que tout peut s'arrêter d'un instant à l'autre.
Non, je ne veux pas connaitre cette vérité ! Je veux encore me leurer et croire que je contrôle mon existence, et surtout celle de ceux qui me sont chers, plutôt que de laisser l'enfant que je suis être dévorée par l'appréhension.
Ce soir, Maman est toujours là, mais moi je ne suis plus la même.

15
26
18
3
Défi
Yaëlle

Toi, La Rochelle,
En seulement quelques heures,
Tu as su conquérir mon cœur.
Et en haut de tes tours, j'ai senti fleurir cet amour.
Sera-t-il éphémère ? Sera-t-il éternel?
Gardera-t-il toujours la saveur piquante
Des passions de jeunesse, faites de fougues et d'ivresses?
Ou bien s'éteindra-t-il,
Chancelant sous les ans,
Etincelle fragile, souvenir d'un autre temps?
Peut-être que tu le sais,
Moi je l'ignore encore.
Mais au fond seule importe la joie des retrouvailles,
Qui bien qu'elles furent courtes,
éclaireront mes grisailles,
M'aideront à faire la route... jusqu'à te retrouver.
À très vite, ma toute belle.
8
17
2
0
Yaëlle
Mon sang se glace à ses mots et je m’arrête net, de peur que mes jambes cessent de me porter. C’est ta faute. - Alandrie ! On n’a pas de temps à perdre ! Le ton impérieux d’Imran me remet en marche. Mécaniquement, je le suis jusqu’à rejoindre la salle où sont réunis les onze Séniors. Je suis la douzième, ce qui – aujourd’hui plus que jamais – me retourne l’estomac. Lorsque je m’installe à sa gauche, mon père me salue avec un air de reproche qui ne m’atteint pas. Durant la grande floraison, tous les séniors doivent se trouver dans les serres ; évidemment je n’y étais pas. - Mesdames, messieurs, commencent mon père. Je vous ai rassemblés ici pour que nous discutions de la situation inédite à laquelle nous devons faire face et que vous avez tous pu constater : cette saison, aucun des germes n’a fleuri, quelques soient les soins prodigués ou le Luminier qui s’en occupe. Ces mots bousculent mon cerveau, milles idées y fusent, mais la culpabilité domine. Chaque année, les fleurs femelles sont fécondées par les fleurs mâles, lors d’un processus artificiel établi depuis des décennies. Cela permet l’obtention de fruits contenant les graines de lumières. Celles-ci germent et éclosent pour do
30
33
43
24
Yaëlle
Octobre 1930.

Hortense, jeune bourgeoise, se résout à accepter un mariage avec Clarence, un de ses lointains cousins et futur comte, pour sauver son père de la ruine.
Manque de chance, la maison dudit cousin est hantée par une bande de fantômes plus ou moins affables, dont certains ne semblent pas voir son arrivée d'un très bon œil...

Mariages, fantômes et malédictions est une romance fantastique légère, un brin humoristique. Attention tout de même, certains sujets abordés sont difficiles (mention de viols, violences conjugales, mort, harcèlement et dépression)
18
31
56
48
Vous êtes arrivé à la fin
0