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Elea1006

Défi
Elea1006

Oiseaux migrateurs
La chaleur bientôt ici
Les corps alanguis
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Elea1006
Petits haïkus au fil d'une semaine dans les montagnes alpines, propices à la poésie et à l'introspection.
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Défi
Elea1006

Battre le blé jusqu'à séparer le grain de l'ivraie
Se sentir comme l'épi,
Secoué par le fléau de la vie.

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Défi
Elea1006


Rassurez-vous, je serai bref ! Je souhaitais simplement vous raconter les circonstances de ma rencontre avec Raymond parce qu'il s'agit d'un de ces moments que l'on n'oublie pas, qui marquent votre vie pour longtemps.
Il y a un an, au pied de ma voiture, j'ai trouvé un morceau de papier plié en deux. Je ne saurais vous expliquer pourquoi je l'ai ramassé. J'aurais pu le laisser trainer là comme le déchet qu'il était. J'ai peut-être pensé qu'il m'était destiné. Sur ce bout d'enveloppe kraft, j'ai lu ces quelques phrases:
Il faudra bien t'y faire à cette solitude,
Pauvre coeur insensé, tout prêt à se rouvrir,
qui sait si mal aimer et si bien souffrir.
Il faudra bien t'y faire; et sois sûr que l'étude,
La veille et le travail ne pourront te guérir.
J'ai aimé les vers que je venais de découvrir mais j'étais bien incapable de reconnaitre là, l'oeuvre d'un amateur ou d'un poète reconnu. Je n'ai pas pu le jeter par terre et je l'ai fourré dans ma poche avant de monter dans la voiture. Je ne m'en suis souvenu que le soir en rentrant de l'hôpital. J'ai pensé que ce poème manquait certainement à son propriétaire. Alors, j'ai fait ce qui ne m'avait pas effleuré l'esprit le matin: j'ai vérifié l'adresse, intacte, copiée au recto de l'enveloppe.
C'est la raison pour laquelle, Raymond, mon voisin du rez-de-chaussée m'a trouvé sur son paillasson un mardi à 19 h 00. Je dois avouer que je ne disposais que de peu d'informations sur lui. La concierge m'avait dit un jour qu'il était retraité de l'Education nationale et veuf depuis quatre ans. La boulangerie était notre seule surface de contact. Je l'y croisais de temps en temps quand je débauchais de ma nuit et que je passais chercher un croissant avant de rentrer me coucher. Autant dire que Raymond ne faisait pas partie de mon horizon quotidien.
Avant même de connaître l'objet de ma visite, il m'a d'autorité invité à entrer chez lui. Je n'ai pas osé refuser, bon élève que je restais face à un ancien professeur de français. Mes explications devaient être confuses car il n'a pas semblé comprendre d'emblée ce que je lui racontais. Il m'opposait un visage perplexe. Il y avait entre nous un voile d'incompréhension que j'ai levé en lui tendant le morceau d'enveloppe. Lors de cette rencontre, il m'a confié perdre la mémoire. A certains moments de pleine conscience, lui revenaient des bribes des poèmes qu'il avait enseignés au lycée. Il avait pris l'habitude de les écrire sur le premier papier venu. Sur cette enveloppe, quelques vers d'un texte d'Alfred de Musset. J'ai découvert par la suite que son frigo était recouvert de ces fragements, marges de journaux et post-it, traces de sa mémoire.
Je ne suis pas d'une nature à analyser tout ce que je fais aussi, je ne peux réellement expliquer ce qui nous a amenés à nous retrouver tous les soirs pour partager notre diner et parler de vers. Je l'ai dit au début, je n'avais aucune culture poétique et n'y aspirais pas vraiment. Je crois que l'infirmier en moi avait été touché par la solitude et la maladie de Raymond, qui de son côté, malgré son tempérament réservé, avait alors saisi l'opportunité d'un peu de compagnie. Je vous ferai grâce ici du récit de nos repas, de mes découvertes et de nos discussions sur les textes d'Aragon ou d'Emily Dickinson.
Aussi, je m'arrêterai là. J'espère que j'ai pu vous faire toucher du doigt la nature et la profondeur de l'amitié qui m'a liée à Raymond.
Thomas replia son morceau d'enveloppe kraft en deux. Devant un maigre auditoire composé de sa compagne, du boulanger, de la concierge et du prêtre, il avait tenu à rendre hommage à son voisin de 83 ans, amateur de poésie dont la rencontre n'avait été possible qu'au gré de quelques mots oubliés.
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Défi
Elea1006

Il s'approcha de la vitre pour observer la trace laissée par l'impact. Il ne s'attendait pas à une couleur aussi orangée, certainement une question de lumière, de transparence.
Il s'approcha du corps pour en avoir le coeur net. De la plaie s'écoulait un sang rouge écarlate.
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Elea1006

Taisez-vous ! Je ne veux plus vous entendre !
Tu cries parce que tu es à bout. Tu as eu une grosse journée à la bibliothèque. Des demandes en pagaille. Des grincheux qui ne trouvent pas le livre dans le rayonnage. Des mamies qui viennent raconter leur vie, à qui tu dois sourire.
Ce soir, tu aspires juste à un peu de silence, ou au moins tu aimerais qu’ils arrêtent leurs petits bruits incessants. Le cliquetis de la souris d’ordinateur de Léni. Les pulsations régulières de Lana qui bat la mesure sur son genou. Les bruits de bouche de Léon qui mâche son pain.
Tu vois bien que ton intolérance s’est accentuée ces derniers mois. Quand tu as été diagnostiquée misophone, tu as pu identifier les sons qui t’agaçaient ou te révulsaient en fonction de leur intensité et de leur fréquence. Avec trois enfants, ils étaient nombreux et récurrents. Tu as appris à faire avec. Tu as investi dans un casque anti-bruit performant et tu as commencé à méditer aussi. Désormais, tu te rends compte que ces petites solutions ne fonctionnent plus ou qu'elles ne sont plus suffisantes. Des soirs comme celui-là, tu dois prendre sur toi pour ne pas frapper tout ce qui bouge.
Tes enfants sont habitués à tes crises, ils continuent comme si de rien n'était. Tu demandes à Léni de s’occuper du repas. Lana débarrassera la table. Tu rappelles à Léon qu’il doit se brosser les dents avant de se coucher et tu montes dans ta chambre. Installée dans ton lit, tu gobes un somnifère et mets en place tes boules Quiès. Ton fils de seize ans sait qu’il a maintenant la responsabilité de la maison.
Le lendemain, le bruit du camion-poubelle te réveille. Tu entends le bras télescopique qui bascule le container. 7 h 32, tu vas pouvoir prendre ton petit-déjeuner dans le calme. Tu préfères sacrifier tes grasses matinées et profiter de ce temps privilégié du matin. Quand les enfants seront levés tu iras te doucher pour t’épargner leurs bruits de mastication et le flot de questions de Léon.
Le chat miaule à la porte-fenêtre. C’est votre rituel: quelques croquettes, une caresse et tu fais bouillir de l'eau dans une casserole. Tu ne supportes plus les glouglous de la bouilloire.
Tu sursautes… Lana est dans ton dos, tu ne l’as pas entendue entrer. Tu l'ignores mais tu es agacée qu’elle ne respecte pas ce moment-là qu'elle sait si précieux. Tu as le sentiment que quelque chose ne tourne pas rond sans réussir à mettre de mot dessus. Tu t’installes à l’autre bout de la table, tu te sens encore ensuquée par le somnifère.
Ta fille avale ses cuillérées de céréales sans bruit. Aucun couvert qui tape contre la faïence du bol bleu. Aucun craquement de Miel Pops dans la bouche de Lana. Aucune déglutition sonore. Elle est en sourdine. Tu vérifies que tu as bien enlevé tes bouchons d’oreilles puis tu te souviens que tu as entendu le camion-poubelle et le chat. Mais pas les céréales de ta fille.
Un peu chamboulée, tu décides d’aller te doucher, en pensant qu’il ne peut s'agir que d’un effet secondaire du médicament. Tu descendras à la pharmacie pour te rassurer.

Cinq mois plus tard, sur la base d’un scanner et de multiples examens, l’ORL te diagnostique un trouble de l’audition sélective. Tu n’entends plus tes enfants, ni leurs voix, ni le bruit qu’ils génèrent mais tu as gardé la faculté de percevoir tous les autres sons. Au début, tu étais horrifiée à l’idée de ne plus jamais les entendre. Tu as mobilisé toute ton énergie vers la recherche d’une solution. Léon, le plus jeune des trois, était très affecté par la situation. Tu as souffert pour eux. Tu as redoublé d’inventivité pour maintenir le contact avec tes enfants. Vous maitrisez désormais la base de la Langue des Signes. Léni et Lana communiquent par SMS et Léon se sert de son ardoise effaçable. Tu vois que chacun a gagné en autonomie et tu te sens étrangement déchargée du poids qui te pesait si fort avant. Tu as aussi eu le sentiment d’être une mère épouvantable quand tu as pensé que ce trouble n’avait pas que des mauvais côtés. Tu dois vivre avec l’ambivalence des sentiments, entre angoisse et soulagement.

Aujourd'hui, tu racontes ce quotidien au psychiatre qui te reçoit. Tu ne crains pas vraiment son jugement, tu as renoncé à être une mère parfaite. Tu ne lui caches pas l'intérêt que tu tires de cette situation. Tu l’écoutes t’expliquer, que consciemment ou inconsciemment, tu as choisi d’être sourde à tes enfants. Il te propose de débuter une psychothérapie qui risque d'être longue mais qui pourra, il en est certain, venir à bout de ce symptôme. Il est disponible la semaine prochaine au même horaire.
Tu lui souris puis déclines poliment son invitation. A bien y réfléchir, tu dois avouer que la guérison ne fait pas partie de tes projets.
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Défi
Elea1006



Je m’étais juré de ne plus graver ce genre d’épitaphe. Buriner des heures dans les cimetières, parfois sous la pluie. Mon père serait dépité s’il me voyait. Mon comptable trouve ça génial: « Pierre, vous devez réaliser au moins trois gravures par jour pour maintenir votre affaire à flots ». Pourtant, j’ai été honnête avec lui, je n’en voulais pas de cette entreprise, j’avais accepté la proposition de mon père seulement parce qu’il m’avait assuré que je pourrais recentrer l’activité sur la gravure décorative. Qu’est-ce que j’ai été naïf ! Et qu’est-ce qu’il a été malin !
A seize ans, on imagine que l’on va réaliser ses rêves, il est impensable d’être berné par sa propre famille. Je me voyais déjà appelé sur des chantiers de restauration. J’aurais rencontré une jeune sculptrice ou une décoratrice peut-être et nous aurions fait le tour de France des monuments religieux à retaper. J’ai travaillé comme un âne pour atteindre un haut niveau et espérer vivre de la gravure décorative. Quand j’ai accepté la société, j’ai sciemment oblitéré la réalité : un graveur sur pierre gagne sa vie en travaillant dans le domaine du funéraire et dans le Cantal, un tiers des habitants a plus de soixante ans. Le seul point positif, c'est que je ne manque pas de travail. Revers de la médaille, je suis toujours célibataire et je passe 90% de mon temps dans les cimetières à graver des dates et des épitaphes à la con.
Rien que la semaine dernière, j’ai dû graver les dernières pensées du garagiste de Salers. Un passionné de téléréalité. Trois heures passées sur le marbre avec la pointe diamantée et le gravelet pour cette épitaphe aussi pathétique qu’inoubliable: "pour l’enfer, tapez 1, pour le paradis, tapez 2" Quand on grave ce genre de phrase, on se dit qu’il est loin le temps des premiers prix aux concours, des articles de presse évoquant le talent de "Pierre, le graveur aux mains d’argent ".
Je préfère ne plus y penser. Si je travaille suffisamment, dans quelques mois, je pourrai vendre la société ou même la donner s’il le faut. Sans ce bilan de compétences, je n'aurais jamais osé changer de voie et me lancer dans la pâtisserie. Maintenant, je dois tout donner et me concentrer sur mon épreuve technique parce que si je tombe sur le même sujet qu’en 2012, je suis mort. Six heures pour sortir douze éclairs au café, des chouquettes, une charlotte aux poires et une tarte abricot-pistache. J’y ai pensé toute la nuit et j’en suis venu à la conclusion que je devais passer mes soirées à apprendre par cœur les recettes et mes week-ends à m’entraîner sinon je ne serai jamais prêt et je resterai le pauvre petit tâcheron payé à la lettre.
Allez mon Pierrot, reprends toi ! Voilà que ça recommence. Je ne me souviens plus de la commande d’aujourd’hui. Ah, oui ! « Si vous me cherchez, je suis dessous ». Je reconnais que c’est marrant pour une fois mais je ne me sens pas l’énergie nécessaire pour la graver. Le médecin a diagnostiqué un « burn-out ». C’est vrai que j’enchaine les commandes, que j’oublie ce que je dois faire et qu’il m’est impossible de me concentrer en ce moment. J’ai fait quelques recherches hier, entre deux préparations et ce sont bien les symptômes du surmenage. J’essaie de me rassurer en me disant que c’est transitoire. Une fois que j'aurai passé mon CAP, je n’aurai plus la tête pleine de recettes. Je pourrai à nouveau retenir les quelques mots que l’on me demande de graver et si tout va bien, je n’aurai plus rien à écrire, mis à part sur le glaçage d’un opéra. Quand je pense à la semaine dernière... Répondre « mettez le four à préchauffer à 180°c » à la veuve du pharmacien qui me parlait de la crémation de son mari...
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Défi
Elea1006
Deux versions pour ce jeudi !
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Défi
Elea1006

Ah, te voilà ! Viens-là!
N'aie pas peur, idiot, je ne vais pas te faire de mal.
C'est ça, approche-toi plus près j'ai quelque chose à te dire...
Je t'aime!
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Défi
Elea1006

Un an qu'elle préparait son retour sur les terrains.
Bientôt, ils verraient que sa carrière n'était pas terminée.
Elle aimait son bébé mais la passion était plus forte.
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Défi
Elea1006

Si elle voulait prendre sa place un jour, au boulot et dans le lit du boss, elle devait commencer à s'intéresser à ce qu'elle faisait, qui elle était.
On la retrouvait souvent penchée sur le bureau de sa rivale à l'affût d'informations.
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Défi
Elea1006
Fin de cette suite de micro-nouvelles avec deux versions !
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