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jomo

Montpellier.

Je me suis mis à écrire sérieusement sous les encouragements de ma compagne chérie qui aimait les poèmes que je lui adressais.

Ensuite je me suis pris au jeu. J'ai publié quelques poèmes sur internet (capital des mots par exemple), dans des revues : Dissonances, la Main Millénaire. j'ai failli publier un CD. Failli parce qu'il est enregistré mais la maison d'édition qui devait l'éditer n'a pas vu le jour finalement.

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œuvres
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défis réussis
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"J'aime" reçus

Œuvres

jomo
La minute de poésie

Un peu de poésie dans un monde de brute. Une minute à rire, sourire ou bien s'attrister, se mettre en colère. Une minute, c'est vite passé.
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Défi
jomo


Je m'appelle Colin. J'aime la vie quand elle palpite mais je n'aime pas le silence brutal et j'ai peur du vide. Il aspire le bruit et son creux invite à se laisser tomber. Rien à quoi se raccrocher et comment savoir où on en est de sa chute sans un haut ni un bas, sans une voix pour alerter, sans une vie pour avertir qu'on la quitte, comment ?
Dans mon vide, mon silence, c'est comme ça : est-ce que je suis vivant, est-ce que je suis dans le néant, comment savoir si rien ni personne autour de moi ne bouge ni ne parle, dans un monde à plat, dans un jour blanc ? Il me faut cette palpitation qui résonne fort, de plus en plus fort, à coups rapprochés, qui tape contre les tempes et parce que ça tape je me dis oui j'ai des tempes, il me faut cette pulsation qui résonne dans ma poitrine et parce que ça résonne, je me dis oui j'ai un cœur là dedans qui fonctionne, il me faut quelque chose qui bouillonne dans les veines, qui brûle aux joues, qui bouillonne et brûle, alors je me dis oui j'ai des veines et des joues aussi, quelque chose de moi vit dans ma prison de chair, sous de multiples couches tissées pour me protéger de vous qui n'êtes jamais là, de vous qui ne me regardez même pas.
Je suis Colin et je vis retranché dans ma coquille que les mauvaises blessures et leurs cicatrices épaississent, parce que j'ai trop souffert, parce que j'ai trop essuyé de peur, parce que j'ai trop entendu de vos cris répétés, de vos disputes l'un contre l'autre, parce que j'ai trop hurlé pour couvrir le tonnerre de vos colères, j'ai trop appelé en vain. Maintenant je ne parle plus et mes yeux sont éteints, j'ai perdu leur éclat dans les larmes que j'ai versées. Oui j'ai pleuré, pleuré jusqu'en avoir les yeux délavés.
Vous ne m'écoutiez pas dans votre guerre, papa, maman, vous ne me voyiez pas non plus. Pourtant j'étais là si prés, à sentir le souffle de votre violence, jusqu'à aspirer les sales mots que vous vous lanciez au visage. Les mots par dessus les murs, les mots par dessus mes oreilles comme des piqûres dans mon cerveau, les mots de la discorde comme un bourdon de mouches autour de ma bouche. Alors j'ai fermé les yeux, bouché les oreilles, pour ne plus entendre que le souvenir d'une voix maternelle et ses modulations d'avant l'expulsion. Ta voix de maman quand on était heureux tous les deux. Depuis je me fabrique des peaux pour fuir la souffrance lancinante de l'enfant que la tourmente accable. Des peaux que le vent dessèche, qui meurent faute d'une main pour me rassurer. Maman d'avant ma naissance, ta voix lointaine, seulement elle et sa mélodie heureuse dans mes recoins.
Aujourd'hui j'ai peur de mon silence intérieur et j'aurai peur tant que les palpitations de mon cœur ne m'auront pas rempli d'une vie faite de bruits, de cris, d'un sang qui frappe violemment ma poitrine. Alors je serai vivant à nouveau. Mon sang me le dira parce qu'il donne sa couleur à mon teint, le brillant d'un soleil vermeil. Mais quand le bruit s'en va, que je m'alourdis d'une cuirasse supplémentaire le vide revient, avec lui la peur, le manque, le froid, la mort.
Je suis Colin. J'ai trouvé un jeu pour me sentir vivre ou revivre, un jeu dangereux : à la vie, à la mort, un jeu qui fait peur à maman mais tant pis. Un jeu que les autres aiment me voir jouer, je crois car ils se rassemblent pour y assister, m'observent avec curiosité, m'applaudissent même quelques fois. Ça me fait du bien, j'entends les claps claps de leurs antennes, je me vois dans leurs yeux, ça me fait chaud partout et je respire dans la peur de maman, dans l'admiration interrogative de mes congénères : vivra ou vivra pas ? Je fascine, j'intrigue et je sens la chaleur en moi qui monte.
Alors je me lance encore une fois, peut-être la dernière. Le défi est là qui sommeille le long d'une longue coulée qui tranche la forêt, lugubrement noire, immense serpent de bitume. Le Passage des Choses de Fer. De temps en temps sans qu'on le devine, le prodige se produit. Le sol tremble. Une bête, une machine, seule ou en troupeau secoue le sol de sa hargne rageuse dans un grognement qui s'amplifie à mesure qu'elle se rapproche pour disparaître dans un tourbillon dévastateur. L'air se comprime et fuit en avant de sa course, l'herbe sur le bas coté se couche et se soumet. Le bolide saigne le paysage d'un éclair de métal au soleil couchant. Après, le goudron exhale l'odeur âcre des imprudents écrasés et des peaux laminées.
Il me faut traverser ce couloir rugissant juste avant le passage du monstre, ni trop tôt sinon ça ne vaut pas, ni trop tard sinon tant pis pour moi. Le salut est là-bas sur l'autre berge, ma vie aussi. Je m'avance sur le bord de l'asphalte, et j'attends la vibration. D'abord lointaine, elle chatouille le dessous de mon pied. Elle est douce et légère, inoffensive encore. Je la sens qui forcit, menaçante, je la sens qui me pénètre un peu plus. Alors je glisse, je contracte, relâche tous les petits muscles de mon pied pour avancer aussi vite que je le peux. Là-bas, tout au fond, il doit y avoir la Chose, je la sens qui vibre en moi de plus en plus fort, la Chose et son emprise sur mon devenir, onde longue qui gronde, fait trembler la route sombre.
J’arque boute mon pied, soulève ma coquille, me jette en avant, et je recommence, je tire sur mon pied je tends mon cou, tracte ma coquille. Ça y est, je peux la voir. Elle est sur moi, gigantesque, elle hurle et le sol s'agite de soubresauts de plus en plus rapprochés. La Chose sans regard, indifférente à la vie de Colin se rue sur lui. Trop vite, ça va trop vite ! Il ne faut pas que je la regarde, il ne faut pas que je me laisse pétrifier par sa rage maléfique. Avance Colin, contracte ton pied, tire sur ton cou, soulève ta coquille, avance Colin, tire sur ton cou, soulève ta coquille, avance.
Elle dévore le goudron – trop vite, ça va trop vite ! – souffle son haleine d'oxyde ( je peux la sentir), elle est là qui pousse un vent morbide, elle est là et je tressaille, je ramasse mon pied et je pousse et je ramasse mon pied et je pousse, mon pied sous moi et je le tends aussi fort que je peux, un glissement de plus – vers la vie, vers la mort ? Mon sang hurle, mon cœur explose, mon cœur, ma vie, ma vie ou ma mort. La voilà, la voilà tout prés, son rugissement, sa course si rapide, son front large à toucher le ciel, plus haut que des milliers de Colin, son ombre qui me tenaille, son odeur qui m'étrangle, ma vie appuyée contre ma mort, je veux vivre ! La voilà, l'est là, l'est là...
Mon cœur... mes poumons, mes tempes qui me brûlent... je suis vivant, maman qui m'appelle, je suis vivant, les autres qui me regardent bouche ouverte, je suis vivant, je suis vivant.
Mais je sais.
Déjà ; déjà le silence, plat le silence, plat le calme. L'absence, le manque, la peur et l'oubli, déjà plus rien, encore plus rien qu'avant, juste sur ma peau le souvenir éteint de ce dernier frisson, lointain. Demain je recommencerai, j'aime tant la vie.
Je m'appelle Colin Colimaçon, vous vous souviendrez ?
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Quand les enfants s'amusent avec des ogres pour échapper à une réalité plus ogresses encore.

illustration : merci @Rafistolette.
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs

Pourquoi écrivez-vous ?

j'écris parce que ça me plaît, que j'ai des choses à dire et à partager. Pas d'écrivain sans lecteur. J'écris parce que je ne suis pas assez fort en musique, en dessin, que je me fais mon cinéma sur des écrans blancs que je gribouille comme un gamin..

Listes

Avec « LA CHANSON D'APRÈS », La caravane noctambule, La serre aux épineux., Sas de décompression., Micronouvelles macabres (Terminées), La danse des abysses [En pause indéterminée/définitive]...
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