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Nittya

Nouvelle-Calédonie.
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Nittya

Ma chère Elise,
Recevoir une lettre de ma part doit te sembler insolite. Crois bien que je ne le ferais pas si je n'avais pas une raison primordiale. Oh ma chère Elise, je ne sais comment te l'annoncer. Je ne sais par où commencer. Je ne sais comment te préserver. Ma chère Elise, aujourd'hui, en lisant mes mots, tu vas souffrir. Je suis si malheureux de devenir source de chagrin pour toi. J'ai essayé autant que faire se peut de t'apporter allégresse et félicité. Mais aujourd'hui, je vais faillir à cette mission que je me suis donnée jadis. Mon Elise, pourras-tu me pardonner ?
Lorsque tu m'as demandé de laisser ma place à Paul, je me suis écarté. Je ne désirais que ton bonheur. Alors je vous ai laissé vous voir, sortir, flirter, aimer. J'ai souffert, tu le sais. Cette arme collée à ma tempe que tu as surprise, tu m'as fait promettre de ne jamais plus la lever. Et j'ai ravalé mon courage, celui que tu appelles lâcheté, mais qu'il m'a bien fallu pour affronter la mort. Je l'ai rangé au plus profond de moi et j'ai affronté votre amour. Vous sembliez heureux, aussi, je me suis éclipsé. J'ai cessé de te voir, de te parler, de t'écrire, mais jamais, je n'ai cessé de t'aimer.
Je regrette de prononcer ces mots si tard. Je regrette de ne pas avoir eu la force de te les dire lorsque tu me les as demandés. J'aurais aimé être aussi convaincu que toi. Mais je suis faible. J'ai douté au mauvais moment, et crois-moi, j'ai payé ce doute. Aujourd'hui, je suis capable de te le dire, de le crier, de le traduire dans cinq langues. Ti amo. Te quiero. T'estimu. I love you. Ich liebe dich. Je t'aime.
Mais je te parle d'amour, alors que je suis sur le point de briser ton cœur. Excuse-moi, Elise. Pardonne-moi. Elise, mon Elise, je ne veux pas t'annoncer cette nouvelle. Je ne veux pas poursuivre cette lettre. Je souhaite la brûler, la cacher, que jamais tu ne la lises. Mais, il le faut. J'ai fait le choix que cette annonce te soit faite par une personne qui te soit bienveillante, et non par un officier si formel qui ne saura enrober pour minimiser ta peine.
Alors, ma chère Elise, je continue mon récit.
Après avoir fui, je n'avais plus le goût de vivre. Et il y a eu les appels à la guerre. Tu m'avais interdit d'attenter à ma vie, mais je pouvais partir dignement, sous le fait d'un autre. Je reconnais que c'était tricher avec ma promesse, et encore une fois, mon Elise, je te demande d'excuser ma fourberie. Je te connais, ma faiblesse ne te semblera pas une excuse. Dans cette lettre, je te livre mon âme. Cette confession est pour toi. Fais-en ce que tu veux. Sache juste qu'elle est honnête. Je ne cherche plus à te plaire ou à me cacher. Je veux juste que tu saches. 
Je me suis enrôlé avec les plus viles intentions envers ma personne. Un geste très égoïste. Je n'avais aucune envie de tuer d'autres êtres humains. J'avais à peine suivi l'actualité, et j'ignorais contre qui nous nous battions. Mais je me suis enrôlé. Et j'ai fait une rencontre. Le Destin a voulu que l'un de mes compagnons soit Paul. J'étais si en colère contre le Ciel. Celui-là même que j'avais fui continuait de me poursuivre dans le dessein que je m'étais choisi. Je t'ai soupçonnée, un vague instant, d'en être la cause. Mais j'ai réalisé que tu avais cessé de t'intéresser à moi. Paul m'a appris que vous aviez perdu un enfant. Il m'a dit à quel point tu étais bouleversée. J'ai songé à t'écrire, mais que pouvais-je te dire ? Je n'avais aucun mot de réconfort. Toute mon empathie ne pouvait être tournée que vers ma propre souffrance. J'ai commencé dix lettres que je n'ai jamais terminées.
Nos entraînements étaient si intenses que nous n'avions plus le temps de penser. Néanmoins, Paul continuait de t'écrire. Chaque soir, il s'asseyait au bureau et il t'écrivait quelques lignes. Chaque matin, il postait sa lettre. Il avait du mal à trouver les mots justes pour t'exprimer ses ressentis. Il a commencé à te décrire la difficulté de notre quotidien. Et je lui ai apporté mon aide. Tel un Cyrano, je lui ai soufflé à l'oreille de meilleures paroles. Des phrases d'humour et d'amour bien loin de nos journées de labeur. Il ne fallait pas alourdir ton fardeau avec le nôtre. Tu devais te sentir mieux. Et tes réponses ont changé. Elles se sont faites plus douces, plus enjouées. Les entraînements sont devenus plus aisés. Nous flottions. Ton Paul si aveugle a pensé que j'étais plus empathique, plus altruiste, que je ne le suis vraiment. Il n'a jamais saisi que les mots que je lui soufflais ne venaient pas de mon imagination, mais de mon cœur. 
Mon Elise, ma douce Elise, à nouveau, je te demande pardon. J'ai conscience de briser tes rêves dans cette lettre. Mais je me dois de te dire la vérité, quelle qu'elle soit.
Nous avons été appelés au front. J'ai pris conscience du danger de notre situation. Et je me suis fait une promesse. Tu ne devais pas être affectée davantage par notre guerre. Paul devait rentrer à la maison. Je l'ai protégé. J'ai tué pour lui. J'ai repoussé ses ennemis. J'ai été son bouclier. Et ton Paul, si aveugle, ne s'est rendu compte de rien. Il a commencé à parler de chance. Et il s'est mis à jouer avec elle. Mais mon Elise, comme je l'ai douloureusement appris étant jeune, on ne badine pas avec le Destin. Je ne pouvais plus couvrir tous ses risques. Il y a eu cet enfant. Il semblait si jeune, si innocent. Je ne pouvais pas lui faire de mal. Paul a voulu jouer les négociateurs. Il s'est approché de trop. Et le petit n'a pas hésité un instant. Oh mon Elise, je ne sais pas quelle action tu attendais de moi. Voulais-tu que je venge ton Paul en tuant un enfant ? Aujourd'hui encore je doute de mes choix. 
Tout ce sang que j'ai sur les mains pour toi, pour ton bonheur, à quoi a-t-il servi ? Ton Paul n'est plus et ta vie sera brisée à cause de moi. J'aurais dû lui dire que sa chance n'était due qu'à un camarade amoureux de sa femme. J'ai essayé de le prévenir, je te le promets, mais je crois que je n'ai pas dû essayer suffisamment fort parce qu'il est mort.
Mon Elise, mon adorée, pourras-tu un jour me pardonner ?
Je devais te dire la vérité, toute la vérité avant qu'un autre ne le fasse. Tu devais savoir. Il le fallait. 
Quant à moi, je vais finalement mettre mon plan à exécution. Demain, je suis envoyé en mission suicide. Je me suis porté volontaire. Je ne tirerai pas. Je les laisserai me prendre. Et je rejoindrai ton Paul. Au ciel, nous t'attendrons, Elise. Nous veillerons sur toi. Remarie-toi. Aie des enfants. Vis heureuse à tout jamais. Et ne pense plus jamais à nous.


Ton dévoué,
Jean
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs

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J'écris pour exprimer mes sentiments, mes idées, mes peines, mes joies, mes amours, mes envies, mes rêves. J'écris pour rêver et faire rêver. Pour partager, échanger, mais aussi réfléchir et m'améliorer. J'écris parce que c'est ce que je fais de mieux. Ce que j'ai toujours fait. C'est mon premier amour, mon amour éternel, celui qui restera lorsque je ne serais plus. J'écris pour faire entendre ma voix. Moi l'auteur qui n'arrive même pas à dépasser le mètre soixante. J'écris pour expliquer. J'écris pour exister. J'écris pour laisser une trace. J'écris pour ne pas être oubliée.

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Avec Petit Recueil, Un nouveau job, Prise de tête...
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