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Jo Drak

Jo Drak
C’est une ordure de la pire espèce.
Et pourtant, il les aime les femmes.
D’un amour nommé Haine.
Enfermé dans sa cellule, il attend sa libération imminente.
Une fois sorti, il recommencera.
Avant, il retrouvera celle qui l’a envoyé entre ces murs.
Son amour pour elle est un peu particulier.
Celui-ci se nomme Vengeance.
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Jo Drak

Lohan n’était qu’un enfant lorsque c’est arrivé. Il habitait une vallée isolée, encerclée par des montagnes aux sommets vertigineux, projetant des ombres cauchemardesques. Ici, rares étaient les belles journées ensoleillées et les pluies abondantes contribuaient au développement d'une végétation luxuriante. Face à ce climat morose et à cet isolement extrême, la population avait tendance à fuir pour gagner les grandes villes. Taux de chômage élevé, chute de l'immobilier, la vallée n'avait vraiment pas la cote. Comme la plupart des jeunes de son village, Lohan allait à l'école à pied, car les transports en commun étaient quasiment inexistants. C'est sur ce trajet qu’il passait devant la demeure de la voleuse d'âmes, telle qu’on l’avait surnommée à l’époque des faits. L'endroit était inhabité depuis que la vieille dame avait sombré dans la folie. Accusée d'avoir enlevé et séquestré des enfants, elle s'immola en ces murs un soir de janvier. Après maintes recherches et fouilles des lieux, on ne trouva aucune trace des enfants portés disparus. Son comportement étrange et sa passion pour l’occultisme avaient certainement fait d’elle la coupable idéale. Depuis cet horrible fait divers, la maison était inhabitée et maintenant menacée d’être rasée, pour le plus grand bonheur du voisinage.


C'est par une fin d'après-midi d'automne que Lohan s'y aventura. Depuis le bord de la route, son regard fut attiré vers l'étage, par cette petite fenêtre dont les carreaux étaient brisés. Comme à chaque fois. Ses copains de classe prétendaient que la maison était hantée, mais Lohan ne prêtait pas attention à ce genre de racontar. En revanche, il était curieux et ce jour-là sa curiosité l’emmena près du portail rouillé. Il le poussa d'un geste hésitant et entra. L'amas de ferraille se referma lentement derrière lui, grinçant tout au long de sa course. Le garçon franchit la cour, se griffant les chevilles à plusieurs reprises dans les ronces. La nuit commençait à tomber et plus il s'approchait du bâtiment, plus la végétation se faisait dense, masquant peu à peu la lumière de cette fin de journée. Il s'arrêta à quelques mètres du mur grisonnant de la vieille bâtisse, tous ses sens en alerte. Bien plus que la pénombre encore, c'est ce calme pesant qui le mit mal à l'aise. Aucun bruit dans les mauvaises herbes environnantes, pas même un oiseau gazouillant dans les branchages. Un silence inquiétant. Seul les craquements des feuilles mortes sous ses pas se faisaient entendre. Lohan regarda brièvement en direction de la fenêtre de l'étage et s'avança vers la porte de bois entrouverte, guidé par ce besoin d'assouvir sa curiosité.


Le hall d'entrée était tapissé d'une toile de jute s'apparentant aux peintures que l'on peut admirer dans certaines églises. Ses motifs représentaient des scènes de la bible montrant le Christ entouré de ses apôtres. Au bout du couloir se trouvait l'escalier menant à l'étage. A mi-chemin, un rongeur gisait sur le sol, baignant dans son sang. Lohan entreprit la traversée du long corridor, d'un pas sûr et rythmé, au milieu d'une odeur nauséabonde, mélange de pourriture et d'humidité. Son esprit lui joua des tours. Il lui semblait que les personnages de la toile l'observaient et le suivaient du regard, comme s'ils étaient vivants. Cette sensation désagréable lui donna le tournis. Il manqua de tomber à terre. Il se rattrapa de justesse à la poignée d'une porte de bois, moisie par l’humidité des lieux. S'apercevant qu’il venait de mettre le pied sur la dépouille du petit animal, le dégoût le poussa à reprendre sa marche en direction de l'escalier en colimaçon. La semelle de son pied droit, pleine de sang, collait maintenant au parquet de chêne et produisait un léger flic flac sous ses pas.
L'étage de la maison était composé d'une pièce presque vide. En face du jeune garçon se trouvait une coiffeuse, sur laquelle était posé un grand miroir. Sur sa gauche, il y avait un tabouret et un vieux coffre en bois. Lohan remit en question cette lumière qu’il avait cru apercevoir et en déduit qu'elle n'était que le fruit de son imagination. Il n’y avait rien d’anormal ou d’intriguant dans cette pièce. Mais après avoir fait quelques pas en avant, un détail l'interpella. La surface du miroir était en effet étonnamment propre, alors que le reste de la pièce gisait sous une couche de poussière, s'accumulant depuis des décennies. Ce constat le mit mal à l'aise et une petite voix imaginaire lui chuchota de fuir. Avant même qu’il ne réagisse, l'abominable se produisit. Le regard en direction du miroir, il vit le sang couler de ses yeux, mais chose irréelle, il ne le ressentait pas ruisseler le long de sa peau. Pourtant, la paume de sa main qu’il venait de porter à son visage en était bien recouverte. Il était d’un rouge foncé, presque noir. Un hurlement d'horreur s’échappa de la bouche débordante de sang du jeune garçon. Il finit par s'effondrer, se tapant violemment la tête contre le parquet. Sa chute souleva un nuage de poussière. Lohan se vida lentement de son sang, le vomissant à maintes reprises. Les yeux toujours rivés vers le miroir, il était le spectateur de sa propre mort.


Aujourd'hui, son esprit erre maintenant dans cette maudite maison et il en croise beaucoup d'autres ici. Celui de la vieille dame est ici, lui aussi. Mais la véritable voleuse d'âmes, celle qui a ôté la vie de tous, ce n'est pas elle. Un passé lointain et enfoui a été déterré, Lohan et les autres en sont les victimes et ce n’est que le commencement...
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Jo Drak

Hier, c'était la treizième fois que l'inconnue du miroir me rendait visite. À 22 h 12 précises, comme tous les soirs, la flamme de la bougie a vacillé juste avant son apparition. La première fois, j'en ai eu peur. Une peur bleue, comme jamais je n'en avais eu de ma vie. Une peur qui vous comprime la poitrine et qui fige vos membres, jusqu'à vous transformer en statue. La fois suivante, je compris qu'elle ne me voulait aucun mal et qu'elle était bien plus effrayée que moi encore. Elle apportait un message depuis l'autre monde. Un appel au secours. Elle m'en distillait jours après jours une infime partie, jusqu'à ce que j'assemble enfin les pièces du puzzle. Ce soir, il est 22 h 30 passées et le miroir n'a reflété ni son visage pâle, mi-angélique mi-fantomatique, ni le noir absolu de sa chevelure flottante. La flamme jaunâtre n'a pas dansé. Sans doute attend-elle de moi que j'agisse, maintenant. J'ignore pourquoi elle m'a choisi, mais je dois l'aider, je le sais du plus profond de moi-même. Comme si je venais de découvrir un sens à ma vie. Je regarde une dernière fois le papier volant bleu ciel sur lequel j'ai inscrit l'adresse. Mes soucis de mémoire m'obligent à écrire la moindre chose. Jusqu'à utiliser un système de couleurs, pour classer mes nombreuses notes par thèmes. Cela a toujours été ainsi. Demain matin, à l'aube, j'irai là-bas, accomplir ma mission.

La route est droite, longue et ennuyeuse. Le brouillard matinal et la buée qui envahit mon pare-brise, réduisent la visibilité à néant. Je suis passé devant le numéro onze il y a quelques minutes maintenant et commence à me demander si je ne suis pas allé trop loin. Pourtant, à cette vitesse, même par un tel temps, il faudrait être aveugle pour manquer une maison en bord de route. Soudain, une silhouette de pierres se dessine enfin. Je m'arrête devant l'entrée de la propriété et baisse la vitre côté passager, invitant ainsi un air glacial à entrer. Sur le portail vert rouillé, je distingue les nombres un et deux, presque effacées par le temps. Je quitte la route principale et emprunte le chemin de terre cabossé sur quelques centaines de mètres et m'arrête sur le côté, devant le grand chêne. Pour le moment, tout se déroule comme prévu.

Le temps humide ayant ramolli ce sol exempt de cailloux, me facilite la tâche. J'enfonce la pelle dans la terre, avec l'appui de mon pied droit. Je creuse à mi-distance de l'arbre centenaire et de la clôture du champ, comme me l'a indiqué le mystérieux visage du miroir. Mon cœur bat fort, car je sais ce que je vais trouver sous mes pieds. C'est triste et affreux en même temps. Les larmes montent. La colère aussi. Cela me pousse à creuser encore et encore. J'exerce une pression toujours plus forte sur la pelle, soulevant toujours plus de terre à chaque passage. Au bout de quelques minutes, un trou conséquent s’est formé et ma pelle heurte l'insoutenable. Le crâne de la petite fille portée disparue depuis dix ans. Je jette la pelle sur le côté et empoigne ma truelle de maçon. Délicatement, je dégage la terre tout autour de lui, sans l'extirper. Ce n'est pas à moi de le faire. Dans le tas de terre que je viens de créer, je remarque un petit objet doré. Je le saisis et le frotte délicatement avec mon pull pour le nettoyer. C'est un pendentif en forme de cœur, sur lequel est gravé un prénom. Léa. Je glisse l'objet dans ma poche et me dirige vers ma voiture. Je dois maintenant prévenir les autorités au plus vite et quitter les lieux. Le corps ainsi découvert permettra de faire rouvrir l'enquête et de retrouver le coupable. Justice sera faite et la femme du miroir, apaisée, pourra rejoindre définitivement l'autre monde.

Ce soir, c’est avec une minute d’avance que la flamme entame sa chorégraphie, tel une danseuse étoile. Soudainement, elle s’éteint, libérant l’arôme vanille de la bougie. C’est la première fois que ce phénomène se produit. Malgré la faible luminosité provenant de l’éclairage extérieur, j’aperçois le visage. L’entrevue est différente des autres. J’ai posé le pendentif sur la table, entre le miroir et moi, de façon à ce que la jeune femme sache que j’ai fait ce qu’il y avait à faire. Elle paraît plus resplendissante que jamais, comme libérée d’un poids. À sa façon, elle me remercie et me fait ses adieux. Désormais, elle ne cherchera plus à communiquer avec le monde des vivants. Son image disparaît à jamais du miroir et la bougie se rallume, comme si elle ne s’était jamais éteinte. Comme si tout cela n'avait jamais eu lieu.

Des mois se sont écoulés et étrangement, toute cette histoire ne s'est pas totalement effacée de ma mémoire, comme c'est souvent le cas en général. Durant les premières semaines, j'en ai même fait des cauchemars. Ce moment où j'ai découvert la petite fille, ou plutôt ce qu'il en restait, a été responsable de nombreuses nuits blanches. Le miroir, quant à lui, a pris place au fond d'un placard, pensant que ça m'aiderait. Ce qui a fonctionné. Les choses se sont améliorées et j'ai fini par retrouver le sommeil et par penser de moins en moins à cette histoire. Jusqu'au jour où les hommes en uniforme sont entrés chez moi. Ils ont enfoncé la porte de mon appartement, armes en main. Je me rappelle encore de l'homme qui m'a passé les menottes, m'annonçant que j'étais en état d'arrestation pour le meurtre de Léa. Je n'ai pas opposé la moindre résistance, car cet événement produisit un véritable électrochoc en moi. La mémoire est revenue. En quelques secondes, les années oubliées ont défilées dans ma tête et j'ai vu un drame. Il y a dix ans de cela, j'avais une femme et une fille, prénommée Léa.
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Jo Drak

Je me vois, là, tout en bas. Je reconnais mon visage, mais ne vois pas mon corps. J’aperçois juste mon bras droit, posé hors de ce drap blanc. Du blanc, il n’y a que du blanc ici. Le sol est blanc, les murs sont blancs, les appareils qui m'entourent le sont aussi. Seuls les barreaux du lit dans lequel je suis allongé sont de couleur acier. Il ne se passe rien, il n’y a pas le moindre bruit, ni le moindre mouvement. C’est un rêve étrange, du moins je suppose qu’il s’agit d’un rêve. Pour en avoir le cœur net, il faudrait que je me réveille. Certaines fois, en le voulant très fort, il arrive que cela fonctionne. D’autres fois, ça ne marche pas et je suis comme prisonnier d’eux. Soudain, il me semble entendre un bruit. Une sorte de bip continu, qui me rappelle aussitôt le son désagréable que produit ma voiture lorsque je roule ceinture de sécurité non bouclée. Un son strident et si agaçant, qu’il m’est devenu impossible de l’oublier avant de tourner la clé de contact. J’assiste à la scène visiblement depuis le plafond de la pièce, à deux ou trois mètres seulement, mais j’entends ce bip au loin. Pourtant, je suis persuadé qu’il provient de la pièce dans laquelle nous sommes, moi et mon double allongé juste en dessous. Voilà encore une sensation étrange dans ce rêve. Je suis à la fois l’acteur et le spectateur, à deux endroits en même temps. Bien entendu, l’homme allongé en dessous pourrait être une autre personne portant mon apparence, cela s’est déjà produit dans certains de mes rêves.
Enfin de l'animation dans cette scène figée devenue ennuyante. La porte de la pièce s’ouvre avec fracas, un fracas lointain, comme pour ce bip qui ne s’est toujours pas tu. Trois personnes vêtues de blouses blanches entrent dans la pièce d’un pas précipité. L’une d’entre elles, une femme, se penche au-dessus de mon visage, tandis que les deux autres se ruent vers les machines médicales. Je comprends en effet à leur accoutrement que je me trouve dans un hôpital. La porte de la pièce s’ouvre de nouveau avec violence, laissant entrer, un chariot de métal grinçant poussé par deux hommes. Tout ce petit monde s'agite autour de moi, échangeant des phrases que je n’arrive pas à décrypter clairement. Cette chambre, tous ces appareils, mon corps inerte, ce bip continu, je comprends alors qu’on tente de me réanimer. J’espère très fort me réveiller à plusieurs reprises et il me semble même le hurler de toute mes forces. Ce rêve se transforme peu à peu en cauchemar, ce qui ne me plaît guère. Et si ce n’était pas un rêve ? Si je ne me réveillais jamais ? Impossible, je n’ai pas envie de continuer à regarder ma mort en direct, il faut que quelque chose se produise, qu’une conclusion tombe. Trop tard, l’équipe médicale semble avoir baissée les bras. Un petit barbu à lunettes jette un coup d’œil rapide sur sa montre et écrit quelque chose sur un carnet. Certainement l’heure de mon décès. Je continue de les observer. Ils discutent et finissent par sortir de la pièce les uns après les autres. Le bip s’est enfin arrêté et le dernier individu à quitter la salle emporte avec lui le chariot bruyant. En sortant, il éteint la lumière. Plus un bruit, plus d’images, c’est le noir total, l’attente insoutenable avec toujours ces mêmes questions qui tournent en boucle. Est-ce un rêve ? Vais-je me réveiller ? Quand ? Jamais ? Suis-je mort ? Suis-je le spectateur ou l’acteur ? Les deux ?
Impossible d’estimer le temps qui s’est écoulé. Des heures, peut-être des jours. C’est une notion qui m’a complètement échappée. La lumière est revenue et j’ai continué de voir, sans avoir d’autres choix, comme s'il n’existait qu’une seule chaîne de télévision et que l’on ne puisse rien faire d’autre que fixer l’écran. J’ai vu d’autres corps, d’autres morts et je me suis enfin réveillé.
C’est un véritable soulagement de s’évader de ce rêve, ou plutôt de ce cauchemar, qui me semble avoir duré une éternité. Mais de nouveau, il fait noir, comme dans le rêve. Je tâte mon visage en guise de contrôle. Oui, je suis bel et bien sorti du monde de l’inconscient. De ma main gauche je cherche l'interrupteur de la lampe de chevet et heurte une paroi de bois. Celle de ma table de nuit. Tout compte fait, non, il ne s’agit pas de mon chevet, je ne comprends pas. Serais-je ailleurs que dans mon propre lit ? Je dois admettre que je n’ai pas le moindre souvenir de la veille, le trou noir. De mes doigts, je suis l’étrange paroi jusqu’à ce que mon bras demeure trop court pour en aller au bout. J’ai mal au dos, le matelas est dur, il n’y a même pas de matelas. Je ne suis pas dans un lit, c’est une évidence. La panique me gagne, je me relève brusquement et heurte le plafond qui est décidément très bas. Je le touche de mes mains et constate qu’il est de la même matière que les cloisons qui m’entourent. Du bois. De haut en bas. De gauche à droite. J'appelle, je crie, je hurle. Ma voix semble comme étouffée et ne donne lieu à aucune résonance. Enterré vivant dans mon cercueil, le cauchemar ne fait donc que commencer...
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Défi
Jo Drak

Je ne vois plus que ta silhouette si fine.
Tes longs cheveux flottant si noirs.
Tu es entrée dans ma vie, tel une énigme.
Et j'entre maintenant dans le désespoir.

De toi, je ne reçois que ton ignorance.
Je la vois, la, au fond de tes yeux si bleu.
A jamais il me fonts entrer en trance.
Mais ce n'est pas suffisant, je te veux.

Je m'approche de toi, tel un aimant.
Je serre ma main sur la lame si tranchante.
Corps contre corps, nous sommes amants.
Juste le temps d'une seconde déchirante.


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Vous êtes arrivé à la fin
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