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Laura Doyen

Laura, 23 ans. Une tête bavarde, légèrement givrée et qui crée beaucoup d'histoires. Une volonté de créer l'échange autour de bulles du quotidien d'un cerveau qui dysfonctionne. Un site formidable qui permet d'écrire, écrire, écrire et encore écrire. Un grand saut dans le vide.

En découverte. Lectrice passionnée mais écrivaine débutante. Cette plateforme va me permettre de faire des bonds de géant grâce à vous tous.tes. Merci aux créateurs, aux écrivains et aux lecteurs de cet espace.

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œuvres
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défis réussis
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"J'aime" reçus

Œuvres

Défi
Laura Doyen


Le train était immobilisé en pleine voie.
Tout s’était figé autour du train. Les nuages dans le ciel, les arbres de la forêt, les animaux aux bords des arbres, les cailloux aux pieds des animaux, les cailloux entre les rails et sous le train. Et lui, il était assis sur ces cailloux immobiles et insensibles. Insensibles à ses fesses posées sur le sol. Insensibles à la situation chaotique dans laquelle il s’était lentement mais sûrement glissé. Lui, le train paralysé sur la voie, lui, les agents sncf vêtus d’un gilet réfléchissant jaune pétant, lui, le regard noir des autres passagers coincés dans le train.
Et il se revoit, assis sur les sièges de la seconde classe. Sa petite valise qui ne se calait pas sous le grand siège. Un siège trop grand. Un siège qui n’était pas uniforme. Un siège qui faisait que son coude ne tenait pas sur le bord de la fenêtre trop bas ou trop lâche pour supporter son corps. La lumière trop forte. Le sol blanc aux points brillants qui lui faisaient mal aux yeux. Le bruit. Les gens qui téléphonaient, qui écoutaient de la musique sans casque. La voix SNCF qui annonçait les arrêts et qui répétait en boucle les mêmes informations. La chaleur qui faisait suinter sa peau sous son manteau qu’il n’a pas osé poser sur le siège de peur d’ajouter encore plus de confusion à l’ensemble. Lui qui a essayé de calmer les pensées qui se bousculaient dans sa tête, lui qui a essayé de calmer son corps en ouvrant légèrement son manteau. Et en levant les yeux, c’est là qui l’a vue.
La poignée. La poignée rouge de l’alarme. Une poignée rouge dans l’encadrement de la fenêtre. Grise. Ce fut la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Il s’est stoppé net dans son geste. Il a regardé fixement la poignée. Un poignée rouge vif, saignante, tranchante, creusée en son sein, incrustée dans un encadrement gris, rond, lisse, doux et charnu. Elle n’avait rien à faire là. Son visage s’est crispé.
Il a tenté de reprendre ses esprits, de retrouver le calme qui l’habite quelquefois. Rarement mais quelquefois. Il a inspiré, expiré, tremblant de tous ses membres. Mais rien n’y a fait. La poignée le fixait. Ou c’est lui qui fixait la poignée, il ne sait plus. Puis, tout s’est passé très vite. Il a ouvert les yeux dans une ultime expiration. S’est saisit de la poignée. A tiré dessus pour l’enlever du cadre gris.
Puis, l’alarme dans tout le train. Et cette toute petite poignée, cette petite tache de rouge qui a arrêté le train colosse, le train que rien ne semblait arrêter, pas même les routes, pas même les buissons. Et pourtant, la petite poignée qui a arrêté le grand train.
Les freins qui ont crissé. Les gens qui ont regardé autour d’eux, qui se sont levés, cherchant désespérément un signe du conducteur ou de la charmante voix sncf.
Et lui, la bouche ouverte, les yeux figés dans le vide, le cœur arrêté, paralysé, ne sachant que faire face au déroulé inéluctable des événements. Son bras qui a tenté de remettre la poignée. Son bras qui a arraché la poignée. Comme pour effacer sa présence, revenir en arrière, faire redémarrer le train et rouler jusqu’à la destination finale.
Mais il n’a rien pu faire face à la puissance de la petite poignée. L’alarme qui a continué à retentir. Le train qui a ralenti avant de s’immobiliser sur la voie, de s’ancrer dans la terre sous les rails en plein milieu de nulle part, le conducteur qui a fait une annonce, les gens qui ont râlé, puis les agents sncf qui ont débarqué une heure, deux heures, trois heures après. Il a perdu le fil du temps. Les autres trains bloqués. La voie impraticable. Le réseau sncf entier parasité par ce train, ce grain de sable dans la machine. Lui, la poignée rouge dans la main. Et la voix doucereuse de l’agent SNCF :
« Et donc la solution la plus évidente était de casser ce truc ? »
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