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Simon Folio

Défi
Simon Folio
Grandes maisons, grands destins, mais de trop grandes folies ont percé le voile d'un lieu mystique et égaré. Si égaré que les conséquences sur le monde entier n'auront bientôt plus de secret pour personne. Il y a beaucoup d'amour souhaité, comme il y aura tout autant de destruction de sa part. Que serait un conquérant dans un monde où il n'y a plus de lieux à conquérir ?
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Simon Folio

Des cris de foules assourdissants, un arbitre qui donnait le tournis et un adversaire si épais qu'il cachait les projecteur autant qu'il gachait toute l'énergie qu'on mettait vouloir le mettre au tapis. Dans une cage de barbelés, avec les pieds dans le sable, l'arcade ouverte et les poumons qui ne trouvaient plus d'air, Igno Luxbel, un jeune aigri à deux doigts de la défaite relativisait sur sa vie. Un chien maigre qui donne son sang à cette chienne de vie, le bien le mal c'est pour les chanceux, ceux que les dieux n'ont pas oubliés. Ceux qui ressentent les coups du karma. Pour Igno, boxeur ayant perdu sa license depuis des années et évoluant dans le fond des cercles clandestins, c'était le poing de Chinggis Nishad cet énorme mongolien qui venait de faire rebondir son cerveau dans sa boîte cranienne. Il était par terre et le sang autant que le sable s'incrustait dans sa bouche. C'était reparti pour une éniéme commotion cérébrale. " Bordel de dieu ! Elle était pas si bête cette idée d'être moine ! "
Une dernière idée qui l'entraîna dans un rêve bien trouble à vrai dire.
Tout aussi ridicule et étendu de façon pathétique que dans la réalité, Igno était au pied d'un vieux barbu géant. " Mon ombre, où étais-tu donc passée durant ces millénaires ? Tu t'es perdu toi aussi. N'aie crainte, ta vie s'apprête à changer. "
Puis, des corbeaux s'extirpèrent soudainement des yeux, du nez, de la bouche et de la barbe de la vision dantesque pour venir noyer Igno Luxbel sous leur plume.
Il se releva en toussant, rammassa une poignée de sable et la serra pour se convaincre qu'il était en vie.

Fortement dérangé par son rêve et ses douleurs Igno serait marqué par cette image de sa solitude, la bouche ouverte dans ce sable puant.
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Défi
Simon Folio



Aux heures passées, aux heures pensées, aux heures chantées, aux heures sans sans paix.
À l'injustice d'un amour, cette ironie de l'aveugle aux yeux bandés.
Laisser naître un silence sincère, ne pas laisser s'éveiller le traître.
Parce que je t'ai dis que tu méritais le meilleur j'ai essayé de l'être.
Quand j'ai vu se sceller ses lévres lorsqu'elle lisait mes rêves.
Que j'ai confondu sourire et trêve.
Décor de fleurs, pas de mille carrats.
Des morceaux de coeur, par-ci par-là.
Me voilà prêt pour le charbon .
Faible à vouloir le pardon.
Frêle petit garçon.
Ma fée, mon dragon.
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Simon Folio


Une limousine noire attendait près d'une barrière en bois. Le moteur chauffé, le tronçon de route bordait une falaise et une vue, sur un gouffre où grimpait une nature vierge. Entre un trench-coat grisâtre et un chapeau grisé par les années, une goutte de pluie vint éteindre une cigarette, dans la main d'un barbu. Il releva son chapeau. Ses yeux étaient de la même couleur que sa cravate, bleue et détachée. Adossé à la voiture, l'agent Storm attendait patiemment que Musashi ait fini de saluer son vieil ami. L'inspecteur avait quarante années de service derrière lui. Il avait quitté son pays avec sa famille et était de retour chez lui depuis qu'Eïchrana avait baissé les armes. L'inspecteur l'avait fait parce qu'il se savait malin. Mais il maudissait sa clairvoyance, pour les moments où elle le trahissait. Comme lorsqu'elle l'avait fait revenir ici. Il avait servi dix ans au Japon, s'était échappé. Puis il s'était transformé en un policier aventureux, d'abord cinq en aux U.S.A, puis huit ans à Haïti et le reste en Europe ; entre la France, l'Italie et l'Allemagne. Il y a du mal partout. Le véritable mal, celui qui dort dans la bête humaine, c'était les hommes comme lui qui y étaient confrontés. C'était involontairement, qu'il était tombé dans le cliché du vieil inspecteur barbu. Se demandant s'il avait tout vu ou s'il ne voulait plus rien voir, il était à quelques mois de sa retraite et aujourd'hui et s'était engagé à assurer la sécurité de l'homme le plus dangereux du monde. Mais il fallait maintenant attendre que ce fantôme, vivant, ait fini de vider sa vessie ! Une jeune femme vint interrompre le va-et-vient de Storm.
" Vous allez bien ? Où est le seigneur ? Dit une voix énergique et aigue. "
À croire qu'elle avait raté sa vocation de journaliste, pensa le bonhomme qui rallumer sa cigarette. C'était une dame de la hauteur et de la posture propre au corps du mannequinat. Ses habits de dirigeant macho faisaient ressortir sa féminité. Elle était rousse, son chignon et les fines rayures argentées de son costume lui donnaient un air sérieux. Elle était souriante, curieuse, pressée d'entendre la réponse, peut-être pressée de parler. Elle n'était pas japonaise, égyptienne, peut-être. L'inspecteur reconnaissait les symboles d'un petit village d'Hokkaido sur ses bijoux; un trop petit village pour qu'un touriste y ait quoi que ce soit à faire. C'était une mémoire eidétique en face de vous, jeune fille. Aussi maline paraissait la nouvelle arrivante, elle ne pénétrerait pas l'esprit d'un homme à ce point différent.
" Le seigneur… Rétorqua-t-il, ironiquement révérencieux. "
Un homme aux dons surnaturels avait été envoyé par la mort pour protéger le Japon et on l'appelait seigneur. C'étaient ses grands-parents, qui devaient se retourner dans leur tombe. Ses intentions étaient bonnes, il coopérait avec la police après tout, ce roi des revenants.
" Pensez-vous qu'il soit réellement sincère inspecteur ?
- Vous êtes le moyen le plus sûr de le savoir si je ne me trompe pas miss…
- Appelez-moi Neki, lança-t-elle avec une tape légère sur son épaule. Vous avez un visage sympathique.
- Merci. Mais Storm reprenait vite son sérieux, comme tout vieux de la vieille. C'est bien là le but de votre présence ici miss Doyeitha, vous êtes responsable de la sécurité publique auprès du seigneur Musashi …
- J'accomplirai ma tâche avec honneur n'ayez aucune crainte monsieur…
- Agent Storm…
- Eh bien agent Storm laissez moi faire mon travail. Je suis sûr qu'il n'est pas si terrible après tout. Il fait un temps splendide plus loin, vous devriez rouler au hasard. Pourquoi ne pas sortir apprécier votre journée et aussi me dire où il est en partant.
- Vous êtes les yeux de la population et la voix de cet homme. Alors, si vous êtes trop impatiente, allez dire au public que le revenant est en train d'uriner. Conclut l'inspecteur avec un sourire radieux.
L'altercation s’arrêta là et Storm s'assit dans la limousine, tandis que Neki s'appuyait sur un pylône les doigts croisés dans son dos.
- Vous pensez vraiment qu'il a raison, que ces choses ne vivent qu'ici ? Vous êtes inspecteur, la déduction c'est votre talent caché non ? Demanda-t-elle, comme si elle l'évaluait, tout en réclamant inconsciemment de l'empathie.
- Il n'a pas aimé qu'on fasse des statues de lui. Il dit qu'il voit tout le Japon. Je pense, que nous pouvons juste prier qu'il ne soit pas trop tard et qu'on peut placer notre confiance en lui, si l'espoir n'est pas qu'un fantasme de nos esprits pollués.
- Il n'y a plus aucune communication possible avec l'extérieur Storm, nous ne savons pas jusqu'à quand. Il ne sait pas jusqu'à quand. L'espoir ce n'est pas assez pour me faire avaler ça. "
L'inspecteur fut surpris, il s'était trompé. Elle n'était pas une bleue, elle n'avait pas de parti pris, elle était réellement noble devant sa tâche. Neki continua de parler, Storm ne s'était donc pas trompé sur ce goût-là.
" J'étais dans les premières lignes, lorsque nous avons brûlé la maison du dictateur monsieur, mon ami a perdu l'usage de ses jambes ce jour-là. Luttons-nous donc pour lutter à jamais ? Vous avez l'air de savoir tant de choses…
Mais cela, il ne le savait pas Mademoiselle, il n'en savait fichtrement rien.
- Pas besoin de faire confiance pour lutter contre un ennemi commun, pas réellement…
- Vous pouvez vous méfier de moi. Je ne vous ferai pas de mal, mais vous ne pourrez jamais en être sûr. Qui est-elle ?
- Nïten, répondit Storm. Je vous présente mademoiselle...
- Abinneki, coupa court la demoiselle en tendant sa main. "
Elle observait le visage du revenant perplexe. Son regard luisait et ne pouvait pas quitter l'étrange œil de son interlocuteur. À travers l’œil d'Abinneki, Musashi alla demander aux étoiles quel avait été le chemin qui avait mené cette jeune femme jusqu'ici et jusqu'où irait-elle, avant sa mort.
" Doyeitha Wahab Abinneki, enchanté, précisa humblement l'icône japonaise.
Elle resta un instant pantoise et reprit : je suis attachée médiatique, responsable du domaine de la sécurité publique. "
Musashi sourit et laissa la jeune femme ouvrir le bal. Elle l'accompagna jusqu'au poste de police et tenu les journalistes à l'écart alors que Musashi avait à converser avec les gardiens de la paix. Il fut retenu, au point de devoir ouvrir la porte, faire fondre les vitres du poste, faire parler les chiens de la brigade canine, pour qu'on puisse enfin l'écouter sans vouloir le piéger. L’œil d'un dieu rêvait désormais dans son visage, rien n'était impossible dans sa conscience, l'énergie était partout. Mais Fujiwara-No-Genshin sentait qu'il ne devait pas abuser de la perspective que donnait cette illusion sur les choses. La réalité, il devait la ressentir. Ce que son cerveau lui montrait désormais était bien trop complet, pour qu'il comprenne ne serait qu'un dixième des choses.
Étrangement et avec le plus grand des plaisirs, il remarqua que le parfum de Miss Doyeitha aussi, le ramenait à la matière qui environnait son corps physique. Lorsque Nïten mit le pied hors du poste de police, une équipe de scientifiques attendait au bas des escaliers. Il était temps d'en finir avec les envahisseurs carnivores. Il fallait commencer par éliminer tous les kwöns qui s'étaient montrés, alors que Musashi devait attendre dans une salle. Il fallut nettoyer les terres nippones, les véhicules militaires à dispositions et les actions misent en œuvre firent désordre sept heures durant. Néanmoins, les terres purgées, il ne resta plus que le sommeil à rejoindre. Le Japon laissa au samouraï le droit de fermer l'œil gauche cette nuit-là et le rêve de Nïten fut bien étrange. Le premier qu'il put comprendre et mémoriser sans aucun effort et Abinneki, était partout où il regardait.
Le samurai évoluait dans un monde sans perspective. Les formes changeaient sans explication, de façon discontinue. Les îles s'imprégnaient comme une toile de fond, sur des taches de couleurs qui se solidifiaient, pour former les décors du songe. Les arbres de son enfance n'étaient plus là. Les troncs et les feuillages de gouache séchée, laissaient leur sève rougeâtre s'étendre, sur la terre et l'herbe blanche. L'écorce orange des séquoias se distordit et la flore muta, pour prendre la forme des anciens ennemis du vagabond repenti. Il les brisa sans faiblir, comme d’antan. La jeune femme était là, elle l'observait, immobile. Un soleil vert déchira la blancheur du ciel et une ombre noire domina le lieu, hypnotique et inquiétant. Des démons brisèrent la terre pour en sortir. Ils courraient, mais ignoraient l'homme en armure. Nïten brandit son sabre. L'ombre au loin s'agita et ses formes se firent distinctes. Le torse d'un chevalier cornu et barbu, qui l'attrapa soudainement dans sa main géante. Il fut soulevé et montré au soleil, d'où retentit un cri strident. À ce moment, Takezo n'eut plus aucun contrôle. Debout dans la paume du colosse qui n'était qu'une épaisse couche d'ombre, il laissa l’œil d'Anubis aller, afin de trouver une signification à tout cela. Dans le crâne sans visage du ravisseur, un trou béant se creusa en déchirant la chair noire. Ses dents effilées et blanche tracèrent un sourire et expliquèrent au revenant :
« Ce n'est pas toi qui rêves misérable, toi, tu ne sais même pas qui je suis. »
Musashi sauta, épée la première, prêt à mettre fin à ses enfantillages.
Il chuta, lorsque ses pieds touchèrent terre, car la terre se brisa tel le verre, comme son propre corps. L'espace d'un instant, le monde ne fut constitué que de nuages, il tomba d'un bout à l'autre du globe, d'une ville à l'autre, jusqu'à tomber sur une surface dure et sentir l'onde de choc se propager jusqu'à sa mâchoire. Il se retrouva au centre de l’œil d'Anubis. Soudain, dans les milliers de symboles qui défilaient sans arrêt, un message glissa devant Nïten : " Mon nom est Mahévé. "
Un détail qui lui revint quelques mois plus tard alors qu'il tentait de rêver, pour la seconde fois, depuis son retour à la vie. Le même colosse barbu se tenait devant lui. La nappe d'ombre qui cachait autrefois sa physionomie, ne le couvrait plus. Ses cornes étaient jaune, sa peau légèrement turquoise. Assis en tailleur, Musashi ne bougeait pas, fixant son adversaire silencieusement. Depuis le jour où le géant noir était apparu dans ses rêves, il n'avait pas pu s'empêcher de vouloir l'affronter. Il n'en avait que faire que ce rêve ne concerne pas son esprit en réalité. Pensait qu'il n'agirait pas, c'était ne pas connaître le démon qui avait toujours sommeillé en Shinmen. C'était lui le monstre dans cette arène abandonnée, sur laquelle il était allé le rencontrer ce soir-là. Cette fois, ils n’échapperaient pas au combat.
Nïten comptait bien utiliser l'œil d'Anubis pour forcer l'adversaire à se tenir face à son destin. L'armure du géant cornu cliquetait, c'était suffisant pour le repérer. Son corps n'était jamais sorti en entier du sol. Une vapeur noire qui sortait de son thorax et de son bassin, était probablement l'énergie qui le rendait dangereux. Musashi avait déjà combattu sur cette plage, dans son autre vie. Il chercha des alliés. Parmi le nombre de fées que compte le monde des rêves, Nïten en décela une qui s'amusait à secouer un parterre de fleur. En échange de trois ans en plus sur sa petite vie, la petite fée au crâne rasé s'envola fermer le décor. Sa tête bleu et tachée de mauve, ainsi que sa robe en tentacules de méduse, gigotèrent pour révéler une serrure céleste à Musashi. Elle devint la clé et s'incrusta dans la peau de Nïten, comme un tatouage.
Il était prêt. Comme lorsqu'il avait tué son premier samouraï. Là aussi, il n'était qu'un enfant devant son adversaire. Comme lorsque le tigre avait accompli sa plus belle chasse. Alors qu'il s'accroupissait en saisissant lentement le manche de son sabre, Takezo lia deux autres pactes. Dans le savoir de la magie, il chercha comment blesser la bête et assurer son retour dans un réveil. Il prononça le nom d'une muse qui avait depuis toujours inspiré les créateurs d'armes, à travers leurs rêves. Elle lui offrit un don, que son rêve éveillé concrétisa dans un bokken d'acier blanc. Mahévé le prévint qu'il n'existait pas de sabre qui puisse trancher la peau d'un djinn aussi important que sa cible.
Un diablotin à la tête démesurée grimpa ensuite sur son épaule et vint négocier à son oreille.
" Je suis celui qui m'amuse avec tes cauchemars Nïten.
- Alors, réveille-moi quand il le faut.
- J'ai bien quelques tours, c'est vrai. Mais ce machin-là, c'est du costaud. S'il est assez bon pour t'avoir et c'est le cas, tu n'auras pas le temps de me faire de signes, mon vieil ami. Te réveiller avant qu'il ne t'anéantisse, c'est ce que je fais depuis que tu as croisé sa route, brute imbécile. Dit-il en sautant partout sur le visage du revenant.
- Pourquoi ai-je tellement envie de l'affronter ?
- Tu l'as dit toi-même. Tu vas protéger ton pays ! Si cette chose est sur ton pays, ton pays est en danger ! Là où tu es, ne pense pas pouvoir reculer. Ces choses n’appartiennent pas à tes rêves. Ton envie de te battre Nïten, ce n'est que ta malédiction, c'est injuste de te demander de revivre un karma oublié. Mais il n'y a pas de justice chez les dieux. Tu veux la certitude de pouvoir te réveiller. Je t'offre un lien qui n'appartient qu'à toi. La serrure de ta fée t'attirera jusqu' elle. Mais attention samouraï, ce même portail sera fermé, une heure durant chaque jour. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour toi depuis ton retour après tout. Je veux une heure qui n'appartiendra qu'à moi, où ton corps physique n'aura plus aucune influence sur le monde des rêves. Une heure de sieste et le monde réel t'appartiendra comme t'appartiennent tes rêves, pendant tous le temps où tu seras éveillé. Je m'occupe des détails avec l'esprit des terres, n'ai pas d'inquiétude. Donne-moi ton épée."
L'arme fut enduite d'une aurore boréal. Le samouraï ne put en obtenir plus et le diablotin disparut dans une bouffée de fumée rosâtre.
Un chevalier mystique contre un autre, Nïten était curieux. Cette aura attendait depuis longtemps sur les plages nippones, sans s'expliquer.
" D'autres géants siègent sur ces territoires, pourquoi souhaites-tu t'en prendre à moi, petit humain ?
- Toi, tu n'es pas d'ici, que veux-tu à ces terres ?
- J'ai conclu un marché avec ton pays, il aura lieu que tu le veuilles ou non. Sais-tu ce qu'il y a de dramatique dans cela ? Il aura lieu ce soir et ta barrière va s'envoler. Juste un instant, petit homme.
- Tu ne me connais pas. Tu penses que je ne sais pas qui tu es. "
Musashi entama les premiers pas en dégourdissant son bras, fauchant sur les côtés, étirant son épaule.
" Tu ne sais pas... Le jugement humain est faible. Tu perdras pour ça. "
Le géant battit des poings et le sol trembla, Nïten chargea vers la bataille. Il sentait un petit point de chaleur dans son esprit ; la vacuité que lui avait promise le peintre de ses cauchemars. Le mastodonte tenta d'écraser le rônin comme un moustique près du sol, une occasion parfaite pour tester son arme sous sa nouvelle forme. L'impétuosité du géant inspira la sagesse de Nïten et il se cacha sous l'avant-bras du colosse. La lame ne pourrait pas le trancher, mais si elle pouvait lui faire mal, c'était partir sur de bonne base. Le guerrier japonais tenta de briser le poignet de l'ombre sans jambe. La chose agrippa la main de Musashi et le souleva. La vieille barbe resta un instant immobile devant le petit bonhomme. Il se ressaisit et cria avant d'attaquer de nouveau :
" Mon nom est Baldeer !
- Laisse-moi t'appeler, infection, répondit Fujiwara, avant d'être jeté au sol. "
À peine eut-il retrouvé son équilibre que le géant boxa, mais le géant était lent et Nïten avait toujours eut l'œil pour la distance. De plus, lui aussi visait des petites choses avec son arme sans nom. Des phalanges grosses comme sa tête et des os, larges comme des colonnes vertébrales. Mais bien plus durs, trop, pour que ce soit une bonne stratégie que de s'acharner à les frapper. Sur un tranchant de la main, le samouraï dut sauter dans celle-ci pour rouler et tomber, de façon un peu hasardeuse, au bord de l'eau.
Un petit soubresaut de vague s'engouffrant dans ses bottes. Une nuit surchargée d'étoiles observait l'affrontement. La mélancolie de Nïten réchauffa ses mains. Baldeer frappa vite. Nïten s'y était attendu, il frappa de toutes ses forces et cette fois, un os du poignet du colosse céda. Nïten se concentra pour que son corps reste attaché au monde des rêves afin de pouvoir encaisser le choc qui venait. Projeté par l'élan du coup de Baldeer, son corps trembla et ses talons se soulevèrent. Le sol s'éleva et oscilla. Lorsqu'il fut à deux doigts d'exploser, Shinmen retombait en toute légèreté sur le sol, déchiré de-ci de-là.
Nïten reprit sa position et chargea de nouveau. Baldeer balaya devant lui, Musashi était assez près et plongea pour esquiver le bras. Cependant, lorsque le géant disparut soudainement des yeux de Musashi, la surprise fut de taille. Le tintement de l'armure sombre sonna derrière Nïten, le samouraï ne put que plier sous un coup de coude et rouler sous l'avant-bras de l'ombre chevaleresque qui, n'en ayant pas assez de pétrir l'humain perturbateur, tenta de l'écraser avec sa main ouverte. Sans succès, elle asséna une autre pichenette qui déséquilibra le rêveur, Baldeer en profita pour couper le souffle du revenant d'un tranchant de la main. Le corps de Nïten se souleva sous le choc et retomba comme une plume dans un sable froid.
" Est-ce assez, stupide humain ? "
Le favori d'Anubis s'était préparé à ce combat, il allait pouvoir se relever. Mais cette fois serait peut-être la seule. Il était le seul à voir le monstre et indubitablement, le seul qui pourrait le combattre. Le corps physique de Musashi venait d'encaisser le choc de cette attaque, mais il n'était pas mort. Son corps était aussi dur que son esprit pouvait l'imaginer ; toujours lié à son rêve, grâce au diablotin des cauchemars. Allongé, sur son lit, l'homme endormit toussota et une goutte de sang tacha sa lèvre inférieure. Dans son rêve, il voyait le géant magique, mais le géant magique pouvait voir le rêve et il allait briser l'homme, en brisant le rêve aussi facilement qu'un moustique. Mais Baldeer finit enfin par comprendre lorsque le stupide humain se releva, qu'il n'était pas un moustique. Il était même plus fort que son propre protégé. Le corps physique de l'homme répondait aux règles de ses rêves. Une telle influence sur la réalité était impressionnante, malheureusement, pas assez pour arrêter la manifestation astrale et cornue.

L'ombre géante prit la posture de la grue. Nïten aussi, était prêt pour un autre tour. Un coup de la paume que le samouraï para, la pointe de l'arme devant lui, lança le signal de départ. L'armure de Baldeer en fut rayée, mais Musashi dut tenir bon, pour que ses jambes ne le laissent pas s'écrouler au sol. Comme l'avait prédit l'ombre en armure, l'humain imbécile pensait que la force d'un esprit ou d'un corps pouvait rivaliser avec sa force à lui, influencée par bien plus, que par la matière ou une quelconque énergie. L'ombre s'agrandit et tenta d'écraser l'homme au sol encore une fois. Nïten aurait imaginé quitter le combat sur le moment, mais à la seconde où il vit la distance suffisante entre lui et la paume de main, il brisa deux phalanges et fêla deux ongles face à lui. Il avait blessé les deux mains de son adversaire, avait-il gagné ?
Au point où Musashi connaissait son corps, ses efforts équivalaient à quatre assassinats sur des guerriers de hauts vols, ce n'était pas assez. Quelle conclusion hâtive de penser à l'espoir si tôt Musashi. Mahévé pourrait-il l'aider ? Le démon des cendres avec lequel il avait marchandé dans le commissariat peut-être ? Très peu de chance qu'il puisse être d'une aide quelconque, cet insolent. Impuissant, Musashi fut soudain enchaîné par un acier de la même nature obscure que son adversaire ; des chaînes vivantes qui sortirent du sable et de la mer. Il vit le danger venir et pour se prévenir d'un coup de tête meurtrier, le sauveur des hommes se focalisa sur le centre de la chaleur, à l'intérieur de son esprit et se réveilla.
Le sang était toujours sur son menton. Son corps était endolori, il roula sur le sol pour se lever et rejoindre sa salle de bains. Lorsqu'il avait été écrasé dans le sable, à ce moment, sa paupière s'était fermée sur Mahévé. L’œil avait cligné, le bouclier avait vacillé et le ciel avait respiré une seconde. Un coup d’œil sur son pays fut l'urgence qui le frappa. Il fallait regarder partout, si une seule bête s'était échappée, c'était la fin, l'invasion mondiale. Rien n'était sûr avec les monstres qui hantaient les rues nippones. Rien dans les eaux, le ciel était tout aussi vide, si ce n'est, les appareils de cette chère A.T.U survolant le dôme, inconscients du danger auquel ils s'exposaient. Une inspection rapide des côtes et des montagnes, puis il se résolut à regarder là où il devait. Éveillé, il longea la plage de Funajima du regard, il ne voyait pas le colosse en armure, mais de toute façon, il ne le voyait jamais lorsqu'il était réveillé. Aucun monstre ne se trouvait sur le sable. Après tout, une chose, même avec la cadence des kwöns aurait-elle vraiment eu le temps de passer ? Il n'avait fait que cligner de l’œil. Justement, il n'aurait pas pu le faire même s'il le voulait, alors comment cela aurait-il pu être sans conséquence pour son pays et pour le monde ? Effectivement, quelque chose était passée ; quelqu'un.
Son canot attendait de l'autre côté de la barrière. Un homme de fière allure portait un lourd paquetage sur la plage. Nïten le connaissait, il l'avait déjà croisé. Dans l'immédiat, il devait convoquer son équipe pour partir récupérer le soldat. À la sortie, Neki et Sakuchi l'attendaient, les mains un, deux et trois dors et déjà dans la voiture, pour rejoindre la plage...
" Ravi de vous revoir, Midraël Beethoven.
- Je ne peux malheureusement pas en dire de même. Je suis là en tant qu'amiral de l'A.T.U, ici pour être les yeux et les oreilles de l'humanité. Puisque je suis le seul à avoir pu entrer, je vais repartir et témoigner.
- Comment es-tu entrée ?
- La barrière a disparu, j'en ai profité. Mais en réalité, je suis tombé et je ne suis que très peu sûr de ce qui s'est passé. Je pense que le courant m'a poussé. Cela ne doit pas recommencer Musashi, les frontières ne peuvent pas être fermées.
- Mais lorsque je retirerai cette barrière mon ami, j'ouvrirai la porte au fléau sur le monde entier. Ses monstres qui ont failli prendre ta vie et celle de ton ami, ils se multiplient si vite, qu'ils la prendront, la vie des tiens. On doit les vaincre ici. Ceux qui voulaient partir sont déjà partis. Es-tu là pour nous aider, ou pour nous freiner, Beethoven ?
- Qu'est-il arrivé à ton œil Musashi ?
- J'ai dû faire des sacrifices.
- Ton pays ?
- Je le connais plus que toi.
- Que sais-tu des gens de cette époque ?
- Je sais que j'arrêterai tous ceux qui en veulent à mon peuple et tous ceux qui le freine. Peut-on à ton époque, être humain sans faiblesse et libre sans être seul ? Non ? Alors il n'y a pas tant de différences.
- Juge notre route, si ça te chante. Mais nous avons fait plus d'un petit pas, depuis.
- Tu veux combattre pour la liberté. Tu es parti quand la braise brillait encore. Aide-nous à éteindre la menace, avant qu'elle ne vole de son nid. Je vois, ce qui se passe à l'extérieur. Nous ne sommes pas perdus. On ne navigue pas sur des canots. "
Midraël voulu se saisir de la rame, avec une certaine animosité. Shinmen poussa la rame et mis son sabre de bois dans la main du messager de l'A.T.U.
" Veux-tu te battre contre eux, oui ou non ?
- Si c'est pour la liberté. Mais je t'en prie, expliques-moi tout. "
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Défi
Simon Folio

Tout ce qui te rend grand te rend humble.
Ce qui est maîtrisé devient simple.
Y en a qui gonfle Y en a qui ronfle.
Ma petite bombe à donf triomphe.
Ce qu'amorce ce sale orgue qui s'accorde à ma horde...
Cap et cordes vers la force; la force, la force et mets-enencore quatorze.
Cas de forces majeur, j'ai conservé le oinj.
Dingue, je l'ai conservé jusqu'au quinze.
Puisqu'on m'offre de faire rire des ogres.
Pour de vrai, la féérie des pauvres.
L'heure sourde danse et heurte le pleutre.
L'heure tourne, c'est le meurtre.
C'est le murmure et le coeur tremble pour qu'on se traîne.
C'est con ce truc, comme les bons traits d'un monstre.
Mais dîtes-moi c'est quel jeux.
Pourquoi j'entends toujours des trucs sur les les belges ?
Réserve les limbes pour mes goûts hein frère ?
un petit coin frais pour mes goinfres.
Ton sacrifie c'est bien ce que l'art veut.
On se largue après les aveux d'une larve.
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Simon Folio


Rien du tout. Il n'avait rien trouvé. C'était le cinquième atterrissage sur la lune. Il n'avait trouvé aucun débris. Pas la moindre trace de la tour Macma d'Europe. A peine quelques émetteurs secondaires. Quelques autres pièces étaient retrouvées de ci de la dans l'orbite du satellite. Mais la tour et ses habitants restaient introuvables. L'espoir de Midraël était incassable. Ils n'étaient pas morts. Il avait la foi. Son esprit restait néanmoins inquiet pour un autre de ses amis. Le contact avec la tour jumelle du Japon avait été perdu une minute avant de perdre la tour d'Europe. L'infection pouvait en être la cause. Si elle les avait suivis. Mais Midraël refusait cette idée. Elle avait quitté les radars des autres tours et demeurait introuvable dans l'espace qu'elles balisaient.
Deux ans plus tard, Midraël était agenouillé, priant dans une chapelle, implorant le seigneur de porter son regard divin, sa bénédiction et sa protection à sa famille, à son ami Samir, et à tous les habitants. Ils étaient toujours en vie. Il le sentait quelque part en lui. Une lumière artificielle renvoyait les reflets et les couleurs des vitraux sur le visage de l'occidental. Ça faisait deux longues années qu'il avait perdu la trace de Melinda et Leïla. Depuis il priait tout les jours. Matin, midi, et soir, dans chaque moment où il n'était pas occupé à chercher des solutions pour retrouver la trace de la tour jumelle. Les choses se passaient bien dans la tour. Les passagers mangeaient à leur faim et pouvaient y travailler. Ils n'avaient atterri nul part jusque là. Les recherches pour retrouver la tour perdue avait prit fin après huit mois de recherches. Un prêtre entra dans la pièce ou priait Midraël et s'approcha de lui.
" Bonjour mon fils ! Il reconnut la voix du prêtre, s'étant confessé une semaine plus tôt.
- Bonjour mon père. Répondit-il en se levant.
- Je suis désolé de vous déranger. Mais je vous observais, et je réfléchissais. Voyez-vous, je repensais à ce que vous me disiez la semaine dernière. Alors, je me demandais pour qui vous pouvez bien prier. Pour vous, où alors pour votre famille ? Demanda le père responsable.
- Je ne penserais pas à moi tant que je n'aurais pas retrouvé ma famille, mon père."
Sur ces mots il prit sa veste posée sur un banc et s'en alla. Une réunion importante l'attendait deux heures plus tard. Des progrès scientifiques soulevaient de nouveau des questions d'éthique. Vu le virage que l'espèce humaine avait pris depuis la perte de la Terre. Les savants exigeaient que chaque décision importante soit discutée au plus haut sommet de la tour. Si le sujet de recherche était approuvé, son résultat circulerait bientôt dans la tour. Comme il aurait circulé sur terre. Midraël était abasourdi par la vitesse à laquelle le peuple avait trouvé ses habitudes. Comment les premières échoppes de trocs, les premiers divertissements avaient pris forme tout au long de la tour. Un cirque passa même à côté de lui alors qu'il montait vers la salle de réunion. Il faillit même rentrer dans un clown, habillé pour se confondre avec le décor. On entendait déjà les premiers poètes de la nouvelle aire scander leurs mots dans les couloirs. Il arriva le premier dans la salle. Le sujet à l'ordre du jour concernait la bio-mécanique. L'effectif avait été réuni pour produire des greffes de membres mécaniques en masse. Des membres plus réactifs, plus forts et plus résistants que ceux dont le corps humain était naturellement doté. Le docteur Kemder assurait la fiabilité des opérations, ainsi que l'authenticité des sondages effectués dans la tour. Les mentalités avaient changé, alors le directeur vota pour la mise en distribution des membres Kemder. Néanmoins, en ces temps, les décisions et les jugements de Midraël étaient troublés par ses pensées obscures. Il observa sans bouger cette vitesse à laquelle le corps des habitants changea après cela. Comment bon nombre d'entre eux avaient choisi d'échanger leur membre contre ceux créés par la fabrique Kemder. Les nouvelles marques et les nouvelles enseignes prenaient place en haut d'appartements. Les premiers étages où le troc se centralisait étaient définitifs dans la quatrième année de la dérive du peuple humain. Où pouvaient-ils bien aller? Il n'y avait pas de terres connues aptes à accueillir un peuple qui avait cru pendant si longtemps, être seul dans l'univers. Sous cette pensée, Midraël se rendit de nouveau à la grande paroisse de la tour. Et de nouveau, le père responsable vint l'interroger.
"-Vous semblez vous remettre un peu sur pied Midraël.
- Bonjour mon père. Oui, je l'espère.
- Votre maladie vous aurait-elle quittée?
- Pas selon le docteur.
-Je me suis toujours demandé pourquoi vous ne choisissez pas la greffe d'organe.
- Cela ne m'intéresse pas. Ça ne me semble pas naturel vous savez, de guérir ainsi. Répondit Midraël en se tournant vers une statue du Christ.
- Cela fait quatre années que nous avons perdu la trace de la tour d'Europe, reprit le prêtre.
- L'espoir n'est pas mort, je sens que ces gens sont encore en vie. C'est étrange je sais. Nous n'avons pas retrouvé le moindre débris sur la lune. Mais malgré cela, je ne peux m'empêcher d'y croire.
- Sans vous mentir. Je ne trouve pas cela étrange du tout. Je le sens également. Et sachez, que nous ne sommes pas les seuls. Bon nombre des habitants avaient des proches dans la tour disparue.
- Vous savez mon père, ça me fait plaisir de voir quelqu'un qui n'ait pas "Kemder" écrit sur lui
-Ça aurait été étonnant autrement, vous ne pensez pas ? Je me dois de porter l'image de certains idéaux après tout. Je n'ai jamais été fan des choix sur lesquels on ne peut revenir. Je serai même incapable de me soigner si ce n'est par les herbes, alors ça !"
Le mouvement du graffiti renaissait dans la tour. Éteint depuis longtemps, il reprenait un sens et en donnait, à ce sentiment d'enfermement constant qui envahissait la tour. Midraël en observait lorsque le docteur Kemder vint lui taper sur l'épaule.
"- J'ai souhaité venir vous voir directement en vue de ce que nous venons de découvrir.
- Vous avez trouvé un autre moyen de modifier l'espèce humaine ? Demanda Midraël avec un ton méfiant d'où l'on discernait néanmoins une pointe d'ironie.
- Ne vous êtes vous jamais dis que vous ne reverriez jamais une terre fertile de votre vivant monsieur le directeur ? Demanda le docteur pensif.
- Vous ne comptez pas répondre à ma question avant de continuer ? Rétorqua sèchement l'Occidental.
- J'ai peut-être trouvé ça, j'ai peut-être trouvé plus. Peut-être n'avons-nous rien trouvé. Quoi qu'il en soit, les données recueillies sont capitales, pour l'avenir de l'humanité.
- Alors je veux bien écouter votre histoire. Répondit humblement Midraël .
- De toutes ces années où nous avons étudié le ciel et l'espace, nous n'avons jamais trouvé quoique se soit qui soit semblable à la terre. Toujours un problème d'atmosphère, une histoire de pluie acide, ou encore une connerie de froid. Alors, à la vitesse où se déplace la tour, ne pensez-vous pas que nous mourrons avant de voir un quelconque changement ? Combien de temps l'espèce humaine devra-t-elle vivre recroquevillée dans ces tours ?
- L'histoire se construit bien plus avec du temps qu'avec des hommes docteur, lança sagement l'homme attentif.
- L'histoire à peut-être besoin d'un témoin qui l'accompagne, afin d'éviter les erreurs du passé et il est peut-être temps de décider d'être témoins. Répondit mystérieusement le scientifique.
- Qu'avez-vous trouvez docteur ? Dit l'ex-soldat en se tournant vers l'homme de science.
- Les données et les informations sur le sujet étaient déjà quasiment complètes. Les mystères du cerveau étaient presque percés avant que les tours décollent de la planète. Alors, accompagné de mes assistants, nous pensons avoir conclu sur les dernières questions, pour ensuite aller plus loin.
- Plus loin ?
- Nous pouvons désormais totalement recréer un cerveau artificiellement. Ou plutôt, ce que nous sommes capables de faire, est une armure. Une gélatine qui entoure le cerveau. Elle le copie. Remplaçant peu à peu les parties manquantes ou qui vieillissent. Autant qu'un membre où qu'un organe, ce filtre peut être fabriqué en grande masse. Ce savoir est pour l'instant encore rare. Mais je pense qu'il est juste d'accepter qu'il se répande. Pour ce qui est du savoir, il doit être transmis monsieur Beethoven.
- En avez-vous construit un monsieur? Dites-moi la vérité Aziz.
- Pas pour le moment. Mais nous avons fait une demande pour une réunion au dernier étage. Je vous demande de réfléchir longuement avant de faire part de votre vote. Je suis également allé voir bon nombre de membres qui doivent voter. N'entendez aucune tentative pour vous convaincre dans mes paroles. Je vous fais part de mes pensées, car, autant scientifique que je suis, je n'ai pas de réponse à cette question.
- Je comprends vos troubles. Mais vous ne m'avez pas dit ce que vous vouliez dire par "plus loin."
- Les organes créés artificiellement ont une longévité plus grande que ceux du corps humain. Alors nous pensons pouvoir faire en sorte que le cerveau humain puisse durer sans aucun problème pendant près de deux cents ans.
- Deux cents ans ?
- Le scientifique aurait cru créer plus de surprises chez le directeur. Il ne prit pas compte de cette étrange attitude un peu trop calme à son goût et continua: Peut-être plus... Conclut Kemder, les yeux posés sur les couleurs du graffiti posées au mur."
Cette discussion laissa Midraël dans un état des plus perplexes. Il se remit d'abord à penser à la tour jumelle. Peut-être l'infection avait-elle vraiment repris et décimé le peuple de Musashi. Sinon pourquoi n'aurait-il pas rétabli le contact ? Pour chasser ces mauvaises ondes, il se remit à s'interroger sur les mots du docteur Kemder. Il communiqua les informations aux autres responsables. Les avis divergèrent déjà au sujet de ces recherches.
Un an plus tard la décision fut tranchée. Les cerveaux artificiels circuleraient dans les tours. Une nouvelle qui fut annonciatrice de grands changements. Une époque évolutive pour les mentalités, qui se retrouvèrent marquées également par la perte des tours de Russie, due à une pluie de météorites.
Midraël toussait face à son miroir. Sa maladie s'aggravait. Il n'avait jamais vraiment pris au sérieux le cancer que lui avait annoncé le docteur trois ans plus tôt. Les vertiges et la douleur lui semblaient si petits. Sa peine et son inquiétude semblaient assez fortes pour le protéger et l'empêcher d'y penser. Mais il fut bien obligé de changer d'avis face aux gouttes de sang qui s'écoulaient sur la vitre. Une visite chez le médecin le fit changer de mentalité sur un autre sujet. Son cancer pourrait bientôt causer la mort de son corps. Il n'avait toujours pas revu sa famille. Et sa foi en Dieu ne semblait pas pouvoir le faire vivre jusqu'à ce qu'il ait retrouvé ceux qui comptaient tant pour lui. La greffe d'organes allait entrer dans sa vie. Un nouveau poumon et un nouveau cœur pour son entêtement à ne pas écouter son corps. Une fois la greffe réussie, il sentait autre chose qui battait à la place de son cœur. Deux artefacts qui aspiraient et distribuaient le sang et l'air dans ses veines.
Lorsqu'il commençait à s'habituer, un événement vint lui faire comprendre que ce cœur artificiel était réellement semblable à un vrai: La douleur. Cette sensation tordante lorsque son cœur se serra après avoir apprit la mort de Pablo Pedro. Le directeur de la tour d'Amérique du Sud. Mort de vieillesse à 75 ans.
Cela faisait cinq ans qu'il priait. Dieu ne lui avait rien apporté ; ni sa famille, ni des nouvelles de son ami Myamoto, ni même la guérison. Seuls les progrès humains avaient pu quelque chose pour lui au fond. Alors, il finit par accepter l'idée du gel du docteur Kemder qui logerait dans son crâne. Les pensées, la logique, les souvenirs, tout était sauvegardé. Le docteur Kemder assurait désormais trois cents ans avec un cerveau infaillible. Alors Midraël ne fut même pas sceptique sur la table d'opération. Et il se réveilla, voyant le monde comme avant. L'effet des calmants le fit douter au début. Mais dès la première semaine il commençait déjà à s'y habituer. Il lui semblait même être plus performant. Il dormait moins, réfléchissait plus vite et ses réflexes ne semblaient jamais lui faire défaut. La technologie humaine l'avait soigné et fait de lui un être plus puissant. L'évolution avait changé les choses. Le peuple humain était l'un des principaux acteurs de ce changement se dit-il. En à peine quelques milliers d'années, l'Homme était allé plus loin que l'univers en des millions. Il fut obligé de conclure que sa foi en dieu faillait.
De nouveaux mouvements sociaux naissaient. Difficile de discerner si ce n'est que le tapage d'une minorité lorsque tout le monde en parle. Notamment un mouvement qui se remettait à prôner la supériorité de l'homme sur toute chose. Se confrontant avec les fervents défenseurs des machines, qui clamaient fièrement que la biotechnologie était l'évolution logique de l'espèce humaine. Les premiers conflits sérieux éclatèrent lors de la sixième année de la dérive. Un étage entier qui avait été saccagé par des bagarres.
Midraël était devenu un grand ami du docteur Kemder à cette période. Il passait toujours cependant, la moitié de son temps à la paroisse. Cherchant un salut pour son peuple quelque part. Son coeur vacillant entre la foi et l'espoir. Entre le désespoir et l'impatience.
Le camp de ceux qui promouvaient la bio mécanique fut le premier à réutiliser les images de la destruction de la planète. Jusque-là, on ne les avait revues publiquement uniquement dans le but de commémorer l'événement. Eux, les utilisaient afin de convaincre le peuple de la ferveur de leurs propos, afin de briser les anciennes fois. La plupart des mythes perdaient leur solidité ou se devaient d'évoluer avec la destruction de la Terre. Dans leur spot, ils reconnaissaient que le progrès avait été la cause de cette explosion. Mais qu'il était aussi, ce qui ensuite les avait sauvés. Qu'il était par conséquent logique de continuer à avancer grâce à lui. "La biomécanique et la technologie nous ménerons vers la sortie." Disait leur slogan. Le docteur Kemder fut nommé digne représentant de ce mouvement spirituel et accepta d'endosser ce rôle. Ces relations avec Midraël commencèrent à se détériorer à ce moment-là. De plus, enfermé dans ses appartements, le directeur avait trouvé une nouvelle occupation. Dans ces temps libres, il s'était mis à écrire un livre. Un recueil de poèmes dédiés à Dieu, au dieu chrétien. Certains porteraient sur Jésus, d'autres sur Dieu le père, quelques uns sur l'esprit saint.
"Tu as créé le monde avec les couleurs pour qu'il soit beau.
Tu as créé l'Homme avec son libre-arbitre pour qu'il soit beau."
C'étaient ses premiers mots. Et son recueil avança, ajoutant jour après jour de nouvelles tournures de phrases, de nouvelles rimes. Il avait retrouvé une foi intacte. Le fait que son cœur et son cerveau soient artificiels n'avait rien changé aux croyances de son être. Plus que jamais, il s'était rapproché de Dieu. Son cœur brillait et ses écrits lui semblaient lumière. La dernière page de l'ouvrage fût remplie à la fin de la sixième année de la dérive des tours.
"Et de tout mon être, je ne souhaite qu'une chose.
Que je sente ton souffle qui guide mes gestes.
Que mes yeux voient tout ce que me montre ton monde.
Que ma pensée soit capable d'apprendre ne serait-ce qu'une seule de tes leçons jusqu'à la fin.
Que ma voix puisse porter tes mots.
Toujours, je dis refuser de rendre mon âme au doute et choisis de l'abandonner à ta volonté
A jamais, je dis refuser de vendre mon âme au diable pour te la donner."


Midraël avait trouvé un goût incomparable dans l'écriture. La recherche et le calcul de mots, c'était autre chose que ses recherches pour la tour, autre chose que le calcul de propagation d'ondes sonores, ou encore de la programmation de fréquence sourde. La logique semblait se confondre. Mais le plaisir des mots lui parut tellement plus attrayant. Il avait trouvé le rythme. Il avait trouvé la musique et la mélodie. L'idée d'en écrire un autre lui plut. Il gratta au hasard sur la première chose qui lui vint en tête
" Les sables du temps érodent mes ailes. Seule une pensée me permet encore de voir l'espoir et la vie dans les étoiles et l'espace, de rêver parfois loin de nos cauchemars. Ton soleil ne s'est pas éteint en moi Leïla, femme de ma vie, de mes rêves, muse qui porte ma force. Toi non plus Melinda. Tu es la plus belle des petites fleurs pour moi, la plus importante des choses qui vivent. J'imagine parfois que tu as grandi. Mais, même si le temps et nos erreurs furent cruels, je sais que lorsque je vous reverrai, rien n'aura changé. Comme je vous attends. Ah ! Comme je vous attends !"
C'était décidé, son prochain livre serait dédié à sa famille. Il s'était senti mieux après avoir écrit ce passage. Il sortit de son bureau, emportant son ouvrage. Il voulait le montrer au père responsable. Le père Assan le comprendrait sûrement et son avis serait des plus utile. Le dos tourné à sa porte d'entrée, il entendit une insulte à propos d'un croyant. Elles devenaient de plus en plus fréquentes dans les couloirs. Comme si l'athéisme commençait à persécuter toutes les religions. Lorsqu'il se retourna, il ne vit personne. En marchant un peu il croisa une femme, grimaçant de colère. Elle avait dû être à coup sur, la victime des insultes que Midraël avait entendues. En s'avançant, il vit des ombres se battre férocement sur le mur. Trois ombres se déformaient et assaillaient une quatrième, dansante telle l'ombre d'une flamme. Ce fut ce jour-là qu'il rencontra un homme qui deviendrait un autre de ses bons amis. Un guerrier du nom de Deïdam. Ils firent d'ailleurs connaissance en tant que combattants. Midraël avait longtemps étudié les arts martiaux auparavant. Il avait vu bien des adversaires. Mais aucun n'était aussi parfait dans ses gestes. Deïdam était né dans et pour le combat, le corps et le talent d'un prophète martial, le seul qui vainquit l'amiral de l'A.T.U. Une fois rendu au 62 ème étage, il croisa ce cher docteur Kemder qu'il ne portait plus dans son coeur depuis longtemps. Le docteur le savait, pourtant il vint quand même lui serrer la main. Il disait vouloir s'entretenir avec Midraël à propos d'un sujet important.
Ils s'assirent au bord de la fontaine lumineuse centrale. Une longue canalisation vitreuse, qui allait de la moitié de la tour jusqu'au globe du sommet. Le docteur avait cet air pensif, celui qu'il avait lorsqu'il était venu faire part de l'invention, de ce qui logeait en ce moment, dans la tête de Midraël. Une navette s'arrêta sur les rails face à eux. Midraël attendit que les personnes s'éparpillent dans l'étage et que la navette reparte pour engager la conversation.
" Alors, de quoi tu veux me parler Eric ?
- Les dernières étapes... C'est accompli.
- De quoi parlez-vous ?
- Nous pouvons greffer un cerveau totalement artificiellement, conserver la mémoire et la logique, nous pouvons conserver l'esprit. La colonne vertébrale, nous avons franchi le dernier obstacle. Le corps humain peut désormais être réparé et soigné, qu'importe la zone de la blessure. Pour peu qu'elle ne soit pas mortelle sur le coup.
- Beaucoup de gens ont choisi vos greffes plutôt que leurs membres naturels. Il est devenu rare de voir quelqu'un qui a refusé cette avancée. J'ai moi même cédé. Je ne dis pas être déçu. Mais ne faut-il pas craindre que quelqu'un souhaite se changer entièrement.
- Vous savez si la greffe de cerveau ne cause aucun problème. Je pense qu'il n'y a pas de question à se poser à ce sujet.
- Vous avez obtenu beaucoup d'influence auprès du peuple. Et votre parti a de nombreux défenseurs à travers l'ensemble des tours. Mais ça ne vous donne en rien le droit de tout faire. La colonne vertébrale est ce qui fait l'unité du corps. Elle est le récepteur le plus direct du cerveau, ce qui commande au corps.
- Nous avons pu conserver l'esprit Midraël. Les modifications apportées au cerveau soignent déjà l'Alzheimer et les troubles du comportement. Il n'y a eu une qu'un seul rejet jamais enregistré. Il a été démontré que c'était un cas irrécupérable. Un cerveau artificiel c'est la fin des inquiétudes pour les accidents vasculaire cérébral et des dernières maladies congénitales.
- As-tu demandé une réunion. Midraël ne put s'expliquer les raisons de ce tutoiement soudain.
- Je l'ai fait, répondit le docteur.
- Alors sache que je serai présent, que j'accepterais la greffe de colonne et du cerveau dans les cas les plus extrêmes. Mais je demanderai une interdiction en ce qui concerne le changement complet de son corps."
Midraël partit sur ses mots et monta un étage plus haut, retrouver le père Assan. L'amiral de l'A.T.U lui laissa ses écrits, et le vit taper à sa porte six jours plus tard, enchanté de ce qu'il avait lu. Six jours plus tard. A la suite de la réunion demandée par le docteur, la greffe intégrale fut interdite. Mais l'esprit de Midraël fut occupé à autre chose. Le père Assan l'avait convoqué. Midraël le trouva allongé sur son lit, regardant par la fenêtre.
" Quelque chose ne va pas mon père ?
- Je me sens un peu fatigué à vrai dire, répondit-il avec un sourire. J'ai quelque chose à te demander. Mon cher Midraël
- Bien sûr. Ce que vous voulez. Répondit-il avec toute la sincérité que contenait son âme.
- Les conflits sont de plus en plus fréquents entre les habitants de la tour. A propos de changer son corps ou non. Toi, tu es un croyant qui a des greffes. N'est-ce pas ?
- J'ai la foi, oui.
- Alors, je ne dis pas qu'il va arriver quelque chose. Mais si jamais, il arrive quelque chose. Je voudrais, que tu prennes soin de la paroisse. Un homme tel que toi réconcilierais les deux camps.
- Vous entendre parler ainsi, et vous voir allongé. Vous m'inquiétez grandement mon pére.
- N'aie crainte Midraël. J'ai lu ton livre. J'ai vu la grandeur de ta foi, c'est pour cela que je te le demande. Je pense que c'est ton chemin. Dis-moi juste oui et nous parlerons d'autre chose.
- Je veux bien vous le promettre. Mais pourquoi maintenant ?
- Qui sait ? C'est sûrement la fatigue. Alors dis-moi, as-tu écris autre chose ?
- J'ai commencé un recueil sur ma famille..."
Le père Assan mourut de vieillesse dans la nuit. Son départ brisa le cœur de Midraël. Néanmoins, il tint sa promesse. Il choisit d'abandonner son poste de directeur pour se consacrer à l'église et à la prière. Les autres prêtes avaient été mis au courant des idées du père Assan. Ils attendaient Midraël, une soutane pliée tendue vers lui.
Deux mois plus tard Chad Kung l'assistant de Midraël fut nommé directeur. Les voix du peuple allaient au docteur Eric Kemder. Mais celui-ci refusa le rôle, afin de ne pas alimenter encore plus les conflits religieux grandissant dans la tour.
Pendant quatre ans Midraël pria et écrivit, laissant lire ses ouvrages à qui voulait. Le recueil sur sa famille faisait déjà la taille de son livre dédié à Dieu. Mais celui ci n'était pas encore finit. Cependant il touchait à sa fin.
Un événement survenu deux ans plus tôt l'avait poussé à commencer un troisième livre en parallèle. un recueil de textes concernant la paix. Le 23 mars de la huitième année de la dérive, il prenait tranquillement un café avec son ami Risco, lorsque tout à coup, le dortoir d'en face explosa. Les débris volèrent jusque dans la pièce où ils se trouvaient. Ils s'étaient levés tous les deux. Accompagnés d'autres personnes, afin d'aller aider ceux qui avaient été pris dans l'explosion. L'intérieur de la pièce était désolé. On ne retrouva pas une seule personne encore en vie ce jour-là. On dénombra vingt-neuf morts. En rentrant choqué dans ces appartements après ça. Midraël écrivit les lignes suivantes.
" La guerre est inscrite dans l'âme humaine autant que la facilité. Un cœur ne peut être libre et ouvert si l'esprit est enfermé dans des cases. Nous devons trouver la bonne voix mes amis, nous devons trouver la paix."
Quoiqu'il en soit le 4 juillet de la dixième année de ce qui avait officiellement pris le nom de; " l'air de la dérive". Midraël écrivait à la main son avant-dernier poème à sa femme et à sa fille.
"Je ne sais à combien de kilomètres vous êtes. Je ne sais combien je vous aime. Je ne peux rien compter moi-même. Je sais que mon amour est plus grand. Mais je ne peux pas entendre ce que vous me dites. Je ne peux pas entendre ce que vos doux regards veulent me dire. Vous me manquez tant, votre absence m'est insupportable. J'endurerais les tourments de mille dieux si cela me donnait ne serait-ce qu'une seule journée près de vous. J'aimerais sentir ton souffle Leïla, j'aimerais serrer Melinda dans mes bras. Vous êtes mon passé, mes pensées du présent, et je ne vois mon avenir qu'à vos côtés..."
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Pst ! Stp...
" Pas mal.
- J'avais commandé un double expresso, ce goût sonne comme n'importe quel café.
- Ho ! Mon bus, je te laisse, à demain.
- Plus."
Je ne te connais pas vraiment collègue. Bon, dix minutes et je peux rentrer chez moi. Y en a marre d'attendre. J'ai encore un peu de travail à rattraper, j' espère que Cherry a pu préparer a manger. Je me ferai cuir des nouilles vite fait, si ce n'est pas le cas. Elle est probablement devant Tpmp et les enfants doivent déjà dormir. Aucun message sur mon portable, c'est tant mieux. Je m'égare, je ne dois pas perdre les chiffres que j'ai en tête. Pour monsieur Marcel...
" Vous auriez une cigarette ? "
Personne en face, à droite, à gauche, quoi ça viendrait du pigeon ? Il insiste en me regardant.
" Une garo, nan ?
- ... '
" Kong ! "
La plaque d'égout ?
" Arrêtes de chercher midi à quatorze heure une minute et prends une seconde pour bien regarder. "
Peut-être que je dois encore changer de lunettes, j'ai dû mal les frotter. Personne d'autre que moi sous cet abri bus , aucune fenêtre ouverte dans l'immeuble d'en face, je me lève.
" J'y crois pas, il ne trouve vraiment pas. Je suis ton créateur, je suis l'être au delà de l'ombre et de la lumière, celui n'a ni temps ni origine. Soufflant l'âme de ta Terre-mère, j'aspirerai la tienne dans le froid d'espaces infinis. "
Regarder à droite, à gauche, à l'intérieur de soi et n'y voir qu'un désert.
" C'est quoi cette tête ? T'as vraiment cru ce délire. Trop commun."
Un type en capuche planqué dans le coin de l'arrêt d'à côté, j'ai pas l'air fin. S'il avait laissé ses pieds dépasser au lieu de se coller au mur pour me parler je l'aurai vu : " Tiens, la voilà ta..."
Une capuche vide, une personne sans corps, vient de m'attirer à elle...
" Qu...
- Juste un produit comme un autre."
Il allume et fume tête baissée, que veut-il cacher dans cette absence de forme ? Je ne l'ai même pas senti me la prendre.
" Alors, tu veux regarder oui ou non?"
De quoi il parle ? Et merde, de où ça parle ? J'ai vraiment besoin de dormir. Oh ! Mais il m'a soufflé dessus le machin ! Attend, ce n'est pas l'odeur que je connais. Voilà, encore quelque chose, où est-il passé ?
" Rou-rou !
- Qui êtes-vous ?
- Regarde. Touche. Hihihi. "
Ce n'est définitivement pas le pigeon. Se déplacer aussi vite, c'est encore moins normal que de parler sans avoir de tête. Cela reste néanmoins plus acceptable qu'un décor théâtrale tout droit sortie d'une scène de Belphégor, auquel il faut maintenant faire face, sans explication.
" Où suis-je?
- Tu étais fatigué d'attendre non ? Voilà bien un lieu dédié à l'action et au jeu, n'est-il pas ?
Derrière les rideaux, il va voir si je ne lui botte pas les fesses et au trot qui plus ait.
" Vous... Je dois rentrer chez moi. "
Je l'attrape dès que j'ouvre le rideau. Et, un, deux, tr... L'océan ? Non ! Il est debout sur l'eau et voilà que je coule. Drôle de fin, je n'y aurai pas cru si on me l'avais dis, quelle sensation désagréable.
" Rou-rou "
Quoi ?
" Croâ ! "
Quel beaux corps, que cette réfraction de la lumière sur ce vol que reflète le calme de l'océan. Les choses perdent déjà leur sens, c'est dingue. Un corbeau blanc, pourquoi cette dernière vision ? C'est ce que je suis devenu ? Ce n'est clairement pas sa place. Aïe, satané corail, tu aurais pu te placer ailleurs que derrière mon crâne. Je tombe dans la vapes, je n'assisterai même pas à ma propre mort, quelle plaie ! Je fus le pigeon, je pars comme le corbeau.
" Qu'est-ce qu'il y a ? Elle ne t'intéresse plus ta maison tout coup ? "
Cherry ! Elle est en train de coucher les enfants. Depuis combien de temps, je suis perdu cause de lui. Qu'est-ce qui est en train de se passer ? Plus d'océan, plus d'arrêt de bus, ce trottoir devant chez moi qui n'a même plus les couleurs habituelles, mon dieu... Où est encore passé cette chose ?
" Haa... La curiosité humaine. "
Encore cette apparition impossible.
" Pourquoi ? Pourquoi ? Que me veux-tu ? "
Il ne parle plus, il avait l'air particulièrement bavard pourtant. Je n'avais jamais crié aussi fort.
" Ta famille. Était-ce vraiment ton choix, ou simplement la peur qui t'a fait entrer dans ce train-train tout ce qu'il ya de plus banal ? Arrives-tu encore à te retrouver ?
- Je vais retrouver la famille que la vie m'a donner. Ramènes-moi où tu m'as trouvé. "
Il ne me répond plus ...
" Dis-moi quand même qui tu es, avant qu'on s'en aille.
- Lorsque tu te cherchais et que tu voulais ressembler à quelqu'un d'autre. Je peux être cet amas de clichés dans lequel on tombe un moment où un autre, ce gouffre abyssale qui dévore de vrais personnalités. Je peux être cette impétuosité que tu as perdu à force de sacrifice. Suis-je sans nom ? Suis-je sans vie ? Je suis là à chaque âge, pour tout changer. Alors, qui suis-je ?
- Curieux... "
Cet arbre aussi n'a jamais été dans mon jardin, quel goût peut avoir ce fruit orangé ? Ah! c'est acide, trop acide. Quel inconscient, J'ai compris le manège, j'ouvrirai les yeux et tout aura encore changé.
" N'ouvre pas. "
Pile ce qu'il ne fallait pas dire.
" Je t'ai eu."
Un chenil, Où cela me mène-t-il ? Une hallucination depuis le début ? Si c'est le cas, réparons cet esprit avec toutes ces symboliques.
" C'était une forme de leçon très certainement, mais ne t'emballes pas. Commence par faire ton choix."
L'impossible me parle. J'étais le pigeon, j'ai accompagné le corbeau vers sa fin. Il me parle de mes relations familiales et il me montre ce chien. Les yeux de cet animal sont si intriguant.
" On va chez toi ? "
Pas de regard cette fois.
" Je prends le chien, je rentre à pied. Adieu."
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...Stender vagabondait dans les couloirs, ne faisant même pas attention aux gens qui l'applaudissaient sur son passage. Il tourna dans un angle pour se retrouver dans un couloir désert. Malheureusement pour lui désert pour peu de temps, car il y croisa une jeune fille qui ressemblait en tout point à celle qu'on lui avait promise. Mais elle n'était pas habillée en tenue de mariage. Elle était habillée comme celle qu'il venait de gifler quelques instants plus tôt. Elle venait vers lui. Avait-elle quelque chose à lui dire ? Il demanda quand même :
" Es-tu Alissa ?
- Non mon nom est Eldra. Dit-elle froidement.
- Tiens dont. Mon autre future belle-sœur.
- Elle-même. J'ai vu ce que tu as fait à Shamima. Répondit-elle sans faire apparaître quoi que ce soit dans sa voix.
- As-tu quelque chose à me dire Eldra ? Lança le fils Oudouaïr après un instant de silence immobile.
- Alissa ne veut pas t'épouser.
Stender en rigola : Et ? Ton père me l'a déjà dit et ne semble pas s'en faire pour ça.
- Je sais bien que cette nouvelle n'affecte pas ton cœur de pierre. Mais sache qu'elle ne t'aimera jamais. Tu ne l'auras jamais auprès de tes désirs perfides. Et cette situation se retournera contre toi. Je suis, celle qui t'en fait la promesse."
Stender la regarda partir en haussant les épaules et en ricanant. Dans les couloirs, les foules continuaient à crier leur joie du mariage de Stender et Alissa." Ils auront beaucoup d'enfants ! Ils resteront toute leur vie ensemble ! Le mariage, c'est devenu si rare, s’en est si beau." Puis une fois dans un couloir sombre l'ombre d'Eldra entra quelque part et disparut.
Shamima était dans la salle de réunion, avec son père, sa mère, et Stender. Quelqu'un écoutait à la porte. Le père vociférait de colère.
"Je t'assure que si Shamima ! Alissa épousera Stender. Et elle apprendra à l'aimer. Il est pourtant clair que cette question est réglée. Où est-elle maintenant ?
- Mais père. C'est un homme violent ! Il m'a frappé sans raison. Les traces de sa force sont encore visibles.
- Mais je m'en contrefous de cette claque Shamima. Tu vas me dire où est ta sœur !"
La porte s'ouvrit soudain. Le bas d'une robe de mariée faisant ses prémices dans la salle. Une jeune fille enjouée et prête à mariée apparut face à tous.
" Ça y est ! Je suis prête. Nous allons pouvoir unir nos maisons. Où est-il ? Où est l'homme de ma vie ? Celui dont le destin m'a confié le bonheur. Ho, c'est toi ! Stender ! Elle s'approcha de lui pour lui prendre les mains. Je t'aurais reconnu entre mille. Elle lui fit un baiser sur la joue.
- Eh bien voilà ! Clama le père. Comme il était prévu. Descendons tout de suite procéder à l'union officielle.
- Très bien père ! Pourrais-je d'abord m'entretenir avec ma sœur ?
- Permission accordée. Le fait que vous ayez enfin entendu raison me comble de joie et d'un tel sentiment de bonté. Alissa. Ma petite perle brillera plus que jamais ce soir. Dit-il avec un rire imbibé d'une odeur de Scotch."
Monsieur Beethoven entraîna Stender et sa femme dehors. Il ne resta que Shamima et la jeune fille en robe de mariée dans la pièce.
- "Tu les as peut-être tous dupés. Mais tu ne m'as pas dupé moi. Une fleur ne peut mentir à une autre, Eldra.
- Je me doutais bien que tu me reconnaîtrais. C'est d'ailleurs pour ça, que j'ai fait la demande de rester seul avec toi.
- Pourquoi Eldra ? Pourquoi tout cela ? Quelles idées tordues te poussent à revêtir cette robe, sur ce qui n'est que le masque d'Alissa.
- Car j'ai compris.
-Compris ? Répéta Shamima étonnée.
- Oui, j'ai compris, et je te demande de me faire confiance.
- Non Eldra! Je refuse de te laisser quitter cette pièce avec ma confiance, tant que tu ne m'auras pas tout expliqué
- Le pourquoi de cette union Shamima! Juste le pourquoi. J’ignore si j'avance sur le fil de la mégalomanie ou de la sagesse. Mais je sais que cette union apportera le pouvoir à nos maisons. Et je saurais quoi faire de ce pouvoir. Je saurais maintenir la paix sur des générations a venir. Je saurais le faire ma sœur.
- Je ne peux te suivre Eldra. Ainsi énoncé, tu m'inquiètes bien plus que tu ne me rassures.
- Je prendrai la place d'Alissa. J'épouserais Oudouaïr et je partirai vers le sud demain matin avec le livre. Je saurai dompter la hyène en Stender, cet homme est stupide. Et ainsi, Alissa pourra vivre son amour.
- Non Eldra! Je ne peux ni ne veux te laisser faire cela. Si je refuse qu'Alissa épouse Stender, je ne peux pas permettre que ce soit toi qui le fasses.
- La promesse doit être tenue Shamima. Fais-moi confiance je le fais avec gaïeté, et consciencieusement.
Après un de ces rares sourires brillants et rassurants d'Eldra, Shamima fondit en larmes pour demander: Et que feras-tu s'il te frappe ?
- Ne t'inquiète pas ma sœur. Tu connais ma brillance d'esprit. Je saurai le manipuler. J'aurai le pouvoir, il ne me frappera pas. Je ne peux même pas imaginer le plaisir que j'aurai à troubler l'esprit de cet homme en chaque instant. A partir de maintenant, appelle moi Alissa.
Shamima regarda alors la nouvelle Alissa sans savoir quoi répondre.
Vahar, une jambe sur le balcon, l'autre dans le vide, aidait Alissa à passer par-delà l'obstacle. La jeune mariée se précipita pour réunir ses affaires dans une valise. Soudain la poignée de la porte se secoua. Alissa fit signe à Vahar de se cacher et alla déverrouiller la porte. Shamima entra en trombe dans la pièce en prenant Alissa par les épaules. Un regard affolé, elle bégaya avant de parler clairement.
"Aliss... Alissa.
- Qui a-t-il ma sœur ? Pourquoi sembles-tu tellement affolée ?
- Ho, dieu merci, tu n'es finalement pas partie.
- Alors, tu m'as vu partir ?
- Oui, et peut-être n'aurais-tu pas dû revenir ma sœur.
- Que se passe-t-il ? Dis-le-moi. Mais dis-le-moi vite. Tu m'as vu partir et revenir, mais cette fois, je pars sans retour ma douce. Vahar ! Vahar ! Alla-t-elle chuchoter près de la fenêtre."
L'adolescent se glissa dans la lumière et fit la révérence à Shamima. Celle-ci lui rendit sa révérence et alla saisir la main de sa sœur, pour lui dire:
" Eldra a décidé de te remplacer lors du mariage. Demain matin, elle partira avec Stender. La bible de la Machine dans ses affaires."
Alissa resta un instant béate. Elle observa Shamima et Vahar.
- Ma sœur, va la retrouver et dis lui de reprendre sa place immédiatement. Je vais descendre me marier avec Stender."
Shamima courut vers le couloir. Alissa resta un instant avec Vahar, la main dans la main, les yeux dans les yeux. Le regard de Vahar la suppliait de rester. Celui d'Alissa suppliait pour le pardon. Elle lâcha sa main et se dirigea vers la porte.
Mais la porte s'ouvrit de nouveau à la volée. Vahar se cacha immédiatement. L'homme qui venait d'entrer était Stender Oudouaïr lui-même.
: Eh bien ! Vous en avez mis du temps pour bavasser avec votre sœur. Était-ce vraiment nécessaire de changer d'apparat pour si peu de temps? Nous sommes tous prêt, et nous vous attendons.
- Serait-il possible d'annuler nos fiançailles maintenant, je vous fais cette demande face à face, en espérant de tout mon cœur que vous direz oui."
Stender la regarda un instant puis rigola : Non. Dire non, ne vous sera jamais possible ma chère. Vous avez été absente pendant toutes les festivités. Vous avez été heureuse, puis vous revenez sur vos dires. Arrêtez vos bêtises et rejoignez nous maintenant. Il aurait pu partir ainsi, mais il choisit de s'acharner. Sachez, Alissa, que tout ce qu'on raconte sur l'amour n'est que futilités, de faux rêves que la société se plaît à divulguer, les mots surfaits de poètes dont les vices ont du mal à se combler, des idées vagabondes et perdues d'êtres incomplets. Les gens aiment se torturer à s'en abuser. Mais ma chère, voici la vérité que j'ai apprise des hommes. Il la saisit violemment par le poignet pour continuer : Nous aimons nous mentir. Nous sommes des bêtes, des démons qui se croient beaux. Il n'y a pas d'amour. Ce sentiment qu'on se persuade de ressentir. Il est faible Alissa, faible et éphémère comme une rose, une rose dont on arracherait les pétales pour les broyer entre nos doigts sans s'en rendre compte.
- Les humains ont leurs défauts, mais une de leur grande qualité est justement de pouvoir aimer. Et vous savez quelle est l'autre qualité qui vêtit aussi bien l'homme que l'amour ?
- Je vous en prie, apprenez-moi. Dit Stender en attrapant le menton de la douce Alissa
- Il s'agit de la haine. Celle qui me permet de vous haïr comme je vous hais en cet instant.
- Stender en rigola et la regarda en face, le démon dans les yeux. Eh bien, vois ! Vois comme l'amour et la haine humaine sont faibles, brisés par la férocité et la gourmandise animale de l'homme. Regarde comme de grands intérêts les piétinent avec facilité et amusement, comme ils dansent joyeusement sur leurs corps dépouillés, en scandant les chants des heures de gloire. Vois ! Sur ces mots il lui tira le poignet, lui attrapa l'épaule et l'emmena. La tirant de force dans une marche il lança : Le pouvoir total sera mien, quoi qu'il en coûte ! "
Alissa regarda en arrière pour voir Vahar s'approcher, une épée effilée dans sa main. Mais elle l'arrêta d'un geste de la main, et d'un regard suppliant. Lorsque Stender tourna la tête pour voir ce qui se passait, Vahar avait déjà disparu.
Le mariage avait lieu, dans la grande tente d'Elidre, là où les premiers hommes s'étaient installés au nord, devenue principal lieu historique et spirituel de la ville. Alissa était debout, à gauche de Stender, devant un hôtel où se tenaient monsieur Beethoven et monsieur Oudouaïr, le portrait craché de son fils, mais avec des cheveux grisonnants et rares. C'était d'ailleurs lui qui parlait.
- Monsieur Oudouaïr Stender, consentez-vous à prendre Mademoiselle Beethoven Alissa pour épouse ?
- Oui, je le veux, dit Stender sans émotion, empressé que les formalités se terminent.
- Mademoiselle Beethoven Alissa, voulez-vous prendre monsieur Oudouaïr Stender à vos côtés pour le restant de vos jours.
Alissa aurait voulu répondre non un instant. Ici et maintenant. Devant tous les appareils à lentilles, voletant dans tous les sens. Mais Stender lui broya la main sans hésiter une seconde. Alissa se mit à verser des larmes mais répondit : Oui"
-Ainsi, reprit le père. Devant le monde entier, je déclare unis par les liens sacrés du mariage. Stender Oudouaïr et Alissa Beethoven, mari et femme."
Un nombre de cliquetis indéfinissable se fit entendre dans la vaste pièce. Stender se retourna face à la foule de gens présents, entraînant Alissa avec lui. Lorsqu'ils furent tous les deux, droits face aux caméras. Alissa se reprit et sécha la fine rivière qui courait le long de sa joue. Monsieur Beethoven souleva une couronne au-dessus de la tête de sa fille. Monsieur Oudouaïr en fit de même pour son fils. La couronne au bandeaux d'or collait parfaitement au tour de tête de chacun. Trois bandelettes creusées dans des sillons, séparées l'une de l'autre, liées par de petits nuages faits d'or eux aussi. L'une représentait une rangée de fleurs, parmi lesquelles une seule fleur avait une épine. L'autre représentait une rangée de câbles dont une seule fleur dépassée. La dernière, une ligne de dragons prosternés devant les hommes. Au centre des bandeaux, un rubis sur lequel avait été gravée une lettre d'or. Non plus les traditionnels SOM et MBM habituels, mais un simple et large M, tel le motif d'une maison d'un or accueillant, sur un rouge chaleureux. De simples pièces de toile sur des bois ovales et hauts dépassaient des côtés droits et gauches des couronnes. Le haut du couvre-chef était d'argent. Des pointes, comme celles d'oursins. Brillantes et incrustées de toutes petites pierres précieuses. Les pères posèrent les couronnes en même temps en prononçant :
"- Et maintenant, nous vous proclamons solenellement, Les grands archevêques de l'Aldalam."
Vahar était resté longtemps sur le balcon après qu'Alissa soit partie. Dans ses pensées. Sans savoir que faire, sans savoir où aller. Il entendit soudain que l'on appelait son nom dehors. Il se cacha par réflexe.
" Vahar, c'est moi Damor. Viens vite si tu es là. Vahar !
Vahar sortit de sa cachette pour descendre s'approcher du bosquet d'où venait la voix. Il porta la main à son pommeau en avançant doucement:
-Je suis là Damor. Es-tu seul ?
- Oui. Bien sûr que je suis seul, bougre d'âne. Viens, j'ai une nouvelle de la plus haute importance à propos de mademoiselle Beethoven."
Vahar courut écarter les buissons pour entendre ce que Damor savait.
"Et bien ! Tu as accouru bien vite à son nom.
- Parle, qui a-t-il ?
- J'ai entendu parler le nouveau bras droit de Stender. Je pensais que cette information devait te parvenir. Toi qui es venu de si loin pour cette fille. En tant qu'ami, je te la dois.
- Cesse de tourner... Damor agrippa Vahar par le col et le coupa net.
-Écoute moi bien. Tu dois aller sauver cette fille maintenant. Stender n'est là que pour le livre.
-le livre ?
- Toutes ces histoires de couronnement contées par son père lui sont montées à la tête. Il ne veut que le livre et le pouvoir. Alors maintenant pars, soit le héros avant qu'il ne soit trop tard. Je dois partir tout de suite, ou l'on remarquera mon absence au camp. Il relâcha Vahar qui partit aussitôt remonter dans les appartements d'Alissa. Damor le regarda partir en criant :
J'ai foi en toi, mon ami. Je te crois, ton amour est vrai. Je sens le vent des ailes de cupidon qui te pousse. Il frôle mes joues d'ici. Va et sauve la Vahar. Puis lorsque le jeune guerrier eut disparu Damor dit à voix haute : Que dieu permette à l'esprit de Deïdam le grand épéiste de te prêter sa force mon ami." Puis il partit en regardant une dernière fois derrière lui.
Alissa avançait gracieusement parmi la foule. Sa robe agrippait les yeux de tous les créateurs de l'Aldalam. Son corps inspirait tous les peintres et son visage captivait tous les convives. Des fils attachés à sa ceinture de toile, soutenaient une pièce de soie qui cachait son buste et ses épaulettes, rejoignant son dos en une bande de tissu blanche qui se collait à sa peau. Les yeux des hommes ne manquèrent pas de s'attarder sur chaque centimètre de peau dévoilé. Sa main était posée dans celle de Stender. Néanmoins, le fils Oudouaïr pinçait la peau délicate d'Alissa de son pouce rugueux.
Eldra et Shamima observaient la scène sans pouvoir faire quoi que ce soit. Quand soudain une porte coulissante se brisa à l'arrière. Vahar faisait intrusion.
"Alissa, cria-t-il!"
Mais malheureusement pour lui, ce fut Stender qui vint furieusement vers lui. Alissa tenta de bouger mais son père la retint sèchement par l'épaule.
- Toi ! Vahar ! Sale déserteur ! C'était donc là que tu dissimulais ta minable petite carcasse. Ingrat que tu es.
Vahar dégaina son épée et la pointa vers Stender. Toi, tu es lâche et fourbe. J'ai eu vent de tes plans.
Stender dégaina à son tour et commença à tourner avec Vahar : Voyez-vous ça ! Le traître parmi les traîtres. En garde ! Et il lança son premier coup en piquant vers le ventre de Vahar. Après moult virevoltes, parades et risques partagés, Vahar sortit vainqueur, Stender assommé sur le sol. Monsieur Beethoven et monsieur Oudouaïr ne l'entendirent pas de cette oreille et allèrent dégainer à leur tour face à Vahar.
" Arrêtez ! Cessez cette violence ! Ne savez-vous donc pas dire non, même à l'appel du sang ? Arrêtez ! Criait Alissa."
Les deux patriarches ne firent pas long feu avant d'être blessés au bras et de lâcher leur épée. Énervé, monsieur Oudouaïr cria : Attrapez-le ! Tuez-le ! "
Vahar cria à Alissa : Rejoins moi tout de suite, tu sais où. Je t'attendrais le temps qu'il faut. "
Eldra saisit soudain le bras de ses sœurs et les emporta dans une pièce isolée.
"Vous avez vu comme moi. Pars avec lui Alissa.
Shamima s'avança, hésita puis dit : Elle a raison, tu dois partir ma sœur.
- Et toi Eldra ? Demanda Alissa.
- Je vous en prie faites moi confiance. "
Les trois sœurs se serrèrent dans leur bras en signe d'au revoir. Un dernier moment dans leur bulle, dans leur endroit, l'enclos de leurs sentiments qui n'appartenait qu'à elles.
- Bien maintenant échangeons nos vêtements. Shamima t'aidera à partir.
Et ainsi Alissa rejoignit Vahar sur son balcon et tout deux s'enfuirent au loin. Elle répondit sans mentir lorsque son aimé lui demanda si elle était sûre de son choix. Et avec les yeux humides, elle partit en pensant à ses sœurs. Serrant la main de Vahar dans la sienne.
Eldra sortit de la pièce habillée telle Alissa et joua son rôle à la perfection. Elle alla vers Stender et lui reprit la main pour s'éloigner. Le lendemain, elle était sur la route vers le sud.
Stender parlait à ses deux gardes du corps à voix basse tandis que la nouvelle Alissa marchait au-devant des troupes. Ils étaient dans une des forêts tropicales des grandes péninsules. Tous les hommes marchaient fièrement derrière la jeune fille. Tous sous son charme, prêts à empaler de leur lance quiconque lui voudrait du mal.
" Je n'aime pas cette femme. Depuis notre départ, elle me manipule et obtient tout ce qu'elle désire. J'ai même fini tout habillé, le soir de mon mariage ! Vous vous rendez compte de la position dans laquelle je suis ? Regardez-moi à marcher à l'arrière, et elle à l'avant. Amonko ! De toute cette sorcellerie dgeïko que tu as appris. N'y à t-il rien pour rendre cette fille servile à ma volonté. Fais-la donc oublier un peu son intelligence permanente. Cela la rend trop arrogante à mon goût.
- Je sais ce qu'il vous faut. Je pourrais m'y employer immédiatement. Mais est-ce vraiment nécessaire si notre plan est de la tuer.
- Oui Amonko, nous la tuerons. Car cette femme machiavélique le mérite bien. Elle qui m’efface de mes propres troupes.
- Alors qu'il en soit ainsi."
L'homme en capuche blanche s'approcha alors plus près d'Alissa. Il marmonna et siffla avec sa langue. Avant de souffler sur des parchemins en direction de la jeune fille. En une seconde, la tête d'Eldra se vida. Elle ne savait plus où elle était ni ce qu'elle devait faire. Ni si elle devait faire quelque chose d'ailleurs. Elle se rappela à peine de son nom.
Pendant quelques jours, Shamima joua sur trois tableaux différents face au personnel et à ses parents. Prenant parfois l'attitude d'Alissa, parfois celle d'Eldra. Parfois la sienne, confondant sa propre personne avec un rôle fictif par moment. Elle se trahit un jour. Mais qui aurait eu les nerfs assez solides pour ne pas le faire ? Dans un premier temps, les parents Beethoven et Oudouaïr ne surent quoi faire. Alors qu'elle se promenait en haut de la tour de bois, la jeune fille aperçut au loin, tout ce peuple étrange venir vers eux. Ce n'était ni des humains, ni des dgeïkos, c'était autre chose. Une nouvelle espèce jamais répertoriée. Ils avaient une morphologie humaine. Mais leur peau était si pâle, presque bleutée. Leurs habits, et leurs équipements esthétiquement comme techniquement différents de ceux des hommes. Shamima fut l'une des premières témoins des premiers contacts entre les humains, et un peuple qui se donnait le nom d'Amoes.
" Tu vois Amonko, n'est-ce pas plus facile ainsi ? Avance encore femme. "
Stender et ses gardes du corps conduisaient Eldra dans une clairière déserte. La jeune fille suivait les ordres sans parler, sans aucune résistance.
Des marches naturelles menaient à un cercle de fleurs blanches. Encerclées par des tiges aux duvets longs, telles des fleurs de cannes. Lorsqu' Eldra en eut atteint le centre, Stender cria :" Retournes-toi maintenant."
Eldra obéit d'un seul mouvement, lent et sans volonté.
-Maintenant jette-moi le livre que ton aïeul à écrit au temps de la dérive. Remets-moi, la Bible de la Machine.
Dans ces mêmes gestes sans énergie, la jeune fille prit le livre de son sac et le jeta à celui qui le demandait.
- Merci à toi Alissa. Décidément, tu es si belle, mais trop dangereuse. Quel dommage !"
Stender attrapa une dague sur la ceinture de son garde du corps et vint la planter dans le ventre de la jeune fille. Soudain, sous la sensation de la lame froide dans son corps, et du sang chaud qui s'en échappait, Eldra reprit ses esprits. Elle recula, regarda la lame dans son ventre. Puis elle leva la tête vers son assassin, observa le livre dans la main malsaine et sanglante puis annonça:
" Toi, Stender Oudouaïr. Toi qui es la vanité et la bêtise de l'homme incarnées. Sache que ce n'est pas Alissa que tu viens de tuer. Alissa est loin ! Elle est loin de toi et de ta cruauté. Je te l'avais dit que tu ne l'aurais jamais. Eldra tomba à genoux.
- Alors, tu es donc, Eldra ? Celle qui m'avait tenu cet étrange discours dans les couloirs.
- Oui. C'est moi, Eldra. Et aujourd'hui je meurs. Je meurs à cause de la soif de pouvoir d'un homme. Ah ! Mais ne voyez donc vous pas ? Que c'est cette soif et cette avidité, qui ont toujours détruit les hommes, sont le berceau des maux qui les rongent. Maudit sois tu ! Toi et tous ceux de ton espèce. Des diables à qui l'on a offert la pensée. Mécréants qui ont osé voler la chance. Impertinents effrontés aux désirs plus noirs et plus sales que la gueule abyssale du Léviathan. Quel nom de gueux pourrait décrire dans quelle boue trempe ton nom ? Le sang que tu as sur les mains est plus rouge et plus épais que l'huile. C'est la crasse morale imprégnée sur la peau des tyrans. Jamais tu ne pourras les laver. Tu es perdu Stender ! La jeune fille plia sous la douleur. Dans un souffle elle reprit : Ton âme même habite déjà l'enfer. Par ta faute, c'est mon tour de rejoindre le royaume des morts, elle prit une respiration douloureuse, mais sache que je le rejoins avec joie fils du mal. Je quitte cet enfer rempli de déchets en ton genre. Je pars du monde des goules pour rejoindre la lumière. Voilà donc le véritable visage de la mort, sa vraie justice pour ceux qui la goûtent. Être pour toujours, loin de l'inhumanité des hommes et de la cruauté de sa nature. Je te crache dessus, homme au cœur plus sec et plus fin que les feuilles mortes. " Expulser la haine de son âme, étrangement, avait réveillé le corps d'Eldra. Elle le sentait de nouveau sous son contrôle. La jeune fille avait eu l'intelligence d'emporter une lame avec elle avant de partir. L'objet au pommeau de marbres et d'or et à la lame courte et affûtée, serait l'instrument de la mort du fils de la maison Oudouaïr.
Stender était fier de lui. Les deux livres entre ses mains, il rigolait et rigolait sans s'arrêter tandis qu'Eldra tombait lentement au sol en s'accrochant aux vêtements de l'homme. Il ne vit pas la pointe entrer lentement et profondément dans son foie. Mais il sentit la douleur soulevée par son dernier élan de rire. Une lame froide provoquait une douleur aiguë et lancinante dans son ventre. Il se sentit soudain vidé et s'écria avant la fin : Ha ! Maudite maison Beethoven ! Perfides maisons au sang de traître qui se sont affublés de nom. Voilà là où mènent leur stupidité et leur soif de pouvoir. Voilà où cela mène de vouloir glorifier un nom. Ce sont toutes ces gloires romanesques qui nous ont poussés à être les vampires que nous sommes. Ces noms ont fait enraciner cette gourmandise insatiable dans les cœurs de nos familles, pour me donner soif de pouvoir à mon tour. Il tomba sur un genou. Ah ! Cria-t-il en arrachant la dague de son ventre. Que je meurs ! Cria-t-il, en pliant l'autre genou. Dressant fièrement son torse, sa plaie, ouverte aux yeux du ciel. Que ma lignée s'arrête avec moi. Qu'Eldra meurt ! Que nos familles meurent toutes les deux. Il plia l'échine, mais releva la tête, la douleur peignant un rictus sur son visage amer. Que les rois meurent tous. Dit-il solennellement les yeux et les poings fermés. Avec toute la force et la sagesse que contenait encore son corps à cet instant. Il adressa ensuite une dernière seconde d'attention au ciel, puis baissa les yeux sur le corps étendu de celle qu'il pensait être Alissa, sans vie.
Les hommes de Stender restaient seuls face aux morts. Amonko récupéra les livres et retourna sur ses pas. Ils voulurent repartir sans plus de détails, mais furent interrompus par une troupe d'hommes sortis de nulle part. Lorsqu'ils les menacèrent d'armes et de magies, un grand lion sortit d'entre les bois. Habillé d'un pagne, il se tenait debout et marcha sur deux pattes, entre les hommes, pour aller face au sorcier. D'une patte, il décapita l'homme et récupéra les livres. Un court combat s'ensuivit entre le garde du corps et les individus inconnus. Dépassés en nombre, Amonko et son ami furent tués et enterrés ici même. Les hommes suivirent le lion qui repartait, les livres et les couronnes entre ses mains.
Vahar et Alissa chevauchaient en compagnie de soldats en étrange armure. L'écusson doré d'un aigle, le bec enfoncé dans la gorge d'un dragon, sur le dos du meneur. L'homme à côté d'eux leur parlait.
- Nous avons tout vu des manigances de ces hommes perfides. Un couronnement. Comme si on ne savait pas où ils voulaient en venir. Nous réunissons des hommes pour former un groupe. Nous refusons que tant de pouvoirs soient dans les mains d'une seule et même maison. Nous sommes les descendants des hommes de la Veille. Et nous formons le parti du grand ordre. "
Alissa regarda derrière elle et se blottit dans les bras de Vahar.
- Je me souviens de toi Vahar, je me souviens du moment où tu as obtenu cette cicatrice. Je te remercie de m'avoir sauvé encore une fois.
- Ne regarde pas derrière, nous sommes partis maintenant.
- Alors, notre amour vivra ?
-Il vivra.
Les nouvelles, des morts de Stender et de sa fiancée avaient fait le tour du monde. Les parents de Shamima avaient changé après cela. Toutes les chaînes d'information ne parlaient que de ça. De cela et de cet étrange peuple qui avait fait son apparition il y a peu. Toutes sortes d'opinions et de théories apparaissaient au sujet des amoes. Les réseaux d'images étaient recouverts de leurs photos et de leur culture. On faisait aussi mention de milices indépendantes, pillant et attaquant à tous les coins des groupements. On surnomma ces gens; les pirates. Le père de Shamima, était devenu encore plus mauvais après tous ces événements. Mais sa haine, il la déversa sur le père de Stender, qu'il accusa d'être responsable de la mort de sa fille et de la disparition d'une autre. Et, un jour qu'il arrachait la bannière M du mur de la tour, il déclara la guerre au grand archevêque du sud; Monsieur Oudouaïr. Ce qui fut nommé dans l'histoire Aldamte; " le conflit archevêquial". Bienveillances d'étoiles, ce fut dans ce contexte de guerre que Shamima trouva l'amour à son tour, et enfanta elle aussi, trois filles. Trois triplées aux cheveux blancs qui furent élevées avec amour et attention.
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Simon Folio


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Sur le toit de la Machine, devant Vonhoë, toutes les formations de toges blanches, nombre de maître Däev et d'invités privilégiés ou d'habitués, se tenaient en spectateurs. Devant eux, Dourbatson, maître des lueurs et Tianpa, maître des chambres présentaient leur arme à l'autre.
Un toit ovale et bien visible, dominant Capital et les montagnes de Sifrer, point stratégique pour la collecte d'eau. Autour de la bâtisse les arbres ; des dragoniers, des rosiers et des gerbes de tous genres, entouraient quelques tomates à couper le souffle et des racines aux nombreuses vertus. Leurs couleurs contrastaient avec celles des cultures de fruits et de cannes, à l'ouest. Les routes aimantées de la ville aux neuf cent quatre-vingt dix neuf portes, s'étendaient en quadrillage. Ce matin là, certaines des coques sphériques qui protégeaient les maisons et récoltaient la pluie, brillaient encore depuis la veille. Leur jardin et celui aux abords des hautes tentes et des pyramides des administrations ou des industries, rejoignaient les champs de crystalines et d'agrumes. Au centre de marches, de lignes de portails et de barreaux qui s'empilaient, sur le toit de la forteresse en M, au-dessus de ses tours protégées par des feuilles de grinette qui bougeaient et se rejoignaient tel un œuf, Vonhoë savait, pour qui le sang allait couler.
Autour de lui, la musique s'accordait au crépuscule et saluait l'âme de celui qui allait survivre. L'instant et le courage pour celui qui allait partir, criaient les moines en tambourinant sur la peau de chèvre tendue. Trois autres serviteurs des symboles de la Machine étaient portés sur des épaules et frappaient sur de longues colonnes, pour obtenir des sons et des hologrammes de symboles d'équilibre et de fractals, qui se mêlèrent au public, assis devant des bannières dédiées aux dieux Dopidécaorède et Langlumos. Tous étaient de profil, devant le bouclier qui portait le M, accroché au mur du fond. Des disciples et des adeptes, proches, mais qui ne contemplèrent la violence que de derrière le bouclier de Nïten. Chacun plaça ses roches sur le plateau du duel. L'un s'en servit comme projectile, après les avoir recouvert de lave. L'autre, préféra respecter une symbolique plus vieille et voulut trancher le Satan désigné. Ils cherchèrent ensuite à savoir, qui pouvait tirer le plus vite. Tout allait bien, puisque celui qui venait de naître devait être plus fort que celui qui s'apprêtait à tomber. Il plut de la lave, il jaillit des roches et des cratères ; une belle tunique, que revêtit le coucher de soleil. Toits du monde, tanière de l'aigle, ou cimetière terré d'une fourmilière ?
Pour la faune qui observait d'en bas, une première explosion anima la soirée. Les roches qui tombèrent vers eux ensuite, furent ramassées et gardées glorieusement par la Machine, en mémoire du maître des lueurs.
Le toit vide, dans le respect, le maître de maison se laissa faire par la nostalgie.
Vonhoë l'enfant, avait croisé un homme, alors même qu'un dieu lui avait remis une épée morte depuis fort longtemps dans la mémoire de la civilisation, le katana des cauchemars. Un homme ancien, qui dégageait d'autres clivages et des rêves sans superstition
" Que vas-tu faire avec ça ? Voulait-il savoir.
- ...
- Hausser les épaules n'es pas une solution. Veux-tu faire résonner l'éphémère ?
- Tu sonnes bizarrement. Lui avait d'abord répondu, le petit Vonhoë.
- Nous sommes dans un monde remplit d'amour, mais il a toujours besoin d'être défendu. L'amour d'une famille, l'amour animal, l'amour matériel. Rempli d'amour. Mais ce n'est qu'une seule énergie. Il y a la colère, il y a Altos, il y a mille illusions et mille pouvoirs, il y a la force pure...
- Vous allez être le héros qui défendra tout ça ? Demanda intelligemment l'enfant.
- Je connais des arts et des sciences, je connais tout de la chasse et je peux te montrer, comment tenir le monde dans ta main.
- Une preuve pour graver l'instant, c'est possible ? "
L'inconnu suspendu une pierre au-dessus de la terre et prit la poussière au pied de Vonhoë, avant de la tremper dans une fiole caché dans son sac de toile souple. Il secoua le tout et déposa la poussière d'or qui flottait, dans le creux des mains de l'enfant.
" Plus on se connaît soi-même, plus on connaît ce qui nous entoure. Loin de tout on pense aux autres. "
Des souvenirs trop lointains pour tenter de les retenir, se dit le véritable archevêque. Autant rêver.
Que se passait-il ailleurs ?
Dritch le douban, Ülikan Volcov et un commandant du grand ordre l'amoes Shoulioultak allaient se battre pour obtenir une nouvelle arme, pour le moment dans la main de l'espèce la plus faible des trois : l'humain Volcov. Le dieu Lan vint arrêter ces fous pour aller offrir cette arme qui la méritait...
Après la quatrième lune d'attente, dans l'ombre de l'anneau planétaire de l'Aldalam, sur le désert d'Hérongo ; les vents et les fleurs, se racontaient les derniers potins de par le monde. Des ragots sur tous les arbustes bleus, alors qu'ils n'en cherchaient qu'un seul en vérité. Un laurier-cerise, qui dansait aux pieds d'Asuvenilia, la déesse amoes de l'harmonie. Entre ses trois auréoles, elle jouait du pipeau pour les poissons et les algues d'un lac.
À deux pas de là, très loin du regard de Vonhoë, près d'une mine de souffrine, Alibéla et son samens Bouny, péchaient pour passer le temps. La toge bleu écoutait sa nouvelle amie Méséane SainteRose De Pericorde et son acolyte Edia, un solène muet, en pleine jouxte verbale sur des sujets qui la dépassait. Un ancien chasseur de Melikin et une humaine au sang froid de Capital, deux soldats fidèles du grand ordre.
Des canons à collision atomique de catégorie 4 et des robots-pilones à leurs côtés, ils tenaient leur position, au sujet de l'élection du nouvel archevêque, dans le sud. Des conséquences sur les discours des dernières cultures nomades tonchires, qui migraient en bas des péninsules.
" C'est Nicolas Oudouaïr qui a commandité le départ des attaques de kogras, sur les Morceaux du Centaure. Il a donc déclenché cette vague de départ, en sachant que leur accueil allait porter préjudices et empêcher certains de participer au vote. Ce qu'il trame en cachette, ne doit pas être joli. Alors je pense que les réformes de Paul Beethoven pourraient apaiser ce genre de mise en scène. En plus, c'est un Beethoven qui nous a emmenés ici.
- Je ne suis pas d'accord, contrecarra Edia, après avoir longuement tapoté sa réponse sur son bracelet. Ça n'a ni queue ni tête. Je pense que tu crois trop aux rumeurs parce que tu es une naïve. Bou.
- hein ?
- Hoho, se permit discrètement Alibéla.
- Ces attaques, poursuivi le chasseur avec une arme dans ses pattes, ont été commandités par un groupuscule nouveau, qui veut se lier à ces kamikazes d'extrémistes Shoemien, qui sont allés mettre leur boxons chez vous. Mettez-moi tous ces vieux noms à la poubelle et ouvrez les yeux sur de vraies choses, les aveugles.
- Vous n'êtes jamais d'accord en politique, s'interposa Alibéla, cessez de vous diviser pour cela. Logique pirate, ponctua-t-elle en se tournant vers eux.
- Grandis dans le sud.
- Grandis dans le nord. Répondirent-ils pour leur défense.
Alibéla scruta ses compagnons pendant qu'ils regardaient ailleurs. Les bottes de Méséane étaient en cuir de dormade, cher en rinbats mais sûres, si l'on en prenait soin. Son manteau, entre le camouflage et le voyant, comme le pelage d'un chat de gouttière, lorsqu'il ne volait pas. Les manches retroussées, pour être à l'aise avec ses bracelets. Du fer fin, assortis avec ces colliers, des tressages et des amulettes à l'honneur d'Altos, du démon Sounu et comme le tatouage de vagues et de crocs à côté de son œil, au gardien des océans. Des bijoux qui la rendaient plus belle, que son gilet de catégorie 2 ou 3. C'étaient les plumes de hiboux, dans ses mèches argentées et sa tignasse noire, qui la faisaient passer difficilement inaperçue. Elle était fière de ses origines et elle avait des yeux d'un vert, qui regardait Alibéla bizarrement.
Edia quant à lui, un solène foncé à la crinière grise, avec le même gilet en grinette plein de capteurs et de récepteurs dont les messages faisaient des ondes colorées par endroit. Lui et Méséane ne pourraient pas se perdre, grâce à ces gilets. Ses bottes étaient épaisses, de l'écaille de dragon, comme les protections noires sur ses jambes ; des formes qui le gênaient, pour gambader comme il l'aurait souhaité.
Des brillelunes, des möns et des solènes passèrent en transportant des caisses de roches, détournant l'attention des passifs près du lac. Ce lac était une flaque, si l'on avait demandé leur avis à des huit pieds, pensa Méséane. Alibéla et ses alliés, cachés sous un parasol flottant, à l'abri sous le ventilateur, observèrent les miniers suaient pour une misère, sous les yeux du soleil Héliode. Une silmexe claire et maigrichonne vint leur apporter à boire et à manger et on les vit s'arrêter un instant dans leur labeur, pour laisser la joie s'emparer de leur visage et le plaisir, remettre les forces nécessaire dans leur corps. Cela en revanche, la troupe d'Alibéla s'en retrouvait privée.
" Tout de même, l'Ordre et les pirates qui travaillent ensemble. Nous sommes bien dans une drôle de situation. Reprit Méséane.
- Pour un drôle de monde, conclurent-elles en même temps.
- La souffrine qu'ils cherchent à aller extraire plus profondément. Celle qui est défendue par l'hybride dont nous sommes venus prendre la vie...
- À ce sujet, s'indigna Edia, les toges vertes et les deux mauves, ils sont bons pour concurrencer le vent, où un brillelune dénudé. D'habitude, on les voit plus qu'un pet de panda dans l'eau. Aujourd'hui, fiuu... À part toi, ils sont autant à l'heure, qu'un réveil qu'on n'a pas réglé.
- On se fait désirer là-haut, pas vrai ? Taquina Méséane en pinçant la joue de la Old entre ses doigts gantés.
- Ben cette souffrine, elle servira à faire tourner les machines qui labourent les terres où l'on plante les graines de soja en lianes, de pommes triples et celle de diamantine. Après ça, si elle passe par la forêt souveraine, elle sera détournée par un commando de bombos qui veulent reproduire l'œuvre de Shiro et faire sauter la tête et l'influence de Ganma au passage. Ils kidnappent des gens. Si cela arrive Ganma ne le laissera pas passer. Si cela se passe, se sera qu'un autre imbécile l'aura provoqué. Pourtant, on sait tous que ça se passera, ça arrangera autant les traditionalistes que les séparistes, que la Machine ou que votre Ordre, croyez-moi.
- Tu t'en fiches de ça pas vrai ? Dit Méséane pour redonner du baume au cœur d'Alibéla. Tu es un pirate, conclut-elle en rigolant.
- Une archéologue, particulièrement aventureuse je dirai.
- Tu penses aux rinbats avant tout, tu ne vas pas le nier. Reprit la voix robotique d'Edia.
- Un poisson ! héhé ! "
Une belle truite fraîche...
D'autres barbotaient, dans une autre rivière de l'autre côté du globe, sans que personne ne vienne leur enfoncer d'hameçon dans le gosier.

Dess, le jeune homme.
" Je me souviendrai de ta promesse Dess. Les combats qui m'attendent, si je te suis. Lève-toi, je veux partir immédiatement ! Déclarait Hayden en secouant le jeune humain, gavé de sommeil au bord de l'eau. Dess ! Dess ! J'ai une chose à te demander, réveille-toi ! Comment peux-tu être sûr qu'ils nous hébergeront ?
- Mon nom... Charabia ...
- Quoi ton nom ? Lèves-toi ! Grr! Rérrvr !
- Mon nom est toujours celui de l'unité. "
Dess sentit des pointes glisser sur sa peau, puis des mains serraient fermement son épaule et son mollet. Se sentant décollé du sol, il entendit ensuite avant de voltiger :
" Alors emmène-moirrr ! "
Le porteur de Nihenne n'ouvrit pas les yeux tout de suite. Mais il dut bien être prêt à nouveau. La promesse du dragon des fleuves du temps, allait être tenue et avec elle, l'arrivée de nouveaux ennemis lâchés vers les deux aventuriers, était inéluctable.
Hayden grognait, pour éloigner un être à la peau rayée comme l'écorce et grise comme l'argent. Des cornes comme des coraux, prenaient racine sur son front, pour faire le tour de sa tête et lui faire don d'une couronne naturelle. Ses pupilles étaient bleus et une troisième plus fine, logeait au-dessus de son nez. Son visage était sans expression, son torse nu et recouvert de peintures de formes géométriques, simples et symétriques. Un torse droit, élevé sur quatre pattes, deux bras aux muscles saillants et aux poings serrés, un pelage marron et zébré qui démarrait en bas de sa colonne vertébrale et parcourait son corps, jusqu'à sa queue de félin. Un canon de catégorie 3 pendait dans son dos, attaché à une sangle. le manteau de Jagan se dressa soudain devant lui, un poil en retard. Mais il ressentit que d'autres arrivaient dans son dos. Un nombre, qui convainquit le jeune homme de retenir son coup. Suffisant, pour que la holanne et lui, choisissent sagement de se rendre au peuple des abssyles. Ce fut malin, mais pas suffisant.
Pour un prisonnier, le seul chemin d'accès en absyllam, au nord de la forêt de Payeng, dans le terrier nommé Akotaboz par eux-mêmes, était d'offrir la défaite à un de ces stupides cerfs. On le comprenait à la façon dont ils battaient sur leur poitrine et dansaient en rond, autour des pirates et des singes. En poussant l'épaule de Dess, Hayden s'avança. Tel était le prix pour la survie à leur côté. La louve fut la première mise au défi, tout du moins la première qui le demanda, de son point de vue de maîtresse de forêts.
Étais-tu donc toujours incapable de retenir ta curiosité louve, au point qu'aucun risque ne t'arrête ?
" Regarde comme ils sont forts Dess. "
Tu es bien si folle que ça, pensa l'humain derrière son sourire et ses yeux, impressionnés au point de luire.
Celui qui se dressait devant Hayden portait une série de losanges incrustés les uns dans les autres, sur sa poitrine. Sa chevelure rousse tombait sur ses épaules. Son pelage était d'un brin foncé, son troisième œil, pourpre et aveugle. Saphroth s'inquiéta pour la holanne. Le combat commença avec un menjoro qui survola la scène et Hayden, qui souffrit dans son avant-bras, en décollant après un coup de sabot. Elle attrapa les bras et les pattes de son adversaire pour le retenir et lutter contre ses charges. Lorsqu'elle prit la chose au sérieux, elle traça des lignes sanglantes sur le corps de l'absylle trop fier. Pour l'occasion, elle libéra joyeusement les crânes des armes dans son dos. D'abord, la morsure bloqua ses épaules et offrit son sang au bel Altos. À la suite de cela, Hayden incisa la peau du torse avec ses griffes, pour tirer ensuite sauvagement sur les lambeaux et dévoiler sa chair, à tous ses congénères.
" Apprenez donc à respecter les holannes, rejetons des marais. "
Une division des êtres aux six membres se sépara pour surveiller Hayden. Le rituel du tambourinage de torse se répéta et la louve bomba le sien, fièrement. Saphroth monta sur le dos de l'adolescent et Dess pointa son épée, sur celui qui tenta de les séparer. Ils furent adversaires.
Moins de losange, plus de flèches, mais le plus grand de sa rangée, à l'écorce et aux poils plus vert. "La métaphore d'un oignon". Lui n'avait ni l'audace, ni intérêt de jouer et Dess lui brisa une jambe, à la première seconde. Side encaissa une claque dans les côtes, qui l'envoya s'allonger par terre en contrepartie. L'abssyle n'aurait jamais imaginé qu'un objet porté par un être si chétif, puisse avoir ce poids. Puisque Dess fut celui qui se releva, il fut déclaré vainqueur, avant qu'une vie soit prise. Dans des cages de ronces, surveillés par des hanennes, ils allèrent vers la forêt de Payeng. Celle qui jouxtait les oasis de Kildana dans les contrées nord, celle qui abritait scribeville, mais ce n'était pas là-bas qu'ils se rendaient, au grand désarroi de Dess. Dans leur voute céleste on voyait les satellites de l'anneau planétaire, ombrager la route, en absyllam, dans les tréfonds de Payeng, dans les bordures d'Hérongo.
Ils marchèrent peu de temps, mais n'arrivèrent pas avant la nuit tombée. Dess regardait en l'air, des étoiles brillantes, dans un ciel où l'on distinguait des coins clairs, dans une nuit sans lune, nuageuse à faire peur. Certains des astres se dissimulaient timidement et scintillaient une seconde plus tard, de manière alternative, dévoilant leur large lumière, comme un enfant qui joue à cache-cache. C'était plus qu'étrange. Il était connu de tous, qu'il n'y avait pas de nuages, là où il y avait les lettres.
Parmi des feuillages composés, Akotaboz, lieu introuvable par les marcheurs, invisibles pour les panmins et les satellites n'avait qu'une seule entrée, camouflée dans un arbre vol, vieux et sans racines. Depuis le trou creusé dans le tronc à l'écorce cireuse et zébré, jusqu'au fin fond de cette civilisation retranchée, la majorité des routes étaient des escaliers faits de rondins de bois plantés en hauteur, l'un derrière l'autre. Resté concentré ne leur permit pas particulièrement d'apprécier le paysage. Un cadran tissé dans des feuilles d'arbres d'Oton, impressionna tout de même le däever sans blason. Une œuvre là pour honorer les lames du corps de Ouashdaï. De l'eau qui se déplaçait et se maintenait en suspension. Leur pont sur des cordages aussi, bien que les prisonniers n'eurent pas droit d'essayer ces merveilleuses tyroliennes qui donnaient tous leur sens à leur système routier. Après des sauts et des sauts stressants entre les rondins qui n'en finissaient plus, un large triangle en grinette accueillit les nouveaux prisonniers. Trois poteaux entre lesquels pendait un crâne, au centre d'une toile. Pas de cités, de village, ou de châteaux, mais des milliers de tissages de fil de grinette, entre les arbres. Une mise en garde, avant d'entrer dans leur ruche. Des globes brisés et des dragons, étaient les images qui revenaient souvent entour d'eux. Les contraires et la dualité étaient des notions pour lesquelles ils semblaient avoir beaucoup de respect. Ils connaissaient et montraient la propriété. Les espaces étaient délimités par des roches. Ils avaient des autels différents, pour de nombreux dieux. Ouashdaï et Logongirthr, successivement dieu de la pluie et du feu, dominaient pour la tribu d'Akotaboz.
Le peuple sauvage y vivait simplement, ils connaissaient la sculpture, le plus souvent à leur propre effigie. Ils utilisaient la peau des dgeïkos, comme papier. Ils marquaient leur histoire ; difficile d'en dire plus. Ils gravaient les arbres dans lesquels ils avaient aménagé. Dess se demanda, comment ils pouvaient bien monter et travailler à ces hauteurs. La réponse était dans les gravures, c'était si simple que Dess n'y avait pas pensé. S'ils étaient habiles dans les arbres, c'est qu'ils vivaient dans la canopée de leur planète d'origine.
Au sol, des tressages grisâtres formaient des paravents, l'intuition de la louve lui dit que la matière exploitée sous leurs pieds était la clé de la discrétion d'Akotaboz. Le fait qu'ils aient changé de lieu ne rassura nullement le jeune homme. Une des tentes en hexagone était ouverte et Hayden ne put s’empêcher, de commenter ce qu'elle y vit.
" De l'armement militaire. Ici, en Absyllam. Il est passé par Hérongo et le patrifique, à n'en pas douter, disait Hayden inquiète. " Dess, la tête tournée, rêvassait en jouant avec des fleurs pleines de petits pétales orangées, qui s'écartaient, au contact du bout des petits pieds humains.
La holanne connaissait les machines à air comprimé qu'ils utilisaient, sans plus de moyens que le bois, pour envoyer leurs piques taillées avec efficacité. Des armes dangereuses, jamais catégorisées d'ailleurs. La perversité du peuple de Dess, aurait-elle amené son affection pour le chaos, jusqu'ici ?
Dans le nid hexagonal d'à côtés, elle lui décrivit des armes, qui pouvaient téléporter une explosion sur des distances variables avec ou sans flammes.
" Un bijou qui s'accroche à la ceinture. Parfait, si l'on tombe sur un primitif, ou un sauvage. Probablement fait de la main des ingénieurs du grand Ordre, ou une mesquinerie de la Machine.
- Bien moins sauvages que ce que tu me disais, fut la seule réponse de l'humain. "
On les mena derrière un long paravent, où une phrase répétée ainsi qu'un dessin leur interdisait de ne pas penser à Oushdaï. Derrière ce passage, au-dessus d'un marais bouillant, ses algues mortes et ses branches pointues inspirant peu confiance, des cadres vides attendaient patiemment des prisonniers. Bon nombres paraissaient déjà là depuis longtemps, ligotés dans une toile attachée à des rondins, installés en losange, ils n'avaient pas l'air d'avoir la force de bouger. Telle des cibles, qui s'apprêtaient à recevoir un lancé de couteau, ou de fléchette, ou comme des moucherons trop curieux de ce qu'est une toile d'araignée ; très peu de chance de trouver la gloire aspirer par les fidèles de Xat dans tous les cas.
Quelques abssyles circulaient sur les rondins. Probablement en train de trier des chats et des bombos. Ils aiment en manger. Était-ce là qu'ils allaient finir, s'interrogeait le porteur de Nihenne, alors qu'ils étaient encore au premier rang. Après être entré et sorti d'un ascenseur qui utilisa la forme et l'élasticité d'une branche pour les surélever, vers une autre plateforme des prisonniers, Dess vit un vieux türouck estropié a la moustache et a monocle de marin, endormi et enchevêtré dans du fil à cocon renforcé par des couches de pollen. Sans son bonnet, pour la première fois, Dess vit la cicatrice qui couvrait tout le front de Jacquie.
Hayden regardait don booman d'un air réprobateur.
" Jacquie, cria-t-il soudain ! " Avant d'être réprimandé de la droite, d'un garde qui l'envoya comater sur l'épaule d'Hayden, à coup de gourdin.
L'idée de Dess avait marché. Ne serait-ce qu'à moitié, car Jacquie, avait bel et bien ouvert les yeux.
" Hayden ! Dit au loupiot d'pas d's'inquiéter. L'seul ici. C'est qu'pou qu'c't'instant. Hurla à son tour le vieux loup, plein d'entrain et de vignasse."
Lorsqu'il commença à se débattre, un absylle arriva au galop pour le faire taire lui aussi, à coup de bâton dans la mâchoire.
Dess rouvrit les paupières difficilement et vit que même si ses mains étaient enchaînées, au moins, les yeux d'Hayden ne lui en voulaient plus. Il enleva sa main sur l'épaule de la louve et sortit sa nuque de sous son bras pour reprendre une marche plus normale. Les attaches de Nihenne lui écrasaient le torse. On avait dû essayer de la lui enlever.
" Ils n'ont même pas de globes au de distributeur, dit la louve en observant le réveil de son compagnon.
- Chez toi aussi, vous ignorez ce que consomme les autres ; pas de scribes, pas de restaurant.
- Pas de booman qui ne peut pas se taire. La forêt reste impassible, devant vos bêtises. Hm "
Non loin de là, sur les plages d'algues qui longeaient le marais, un autre türouck sortait son nez d'un petit bosquet. Il époussetait les carapaces sur ses avant-bras et ses tibias. Hayden le vit de loin, le singe aussi regardait dans cette direction. Elle fut fort satisfaite que les gardes n'aperçoivent pas le visiteur rouge, de leur côté. Les nouveaux prisonniers passèrent ensuite un portique, puis un autre et furent menés dans un coin des plus odorants du marais. Putride, au point que les poutres se voulaient déjà moisies, par les vapeurs infectes qui se dégageaient du fonds de la poubelle d'Akotaboz. Ils s'arrêtèrent sur une petite plate forme, faite d'un long travail de tissage, qui cachait des troncs d'arbres, vidés et remplis de graines. Un radeau suspendu, comme fondations de ce tapis grisâtre, à l'effigie de leur dieu du feu, serait peu être le témoin des derniers pas de ceux qui vainquirent Balukan. Puis, vint un moment fatidique, que Dess aurait dû prévoir. Lorsque trois abssyles s'avancèrent pour lui prendre ses affaires, le samens ne fut évidement pas d'accord. Saphroth descendit des épaules de l'adolescent et resta à ses côtés, les poils hérissés et les flammes de son corps qui triplaient de taille. Hayden resta de marbre, elle ne pouvait qu'attendre la suite des événements.
Le samens se mit alors à tambouriner sur le sol. Les graines battirent contre le bois et une musique s'éleva.
Dans sa vision floue, Pian le Türouck voyait que quelque chose n'allait pas, dans cet endroit qu'il venait de découvrir. Encore un endroit dangereux, où il devrait interdire à ses futurs progénitures de se rendre. Les petits türoucks avaient besoin d'aide. Il voyait les türoucks à six pattes, qui voulaient en empêcher d'autres de vivre la vraie vie. Il allait les aider, lui le türouck fort qui sait. Mais avant toute chose, il devait trouver de la nourriture, au cas où il trouverait sa türouck.
Le porteur de Nihenne avait les mains liées et l'esprit sous pression. Du point de vue des abssyles, il n'y eut qu'un filet de lave qui s'échappa du dos du jeune humain, pour libérer ses pattes. Puis, cette pierre qu'ils avaient déjà vue à l’œuvre, contre un de leur guerrier, commença à causer ses problèmes. La holanne restait néanmoins un danger et l'un d'entre eux, entra dans une confrontation avec elle en attendant que les renforts répondent à leur appel.
Pian voyait bien que la tension montait parmi les türoucks sur le marais. Six d'entre eux allaient se battre. Ils sont libres de se battre, mais la liberté de soumettre n'existe pas. Pian lui, n'était libre que de faire le bien. Beaucoup de türoucks là-bas. Mais ces türoucks là ne connaissaient pas Pian, pensa-t-il avant de s'avancer.
Dess enchaînait des moulinets avec son épée, laissant une bonne distance entre lui et les absylles. Une noirceur proliférait dans son cœur, à l'idée de son combat. Si la sauvagerie était la solution pour défendre la liberté, alors ainsi soit-il.
Pian le türouck avançait discrètement sur les algues, pour s'approcher des démunis entre les rondins. Bien qu'il soit un peu bête, de croire que sa grosse tête bordeaux et sa barbe aux poils blonds et hérissés, puissent passer inaperçues pour qui que ce soit. Ce qui devait arriver arriva bien évidemment, il fut repéré et immédiatement encerclé. Il allait combattre, dos à dos, avec le mini Türouck, au manteau trop long.
Hayden n'avait toujours pas bougé. Elle avait senti un vent se lever, à la gauche du marais. Une odeur différente de tout ce qui se trouvait dans ce trou verdâtre. L'odeur d'un vent, qui devait usuellement se promener dans les fleurs, était venu faire un tour dans ce marais. Pourquoi cela ? Elle aurait bientôt une réponse qui, elle le savait, allait mettre un terme à ces chamailleries momentanées. Car la nature est en ordre, lorsqu'un désordre se produit, ce n'est jamais par hasard et c'est toujours bruyant. Mais pourquoi cet imbécile de türouck, était-il venu par ici ? Ne put-elle pas s'empêcher de se demander
Le manteau de Jagan saisit l'instant. Les renforts ne tarderaient pas, avec l'arrivée incongrue d'un prisonnier, qui s'offrait gratuitement à eux.
Le manteau fit glisser Nihenne ses ennemis. La pierre se sépara de la lame et Nihenne brûla ; la patte du premier, le torse d'un second, le crâne de quatre autres avec un hachoir de lave et un malin plaisir. Mais lorsque Dess se fut déplacé et placé pour frapper le dernier qui l'attendait, la lave cessa soudain de bouillonner. En l'espace de quelque seconde, le froid atteignit le poignet du jeune guerrier. Il recula en abaissant son arme et en calmant ses ardeurs. L'animal en lui détestait ce froid, lui aussi. La lave n'était plus et l'épée, n'était qu'une relique gelée.
Pian, n'allait surement pas se laisser prendre dans leurs cordes facilement. Ils avaient le droit de se mettre à plusieurs s'ils étaient faibles. Mais Pian était Pian. Il mangeait des reines de fourmilières.
Hayden la ressentait maintenant, la magie qui amenait ce vent aux senteurs de paix. Elle tourna le dos à Dess, au singe, aux absylles et au türouck, pour attendre la venue de la lumière…
Dess grognait. Pour la première fois, il sentait que son arme avait un poids. Il sentait l'agitation autour de lui, sans pouvoir se permettre de regarder. Il ne savait pas quoi faire. Il ne lui fut pas permis de rester inerte ; le médaillon dans son manteau trouva son chemin dans le brouhaha, pour aller se coller dans le dos de Dess et fondre avec sa chair. La méthode qu'avait le médaillon de Juana, pour se défendre.
Hayden continuait d'attendre. Le salut viendra d'une âme perdue. À travers son errance, elle tombera sur cette scène sale et emportera ceux qui n'y avaient nullement leur place. Une manifestation d'un sorcier ou d'un artefact, ou un esprit de la planète peut-être; qu'importe, ils devraient dire merci.
L'absylle n'avait pas détourné ses yeux de l'humain, petit qui pliait sous un mal inconnu. Mais une chose l'intrigua bien plus que les yeux révulsés de son ennemi, Saphroth avait cessé de tambouriner sur le sol.
Hayden fut étonnée de voir le singe s'agenouiller en premier. Elle le fut encore plus, de voir qu'il fut le seul à le faire avec elle, volontairement.
C'était donc cela, la forme de l'âme qui enseigna la magie aux amoes. Tu sens bon, tu brilles. Pensa la holanne sans oser le dire et sans oser dire son nom.
Le félin au torse d'écorce face à Dess, plia les pattes au moment où l'adolescent ne put retenir son genou et son dos de s'incliner. Side força et put voir la cause de ce changement, le visage qui faisait taire la violence, par son unique présence. Sa robe, qui dévoilait ses épaules et son buste fin, ne faisait qu'un avec l'eau du marais. Une eau devenue claire et des algues qui renaissaient et grandissaient avec son passage. Un chemin de corail, se traçait au rythme de ses pas. Des boucles tintaient et étincelaient le long de ses oreilles. Du même rose que les trois pierres qui parcouraient son front. Elle avait un sourire léger et un regard rempli d'amour. Sa longue chevelure, bien qu'une partie soit retenue par un tissu des plus simples, se soulevait et pointait vers le ciel. Elle était portée par une aura dorée, qui contournait son corps.
Tu viens aider toi aussi, pensa Pian. Bienfaitrice et maîtresse du langage des anges, retire-moi ces türoucks accrochés à mes carapaces.
Ce fut bien là ce qu'elle fit, sauver Pian. Telle fut sa mission qu'elle remplit, avant de quitter les lieux, les auréoles dans son dos se rétractant jusqu'à ne plus être.
Lorsque Dess recommença à s'inquiéter de son sort, Nezrouj grimpa de nouveau sur son dos, son bâton déployé, parce qu'on ne sait jamais. Un regard vers Hayden, elle était encore toute souriante de cette visite fantôme. Le manteau allait lui taper sur l'épaule et espérer qu'elle comprenne qu'il était temps de fuir. Faire confiance, suivre le samens, la seule solution qui l'avait sauvé dans les temps difficiles. Il esquiverait la première charge de l'absylle et viendrait ce qui allait suivre, pas le temps pour se lancer dans de longues analyses. Heureusement pour lui, ce ne fut pas ce qui se passa. Le jeune homme fut sauvé par celui qui n'avait rien vu de la scène. Un vieil estropié s'était défait de ces liens tandis que toute surveillance était détournée et ce fut la piraterie, qui vint tirer Dess d'affaire. Le porteur de Nihenne profita de l'inattention de l'absylle, ébahi par la vitesse de pointe d'un gros türouck aux jambes taillée dans le bois du dieu brillelune Ganikan.
Qui plus est, le vieux Jacquie n'avait pas lésiné sur la diversion en partant. Pensez-vous, il avait abaissé un levier par-ci et libéré toute une rangée d'agitateurs, qui courraient, comme des lutins perturbateurs. Sauf que lui, savait qu'il allait vers Dess et il savait que ce loupiot, n'allait jamais nulle part sans Saphroth.
Il s'en suivit une débandade désordonnée, durant laquelle le porteur de Nihenne et ses amis se retirèrent dans la boue, pour disparaître parmi les algues sur la gauche. Les rescapés coururent ensuite parmi quelques ravins et passèrent quelques corniches, pour s'engouffrer de nouveau dans la forêt, loin d'Akotaboz. Ce fut lorsque la glace fondit sur l'épée de Dess et qu'il rappela les pierres qui constituaient son fourreau, que les problèmes recommencèrent encore, pour ceux qui avait voulu traîner avec sa poisse. En effet, la rébellion fut bien vite matée en Absyllam.
Tandis que l'un d'eux, avec la patte tranchée, se faisait traîner pour être soigné, son ami vit près de la sienne les pierres volcaniques que leur ennemi invaincu avait laissées par terre, en fuyant. Des pierres qui tremblaient, se soulevaient et traçaient vers l'est. Il salua son ami sur la civière en se frappant le torse et parti à la recherche de son combat. L'absylle belliqueux souffla dans une dent creusée, comme dans un cor, car venait l'heure de la chasse.
Dess interrogeait Hayden au sujet de l'étrange déité, qui s'était montrée et avait mis fin à l'altercation.
" Pourquoi elle ne nous a pas pris avec elle ? Elle avait l'air vraiment spécial cette magicienne. Tu imagines ce qu'on aurait pu voir. Hayden ?
- …
- Hayden ? Jacquie, tu le comprends toi ? Pourquoi ce fou et pourquoi pas nous ?
- J'ai très soif Dess, si ...
- Stupide humain ! Lança Hayden, pour couper le sifflet au vieux pirate. Ne sais-tu donc rien respecter ? Elle ajouta une poussée sûr l’arrière du crâne de Dess, qui sonna comme une claque, histoire d'être sûr de son attention. Ce n'était pas la déité qui était spéciale, mais bien la magie dont elle fit usage. N'as-tu donc pas remarqué, à quel point elle était différente de celle de Balukan ?
- Elle ne ressemblait pas à ceux que l'on croise fréquemment non plus.
- Pour sûr, qu'il y avait de la différence ! Scanda Jacquie.
- Votre Avémaria est apparue, alors que le peuple qui avait vu le jour en même temps que le mien s'était presque éteint. Balukan était déjà l'un des derniers anciens, lorsque vous la priiez, jusqu'à lui donner vie. Les choix et les chemins où emmène cette magie, vont plus loin que la compréhension d'un petit humain teigneux et d'une maîtresse de la forêt. " Jacquie voulut dire un mot, mais se retint. Ce qu'il n'aurait pas eu à faire, car Hayden ajouta : " plus loin que l'avis d''un vieil ivrogne boiteux. Son chemin concerne tous les peuples. Ce fou, comme tu dis, fera sûrement de grandes choses. Des choses plus grandes que nous. Il nous a déjà sauvés. Comprends-tu maintenant ?
- À ta première phrase. Pourquoi aimes-tu autant t'étendre sur tous les sujets ? "
Des griffes dans son épaule furent sa réponse.
Tandis qu'il se touchait la plaie et qu'il marmonnait en grognant, Dess vit une ombre inhabituelle derrière la sienne. Il observa son mouvement et se baissa. L'ombre d'un bras qui décollait passa au dessus de sa tête. Arrêté par l'habit de roche de Nihenne, un bras d'écorce clair déclenchait les hostilités. Ces maudits absylles ne voyageaient-ils donc jamais seuls ? Néanmoins, cette fois-ci, se rendre n'était plus une option pour Dess et Hayden. Jacquie dansait et chantait devant la cinquantaine d'ennemis, impatients d'assister, ou de participer au combat. Ils furent tous servis, car ils durent tous se battre, une fois que le vieil ivrogne eut terminé sa chanson :
" Quand il y a de la bibine pour Jacquie ! C'est qu'il y a qui ?
Quand il y a des chon-bi pour les zombies ! C'est qu'il y a qui ?
Des armes et des larmes
Des tirs et des rires.
Des chars qui charment
Des lyres qui délirent
Dess vint y mettre de son grain pour continuer la chanson. Il y a qui ? Il y a qui ?
Il y a qui sans lois ni cour ?
Qui vit pour chaque jour.
Chaque secret sous chaque dune.
Nous dansons pour la lune
Drôle d'oiseau, suis donc la plume
Des chiens et des chiennes.
Des singes et des chaines
Il y a qui ? Il y a qui ?
Quand il y a ma bande là ?
La bande à Alabanda
À l'abordage ! Entendit-on résonner au ciel et sous leurs pieds.
Ainsi, le vaisseau apparut et les commandos des Olds furent lâchés du ciel. Le bataillon absylle priait Amétra, avant de charger pour aider leurs alliés en première ligne, déjà encerclés par les mécréants qui leur sauter dessus comme des taupes, subtilement et silencieux comme les renards. Un pirate était rarement loin de son équipage, le genre d'adage, ignoré par la fierté des peuples sauvages.
Hayden admirait cette espèce. On disait chez elle, que les abssyles vouaient un culte au jour d'Impalis. Les architectures des champs en absyllam en témoignaient. Vénérer la fin, vénérer le recommencement, c'était une spiritualité sans défaut selon elle. Elle se convainquit de ne pas participer au combat. Il n'était pas question d'en tuer beaucoup et encore moins, d'abimer la forêt. Dess quant à lui, offrit à l'absylle le combat qu'il souhaitait, mais ne lui accorda nullement sa vengeance, préférant lui brûler l'écorce offrir sa place auprès de ses semblables tombés.

La troupe entière à Alabanda était venue et venait encore haut les cœurs à la bataille, ce n'était pas différent pour leurs ennemis. Au centre névralgique de leur territoire, sans même le savoir, l'exécutif tant vanté commençait à se questionner. En trouant quelques absylle avec son canon à collision atomique de catégorie 4, son esprit allait lentement et sa vision semblait vouloir le duper. Des canons inépuisable, létales, mais pas des plus efficaces pour la situation. Ces arnaqueurs du grand ordre, pensait Alabanda, en maudissant le vendeur rovekin qui les lui avait montrés. Le canon était mauve, le capitaine aurait dû s'en douter, il détestait le mauve. L'absylle qui voulu le prendre dans son dos en revanche, aurait aussi du deviner que l'exécutif des bandas, aurait pensé à lui tirer dessus, avec le canon sous sa cape. Le plasma c'était beaucoup plus distractif que les trous noirs pour l'utilisateur. Mais cela, affichait indéniablement votre position. Ah, l'imbécile d'Alabanda. Il ne devait plus se laisser aller, il devait avoir l'esprit à la bataille et sur l'agencement de ses troupes.
De son côté, en grondant son humain de compagnie qui prenait son temps, Hayden devait maintenant se défendre, en plus de commencer à s'impatienter. Il fut difficile de compter combien d'absylles, passèrent dans les mâchoires de ses armes, avant d'être projetés sur ses lames. Une ligne de corps et de défenses charcutées se créa, autour des Bandas. Il aurait suffit de la suivre pour voir la démence de la louve, ouvrir le feu, pour disperser des bandes ennemis et se laisser aller à étriper quelques fuyards avec sa nouvelle main dans la foulée, ou piétiner le crâne, de ceux qui la chargeaient. Cependant, il en vint tant, qu'elle revint vers son booman, avec le même visage blasé et ennuyé que lorsqu'elle l'eut assommé, après le crash dans la forêt Onyx, quelques années auparavant.
" Alors tu es sûr de vouloir rendre ce médaillon ? Il a était très utile la dernière fois.
- Il est incontrôlable. Arrête de rêver vieille louve cupide."
Le däever sans blason cria de douleur, lorsqu'Hayden fouetta son mollet d'un coup de queue. Grâce à ce cri, non seulement les combats autour d'eux ralentirent, mais par un heureux lien de causalité, Alibéla put le repérer et sortit de terre.
" On se la fait dans les règles. On passe par les souterrains, on les écrase sur les autres dimensions du terrain. Proposa Dess en se rapprochant de la holanne.
- Tu veux passer par les chemins les plus fréquentés par les pirates, parce que tu veux retrouver Alibéla Old.
- Pour l'instant, occupons-nous juste de quitter cette forêt une bonne fois pour toute, d'accord ?
- Nous sommes déjà partis. Il suffisait de le demander. Pointa la louve en tapotant le bout du nez de son booman.
- Alibéla, cria Dess, qui déborda de joie en oubliant de répondre à sa holanne. "
Un petit trou noir se forma juste à côté de sa tête, il fut ramené à l'ordre. Les quelques gouttes de sang qu'il perdit, firent sursauter la toge bleu. Toutefois, lorsque l'espace entre leur bras fut suffisamment clos pour avoir accès au privé, la première chose qu'ils offrirent à l'autre, fut un rire. Elle avait seize ans et lui quinze maintenant. L'affection qu'il avait pour elle n'avait jamais diminué. Sans tarder, la bande joyeux lurons se mit à couvert.
" Tu es venus me chercher. Dit Dess totalement admiratif.
- Pas moi, moi, je festoyais avec tous les autres. C'tait pas l'éxec qui conduisait.
- ...Est-ce que tout le monde ici ?
- Ouep... Dit-elle, en avalant un gorgée de vignasse qui fit rosir ses joues, pour confirmer l'idée de Dess."
Le désastre... Beaucoup de choses furent claires pour le jeune homme à ce moment-là.
" Je l'ai trouvé L'éxéc ! J'ai trouvé Jacquie là ! S'époumona Alibéla Banda dans son émetteur.
- Retraite ! Sonna dans tous les émetteurs.
- Des absylles commencent à mettre le souk, avec leur armure en écaille de dragon. Dit Hayden, comme pour changer de sujet, alors qu'elle regardait des images sur l'émetteur de Jackie. On comprit au ton de sa voix, quel serait sa prochaine acquisition, quand elle serait retournée à la civilisation.
- Les toges et les catégories 7, à l'est pour ramener vos compagnons avant de partir, cria l'émetteur en urgence. "
Un tremblement de terre s'accapara alors l'attention de tous. Un arbre plein de pustules d'où commençait à naître des frelons, trop laids pour être des enfants de la planète, poussait à une vitesse ahurissante en étendant ses racines épineuses pour s'accrocher au sol et aux roches et ainsi barrer des chemins, au cœur même des feux.
" Qu'est-ce que c'est ? Interrogea Dess.
- La magie absylle, rétorqua Alibéla, le coude appuyé sur l'épaule de son däever. La croissance de l'arbre se doit être de la science, influencée par quelques anciens sorciers dgeïkos et les frelons, je mise sur les conséquences de leur mélange.
- Quelle serait ton expertise ? Je veux dire en tant qu'experte de la chose.
- Ça put. Clairement.
- Ça put vraiment. Remarqua Dess avec une grimace.
- Ne t'inquiète pas pour ce machin. Si c'est là, c'est pour appâter Altos. Si lui il débarque, là, on aura un problème. Expliqua-t-elle, en poussant le nez de Dess avec son doigt."
Une nouvelle arrivante, fit oublier à Dess de lui répondre à elle aussi.
- C'est elle qui a vu l'appel de Détresse de Jacquounet. Alabanda s'est relevé d'un ko, avec son canon à la main, en entendant ça.
Sur une araignée H-9, la demoiselle pleine d'amulettes venait de pointer son nez devant Alibéla, en faisant disparaître quelques absylles au passage.
- Merci, dit l'adolescent.
- Je ne te connais pas toi. Jacquie, comment tu te sens ?
- Où est la vignasse ?
- Où tu vas Méseane ? Interrogea Alibéla.
- Stopper le sorcier, où l'arme, où quoi que ce soit. On ne doit pas laisser de traces visibles depuis les satellites, ce genre de chose. On s'en va avant l'arrivée de leur gouvernement, parlement, emprisonnement, truc en ment.
- Tu vas arrêter ça toi. Nous, on s'en va. "
Alibéla dit cela en caressant une mèche de Dess, dans le but de l'entraîner seul avec elle. Elle vit le regard du däever qui partait avec son amie. Jeune immature imbécile, pensa-t-elle, en regardant Méseane s'éloigner. Elle eût la nausée une seconde. Méséane fut rejointe par une autre araignée, une H-12 avec un solène sur son dos.
Elle alla aider son amie, elle ne put pas s'en empêcher. Elle ne pût pas s'empêcher non plus, de partir avec les derniers blessés, comme elle l'avait dit. Durant tous ce temps, elle n'avait plus osé regarder Dess et Méséane. Qu'est-ce qu'ils en savent eux, de la vie de pirate ? De toute façon, c'était elle qui avait volé les graines capables d'appeler Altos. En plus, vu comment la terre tremblait, un huit pieds se baladait pas loin. Peut-être, viendrait-il tout chambouler ici et donner à ces ingrats, ce qu'ils méritent. Ne pas souhaiter de mal, se répétât-t-elle. Encore moins, y mêler la splendeur des huit pieds. Celui la sauta par-dessus la scène. Une tête de dragon, son corps de chat et sa queue de chien, il perdit une écaille de sous ses pattes dans la volée. Cela aussi, se serait pour Bébé. Un bouclier, se dit la toge bleue en constatant qu'il résistait à un tir de canon.
Edia et Méséane furent détournés de leur objectif, par une de ces rencontres si rocambolesque que la vie nous propose, sans retour et marquée de résonnances, intuitive et fortuite. Lorsqu'à leur retour, ils virent leur supérieur rendre des comptes à un homme qui disait être aussi vieux qui la machine et qui parler avec dédain de leur institution, des archevêques et des toutes les espèces vivantes, s'en fut fini du Grand Ordre pour eux.
Six mois plus tard, Hayden et Dess marchaient dans les rues du marché d'Hédridre, capitale de Soldomon. Sur des toiles portées par des arcades de pierre aux bords pointus, Saphroth gambadait. Au-dessous de lui, ses compagnons discutaient.
Assis à la table d'un cuisinier, fédérateur sudiste, au cerveau lavé par la Machine avant cela, ils se contentaient pour le moment de miche de pain. Le Solène orangé avec une tunique longue, un pull qui ne fermait pas et une crinière qui subissait le vent, leur parlait dans le plus grand des calmes.
" Manger ? Si je puis vous apporter la moindre aide dans cette vie, mes amis d'une journée, je le ferai avec grand plaisir.
- Pourquoi la mériterions-nous ?
- La Machine nous a déjà tout donné. Vous êtes des voyageurs, sans elle vous seriez bien triste. Je suis là pour elle, je suis là pour vous. Dess s'inquiéta de cette réponse.
- Tu veux aider des voyageurs, malgré le blason sur ton pull. Je croyais que Ganma faisait grande honte, à ceux qui avaient embrassé les causes.
- J'aide tous ceux qui aiment le bon poulet.
- Sans sagesse, est celui qui n'a pas confiance en la cuisine des Solène. Répliqua Hayden d'un ton révérencieux.
- Profitez en bien, les fermes des couloirs seront bientôt dans les mains des Nordistes.
- Là où on les élève avec la crystaline, dodu comme les dodos du volcan de Kat.
- Ça même.
- Ah ! Dess resta bouche bée. La première bouchée, lui en fit prendre une autre par réflexe, avant de redevenir bouche bée. Malédiction ! Reprit-il ensuite. Que Deïdam nous vienne en aide !
- Avez-vous entendu parler de la pluie qui s'est abattue sur Xat ?
- Nous y étions.
- Alors ? Demanda le Solène, sans plus de détails.
- C'était l'orage le plus terrible que j'ai vu.
- Mais c'était la première tempête d'orage que tu voyais. Précisa Hayden.
- Une de ces pluies, reprit Side sans plus de conjectures. Des torrents qui vous fouettiez le visage. Il n'a pas été aisé, de trouver ce que nous cherchions. À dix minutes près, nous y serions restés pris au piège, encerclés par des cascades et des débris de nids.
- Prenons donc le pari, que leurs confréries ne bougeront pas d'un pousse et que les nordistes nous jetterons le blâme.
- Vous êtes un peu pessimiste. Répondit la louve à la présomption du lion.
- Quelques rumeurs. Cela par contre, c'est du concret. Dit le cuistot en badigeonnant les plats d'une sauce de sa préparation.
- Mais quel poulet que vous nous avez préparé ! Lança Hayden, comme si elle avait vécu toute sa vie pour cet instant.
- Connaissez-vous quelque chose, à propos de Juana.
- La tombe de Ric III. Je sais qu'elle n'est nullement perdue. Son emplacement, il est caché dans le récit de Gaouni. Ho ! Désolé mes chers clients, je dois écourter la discussion. Votre plaisir est le mien, régalez-vous et la bonne étoile aux aldams. "
Des soldats de l'Ordre étaient entrés. Huit légionnaires, que le cuistot interpella et servit avec la plus belle des politesses. De sacrés gaillards, sûrement aptes à reconnaître l'adolescent qui avait d'un seul coup tout intérêt à détaler, dans la discrétion. Il posa quelques rinbats sur la table, mit le poulet dans son manteau et se leva en silence.
Malheureusement, la holanne attira contre son gré l'attention d'un scribe, lancier au service de l'Ordre. Elle leur tira la langue, ils en furent amusés et Dess fut bien surpris, d'être protégé de la sorte. " Au Poulet brillant " Dess retenu le nom de cette enseigne et son indice sur l'emplacement de Juana. Ils soudoyèrent ensuite un autre aubergiste, pour utiliser son téléporteur.
" La route des pirates mènent sous terre pour ceux qui tardent trop. " Hayden avait entendu parler d'une rivière souterraine, qui leur éviterait trop d'efforts jusque atteindre leur prochain but. La construction des tunnels avait prise des centaines d'années aux dgeïkos. Lorsque, grâce à Deïdam, la hâte les avait pris de s'installer au-dehors, ils laissèrent quelques traces que certains marginaux qui passaient encore par là, trouvaient parfois par chance. Quand ce n'était pas un nid de mites à ailes jaunes, sous peine d'attraper la fièvre rouge à leurs contacts. Une fièvre qui provoquait des hallucinations à vous donner envie de tuer. Dess lui, fut guidé par le samens vers un mur qui servait autrefois de réserve à des dgeïkos. L'adolescent retira quelques lourds couvercles enfoncés dans la terre pour y trouver des vivres amers et de la joaillerie rare. Hayden fut intéressée par la perlite qu'exploitait le grand peuple à l'époque, une pierre si rare, si fragile et si belle. Dess et Saphroth quant-à eux, n'écoutèrent que leur ventre et ne virent que la quantité de fromage sucrés, qu'ils ne purent pas terminer.
Les chemins souterrains de Silvadiva étaient tout aussi tortueux que ceux des montagnes borgnes, ou les couloirs d'Astarad. Sa curiosité avait aussi traîné Dess, qui ne faisait que suivre en cet instant, contrairement à Saphroth et aux oreilles de l'holanne. Mise à part ça, il fut le premier des trois, à courir pour voir de plus près cette eau, d'un bleu si luisant. Ses algues lui donnaient sa couleur et sa lumière, ses poissons un reflet perlé. Les yeux perdus dans l'eau, Dess se mit à repenser à Alibéla et s'envola.

Ma déesse des rêves.
Je meurs d'amour pour toi, mais tes lèvres me réveillent.
Dans mes sentiments je vis près de toi.
Mes souvenirs me font quitter le néant.
Ta peau, mon océan,
ton souffle, mon vent.
Ta voix caressant mon oreille, le voile de la paix qui se déploie.
Mon respect pour toi, c'est de l'amour.
Mon amour, mon amour pour toi c'est de l'amour.

Puis il tendit le médaillon de Juana et sa lueur fut leur chemin.
Il les mena aux plaines les plus vertes qu'il fut donné de voir à Dess et à ses deux compagnons. Cela se devait pourtant d'être là, cette fameuse cité. Rescapée et salvatrice de la mémoire des premiers amoes. Les descendants des primitifs, où étaient-ils ? Dess ne trouvait rien en fouillant les mots de Gaouni, mais Hayden fixait quelque chose. Qu'était-ce ?
" Tout en haut, regarde ! Une grotte.
- Et ?
- Pourquoi ce ne serait pas caché là ? Vas voir !
- On parle d'un peuple dit immortel et parfait. Civilisé et beau, pas ces gorilles de bouffeur de terre de dgeïko. On utilise de trop grands mots, on ne trouvera pas cette Juana ! Non ! Vraiment ! Hayden, j'en ai marre. Et si on gardait ce médaillon ? La foi, on lui demandera au dragon Héliode, ce qu'on doit en faire.
- Ce n'est pas la peine de te questionner à ce sujet petit. C'est autre chose qui va nous arriver maintenant. "
La Holanne pointa du bout du doigt, derrière son booman. Celui-ci attarda un instant son regard sur la main d'acier, qui avait remplacé la vraie. C'était de sa faute, même si Hayden avait déjà tenté de le convaincre du contraire. " Il attend et nous observe ainsi depuis cinq bonnes minutes, ajouta Hayden, pour que le jeune se décide enfin. "
Dess se tourna, prêt à tout voir. Néanmoins, il aurait préféré croiser un amoes des origines, au lieu de cette aura impénétrable avec laquelle ils ne pouvaient éviter la collision.
Qui est cet homme ? Qu'attend-il ainsi ? Cherche-t-il une main ou une lame ? Pourquoi garde-t-il le silence ? Il ne bouge pas, il ne parle pas. Pense-t-il seulement ? Le vent souffle fort dans sa direction, mais même à lui, il semble fermé et sourd. Pourquoi ? Que souhaite-t-il trouver, ou apprendre, ici ? Que faisait le destin, à imposer à Dess une autre étape ici ? Alors même que son voyage se terminait, il croisait un soldat de la nation immortelle. L'armure du néo-nippon ne semblait pas épaisse, mais Dess avait entendu trop d'histoire, à propos de ces métaux polymorphiques. Trop aussi, de morts mystérieuses à cause de ces masques de démons, comme celui que portait le marcheur.
Ces guerriers n'hésitaient pas à être voyants, rien à voir avec les tenues de camouflage de l'ordre, ou ces toges aux couleurs trop fortes et oppressantes de la Machine.
Du bleu, presque blanc, sur son masque et ses vêtements tachés, celui-ci arborait même un bandeau mauve, sur le rouge et le noir de son armure aux reflets agressifs. Un autre qui voulait empêcher le médaillon d'atteindre sa destination ?
" Arrête de penser. Cria l'homme... "
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Défi
Simon Folio


DESCRIPTION GÉNÉRALE :
- Pourquoi as tu autant de noms ?
- Pirate, c'est une vie dans la boue.

- Dess, est-ce un pseudo ? Que signifie le Side qui te suit partout ?
- C'est la façon dont la société a choisi de me nommer, cela m'importe bien peu que de trouver des raisons de m'attacher lui.

- Quelle est ta taille ? On ne te voit jamais en entier, toujours emmitouflé dans ton manteau courir dans tous les sens.
-Je ne crois pas être beaucoup plus petit que tous ceux de mon âge.

- Quel est ton poids ou ta corpulence ? Cette épée l'air lourde pour l'enfant que tu es.
- Moins que ce que vous imaginez.


-Te rapelles-tu de ton origine ?
- Le village qui a brûlé, lorsque Altos a voulu bénir un lieu.

- Quel est ton âge ? D'où viens-tu ?
- Je grandis, j'ai été élever par Ganma Side avant d'être déposé dans les locaux de la Machine.

- Comment décrirais-tu cette pagaille dans tes cheveux : c'est leur coupe, leur couleur...
- L'art ne trouvera de limite qu' son origine...

- De quelle couleur sont tes yeux ?
- Marrons, rouge lorsque c'est Héliode qui embellit le ciel.

- Es-tu en bonne santé ? Possèdes-tu des caractéristiques physiques particulières ?
- Je peux courir très vite combattre très longtemps, si c'est pour assurer ma survie.

- As-tu des cicatrices, marques de naissance ou des tatouages ?
- Rien qui ne m'empêche de m'aimer.

- Portes-tu des bijoux ou des accessoires ?
- Mon amie la louve m'a offerte une broche une fois. Une araignée en bleuite.

- De quelle façon es-tu généralement habillée ?
- Ce serait une très mauvaise idée que de laisser trainer un manteau de cette valeur loin de ma peau, ne pensez-vous pas ?

- Quelle expression est le plus souvent affichée sur ton visage ?
-Le sourire.

- As-tu des habitudes gestuelles particulières ou des tics ?
- Non, je pense que je suis très beau.

- Utilises-tu régulièrement une expression ou une citation particulière ?
-Woupoooo !

FAMILLE ET PASSÉ :
- Qui sont ou étaient tes parents ? Parle-nous un peu d'eux.
- Xat.

- As-tu des frères et sœurs ? Si oui, que peux-tu nous dire à leur sujet ?
-Non.

- Parle-nous du reste de ta famille.
-Ganma protégera toujours tous les Side.

- Comment décrirais-tu ton enfance ?
- Marcher !

- Quel est l’événement qui t'a le plus marqué jusqu'ici dans ta vie ?
- J'ai croisé Ammon.

SITUATION ACTUELLE :
- Où vis-tu actuellement ? Que fais-tu dans la vie ? Appartiens-tu à un groupe ou à une organisation particulière (guilde, société secrète, équipe, armée, secte, etc) ? Y as-tu un rang particulier ? Quel est ton but dans la vie, tes objectifs à plus ou moins court terme ?
-...

COMPÉTENCES :
- Possèdes-tu des capacités ou des compétences particulières ? Quelle est ta spécialité ?
- Je préfére rester modeste madame, je suis un garçon timide.

- As-tu des problèmes ou des difficultés dans certains domaines de compétences ?
-Oui ! Je n'ai jamais rien compris cette fichue magie. Des conseils ?

RELATION :
- Qui est la personne la plus importante dans ta vie et pourquoi ?
- Saphroth, il connait le chemin.

- Es-tu en couple ou as-tu des vus sur quelqu'un ?
- Alibéla...

- Es-tu du genre à juger rapidement les autres ? Combien de temps mets-tu pour ?
- Nihenne sait.

- As-tu des rivaux ou des ennemis ? Si oui, de quelle nature ?
- Oui, les dieux, les primitifs, les aristocrates, enfin en génral les aldams n'aiments pas beaucoup qu'on leur prenne leurs biens.

- As-tu des amis ? Qui sont-ils ?
- Je suis en train de les chercher, tu ne te souviens pas ?

- Es-tu plutôt du genre à argumenter ou essayes-tu plutôt d'éviter les conflits ?
- Nihenne choisit

- Aimes-tu passer du temps seul ?
- Pour rêver...

PERSONNALITÉ :
- Es-tu plutôt optimiste, réaliste ou pessimiste ?
- Je suis le plus doué des maîtres Däev.

- Aimes-tu prendre des risques ou préfères-tu jouer la sécurité ?
- Tout dépend du trésor.

- Aimes-tu faire des blagues ou préfères-tu rester sérieuse ?
- Je ne joue pas de rôles.

- As-tu des peurs ou des phobies ? Quelle est ta plus grande peur ?
- Perdre Saphroth, mon samens. Les gens peu éduqués diraient que c'est un singe.

- Suis-tu un code de conduite qui guide ou régit ta vie et tes actes ?
- Je suis libre et je dois propager la liberté.

- Es-tu du genre à faire des promesses ? Si oui, les tiens-tu ?
- J'agis.

- As-tu de lourds secrets ? Est-ce que quelqu'un les connaît et si c'est le cas, comment les a-t-il découverts ?
- Je dois me cacher pour ne pas qu'on découvre que j'ai fui l'école qui m'a acceuilli.

- As-tu des vices quelconques ?
- Plus de nourritures, plus de trésors, toujours plus de trésor pour avoir encore plus de nourritures.

- Si tu devais décrire ta personnalité en trois mots...
- Porteur de Nihenne.


CROYANCES :
- Es-tu croyant ? Si oui, de quelle religion, croyance ou dieux ?
- Je crois que si j'embête de trop près la ouve avec qui je marche, elle n'aura aucunement besoin d'un dieu pour me dépcer.

- Es-tu superstitieux ?
- Je n'ai pas peur des dieux. Un jour, ils auront peur de moi.

- Quelle valeur accordes-tu à l'argent ?
- Le prix d'un homar géant de Melikin. Avec plus d'argent, tu auras deux homars.

- Que penses-tu de la politique ?
- Il faut se méfier de ceux qui veulent le pouvoir.

- Soutiens-tu une cause particulière ?
- Les rinbats ! Le Dozon ! À Ganma et la splendeur de Xat ! À Dess Side le plus fort des maîtres Däev !

- Que penses-tu du fait de voler ?
- Je suis un pirate.

- Que penses-tu du fait de tuer ?
- S'il y a des rinbats à la clé et que ce n'est pas un aldam honnête...

- Considères-tu que certaines espèces ou genres de personnes sont inférieurs ou supérieurs à toi ?
- Il n'est pas d'art qui en dépasse un autre, il n'y a que des pratiquants dont la rigueur varie.

GOÛTS PERSONNELS :
- As-tu des hobbies ? Quel est ton passe-temps favori ?
- Jouer au Dozon. L'argent est-il un hobbie ?

- Quelle est... Rends moi ça !
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Simon Folio


"-Sacré bordel aujourd'hui hein ? Cette fois, là, j'ai vraiment cru que j'allais pas m'en tirer.
-Tu dis toujours ça et on s'en sort toujours.
- C'est pour ça que je te le dis toujours. Répliqua l'autre d'une voix rauque
- Toi et moi, nous sommes des forces de la nature, dit l'homme en allumant une cigarette."
Un cliquetis se fit entendre. La porte s'ouvrit, laissant entrer la lumière dans la pièce. Tirant les deux hommes de l'obscurité totale où ils attendaient depuis trois heures ; un homme noir et un homme blanc, l'un le crâne rasé, l'autre une coupe en brosse. Vêtus d'une tenue d'intervention militaire, ils étaient assis face à face dans ce conteneur, une bombe à expansion sonique longue, entre eux deux.
"Vous l'avez ?" Dit une voix sortie de derrière les portes. Un homme vêtu d'une tenue militaire se plaça dans la lumière. Une casquette blanche sur laquelle le symbole d'une épée portée par deux mains différentes était cousu. Un homme d'une cinquantaine d'années dont le physique restait impressionnant. Un visage sec et fier comme en ont les chefs de guerre. Une barbe bien taillée et grisonnante.
"- Monsieur Chaltier. C'est un véritable plaisir de vous revoir ! Dit l'homme chauve. Nous l'avons. Nous vous l'avions dit que se serait sans souci.
- Eh bien, sortez dont que l'on aille fêter ça. L'air dur de son visage avait laissé place à un sourire satisfait.
Les deux hommes sortirent du conteneur. L'homme blanc boitait.
- Qu'est-ce qui t'est arrivé ? Demanda monsieur Chaltier.
- Rien. J'ai juste pas couru assez vite."
La présidente, escortée du premier grand amiral, vint se poser façe aux deux militaires. Ils arboraient le même écusson que monsieur Chaltier, cousu sur leurs vêtements.
- C'était la dernière bombe. A l'heure actuelle. Il ne nous reste que deux territoires sous dictature à reprendre. Dans toutes les dernières nations militarisées, les peuples sont déjà devant les parlements. Savez-vous ce que cela signifie ?
- Qu'on pourra dans peu de temps vous entendre dire que l'union des peuples est proche madame la présidente, répondit l'homme blanc.
- Elle l'est plus que jamais messieurs. Et c'est en grande partie grâce à vous. Lorsque vous vous serez soigné colonel, prenez connaissance des résultats des opérations effectuées durant vos absences.
- Qu'en est-il des coupures de communication et de réseaux ? Nous avions cru un instant que la mission avait échoué, et que le territoire japonais n'existait plus.
- Le territoire japonais est encore sur cette terre. Il est sous le contrôle du peuple.
- Votre travail est terminé messieurs. Reprit le grand amiral. Rendez vous ce soir au QG pour récupérer vos médailles et les honneurs qui vous sont dus. Et ensuite vous irez fêter cela dans un bar.
- Je croyais que tous les bars étaient fermés, dit l'homme noir.
- Les choses sont déjà en train de changer colonel Oudouair. Allez vous décrasser. Colonel Beethoven et allez à l'infirmerie. Puis rendez-vous à 17h45 exactement, dit monsieur Chaltier avec un sourire amical.
La voix solennelle de la présidente s'élevait dans le hangar du QG.
"- Aujourd'hui. Les colonels en chef Midraël Beethoven et Samir Oudraïr sont promus au rang d'honneur de la paix, nommés au grade d'amiral. Leur service plus qu'utile pour l'A.T.U. l'armée des terres unies prend fin aujourd'hui. Pour les opérations méduses menaient contre les dictatures de l'Amérique et du Japon leur valent les médailles de l'aigle et du tigre. Les terres unies vous remercient "
La présidente continua de distribuer des titres et des rangs aux autres soldats présents.
" Le japon se sera mon meilleur souvenir, dit Samir du coin de la bouche.
- Tais-toi, je prie. Répondit Midraël.
- Putin pourquoi tu pries toujours dans les moments comme ça ?
- Ha ! Veux-tu bien te taire. Je te l'ai déjà dis, il faut bien que l'un de nous deux le fasse. Alors je remercie. N'empêche, ça fait du bien d'entendre que l'on reçoit ce genre de titre, continua Midraël dans un sourire."
Pour finir la cérémonie la présidente remercia une dernière fois l'ensemble des convives.
Comme prévu, le soir, monsieur Chaltier emmena Samir dans un bar. Midrael arriva un peu plus tard en béquille.
" Un bar ? Vraiment ? Que peuvent-ils bien servir ? Les dernières réserves d'alcool n’étaient-elles pas dans les mains de ceux qui l'ont interdit ?
Jeremy Chaltier avait été un des piliers pour l' A.T.U. Présent du début à la fin. L'un des premiers à financer les élections libres à travers l'ensemble des pays du monde. Le premier à avoir financé la recherche des meilleurs pirates informatiques possibles. Afin de détourner l'argent des banques pour le redistribuer équitablement. Jusqu'aux opérations pour récupérer les bombes à expansions soniques longues. C'était la menace qui avait remplacé les bombes atomiques en 3017. Leur logique était simple : L'anéantissement total du territoire, du peuple, et de sa mémoire. Plus, le poids sur les épaules de celui qui avait été la cause de son déclenchement. La base de tout était le son, le son et ces fameuses fréquences A et O. Une valise et un satellite c’était tout ce que ça nécessitait. La valise contenait un programme qui permettait de dicter à n'importe quel satellite d'envoyer les ondes A et O sur la région visée. Dans n'importe quel endroit, on trouvait du bruit. Il suffisait d'une parole, d'une note de musique, du chant d'un oiseau, d'une goutte d'eau dans un lavabo. Et la fréquence A se multipliait, de plus en plus haut et de plus en plus loin, emmenant avec elle la fréquence O. Son rôle à elle, étant de capter le bruit. Le problème étant, que lorsqu'un bruit entrait en contact avec elle, cela provoquait simplement la destruction de la zone d'où venait le son. A elle seule elle n'était pas si dangereuse. Elle se répandait sur à peine quelques mètres. C'était l'onde A qui la faisait durer et se propager. Et ce pourquoi, leur combinaison était une menace tyrannique. La restriction du nombre de kilomètres jusqu'où pouvait s'étendre au maximum les fréquences. C'était tout ce que l'O.N.U avait obtenu. Et utilisable uniquement en cas de rébellion totale du peuple contre la nation qui possède la bombe. C'était donc une arme propice pour faire son apparition en 2093. Lors de la plus grande vague de révolution des esprits que la terre n'aie jamais connue. Des mouvements de lutte contre toutes formes d'oppressions prenaient naissance dans tous les pays. La menace de cette arme, fut ce qui permit aux dirigeants de continuer à vivre comme ils l'avaient toujours fait. Ainsi que ce qui calma les esprits des révolutionnaires de cette époque. Mais quelques générations plus tard, le peuple avait pris les armes pour que le rêve de tant de leurs ancêtres se réalise enfin. Et tenter de bâtir le monde le plus en paix que l'Homme put. C'est ainsi qu'est né le mouvement des terres unies et avec lui l'A.T.U. La menace des bombes atomiques n'en était plus une, depuis longtemps. La technologie avait évolué et pour les experts, il devenait simple d'en désamorcer une à jamais.
"- Eh bien, il s'avère que ces hommes dont vous parlez, pour plus d'un, avaient des terres et des caves où ils le produisaient sans fin pour leur usage personnel. Alors la production commence lentement à reprendre. Ce bar là, est le premier à ouvrir. Et comme je sais que vous le méritez, je vous y emmène. Et vous, vous allez me raconter le Japon, reprit monsieur Chaltier.
- Le Japon c'est simplement l'endroit où vous devez aller. C'est la meilleure réponse que je puisse vous donner, répondit Samir.
- Je ne vous ai plus vu depuis que vous êtes partis pour l'Amérique. Comment étaient ces dernières opérations méduses ?
Les opérations méduses se menaient en trois phases.
Introduire des soldats en civil pour grossir les rangs de l'armée présente sur le sol. Positionner toutes les troupes de façon stratégique. Et lancer l'assaut partout en même temps paralysant l'ensemble des cibles adverses.
- En Amérique, la mort du dictateur et de ses hommes de main était inévitable. Pour le reste, nous avons enregistré des pertes des deux côtés. Mais au final. Elle est entièrement sous le contrôle de son peuple.
- Et au Japon ?
- Lorsque nous étions dans le palais de Yhong soon. Nous avons été aidés par des gens qui ne faisaient pas partie du plan. Des guerriers avec des sabres. Sans eux, nous n'aurions pas réussi. Dit Samir.
- Des guerriers avec des sabres! Étrange. Vous savez ce que vous allez faire maintenant ?
- A vrai dire on n’en a pas la moindre idée. Répondit Midrael.
- Eh bien soyez sans crainte messieurs. Il y a un programme en cours de développement. On a besoin de deux directeurs. On m'a vanté vos talents de chercheur en matière de son et d'architecture Midraël. Et on m'a aussi parlé de vos connaissances en matière d'ondes et d'aérospatial Samir. Vous serez parfaits."
Durant les deux ans qui suivirent, Midrael Beethoven et Samir Oudouaïr dirigèrent un projet qui portait sur la communication. Les plus grandes tours de relais de communication conçues par l'Homme jusque-là. Des tours mises sur orbite à différents endroits du globe. Une partait lorsque l'autre redescendait. Il y en aurait un couple lancé depuis l'Amérique centrale. Deux autres depuis l’Afrique et l'Australie. Un autre prenait son départ de la Russie, un autre d'Europe, un dernier au Brésil et c'était parfait. Les communications entre toutes les régions du monde seraient inébranlables pour un millier d'années au minimum. Elles avaient la capacité de résister même aux bombes à fréquence A et O. Tout se passait pour le mieux pour Samir et Midrael. Cependant un vendredi le grand amiral vint en personne leur rendre visite dans leur bureau. Depuis qu'ils avaient quitté officiellement l'A.T.U, les deux hommes n'avaient plus croisé un seul gradé de ce genre. Ça aurait été difficile de croire que cela put être sans raisons précise. Le grand amiral les informa que des espions de l'A.T.U œuvraient en ce moment au Japon pour s'informer sur des prétendants au pouvoir. Et que leur rappel dans les troupes leurs serait sûrement annoncé prochainement.
Les deux tours Macma dont Samir et Midrael avaient la responsabilité étaient celles dont la construction était la plus avancée dans l'ensemble du monde. Elles devaient contenir chacune une bibliothèque, un département scientifique, ainsi qu'un département botanique, en plus des installations de communications. La bibliothèque devait contenir une copie de chacun des plus grands livres connus, ainsi que les plus rares, tout comme ceux qui étaient les plus informatifs. S'il se passait quelque chose sur la Terre un jour. Tout le savoir emmagasiné par l'homme serait toujours là, dans ces tours, dans les départements de la bibliothèque et les départements scientifiques. Chacune des machines les plus importantes inventées devait avoir sa place. Le compartiment botanique, contenait chaque fleur, chaque plante, ainsi qu'un Zoo, comme une arche de Noé. Un grand nombre d'employés devait y travailler et y élire domicile, triant les informations et travaillant en collaboration avec les autres tours, pour être utilisées ensuite sur la planète entière. Ces tours représentaient l'âge d'or du savoir et de la communication.
Neuf mois plus tard, Samir se retrouvait responsable de la fin de la construction des deux tours, deux délégués sous ses ordres. Ils se révélèrent d'ailleurs très utiles lors de la construction de la fontaine du rez-de-chaussée, et des calculs pour la construction du globe d'or au sommet. De fabuleux architectes et des artistes doués.
Midrael avait été envoyé au Japon pour une mission d'infiltrations. Il avait toujours été le plus doué des deux en ce qui concerne la discrétion.Le déroulement de cette opération nécessitait qu'un homme seul porte son fardeau. Les portes du Japon s'étaient retrouvées fermées du jour au lendemain quelques mois plus tôt. Un groupe de conservateurs des valeurs du Japon féodal avait pris le contrôle du pays par la force, expulsant les résidents qui appartenaient à l'A.T.U. Depuis plus personne n'entrait et plus personne ne sortait du territoire nippon. Nul ne savait ce qui s'y passait. Toute communication, toute image étaient coupées ou brouillées.Les forces du parti repoussaient sans difficulté les tentatives d'entrée de l'A.T.U. Des rumeurs de technologies nouvelles s'étaient répandues comme une traînée de poudre dans tout le monde. La rumeur d'un champ bleu protecteur semblait devenue réalité. Les forces de l'A.T.U encore actives avaient fortement recommandé de ne pas s'approcher de cette zone. Le grand amiral était revenu dans leur bureau pour demander à Midrael de réussir à s'y rendre. L'Occidental avait choisi d'accepter. Samir n'avait plus une seule nouvelle de son ami depuis. Il pensait au pire pour Midrael, craignant que son ami ne voie pas leur travail décoller dans l'espace.
Le coéquipier de Samir n'avait toujours pas montré le bout de son nez lorsque la liste des équipes qui devaient aller sur orbite fut complète, ni même lorsque la navette qui devait effectuer des changements réguliers entre les tours et la terre fut terminée. Il n'avait pas vu s'ajouter les départements de justice et les écoles. Cependant, trois mois avant le décollage des tours, Samir eut vent d'une information qui venait des îles nippones. Des tours Macma avaient été bâties là-bas aussi. Samir sut que Midrael ne devait pas être étranger à cela. Néanmoins, dans un sens, cela le rassurait, il pouvait croire que son ami était toujours en vie.
L'ensemble des tours Macma autour du globe était terminé mais aucune d'elles n'avait encore décollée. Samir descendit d'abord au rez-de-chaussée puis sortit pour les observer. Elles étaient immenses. Il avait réussi là où Babel avait échoué. On ne voyait même pas le globe du haut de la tour dans les nuages. Elles devaient être visibles de si loin. L'homme avait bâti des montagnes. Le départ de celles d'Europe fut programmé en premier. Celles dont Samir s'était retrouvé responsable. Dans un premier lieu, il avait été convenu d'un commun accord que les tours seraient d'abord mises en marche quelques mois sur la terre ferme avant d'être lancées dans l'espace. Elles ne desserviraient que ceux qui souhaitaient s'y connecter dès son activation sur terre. Les premières semaines se passèrent sans aucun élément perturbateur. Des pluies diluviennes tombèrent près de toutes les tours pendant deux où trois jours. Le réseau fut un peu brouillé mais aucune perte de contacts n'était à déclarer. Vers la fin de la troisième semaine du deuxième mois en Russie il neigea tant que les scientifiques enregistrèrent un record loin devant tous ceux qui avaient déjà été enregistrés jusque-là. Quelques autres travaux eurent lieu pour remédier à ces problèmes, de sorte que le réseau ne soit plus brouillé. Que la communication et l'information soient de tout temps disponibles. Les bonnes nouvelles qui permirent d'avancer sur le sujet vinrent de l'ami de Samir du japon. Il y construisait aussi une tour. Un des chercheurs avait modifié la fréquence O. C'était un autre style de fréquence qu'elle capturait. La fréquence K. Pour la trouver, les chercheurs japonais avaient inversé informatiquement un procédé sonore connu depuis longtemps. Transformer un son en fichier informatique. Là, il s'agissait de transformer n'importe quel type de fichier informatique en un son. C'était ce son, la fréquence K, imperceptible à l'oreille. Un bruit créé sur la fréquence de zéro hertz. Une sorte de second silence, comme ils l'expliquaient à la télévision. Touché par la fréquence O le son se multipliait toujours plus, captant les informations envoyées et demandées par les connectés. Mais plus que tout, Samir Oudouaïr se questionnait sur ce que Midraël pouvait bien faire tout ce temps passé au Japon. Quatorze mois, déjà. Samir avait beau tenté de remonter ses sources d'informations jusqu'au plus haut gradé. Mais rien ne lui était divulgué. Ces inconvénients de brouillage avaient rajouté huit mois à la date de décollage. Ils devaient renforcer les choses, que les tours ne soient pas perturbées par les objets quelconques qui pourraient troubler leur champ d'action, une fois en orbite. Lorsque ce fut fait, le lancement eut finalement lieu. Et comme le craignait Samir, Midraël ne verrait pas ce sur quoi il avait travaillé. Cependant il pensa que peut-être, Midraël verrait la même chose au Japon. L'Europe fut la dernière à effectuer la mise en marche du décollage. Elle dut le faire six jours plus tard. Une tempête avait fracassé les alentours de la tour en Italie.
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Simon Folio


Le bruit d'un calme ruisseau. La sensation d'un sol. Krys ouvrit les yeux sur un ciel bleu. Il s'était allongé quelques instants. La tête appuyée sur une petite bosse de terre et les pieds sur une autre. Il tourna les yeux, vit la couleur marron du sol. Les fines racines qui s'élevaient du sol, devenant de plus en plus épaisses jusqu'à porter un arbre pendu dans les airs. Celui à côté de Krys était vieux. Il le savait car le bout de certaines racines ne touchait déjà plus le sol. Le jeune homme se releva et frotta ses yeux pour essayer d'enlever une fatigue accumulée après deux jours et une nuit de marche sans s'arrêter. Krys ramassa une petite pierre marron sur sa droite, chercha ses compagnons du regard. Riviére, un jeune homme de vingt-deux ans n'était pas encore réveillé, se reposant sous l'ombre d'un arbre. Krys leva la tête vers le feuillage droit qui cachait Riviére du soleil. Il y jeta la pierre qu'il avait ramassée, ricanant d'avance à ce qui allait se passer. Au contact de la pierre l'arbre trembla, comme frissonnant. Le feuillage qui prit une couleur jaune se sépara de quelques dizaines de feuilles. Une légère poudre jaune se répandit dans les airs. Krys recula loin, sachant bien à quel point l'odeur qui allait s'en dégager était nauséabonde. Il y avait de quoi faire tourner de l’œil à quelqu'un de trop sensible, donc forcément de quoi réveiller ce cher Riviére. Un plan parfait. Le jeune homme se leva dans une grimace en criant une insulte. De mauvais poil, Riviére s'empressa difficilement de prendre son sac. Il ramassa son sabre et l'ajusta à sa taille. Il prit sa lance appuyée sur une racine. Tournant la tête à droite et à gauche, il aperçut Krys en train de rire et marcha vers lui sans penser à attacher sa lance dans son dos. Krys demanda en signe de bonjour :
" Alors Riväne, on fait des mauvais rêves ? C'est quoi cette grimace.
Riväne voulut maudire Krys mais ils n'eurent pas le temps de se disputer. Le troisième homme qui marchait avec eux dans ces forêts était réveillé lui aussi, et marchait à leur rencontre. Un homme grand, le corps recouvert d'une armure noire. Un visage dur et balafré. Une cicatrice commençait sur sa joue pour se terminer sur le haut de son cou. Une autre partait d'en bas de son œil et descendait le long de sa joue. Il lui manquait le lobe de l'oreille droit, comme une continuation de sa cicatrice. Une barbe mal rasée ajoutait au caractère rude de son visage. Des cheveux courts poussés en arrière commençaient à grisonner. Une épée sur son dos, son armure était marquée de l'insigne de la Veille. Un tigre mordant le cou d'un dragon agonisant. Seuls ceux qui défendaient les côtes du territoire humain face aux assauts des dragons portaient ce signe. De là lui venaient ses cicatrices, et son attirail de guerrier. L'homme s'adressa aux deux jeunes hommes avec une voix rauque:
"- Bonjour Krys, bonjour Riväne. Se tournant ensuite vers Krys, il ajouta: Récupère tes affaires, petit malin. L'entraînement matinal n'attend pas.
- Comme tu veux Deïdam. Répondit Krys en allant chercher son sac, son grand arc et son épée."
Riväne, regardait l'homme en armure. Deïdam, un homme qui était devenu si fort en s'entraînant deux fois par jour, tous les jours depuis qu'il était tout jeune. Il entraînait les deux amis depuis qu'ils avaient six ans mais Riväne se demandait si il pourrait un jour devenir aussi fort que son maître. Deïdam le grand épéiste. On disait de lui qu'il avait un jour réussi à faire fuir trois dragons noirs avec son épée alors qu'il était encerclé et que la garde entière était tombée. Les armes humaines avaient peu d'efficacité sur la peau des dragons, l'acier si génétiquement modifié soit-il résistait à peine au fléau des crocs acérés des bêtes gigantesques. Mais Deïdam, lui, avait réussi à vaincre trois de ses reptiles. Ils étaient plus grands que les ours que l'on pouvait voir sur la côte sud et pourtant Deïdam avait été si vif, si précis, si souple. Si courageux que les bêtes elles-même avaient pris peur. C'était sur son conseil que Riviére avait choisi de changer de nom. De toute façon les türoucks Oton et Bilba l'avaient appelé ainsi pendant plus de six ans. Il avait pris le nom de Rivane au moment même où Deïdam lui avait tendu une épée. Au moment où Deïdam les avait emmenés Krys et lui explorer la Terre nouvelle. La maîtrise de l'art de l'épée avait bien grandi depuis chez Rivane et Krys. Mais ils n'avaient pas encore la souplesse et la vitesse d'esprit de Deïdam. Leur style était bien loin de celui du grand épéiste. Il ferait sans doute plus de dégâts avec les lasers de sa lance sur un dragon noir qu'avec son épée. Il en était de même pour Krys avec son arc et ses explosifs. Les trois compagnons fouillèrent ensuite leur sac. Chacun en sortit une boule d'acier qu'ils posèrent sur le sol. Une fois activée, cette boule servait de moyen de transport le plus répandu chez les explorateurs. "Les araignées", de modèle H7 et H16, souples, minces, solides. Une fois les sphères dépliées, elles étaient ce qu'il y avait de mieux pour se déplacer dans un monde quasi-vide de routes. La petite crevasse qui se tenait à trente mètres des trois guerriers ne causerait par exemple ; aucun problème à ces araignées. Contourner la crevasse leur aurait pris à peine une minute. Cependant les machines avaient copié bien plus que l'apparence et l'agilité de l'insecte. L'inventeur Ji Hender, avait pris exemple sur l'habilité de l'araignée à tisser et à bâtir sa maison. Sa machine bâtissait des chemins. Douze fils suffirent pour que les trois compagnons puissent rejoindre l'endroit où ils avaient décidé de s'entraîner. Tandis que les pattes des araignées avançaient sans difficulté sur les fils de toile qu'elles avaient lancées. Krys ouvrit la discussion. Une anomalie était apparue sur le sixième écran. L'écran était taché et la vision impossible. L'homme abaissa le foulard qui couvrait son nez et sa bouche afin d'interroger Deidam, tout en essuyant en vain l’œil de la caméra à l'aide de sa manche :
"- Deïdam j'ai un problème sur un écran,
- Après l'entraînement. Répondit sèchement Deïdam. Il n'y en à pas sur les commandes ?"
Krys tourna la tête sur les côtés. Ça faisait longtemps qu'ils avaient appris à conduire sans regarder les commandes. Les dessins en mouvement, représentant les pattes schématiques de la machine étaient normaux. Les points sur lesquels étaient posés les doigts du jeune homme brillaient normalement. Alors Krys répondit non et la troupe atteignit le bout de la crevasse. Sur cette herbe verte Deïdam parla le premier :
" -Rangez les araignées. Rivane prend ta lance, Krys ton arc. Activez le mode entraînement et attaquez-moi ensemble. On s'attardera ensuite sur votre maniement de l'épée. "
Deïdam et Rivane vérifièrent que la protection de leur lame était verrouillée. Krys, que les quatre manettes qui commandaient à son sac de retirer les caches de protection des flèches, étaient abaissées. Ils vérifièrent ensuite tous les trois que les canons des armes eux aussi, n'étaient pas armés pour tuer.
Les trois hommes se positionnèrent. Deidam et Rivane firent un pas en avant. Les deux jeunes lancèrent la première attaque. Krys se lança dans une pirouette arrière, pour obtenir une distance nécessaire à la précision de son arc. Rivane fit tournoyer sa lance sur la gauche du grand épéiste. Krys avait son maître dans le viseur de son grand arc gris. L'hologramme de la cible concordait parfaitement avec la pointe lumineuse de la flèche d'entraînement. Dans les pensées de Krys la lumière toucherait le torse de Deidam, laissant sa marque et des ondes lumineuses en propagation sur l'armure noire. Mais la vitesse de Deidam trompa l'esprit de l'archer. La première flèche ne toucha pas sa cible. Rivane se lança alors à l'assaut. Les déplacements de Deïdam étaient parfaits, jamais de fautes. Dans un échange de feintes et de coups, l’épéiste se servit de son élève pour se protéger de l'arc de Krys. Rivane voulut mettre de la distance entre son maître et lui pour qu'une flèche de Krys mette fin à l'échange. L'archer attendait patiemment cet instant où Rivane s'écarterait. Il vit une occasion lorsque son ami lança une roue sur le côté. Deidam poussait Rivane du pied, un moment parfait selon lui. Cependant il se trompa une fois de plus. Au moment où Krys avait lâché la flèche Deidam était déjà à mi distance de lui. Fonçant avec son épaule sur l'estomac de l'archer. Une poussée fut suffisante pour que l'archer perde l'équilibre et que Deidam se mette en position pour tirer. La main posée sur la gâchette de son sabre, il dit une phrase en tirant:
" Je ne cherchais pas à me protéger lorsque j'étais face à Rivane. Mon plan était de me rapprocher de toi."
L'émetteur lumineux avait touché le cœur de Krys. La lumière était restée sur sa chemise. Rivane revint à l'attaque. Il fut vite vaincu par une clé de bras et Deidam lui dit ceci :
" Je n'avais pas les yeux sur toi. Mais là ils l'étaient. Concentre-toi sur une cible, vois tout le reste, sois intouchable face à ce qui te sépare de ta proie. Prenez vos épées maintenant."
Ils se battirent encore pendant quinze minutes avant de reprendre la route. Ils venaient du campement de l'Ouest et se dirigeaient vers le dôme bleu, apparut là où les tours du Japon semblait avoir atterri. Mais ils devaient encore passer par le campement de Qual et bien d'autres endroits avant de l'atteindre. Ça ne s'était pas vraiment bien passé au campement de l'Ouest. Leur première escale après qu'ils eurent quitté la Capitale. Beaucoup de gens avait compris qui étaient Krys et Rïvane et avaient voulut les agresser. Mais malgré cela, Rivane était de bonne humeur ce jour la. Alors il provoqua ses deux compagnons dans une course.
Les araignées accélérèrent et partirent en flèche face à elles. La barre de vitesse affichait facilement une centaine de kilomètre heure en quelques secondes chez ces machines. Zigzaguant entre les arbres, grimpant dans les branches, les trois compagnons foncèrent vers la suite de leurs aventures.
Le paysage était vite redevenu plus dense, le sol plus humide et les arbres plus nombreux, les racines des arbres se mêlaient de plus en plus, de plus en plus épaisses. Le paysage était devenu verdoyant, les racines formaient un sol lorsque Riväne menait la course. Un champ de coquilles formait des obstacles pour les trois coureurs. Certaines immobiles, d'autres avançant lentement portées par un long cou et des petites pattes larges. Sur la tête de certaines les trois points colorés tournèrent lorsqu'ils virent la vitesse où Deïdam passait. Des fourrures en forme de limace grimpaient et avançaient sur les branches des arbres. Dandinant avec leurs six pattes. Même les ailes des papillons étaient velues à cet endroit. Les premières herbes vinrent plus vite que Krys ne l'aurait cru. D'abord jaunes comme la paille, pour ensuite s'assortir au vert des feuilles. De petits êtres maigres et rouges sautillaient sur leurs quatre pattes. Une tête ronde avec un œil clignant., leurs grandes oreilles frétillant aux bruits des croassements de leurs congénères. Le relief s'abaissait de plus en plus sur la droite. Des lianes et des longues feuilles se nouant aux racines des arbres. Riväne ralentit pour longer le bord du fossé. Un petit lac avait élu domicile à cet endroit. Des crocodiles y barbotant. Dépassé par Krys, Riväne accéléra. Traversant cette forêt à toute allure. Ils allaient vite, plus vite que ces tortues qui planaient dans le ciel. Des serpents s'enroulaient autour des troncs. Le corps poussé par une fine nageoire, orienté par une petite tête à quatre yeux. Les deux yeux arrières, plus gros, noirs et sans pupille. Mais même sans pupille et sans iris, on ressentait son regard sur le côté. Les deux autres plus fins lançaient un regard pénétrant face à eux. Les machines filaient à toute vitesse entre les arbres. Le duvet artificiel sur leurs huit pattes aidant à un équilibre des plus stables. Par endroit, le sol se creusait en ligne, traçant des chemins naturels entre ces arbres. Les herbes s'entassaient parfois laissant certaines zones inaccessibles à la course des trois aventuriers. Riväne aperçut une autre crevasse sur sa droite. Peut-être y verrait-il encore des crocodiles. D'un signe de main, il appela ses compagnons pour venir jeter un oeil avec lui. Ils furent surpris. Le trou était bien moins profond que celui que Riväne avait longé précédemment. Le petit étang qui dormait au fond du trou était rempli d'algues. Des poissons y nageant paisiblement. Mais ce qui dormait au bord de l'eau attira néanmoins leur attention. Les insectes qui s'étendaient sous le soleil semblèrent curieux à la vue des araignées. Leur forme était la même, la différence se trouvait dans la taille de l'insecte et dans la queue qui pendait à l' arrière de leur corps poilus et sale.
" Je me posais des questions sur le Dôme bleu prononça soudain Krys
-Arrêtons la course ici alors. Continuons à avancer côte à côte et je vous raconterai les dernières nouvelles que j'ai reçu du campement capital ce matin, répondit le grand épéiste."
Les trois hommes s'enfoncèrent de nouveau dans les arbres en ralentissant l'allure de leur machine. Riväne écrasa un insecte qui le piquait au cou tandis que Deïdam reprenait la discussion. :
" Les dernières unités volantes ont réussi à poster des troupes à une trentaine de kilomètres du bouclier bleu ; A l'arrière du grand mur.
- Je m'interrogeais sur ce grand mur, intervint Riväne. Je me disais que cette fameuse montagne faite de roches nous sépare du reste de ce monde à l'ouest, tout en nous protégeant de cette infection qu'on détecte sous le bouclier. Je n'arrive pas à savoir si les présages que cela annonce sont bons ou mauvais.
- Je suis impatient d'être parmi les premiers à le savoir et à le voir. Répondit Krys.
- Voir le Japon. Moi, c'est ce que j'attends le plus.
- Cela, on le sait tous Rivane. Reprit Deïdam en rigolant. Les derniers relevés indiquent une diminution du virus dans l'air, mais le contact avec les hommes à l'intérieur reste impossible à concrétiser. Et personne n'est sûr du bien fondé de ces analyses. L'air n'a pas pu être totalement analysé par les machines.
- Comment ça avance du côté de la route dans les ronces ? Interrogea Krys.
- On n’a toujours pas atteint le bouclier, et trois autres hommes sont portés disparus. Répondit tristement Deïdam."
Rivane sentit une piqûre dans son cou. Il écrasa l'insecte et regarda sa main. De petites roches marron et de la terre étaient tout ce qui restait. Il Conclut alors la discussion en disant :
" C'est étrange d'habiter un monde dont on ignore tout."
Les serpents étaient de plus en plus nombreux autour des trois voyageurs. De plus, un bruit lourd se fit entendre à côté de Deidam, alors ils ralentirent l'allure. Une silhouette rampait et ondulait dans les herbes. Une longue queue de serpent jaune s'était mise en travers de la route des trois hommes. A cause de la vitesse ils ne purent s'arrêter. Cependant, la queue ne les stoppa pas et il n'y eut pas carambolage ou de chamboulement d'acier et de chair. A la place, elle se retira à toute vitesse. Mais le serpent ne lâcha pas l'affaire. Il se remit encore une fois en travers de la route des hommes. Ils le virent de face. La tête fière et calme. Un regard droit dans les yeux marron d'un cobra. Un ventre rayé de couleur dorée. Il recula au loin pour éviter l'impact avec les trois hommes. Encore et encore le serpent se mit en travers de leur route. Bloquant les tentatives de séparation des hommes. Krys fut le premier à faire le choix de sortir son arme. Il arma son arc, y posa une flèche. La précision donnée par le grand arc lui permit de tirer juste à côté de la queue du serpent. Comme l'espérait Krys, la flèche offrit la crainte à l'animal. Et le fit renoncer à leur barrer la route. Néanmoins le fier serpent ne s'en alla pas sans lâcher un dernier sifflement puissant et sans agiter sa langue en direction des trois hommes.
L'escapade les avait écartés de leur route de quelques mètres. Au bout d'un chemin creusé en sillon, une grotte ne laissait aucune lumière entrer en elle. Les trois explorateurs choisirent de ne pas y entrer. Cette grotte avait tout l'air d'être le repère de ce grand serpent qui les avait attaqués. Longeant la crevasse, ils se remirent à tracer entre les arbres d'un pas pressé. Les serpents étaient toujours aussi nombreux dans les branches et sur le sol. Impossible de faire quinze mètres sans en croiser au moins un. Certes on voyait courir ou voler quelques autres espèces, telles que ces énormes poules ou ces toutes petites sangsues volantes. Mais cependant, les serpents semblaient dominer cette partie de la forêt. Après vingt minutes à avancer, des reliefs de petites montagnes montraient leur pic aux trois voyageurs.
Dix minutes plus tard Rivane aperçut quelque chose à sa droite qui changea la direction du groupe. Il s'arrêta net pour appeler Krys et Deïdam à observer ce qu'il voyait entre les arbres, les lianes, et la mousse.
Ils s'approchèrent et contemplèrent cette porte de pierre qui donnait sur l'intérieur de la montagne. Tout était abîmé. Sali par le temps, rongé par la nature. Quatre rangées de pierres rondes, chacune marquée profondément d'une lettre. Un langage inconnu des trois hommes. Assis sur leur monture, ils relevèrent leur regard pour apercevoir la pierre dorée qui ornait l'entrée. La seule à porter une inscription en relief. Bordée de droite à gauche par d'étranges gargouilles, l'ouverture était sombre. L'ombre des arbres prenait beaucoup de place sur la lumière. Les trois hommes ne pouvaient voir ce que cachait cette entrée. Deïdam s'approcha d'une des gargouilles. La sculpture d'un être à deux têtes. Les yeux sur l'une, une bouche de carnivore sanguinaire sur l'autre. Son expression semblait montrer sa colère d'être condamnée à tenir entre ses mains une pierre marquée d'un dessin, qui ne s'arracherait jamais, ni de ses paumes ni du socle. Deïdam comprit que le dessin gravé représentait deux mains serrées. Impressionné par la finesse du dessin il toucha la pierre de la main. Il tourna la tête et annonça ce qu'il voyait à ses deux compagnons.
" L'autre représente une main qui tient une chose ronde. Répondit Krys le regard posé sur la pierre tenue par l'autre gargouille.
- Je crois qu'on a mis le doigt sur quelque chose d'intéressant, lança Riväne.
- J’envoie une image à la capitale. Dit Deïdam. "
Il lança un scanner global à travers les yeux de l'araignée. Trois minutes plus tard la réponse fut rendue. Personne n'était jamais entré là, puisque le lieu était inconnu aux réseaux du grand campement. Vous vous doutez bien que Rivane, Deïdam et Krys y étaient déjà entrés lorsque la nouvelle était annoncée. Ils avançaient à la lueur d'un flash puissant dans un long tunnel droit. Rien ne traînait sur le sol ou les murs. Ils virent à peine un rat pendant près de quinze minutes. Puis peu à peu, les murs commencèrent à arborer de nouveaux des gargouilles, certaines dormant, d'autres se tenant la tête, pensante ou torturée. A un premier virage l'une d'elle portait une lumière mauve. Krys grimpa sur le mur pour observer de plus près la source de cet éclairage. Une sphère de toile grasse, dans laquelle une lumière flottait. Il voulut d'abord la toucher mais il sut que c'était plus sage de continuer, sans toucher à rien pour l'instant. Il s'approcha néanmoins un peu plus près en éteignant son phare. Afin de voir l'aspect qu'aurait une des pattes de son araignée sous la teinte de cette lumière. Il n'eut le temps de n'y avancer qu'une patte. La lumière s'éteignit brusquement. Les flashs de Deïdam et Rivane s'éteignirent mystérieusement à leur tour. Le bruit de l'armement des armes se fit entendre. Rivane tourna la tête vers sa gauche, là d'où venait la lumière. Une lumière mauve souffla de nouveaux sur la pièce. Accompagnée d'un vent et d'un grondement, la sphère avait refait son apparition. La toile étirée et défaite formait une gueule prête à avaler le jeune humain. La lumière était plus vive, plus grande. Elle traçait l'ombre de Krys sur le mur. L'ombre d'un homme qui brandissait son arc, une flèche prête, et le regard droit sur sa cible. La flèche perfora la lumière au moment où son cri se termina. La toile se referme sur elle-même tandis que l'archer mettait de la distance entre elle et lui. Dans des mouvements de va-et-vient la boule s'agitait. Elle quitta la main de la gargouille pour se balançer dans toutes les directions, se jetant à deux ou trois reprises sur le sol et les murs. D'une pression sur un bouton de son gant, la flèche explosa. Deïdam tenta de rallumer son flash, mais sans effet.
" Cette chose n'est pas morte. Dit-il alors que la lumière de l'explosion disparaissait, les laissant dans un noir total. "
Le silence se réinstalla à peine quelques secondes avant la réapparition de la lumière derrière Krys et Rivane. Moins vive, mais semblant toujours aussi déterminée à attaquer les trois hommes. Tournant leur tête, ils ne virent pas Deïdam lancer une dague, ils n'entendirent que le bruit de l'acier qui pourfendait l'air. Avant de voir la lame transpercer le centre de la lumière. La toile perdit la solidité de sa structure et tomba en tas sur le sol. Les phares des trois voyageurs se remirent en marche et ils s'approchèrent de la toile.
:" Un piège ? Interrogea Krys.
- Un piège, je ne sais pas. Répondit Deïdam, mais ceux qui ont tracé ce chemin ne voulaient pas que n'importe qui y entre.
- Pourquoi faire un aussi long chemin dans la montagne, quel ermite peut bien avoir fait cela ? Il doit y en avoir bien plus d'un ici. Enchaîna Krys.
- Bien que ce soit tout ce qui ait été vu jusqu’à maintenant Krys, je doute fortement que ce chemin nous mène d'une quelconque manière à des ermites.
- Tout cela : la porte, la route, les gargouilles, cet étrange piège. Cela semble avoir été batti de la main d'une civilisation. Pourtant ,les unités volantes n'ont jamais identifié de trace de groupement d'habitations nulle part. Finit par dire Rivane."
Ils se remirent à avancer, éclairé par leur lampe dans un tunnel qui semblait ne jamais changer. Le phare de Krys croisa alors des dessins sur le mur. La troupe s'arrêta de nouveau pour les observer. Une autre preuve d'une trace de vie qui était passée par là il y à peu. Des écritures, au-dessus de dessins de monstres, de guerriers et de danseuses, de festins, et d'êtres mangeant autour d'un feu, de longues queues dépassant derrière eux. Ils continuèrent leur route, photographiant les dessins intéressants qu'ils voyaient. Le chemin se mit petit à petit à s'élargir. La forme de la route devenant de plus en plus rectangulaire. Une patte de l'araignée de Rivane finit même par heurter une marche. Le phare des trois hommes dirigeaient face à eux, ils virent que les restes d'un chemin de pierres menaient quelque part. Les trois aventuriers grimpèrent sur ce qui restait d'un escalier en ruine pour arriver sur la route.
"Étrange, pourquoi avoir mis un escalier et commencer à construire cette route uniquement à partir d'ici ? Nous devons savoir ce qu'il y avait dans cette grotte avant que tout cela soit détruit. Dit Krys
- Ce qui m'inquiète, c'est de savoir comment tout ceci a été détruit. Vous pensez qu'il y a un rapport avec cette étrange lumière de tout à l'heure ? Demanda à son tour Riväne.
- Peut-être bien. Mais peut-être qu'elle était déjà là avant. Nous avons retrouvé des dessins, mais il doit nécessairement il y avoir d'autres choses. Et pour ma part, ce qui m'inquiète, c'est que nous nous enfonçons de plus en plus profondément vers le bas."
Un regard vers le compteur de sa H7 et Rivane put comprendre ce que Deïdam voulait dire. Il lui avait semblé marcher tout droit jusque-là mais les chiffres qu'indiquait l'araignée prouvaient le contraire. L'écran affichait - 40° pour l'inclinaison. Une lumière apparut de nouveaux au loin. Les aventuriers s'en approchèrent. De nouveaux portaient par une statue. Mais il ne s'agissait plus d'étranges gargouilles. Ce qui était représenté la, se voulait beau et accordé à une certaine esthétique. Des statues représentant à gauche des silhouettes féminines et à droite des silhouettes masculines. Celles de droites portant d'une main une lance pointée vers le haut. Et de l'autre une lumière. Celles de gauche semblaient souffler sur le mâle, portant une lumière des deux mains vers eux. Ce n'était néanmoins, ni des hommes, ni des femmes. Leur visage était presque humain. Rivane crut même reconnaître une fille qu'il avait connue lorsque lui et ses deux compagnons avaient quitté le campement de l'ouest. Une certaine Esmelda. La statue avait le même petit nez mignon, le visage fin et de grands yeux. Leur crâne était rasé jusqu'à l'arrière des oreilles. Une queue, de cheveux droits descendant jusqu'entre leurs omoplates. La taille de leur buste était plus grande. Les femelles possédant deux poitrines. Leur bassin un peu plus incliné. Les sculptures ne laissaient malheureusement pas voir à quoi ressemblait le bas de leur corps, la représentation s'arrêtant à leurs cuisses. Une longue queue fine formait un arc de cercle au-dessus d'eux. Les mâles étaient semblables : Deux poitrines. Leur bassin plus incliné que celui des humains. Mais dans le sens inverse à celui des femelles. Des bijoux et des tissus ornaient les bras et la taille des statues. Les trois hommes éteignirent leur phare, réduisirent au minimum l'écart des pattes de leur araignée, mirent les deux jambes en avant et avancèrent entre les statues, en ligne l'un derrière l'autre, afin de ne pas toucher les cercles lumineux qui couvraient les murs tous les six mètres. En les observant plus en détail sur la route. Rivane remarqua que leurs mains étaient plus longues que celles des Hommes. Ceux qui avaient sculpté ces choses avaient pris grand soin du détail, plaçant jusque des aiguilles pour les cils. Bien que toutes les représentations portaient les mêmes coiffures, les mêmes vêtements et la même lance, chaque visage et chaque corps était différent. Les trois voyageurs avancèrent dans un couloir sur une vingtaine de mètres. La galerie tourna brusquement vers la droite. Les lueurs éclairaient les bouts d'un long tapis de mousse au sol. Le tunnel prenait fin au bout de ce dernier couloir. Krys interrogea le groupe :
" Cette lumière, c'est une lumière naturelle. Comment cela peut-il possible ? Comme tu l'as toi-même dit tout à l'heure Deïdam. Nous nous enfonçons.
-C'est bien ce que j'ai dit. Répondit Deïdam. Pourtant comme moi, C'est la lumière donnée par le soleil que tu vois en face de nous.
- Allons-y. Conclut Rivane. Nous ne sommes pas venus là pour reculer."
Les trois hommes avancèrent sans dire un mot. Néanmoins, le silence fut brisé alors qu'ils étaient arrivés au milieu du couloir. Le bruit d'un roulement de pierres se fit entendre au dessus de Rivane. Deïdam et Krys se déployèrent devant et derrière lui. Les trois hommes, l'arme dégainée avaient porté leur regard vers le haut. Deux lumières étaient apparues, éclairant vivement un visage de pierre. Sorti du plafond, un fasciés tout rabougris ouvrit doucement sa bouche. De la poussière en sortit, faisant même pleuvoir quelques petites roches sur Rivane. Tandis que la bouche bougeait doucement devant les yeux ébahis des trois hommes. Une voix roque et grave résonna dans les murs:
" Lhrin dolo s'trazaam."
Déconcerté Rivane lança à ses amis : de la pierre qui parle ?"
La voix ne répondit plus rien. Les lumières continuaient de briller en éclairant Rïvane. Le jeune homme commença à s'avancer doucement vers Deïdam pour sortir de la lumière. Sans réaction du grand visage Krys en fît de même. A peine quatre mètres plus tard, la voix résonna de nouveau dans les murs:
" Ka. Dit une voix grave.
Rien ne se passa sur le coup. Les trois amis furent d'accord sans même dire un mot pour accélérer le pas vers la lumière. Sortant de l'ombre à toute vitesse et en redonnant aux pattes de leur araignée une taille convenable pour continuer à avancer. Ils s'arrêtèrent tous les trois à la sortie du tunnel, ébahis par ce qu'ils voyaient.
C'était bien le ciel qui éclairait l'endroit. Une large ouverture sur le côté de la montagne faisait entrer la lumière dans une vaste pièce naturelle. Des colonnes de pierres grises et massives accompagnaient les voyageurs sur les longs chemins de dalles lisses et brillantes. Même toute la mousse et toute la poussière entassées sur celles-ci n'enlevaient rien à l'éclat de ces petits chemins. Plusieurs chemins menaient aux côtés de la pièce où des arbres morts restaient immobiles. Une rangée d'arbres blancs entourait un grand nombre d'arbres morts. Des lianes Sèches et des fleurs fanées grimpaient de toutes parts sur les pierres des colonnes. Rïvane resta béat face à ce que la nature avait réalisé à cet endroit. La hauteur des arbres diminuait graduellement entre les arbres blancs et les petits buissons près du centre de la place. Le cri d'un oiseau se fit entendre tandis que d'un battement d'ailes un grand volatile rouge à longue queue droite quittait le lieu. Le sol était plein d'herbes jaunes. Il n'y avait plus de vie dans cet espace, pensèrent les trois hommes. Le chemin face à eux menait à une large place centrale. Ils s'en approchèrent, observant les marches qui menaient à elle, observant ce carrelage d'or qui la bordait, intrigués par les inscriptions qui les couvraient. Un trône de pierre, incrusté de-ci de-là de pierres précieuses, était seul, sans régent, sans peuple à observer, du centre de la place. Rivane se remit en marche en regardant autour de lui. Krys lui, observa le trône. Il vit un étrange bâton posé sur le côté de celui-ci. Deïdam posa une main sur la manche de son épée. Rivane ouvrit ses oreilles et entendit lui aussi les bruits de pas qui approchaient de derrière le trône. Les trois hommes reconnurent la main qui se posa au-dessus. C'était cette même longue main qu'ils avaient vue chez les statues. Mais Rivane ne s'attendait pas à voir une couleur de peau d'un vert si clair, à la limite du turquoise. Les ongles noirs de sa main semblaient si épais, la peau de ses doigts si écailleuse. A la place des bijoux d'étranges dessins couvraient toute la main et la peau écailleuse du poignet qui montait lentement au-dessus du dossier. Des courbes, des points, et des symboles peints en bleu sur une peau remontaient jusque son avant-bras. Des tatouages de cadrans entouraient des dragons à trois têtes au-dessous de son avant-bras. Le reste du corps se hissa petit à petit sous un lourd manteau noir. La main agrippa le haut du trône et une voix agressive et sifflante sortit de l'arrière de celui-ci:
" Ka!
- Faîtes attention. C'est sûrement lui qui a posé le piège ici, dit Deïdam à l'égard de ses compagnons"
Le bras arrêta son mouvement. La main se serra contre le plus gros rubis qui ornait le trône et un chuchotement indistinct se fit entendre. Un vent souffla dans la pièce. Se dirigeant dans le sens du trône. Un être sauta alors, il sauta plus haut qu'un homme aurait pu sauter. Les trois hommes virent un manteau noir monter dans le ciel. Il se souleva au moment où l'être redescendait, jusqu'à ses genoux un court instant. Les trois hommes écarquillèrent les yeux lorsqu'ils virent les jambes qui portaient cet être si haut. Pas de pieds, du moins pas comme les humains les imaginent. Bien que sa taille n'en diffère pas, trois extrémités portaient trois griffes noires. Sa peau semblait vieille, abîmée et mêmes flasques par endroits. La peau de sa cheville, comme celle de ses genoux, comme celle de ses poignets ; écailleuse et épaisse. Le monstre garda un équilibre parfait pour arriver accroupi sur le haut du trône. Une fois debout Ils virent que ce monstre devait mesurer facilement deux ou trois têtes de plus qu'eux. Encapuchonné, ses yeux et son front restaient invisibles pour les trois hommes. La peau de son visage était ridée comme jamais celle d'un homme ne pourrait l'être, sa nuque était fripée. Le vert de son cou était bien plus foncé que celui de son visage, laissant comme une tache descendant entre les pectoraux et sur les clavicules du monstre. Le manteau était ouvert et laissait le haut de sa première poitrine visible. Les trois hommes purent ainsi voir que même son corps était couvert de dessins. Les mêmes cadrans que sous son avant-bras. Mais les formes aux quatre coins de ceux-ci étaient différentes. Des étoiles et des tridents avaient remplacé les pointes.
Le vent souffla de nouveau dans la pièce, dans le sens inverse, comme émanant du monstre lui-même. Une fumée bleue s'éleva de l'intérieur du manteau pour monter jusqu'au visage du monstre. Deïdam lui-même baissa son arme face à ce qu'il voyait. La vapeur prenait forme, dessinant quatre mains remplies de vide. Des mains aux fines griffes comme les siennes, caressèrent sa bouche et ses oreilles avant de disparaître.
Déconcertés, les trois hommes restèrent sans bouger. Le monstre mystérieux descendit alors aux bas du trône, comme un humain arrogant aurait descendu un escalier, se baissa pour récupérer le bâton posé au sol tandis-que les voyageurs étaient encore perdus dans leur silence. Dans un mouvement lent, le monstre ôta sa capuche et montra son visage à Rivane et ses compagnons. Les coins de son visage semblaient écailleux. Ce monstre était vieux. Les rides que portaient son front et son nez le confirmaient. Mais ce fut les cheveux du monstres qui intriguèrent le plus les trois hommes ; ils étaient blancs Était-ce l'âge qui avait fait cela ? Comme pour les hommes. Qui plus est, la coiffure de cet être n'était pas semblable à celle des statues. Ses cheveux n'étaient pas droits. Emmêlés et sales, des dreads locks sortaient de l'arrière de son crâne pour s'entasser dans sa capuche. Ses sourcils étaient longs, s'élevant en deux pointes sur la fin. Rivane n'avait vu cela sur aucune statue. La plupart ne portaient à peine qu'un petit trait au-dessus des yeux. Des yeux fins munis d’un iris et d'une pupille réduits à un seul et même point jaune. Façe au silence des trois inconnus l'être s'assit dans le trône et dit d'un ton amusé :
" Il n'y a pas de piège ici."
Les trois hommes se regardèrent d'abord sans comprendre. Puis Rivane répondit:
" Vous parlez notre langue. Qui êtes-vous ?
- Je suis Greilön. Le plus grand sorcier de mon peuple. Les dgeïkos. Et vous, qu'êtes-vous ? Acheva-t-il en tenant son bâton droit à côté de lui."
Riväne observa le sceptre de haut en bas avant de retourner la tête vers le monstre pour répondre. Une pierre rouge était enroulée par des lianes à une branche épaisse remplie d'inscriptions, qui laissaient l'écorce dans un piètre état.
" - Nous sommes trois voyageurs. Nous sommes des humains. Notre peuple a échoué sur cette planète il y a à peu près une vingtaine d'années.
- Mmm. Fit la voix mystérieuse de l'être au deux poitrails. Il faut dire que ça fait longtemps que je ne suis pas sorti d'ici. Êtes-vous nombreux à avoir atterri ici?
- Nous sommes des millions.
- Réellement ? Répondit le monstre d'un air curieux.
- Vous parlez parfaitement notre langue et comprenez toutes les notions que nous utilisons. Continua Rivane. Comment est-ce possible ?
- Ma magie est puissante humain, dit mystérieusement l'être en manteau. Vous semblez étonné de tout ce que vous voyez.
- Et pas vous. Intervint soudain Deïdam. Vous parlez de magie. Vous dites qu'il n'y a pas de piège. Alors qu'est-ce qui nous a attaqué à l'entrée ?
- La magie n'est dangereuse que pour les ignorants. Et vous et votre peuple, humain. Semblez ignorer beaucoup de choses. Dit le dgeïko d'un air haineux.
- Sommes-nous vraiment les premiers hommes que vous voyez? Acheva Deïdam."
Le sorcier rigola aux éclats en réponse à la question de Deïdam.
"- Pourquoi rire si fort pour des mots sans humour ? Demanda Krys en s'avançant."
Le sorcier cessa de rire et regarda les hommes en souriant.
"- Pour cacher un autre bruit. Répondit calmement le dgeïko. "
Un sifflement sonna à la droite de Rivane. Les hommes tournèrent la tête autour d'eux pour voir que la situation avait changé. Une multitude de serpents zigzaguait entre les colonnes.
:" Ces serpents sont semblables à ceux que l'ont trouve facilement aux alentours des campements. Certains sont sûrement dangereux. Cria Deïdam, un regard interrogateur vers le sorcier. Pour y répondre celui-ci dit sombrement:
" Bien sûr que je connais les Hommes. J'ai vu ce monde mourir et renaître dans son œuf. Vous n'êtes pas les premiers de votre espèce qui ont osé s'avancer ici. J'ai tué tous les autres. Je vous hais tous. Je connais votre histoire. Vous allez détruire mon peuple. Vous allez subir ma colère pour être entré ici, puis voir la mort comme fin à votre voyage."
Le sorcier frappa sur le sol avec son bâton et le cœur de la pierre rouge sembla s'illuminer quelques secondes. Dubitatifs, les trois hommes restèrent d'abord sans bouger, attendant de voir la suite des événements. Les bruits des serpents s'amplifièrent et en regardant autour d'eux, les voyageurs virent tous les serpents accélérer leur allure et foncer droit sur eux.
Deïdam prit le premier la décision de bouger. Il se mit en position et ouvrit le feu sur le sorcier. Ce n'est pas par ignorance que le sorcier était resté assis face aux trois hommes armés. Pas par abus d'ego qu'il resta sans sourciller face aux tirs de Deïdam. Les lasers de l'homme n'atteignirent pas leur cible. Le sorcier était protégé. Sa magie. C'était sa magie qui avait fait lâcher sa gâchette à Deïdam. Qui avait donné l'espace d'une seconde, un désespoir profond au regard du grand épéiste, lorsqu'il avait vu les lasers ralentir et s'arrêter net sur un champ de forces invisibles, se décomposer. Tachetant l'air face à Greïlon, de larges pellicules de lumière se fragmentaient dans des couches palpables d'illusions. Le monstre avait bel et bien déjà vu des hommes. Et invincible face à leurs armes, les avait tous tués.
" Il faut qu'on sorte, cria Krys, la gâchette laser enclenchée sur son arme. Foncez vers la sortie Je vous couvre."
Le dos tourné aux deux autres le jeune homme ouvrit le feu vers les serpents. Mais fuir n'était pas une issue possible. Les serpents venaient de tous côtés, y comprit de l'ouverture de la montagne. Ils venaient nombreux face à Rïvane et son maître.
" Défendez vos vies! Cria rageusement Deïdam alors qu'une masse plus conséquente de serpents arrivaient sur son flanc gauche."
Sur leurs pieds, Krys se plaça au centre des deux autres guerriers. Tandis qu'à l'aide de leur lance et de leur épée Rivane et Deïdam repoussaient et assommaient les serpents un à un. Le sorcier restait sans bouger. Observant les mouvements en cercles de Riväne et les coups rapides du grand épéiste. Sans l'appui des feux de Krys le combat aurait été impossible pour Rivane. Cependant, la longue portée des tirs de sa lance, un rayon plus large et plus long pour dévaster des zones plus grandes, lui permettait d'avancer. L'entraînement qu'offrait Deïdam avait donné une défense et un regard affûtés à Krys. Manier l'arme blanche était plus qu'utile pour un voyageur de ce nouveau monde. Krys gardait un œil sur le sorcier, pourquoi ne bougeait-il pas ? Pourquoi les serpents ne l'attaquaient-ils pas ? Ce sourire ignoble sur le visage de cet être, que voulait-il dire ? Il n'était pas comme les Türoucks qui l'avaient élevé. Aucun autre comme lui n'avait été vu par les hommes. Était-ce un de ces démons dont parlaient parfois les vieilles personnes. Krys n'avait aucune réponse. Il ne savait qu'une chose. L'être leur avait promis leur mort. S'enfoncer dans son terrier ne pouvait signifier leur salut. Tous ceux qui avaient croisé sa route étaient morts. Réflexe de guerrier, Krys tira deux fois vers le sorcier. Il vit à son tour le bouclier. Mais il devait encore tenter quelque chose. Il libéra le champ face à lui des serpents trop proches, fit tisser et s'étendre le fil de son arc et sortit une de ses flèches. Cet imbécile de sorcier n'avait sûrement jamais eu un arc humain face à lui. Krys connaissait son arc par cœur. Il eut le temps de régler le temps et la puissance de l'explosion qui allait suivre et cria à son ami d'enfance :
"Rivane couvre-nous."Le message de l'assaut fut net et précis. Rivane ouvrit le feu sur les serpents face à Deïdam et prenait sa place. A peine la flèche avait-elle été décochée que Deïdam s'avançait. Krys se retourna et se remit à ouvrir le feu sur les serpents. Pour le reste, il avait confiance en son ami Deïdam.
Le visage du sorcier parut soudain méfiant face à la scène. Il se leva et tendit la main, préparant quelque chose contre Deïdam. L'homme était sur ses gardes, mais la flèche explosa à ce moment. Un bruit de verre brisé éclata tandis que le sorcier se protégeait de l'explosion. Deïdam sauta sur l'occasion alors que les flammes n'étaient pas encore éteintes. Sa lame piqua à travers le feu. Une pointe meurtrière venait des flammes vers le visage du démon. Mais le grand épéiste avait oublié que ce n'était pas un homme qui se tenait face à lui. L'être sauta loin et ne fut que blessé par l'acier tranchant. Son manteau déchiré laissait voir une plaie sanguinolente due au coup de Deïdam. A l'étonnement de l'épéiste, la peau n'avait pas résisté plus que celle d'un homme. Blessé, il ne se remit pas debout. Deïdam le vit se déplacer comme un lézard. Fuyant lâchement alors que les armes de l'homme avaient brisé sa magie dont il été si fier. Laissant une traînée de sang épaisse et foncée sur le sol. Deïdam observa cette énergie bleue qui se refermait sur son épée pour disparaître, comme des flammes qui n'avaient rien à brûler. Des coups de feu résonnèrent à sa droite. Krys ouvrait le feu sur le sorcier qui disparaissait entre les colonnes et la végétation. Sans succès, les deux hommes perdirent le sorcier de vue lorsqu'ils entendirent l'appel à l'aide de leur troisième compagnon :
" Un coup de main s'il vous plaît."
¨Deïdam observa son élève. Bien que les serpents attaquaient nombreux, les yeux de Rivane gardaient leur calme. Ses mouvements restaient simples et efficaces. Ses coups, précis, secs, rapides et forts. Sa défense, impénétrable. La danse du lancier et de sa lance était parfaite et destructrice.
Krys ouvrit le feu pour aider son ami. Le silence s'installa lorsque celui-ci relâcha sa gâchette pour la dernière fois. Les serpents n'attaquaient plus.
:" Faites attention, dit Deïdam, il est toujours en vie.
- On doit le retrouver tout de suite. Ce n'est pas sage de l'épargner. "
Les trois hommes prirent la direction empruntée par le sorcier, Krys en tête. Ils passèrent une dizaine de colonnes et zigzaguèrent entre les buissons. Rivane s'arrêta un moment et détourna son attention de la chasse. Quelque chose le gênait. Comme si, il sentait qu'il devait retourner voir ce trône de plus près. Les yeux de retour sur la cible de son arme, le doigt sur la détente. La main gauche serrée sur la garde avant de son bâton. Mais c'était trop tard. Il ne vit rien venir. Aucune cible sur laquelle ouvrir le feu. Il se sentit décoller du sol. N'ayant plus le contrôle de son propre poids, il se vit partir de plus en plus haut. Son cri et les regards de Deïdam et Krys autour d'eux ne changèrent rien. Son corps fut brusquement attiré vers le bas et il chuta à toute vitesse sur l'herbes jaunes. Les deux hommes encore debout ouvrirent le feu face à eux. Un cri retentit. Le sorcier avait été touché. Les tirs se centralisèrent. Trois secondes plus tard la voix de Rïvane appela ses deux compagnons:
" Là bas ! Cria-t-il en pointant son doigt vers l'ouest."
Encore allongé sur le sol, difficilement, il se mit à ouvrir le feu entre les colonnes à sa droite. Deïdam et Krys coururent plus près des marches de la place centrale pour avoir une visibilité plus nette. Le sorcier sautait à toute vitesse entre les colonnes. Les deux hommes le mirent en joue à leur tour, mais la voix glaciale du sorcier résonna de nouveau dans la place.
" Pauvre imbécile. Dit-il alors qu'il grimpait en haut d'une colonne."
Du sang coulait sur sa main. Les questions furent dissipées. Le cri entendu dans les buissons venaient d'une blessure à l'épaule. Cependant la brûlure ne semblait avoir ralenti ses mouvements d'aucune façon. Les yeux fixés sur les trois humains, il prononça le mot : " Kak". Les sons qui sortirent ensuite de sa bouche n'étaient pas des mots, juste d'étranges gloussements et raclements de gorge auxquelles s'ajoutèrent un sifflement à la fin. Tandis que Rivane s'appuyait sur ses mains pour se relever, une boule de feu fut crachée par le sorcier en direction des hommes debouts. Le sorcier redescendit au moment où Rivane ouvrit le feu. Les cliquetis de l'arme vide offrirent une occasion au sorcier. Le jeune homme n'eut pas le temps de recharger que les flammes se formèrent à une douzaine de mètres de lui. Le pire, c'est qu'elles arrivaient droit vers lui sous la forme d'une sphère à la taille exponentielle. Les trois hommes se jetèrent sur le côté pour éviter les flammes. La troupe fut dispersée, mais il n'y avait pas de blessé à déplorer. Le sorcier en avait profité pour s'approcher plus près de ses proies. Krys s'avança alors fièrement sortant une flèche et dépliant son arc. Il se tint droit, tendit la flèche et attendit, calme, sûr de lui, le regard concentré. L'être se montra entre deux colonnes, zigzaguant de droite à gauche sur ses quatre membres. Sa queue recourbée en arc de cercle, il ouvrit les bras, un sourire dédaigneux sur son visage. Krys, même s'il fut surprit par les quatre bras de son ennemi, ne perdit nullement sa droiture. L'être maléfique rigola avant de s'adresser à Krys:
" J'ai vu ce que ton arme peut faire. J'éprouve encore moins de peur face à elle maintenant, que j'en éprouvais la première fois que je l'ai vue.
- Krys sourit ironiquement et répondit : Pourtant, comme la première fois, tu n'avais pas vu cette la lumière sur ta poitrine. Et pourtant, c'est bien ce point rouge qui signe ton arrêt de mort. Riväne, Deïdam, couvrez les champs gauches et droits. "
Le sorcier regarda, interrogateur la lueur dont parlait l'homme avec l'arc étrange. Le bruit des armes recommença à retentir alors que la flèche était décochée. Le sorcier se cacha derrière une colonne afin d'analyser la situation. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il vit la flèche tirée changeait sa trajectoire en plein vol. L'arrière de la flèche tournant la pointe dans sa direction. Il n'avait pas beaucoup de choix, alors il se remit à se déplacer entre les colonnes, slalomant entre les tirs. Rampant parmi les buissons, s'éloignant entre les branches des arbres. De saut en saut, il détourna par la droite pour revenir à la charge sur les trois hommes. Il s'arrêta brusquement, le dos appuyé à un arbre pour se concentrer à l’abri des feus humains. Lorsqu'il baissa les yeux sur ses mains jointes, son attention fut de nouveau attirée par la lueur sur sa poitrine. Un regard qui s'était baissé au mauvais moment. Car les douleurs qui accompagnèrent la vision qui suivit furent les dernières du sorcier. La flèche l'avait suivi et transpercé pour se ficher profondément dans l'écorce du végétal. Elle avait touché sa cible au point de laisser son corps, mollement accroché à l'arbre. Toute sa sorcellerie ne l'avait pas aidé. Les armes des hommes, surtout cet arc qu'il n'avait jamais vu, ne portaient que la mort en elles. Et contre cela, le sorcier ne pouvait rien faire. La main serrée sur la flèche, le sorcier ferma les yeux sans vraiment comprendre à quel moment il avait failli. Il eut néanmoins la chance de mourir avant l'explosion, ne ressentant pas son thorax s'éparpillait, ses bras et sa tête se séparer de son corps.
Une minute plus tard, les trois hommes étaient toujours silencieux autour des restes de ce sorcier.
" Je dois aller voir le trône, annonça Rivane.
- Il y a plus important ici, je crois. Répondit Deïdam.
- Restez ici si vous voulez. Je ne trouve pas d'intérêt à observer les restes de cette chose.
- Prenez une photo et envoyez-la au campement capital quand le réseau sera rétabli. Conclut Rivane en se détournant du centre d'attention."
Le jeune homme se retourna pour marcher vers le centre de la place. Deïdam et Krys se regardèrent et haussèrent les épaules, perplexes devant la réaction de leur ami, mais ils restèrent néanmoins faces au cadavre de Greilön. La mort l'avait fauché aussi naturellement que n'importe quel être. Et cela, malgré tous ses pouvoirs. Son corps était tombé et la vie était partie. Sa sorcellerie, finit dans le silence comme finit toute chose. Mais qu'avaient-ils bien pu tuer ? Un cri de Rïvane éloigna Krys et Deïdam de leurs pensées.
Rivane voulait pousser le trône. " Venez m'aider à dégager ça. Il y a quelque chose là-dessous."
Intrigués, les deux amis rejoignirent le troisième. En vérité, Rivane pensait avoir entendu un bruit lorsqu'il s'était approché du trône. Mais lorsqu'il le signala, ses deux compagnons tendirent l'oreille sans qu'aucun son n'y entre. Sur leur garde tous les trois ils essayèrent de déplacer le bloc de pierre à la force de leur bras, une tentative vaine. Néanmoins, la base du trône se souleva légèrement, laissant aux trois hommes quelques secondes pour apercevoir les bouts d'une grille.
" Pensez-vous vraiment que l'on devrait pousser ce trône ? S'exclama soudain Krys. Dans cet endroit tout semble attaquer dès qu'on touche à quelque chose."
Riväne voulut répondre :
"Je suis sûr d'avoir..."
Mais il fut coupé par un bruit qui venait d'en dessous du trône. Cependant, cette fois-là Deïdam et Krys furent bien obligés d'admettre qu'ils l'avaient entendu aussi.
" Déplions les araignées. "
Encore un avantage de ces inventions. Avancer dans le monde sans se faire ralentir par un éventuel éboulis ou encore un cul de sac. Les pattes des machines en plus d'être fines, rapides, disposant d'un équilibre des plus perfectionnés, poussaient des choses avec une force propre à elles. La force des machines et ainsi, sous la poussée des trois araignées, chevauchées par les explorateurs le bruit de la roche et de la ferraille qui frotte et s'entrechoque se fit entendre. Le trône se déplaça sur quelques centimètres, soulevant une poussière jaune et révélant les bouts d'une grille, en quadrillage, aux larges barreaux en pierres noires. " Augmentez la force de poussée " Cria Deïdam. Les pattes arrières se dressèrent alors et sous une poussée commune, le trône bascula pour tomber lourdement sur le côté. Soulevant un autre nuage de poussière et laissant peu à peu la lumière pénétrer entre les fers, dans un antre mystérieux et obscure. La lumière n'éclairait qu'un mur et un sol vide. A part l'ombre de la grille, on ne distinguait rien en bas. Un tunnel avait-il été creusé sous le trône ? Mais alors pourquoi cette étrange grille qui semblait ne pas avoir été faite pour s'ouvrir ? Puis, soudain, une forme avança dans l'ombre, et une silhouette apparut dans la lumière. Un visage, et de grands yeux d'enfant levaient la tête vers les trois hommes.
Un autre être semblable à Greïlon se tenait debout sans bouger sous la grille, une pierre taillée dans la main. Rivane, Krys et Deïdam restèrent silencieux et immobiles. Ils voyaient que c'était un enfant, il n'avait pas cet air menaçant qu'avait Greïlon. L’atmosphère n'était pas morbide autour de lui. Sa peau était la même tout comme sa posture et la queue qui dépassait du bas de son dos. Des tissus blancs noués entre eux couvraient son corps. Ses yeux comme ceux de Greïlon étaient jaunes, mais on distinguait deux nuances dans les yeux du petit. Et c'est le regard que portaient ces grands yeux qui convainquit les trois hommes de l'innocence de l'enfant. Ses yeux étaient plein de curiosité, et en même temps, semblaient supplier quelque chose aux trois hommes. Il lâcha la pierre qu'il avait dans la main. Alors Deïdam tenta d'établir le contact. Peut-être comme Greïlon le petit saurait les comprendre et leur parler.
" Bonjour toi. Nous sommes des humains."
Au hochement de tête interrogateur que le petit répondit, il était sûr et certain qu'il ne comprenait pas Deïdam. Une série de sons fut émise par l'enfant à son tour. Comme lorsque la roche ou le sorcier avait parlé, ils ne comprirent pas les mots du petit. Mais des sons plus primitifs et des gloussements se mêlaient aux cris de l'être enfermé. Les trois hommes se regardèrent cherchant une solution dans les yeux de l'autre. Mais avant qu'ils aient pu dire quoi que se soient, de nouveau, le petit avait déjà bougé. Il s'avança vers le mur, son regard toujours levé vers les trois hommes, agrippa les parois et se mit à grimper. Les trois hommes ne se levèrent pas, mais prirent néanmoins leur arme. Un sale réflexe de guerriers. Lorsqu'il fut au niveau de la grille l'être s'arrêta. Les trois hommes virent à nouveau cet air de supplication dans les yeux de l'enfant. Tendant la main vers la grille, iil sembla s'adresser de nouveau aux humains. Une aspiration et un sifflement précédèrent le mot "lyri". Le petit tira sur la grille sans que rien ne se passe. Puis, sans détourner le regard des trois hommes, il recula. Puis, sans que l'espoir ne quitte son regard une seule seconde, il attendit que les trois hommes le comprennent et l'aident.
" J'ignore si on doit tenter de le libérer ou si l'on doit en apprendre plus. Dit calmement Rivane.
- En tout cas, c'est sûr que c'est ce qu'il attend. Répondit Deïdam.
- Il semble inoffensif. Qu'est-ce qui a bien pu le mener là-dedans. Vous pensez vraiment qu'il est enfermé ? Relança Krys.
- Ce que je vois, reprit Rivane, c'est que ses barreaux n'ont pas été conçus pour en faire une entrée ou une sortie. Nous devrions essayer d'y entrer. Tout cela m'intrigue vraiment.
- Tu as vu la solidité de cette chose. Répondit Krys en secouant vainement sa main sur la grille. "
Rivane vit l'espoir dans les yeux du petit grandir encore plus à ce moment-là. "Explosifs." Fut sa réponse lorsqu'il vit cela.
-Ce serait dangereux. Tu ignores ce qu'il y a en dessous, intervint alors Deïdam. Krys et Rivane n'avaient même pas remarqué que leur maître s'était levé. Tandis qu'ils discutaient, celui-ci s'était mis debout et avait retiré son sac à dos. Il faisait des signes d'une main pour dire à l'enfant de se reculer. Rivane et Krys se levèrent à leur tour lorsqu'ils virent ce que Deïdam avait choisi de faire. Dans sa main gauche, une garde de roche portait une étrange lame. C'était cette troisième épée que Deïdam cachait ; cette épée qu'il avait refusé de montrer à ses deux compagnons, l'épée avec laquelle il aurait, selon la rumeur, fait fuir les dragons.
Les deux jeunes ne comprirent pas vraiment ce que comptait faire leur maître avec une épée. Mais pourtant, Deïdam avait l'air si fort cette arme à la main. Ses deux élèves regardèrent attentivement lorsque Deïdam se mit à retirer le fourreau de pierre. Une lame séparée en deux par une ligne d'une couleur de lave. Les tranchants de l'épée ne semblaient pas différents de ceux d'une épée normale aux yeux de Krys et Rivane. Bien que son gris fût bien plus clair, plus pâle que toutes celles que les deux amis avaient pu voir jusqu'ici. Plus que les sabres dans les souvenirs de Rivane, ceux que son père avait ramenés du Japon. Rivane se souvenait à quel point son père refusait qu'il les touche, posés sur leur socle noir face à une tapisserie couleur or. Quoi qu'il en soit, cette épée là, devait être lourde, même pour Deïdam.
" Ce n'est qu'une épée. Que comptes-tu faire ? Couper la pierre de ces barreaux ? Demanda Krys ironiquement.
- Contente-toi de reculer. Répondit Deïdam sans même le regarder. Un jour, je vous raconterai l'histoire de cette épée et vous comprendrez. "
Les deux élèves se retranchèrent alors pour assister à la scène. Une légère vapeur commença à s'élever des bords de la lame tandis que la ligne de lave se déversait vers ses tranchants. Lorsque Deïdam souleva l'arme d'une main Krys ne put pas s'empêcher de lancer :
" Tu devras vraiment nous raconter cette histoire Deïdam, et le plus tôt possible."
Sans prêter attention aux propos de son ami, Deïdam laissa le poids de la lame s'abattre sur les barreaux. Il lança trois coups et fit tomber une parcelle de la grille. Un bruit lourd retentit sous l'impact. Soulevant un nuage de poussière qui fit reculer le petit être dans l'ombre. Le passage été suffisant pour que le petit sorte. Deïdam rengaina son arme dans son fourreau de pierre et se recula pour observer la réaction de l'être. Rivane et Krys eux, gardèrent un instant les yeux sur Deïdam, béats face à ce qu'ils venaient de voir. Lorsqu'ils se reconcentrèrent tous les deux sur ce qui se passait en bas, l'enfant sautait gaiement autour et au-dessus de la grille tombée. Il grimpa de nouveau aux parois du mur, les yeux brillants. Les trois hommes se reculèrent, mais le petit être libre se mit à sauter entre eux, s'accrochant à leurs vêtements pour se balancer, grimpant sur l'armure de Deïdam. Les trois hommes furent d'abord surpris, mais finir par en être amusés, il sentait que l'être était juste en train de s'amuser. Il arrêta ses sauts pour se tenir debout face à Deïdam, un regard si reconnaissant dans les yeux. Il ne souriait pas mais ses grandes oreilles bougeaient de haut en bas, sa queue se balançant et tournoyant sous la joie. Il agrippa l'avant de Deïdam qui ignorait quoi faire, et se remit à siffler et à prononcer le mot "lyri"
Contrairement à tout ce qu’auraient cru les trois explorateurs, soudain, le petit sauta de nouveau dans son trou. Descendant le mur et s'enfonçant dans l'ombre à toute vitesse. Deïdam voulut tendre la main pour le retenir mais bien trop tard. Les trois hommes étaient de nouveau face à un dilemme. Que faire maintenant ? Devait-il suivre le petit, ou en avait-il déjà assez fait ? Rivane prit alors une sage décision en décidant d'y aller en éclaireur.
Une fois en bas, la corde détachée autour de sa taille et la H7 déployée, il commença à s'avancer dans l'ombre. Ses phares allumés, il cria aux deux autres de descendre, leur traduisant oralement ce qu'il voyait.
" Des tunnels, ça à l'air vraiment long et complexe. On pourrait s'y perdre facilement. Ce n'est pas une bonne chose d'y aller à l'aveuglette.
-Ne nous éloignons pas de notre but. Je pense que nous venons de découvrir quelque chose. Informons la capitale, qu'elle envoit des hommes. Pour notre part, continuons vers le dôme bleu. Nous nous sommes déjà bien éloignés de notre route. Lança Deïdam."
Les trois hommes ignoraient ce qu'ils venaient de déclencher. Était-ce une bonne ou une mauvaise chose d'avoir ouvert la porte de ces tunnels. Rivane ne mentait pas, il y avait plus d'une vingtaine d'entrées face à lui. Lorsqu'il longea le mur, il put voir que chacune semblait mener à sa propre direction. Que leurs gestes entraînent une bénédiction ou un cataclysme pour l'Homme, Rivane savait qu'il ne serait pas bien vu que son nom et celui de Krys y soient associés. Bien des hommes leur vouaient encore une haine féroce pour les événements causés par leur père. En particulier lui, le fils du livre de la vérité du fou. Lorsqu'au bout de dix minutes rien ne sortit des tunnels. Rivane remonta pour rejoindre ses deux amis et reprendre leur route. Ramassant au passage la pierre laissée par l'enfant. Leur regard n'était plus le même sur les statues taillées dans les murs des couloirs. Les lumières avaient perdu leur teint mauve pour briller d'un blanc plus chaleureux. Avoir mis fin au jour du sorcier avait réellement changé l’atmosphère de ce lieu.
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