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MaryLor

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Œuvres

MaryLor
Kitouba porte sur sa tête un panier d'osier avec des beignets à la banane qu'elle va vendre sur le marché.
Elle a treize ans environ et vit à Ouidah, près de l'océan, non loin du royaume d'Abomey, avec sa mère, ses deux sœurs et trois frères.
Elle est l'aînée le la fratrie.
Ils vivent dans une case en terre battue au toit de chaume.
Non loin de leur habitation, il y a la case de la seconde épouse de son père qui a deux fils et une fille et enfin la case de leur père. C'est dans la cour intérieure qu'elle a confectionné ses beignets, dans le coin où se trouve le feu et où les femmes préparent les repas.
Kitouba est assez grande, élancée et a le visage fin comme sa mère, à la différence des habitants de Ouidah.
Sa mère lui a expliqué qu'elle avait grandi dans l'arrière pays, plus au nord que le royaume d'Abomey.
Ses parents étaient des nomades peuls.
 Un jour,le père de Kitouba a décidé d’aller chasser les grands gibiers.Ses parents se sont rencontrés et le père de Kitouba a tout de suite désiré cette femme et a effectué sa demande auprès des parents. Il avait déjà une bonne situation à Ouidah dans le commerce.
Les grands-parents maternels de Kitouba étaient pauvres mais peu importait au père de Kitouba pour qui la beauté et la finesse de son épouse étaient une richesse en soi.
Et il est vrai que même avec six enfants, Kitouba trouve que sa mère est la plus belle femme des environs.
La deuxième épouse de son père avec trois enfants et malgré son jeune âge a perdu de sa fraîcheur.
Kitouba l'aime beaucoup même si parfois des querelles éclatent entre les femmes.
Le foyer est prospère et Kitouba est heureuse !

Elle a eu ses menstrues il y a deux mois maintenant. Le regard des hommes a changé. Elle n'est plus une petite fille. Sa mère a informé son père de ce changement. Celui-ci a demandé à Kitouba de venir à lui. Il lui a parlé de sa vie de femme à venir. Il lui a dit qu'il trouverait un bon époux pour sa première fille qu'il aime tendrement et qu'il lui a réservé une belle dot. Il promet une fête magnifique pour son mariage.
Kitouba ne sait pas trop quoi penser. Elle a demandé à son père de prendre son temps.
Elle n'a pas osé lui parler de ce jeune pêcheur qu'elle regarde depuis maintenant six mois chaque matin quand elle se rend au marché.
Il est jeune, très grand et musclé. Il fait preuve d'une grande agilité quand il monte sur la pirogue et pagaie au delà des vagues, puis lance ses filets dans l'océan.
Mais comment son père pourrait-il accepter pour sa fille un jeune pêcheur comme mari ?
Ce matin, elle a vu son père soucieux avant de partir. Elle ne lui a posé aucune question.
Au marché, elle a tendu l'oreille et a cru comprendre l'inquiétude qui assombrit le regard de son père.
Les femmes et les hommes autour d'elle parlent du roi du Dan Homé, Agaya, qui prépare, disent-ils, son armée à attaquer et à piller à nouveau.
La cité de Ouidah a été épargnée jusque là. Les habitants évoquent souvent la violence des invasions de ce roi. Son armée pille les villages envahis mettant ensuite le feu aux habitations, capturant hommes et femmes valides, tuant enfants et anciens, violant les femmes. Il réduit ensuite en esclavage les hommes et les femmes et les échange ensuite avec les yovos, ces blancs que Kitouba a déjà vus à Ouidah.
Ils arrivent dans de grands navires et prennent de la nourriture en échange d'objets étranges où l'on peut se regarder ou des tissus qu'elle n'avait jamais vus à Ouidah.
Le roi Agaya connaît ces blancs. Il échange ses prisonniers contre des armes de feu, disent les habitants.
Toutes ces informations se mélangent dans sa tête. Elle a mal au ventre. Elle décide de rendre visite à l'azougbéto, guérisseur, qui se trouve sur le marché pour lui acheter une décoction à base de plantes inconnues. Elle sait que ce remède lui fera du bien. Elle est aussi tentée de demander à cet homme où trouver le bokonon, celui qui sait lire le destin en appelant la divinité Fa.
Depuis plusieurs nuits, Kitouba est inquiète et sent que sa vie va être profondément transformée.
Elle en a parlé à la deuxième épouse de son père qui a rigolé. Mais Kitouba a bien senti qu'elle aussi était inquiète.
Le guérisseur donne à Kitouba des plantes à laisser infuser. Il lui demande des beignets en échange. Elle lui demande où elle peut trouver le bokonon. Il lui conseille d'aller voir celui qui vit de l'autre côté du marché et l'encourage dans sa démarche. Kitouba sait que ce sont les mères qui accompagnent leur fille d'habitude.
Elle va puiser au fond d'elle la force et traverse le marché d'un pas assuré. Elle pénètre dans une case sombre et annonce sa venue d'une voix tremblante. Elle regrette déjà sa demarche… mais il est trop tard pour faire marche arrière. Le bokonon est là devant elle. Son regard est perçant et troublant. L'obscurité  l'entoure ainsi que divers objets qui jonchent le sol : des pattes de poulets, des queues de rats, des crânes d'animaux… une calebasse remplie de sang se trouvent près de lui ainsi qu'une pierre représentant Fa, la divinité du destin.
Enfin, le bokonon a devant lui deux cordelettes avec huit cauries, sorte de coquillages. C'est avec ces deux cordelettes qu'il peut lire l'oracle.
"Que viens-tu chercher ?", demande le bokonon.
"J'aimerais connaître mon avenir…", répond timidement Kitouba.
Le bokonon lui fait signe de s'asseoir en face de lui et prononce des phrases incompréhensibles. Il jette sur la pierre un peu de "djassi", onguent jaune à base de farine de maïs et d'herbe et asperge ensuite le tout de sang.
Puis il lance les cordelettes au sol. Le bokonon, réfléchit un instant en regardant la disposition des cauries sur le sol.
"Tu es promise à un destin difficile mais tu sauras garder la force de tes croyances. Crois-tu à Mami Wata, déesse de l'océan qui fait la richesse et la puissance de ses adeptes ?"
Kitouba ne répond pas car elle a peur soudain. Elle remercie le bokonon et lui demande ce qu'il désire en échange de l'oracle.
"Rien, Kitouba, je connais ta famille et je pense que tu auras un rôle important à jouer pour les générations à venir."
Kitouba n'insiste pas et quitte précipitemment la case si sombre.
Elle est un peu déçue car elle espérait que le bokonon lui parlerait de celui qu'elle aime en secret.

Kitouba rentre chez elle.
Quand elle entre dans la cour, elle remarque que plusieurs sages du village se trouvent sous l'apatam aux côtés de son père. Ils se taisent en la voyant. Elle entre vite dans la case de sa mère et tend l'oreille. Elle possède une ouie très fine.
La discussion entre les hommes a repris de plus belle. Il est question d'une attaque imminente du roi Agaya.
Les hommes disent que malgré les prières et les offrandes faites par la grande prêtresse du temple à Mami Wata, la cruauté des hommes va s'exercer quand même.
Kitouba se met à pleurer. Puis, elle repense à ce que le bokonon lui a dit. Elle décide de se rendre au temple de Mami Wata et emmène un poulet avec elle.
Arrivée devant la statue de Mami Wata, elle tue le poulet en priant pour l'avenir de sa famille et en lui demandant la protection des siens.
La grande prêtresse entre à ce moment là. Elle n'est pas dans son état habituel. Elle est "habitée" par Mami Wata,déesse de la mer, joyeuse et très extravertie. Kitouba salue la prêtresse en transe, qui rie, et quitte les lieux avant que celle-ci puisse dire quoi que ce soit.

En partant du temple, Kitouba remarque que Ouidah est désertée. Personne ne se trouve dans les rues de la cité. Elle prend peur et décide de rentrer chez elle par un sentier connu d'elle seule.
Elle finit par arriver derrière la case familiale. Elle écoute. Pas un bruit dans la cour. Elle franchit le mur et se glisse jusqu'à la case de sa mère. Celle-ci semble soulagée en la voyant mais lui demande en colère où elle était :
"Kitouba, nous t'avons cherchée partout. Les soldats d'Agaya ne sont pas loin d'après les messagers envoyés par le chef du village."
Kitouba ne répond pas. Elle a peur.
Ses frères et sœurs se sont endormis les uns contre les autres. Kitouba et sa mère ne trouvent pas le sommeil. Elles sont aux aguets.

C'est à peu près vers minuit que Kitouba perçoit une clameur et des cris assez proches. Elle réveille sa mère endormie.
Son père apparaît à l'entrée de la case. Il demande à Kitouba et à sa mère de réveiller les enfants et de les habiller.

Mais il est trop tard. Les amazones du roi Agaya ont mis le feu à beaucoup de cases et rassemblent les femmes, les enfants et les hommes sur la place du marché. Kitouba comprend que les défenseurs de Ouidah ont perdu et que les prières à Mami Wata sont restées vaines face à la puissante armée du roi Agaya.
Le roi du Dan Homé cherche à contrôler Ouidah pour faciliter les échanges avec les blancs.

L'aube se lève doucement. Kitouba se trouve pieds et poings liés avec d'autres jeunes femmes, presque nues.
Elle voit l'océan tout proche. Les soldats du roi Agaya discutent avec des yovos, ces blancs qu'elle craint tant. Kitouba aperçoit un navire au large et plusieurs barques sur la plage.

Des yovos s'approchent du groupe des jeunes femmes où se trouve Kitouba. Ils ont des fouets et des "bâtons de feu". Les soldats du roi Agaya sont avec les yovos. Ils regardent les jeunes femmes et leur font signe de se lever.
Un long marchandage commence. Les yovos passent devant chaque jeune femme et les observent sans ménagement.
C'est au tour de Kitouba, qui baisse les yeux tant elle sent la haine la saisir.
Le yovo qui la regarde semble satisfait et pousse Kitouba vers un groupe de jeunes femmes. Elle reconnaît des amies. Elle cherche du regard des membres de sa famille mais ne voit personne. Des larmes coulent le long de son visage.
Les yovos crient après le groupe de jeunes femmes. Elles se lèvent et le cortège se met en route.
Les yovos les obligent à tourner sept fois autour d'un palmier puis trois fois autour d'un autre arbre. Un soldat du roi Agaya traduit ce que le yovo blanc leur dit :
"Le premier arbre est l'arbre de l'oubli et le deuxième celui du retour."
Kitouba n'en peut plus. Des jeunes femmes se sont effondrées près d'elle. Les yovos les ont relevées et remises de force dans le cortège.
Kitouba remarque une longue ligne d'hommes qui, à leur tour, font neuf fois le tour de l'arbre de l'oubli et trois fois le tour de l'arbre du retour. Le jeune pêcheur fait partie du sinistre cortège. Kitouba et lui échangent un regard qui apaise un peu la jeune fille.
Les yovos forcent les femmes et les hommes à monter dans les barques qui quittent une à une la plage de Ouidah.

Kitouba se trouve à présent dans l'obscurité, dans la soute du navire, les pieds et les mains toujours liés. Elle a faim, elle a soif et elle a peur. Elle repense aux paroles prononcées par le bokonon :
"Tu es promise à un destin difficile mais tu sauras garder la force de tes croyances. Crois-tu à Mami Wata, déesse de l'océan, qui fait la richesse et la puissance de ses adeptes ?"
Kitouba comprend alors le sens de cet oracle. Elle décide de vivre et de croire à Mami Wata. Elle se met à chanter doucement : "min, do xon do ba wé, ghé jen kan nan vo." Cela signifie « Si vous voulez pénétrer les mystères du vaudou, il vous faudra attendre jusqu’à la fin des temps. »
Ses voisines entendent son chant et se mettent à chanter aussi, bientôt rejointes par les hommes. Des yovos descendent dans la soute et crient mais le chant s'intensifie malgré les coups de fouet.

Voilà mes enfants l'histoire que m'a souvent racontée ma grand-mère devenue prêtresse de Mami Wata, en secret de ses maîtres : elle la tenait de grand-mère Kitouba.
Alphonsine est une haïtienne âgée de quatre-vingts ans.  Elle raconte l'histoire de sa grand-mère à ses petits enfants. Elle se tourne vers la statue de Mami Wata que beaucoup d'haïtiens viennent prier le soir. Elle connaît les chants et les rituels transmis par sa grand-mère et les transmettra à sa petite fille de vingt ans qui la regarde si attentivement. Elle a le même regard que Kitouba.



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MaryLor

Tu es mon petit frère
Celui que j'ai pris dans mes bras
Et que j'ai bercé
A qui j'ai chanté des berceuses
Et raconté des histoires
Imité le loup dans le noir
Pour te faire peur
Et puis rallumer en riant
Pour enfin te rassurer
Tu es un homme à présent
Et un père et quel père
J'adore quand tu prends
Sur tes genoux ton fils et ta fille
Et qu'ils rient aux éclats
Je trouve très touchant
Quand tu leur montres la nature
Et les animaux et le jardin
Et qu'ils te suivent avec leur petit panier
Je trouve que tu es un père formidable
Qui sait les préserver et leur raconter
Les histoires qui les feront rêver
Aie confiance en l'avenir
Tout ce que tu leur as donné
Jamais ils ne le perdront
Jamais ils ne l'oublieront
Et bats toi pour eux
Ils te le rendront
Ils t'aiment et seront là
Pour toi comme tu seras là
Pour eux
Je reste cette grande soeur
Qui te serre contre son coeur
Toi et tes petits bouts
Je vous aime beaucoup
Et mes deux loulous
Se joignent à moi
Pour vous faire
De gros bisous











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MaryLor

On me dit de me taire
Lorsque je n'avais plus le goût d'écrire
Quand l'espoir de changer enfin
M'avait quitté brusquement
Et bien mes larmes devant vous
Ce dimanche d'octobre
Me seront salutaires et
M'ont lavé de toute cette souffrance
Tue si longtemps
Parler pour ne rien dire
Parler pour ne pas écouter
Voilà ce qui nous est arrivé
Ecrire c'est effectivement
Inscrire les mots à jamais
Alors voilà
Un soir il est entré
Dans cette chambre
Je n'étais pas chez moi
Ce qui a tué mon innocence
C'est ce regard d'un adulte perdu
Quelles étaient ses intentions?
Je ne le saurai jamais
Car quelqu'un est entré
Et a lui a dit de me laisser...
Pardonner les propos déplacés
Il le faut c'est du passé
Et la mort l'a emporté
Ce qui me reste c'est ce désir ardent
D'inscrire enfin des mots
Sur tous ces maux de mon enfance
Une enfance sublimée
Des réalités occultées
Et me voilà adulte et mère
Maman d'une fille au seuil de son adolescence
Et que ma blessure a touché que je le veuille ou non
Cette blessure nous nous la transmettons
De génération en génération
Au sein de ma famille par les femmes
A moi de rompre cette chaine
Je n'ai pas été victime à proprement parler
La blessure est tout de même restée
Ainsi que l'angoisse et la perte de confiance
De cette blessure indicible
Des non-dits et des secrets transmis
Il me reste la foi en l'avenir
L'amour de mes enfants
Et enfin toi mon homme
Auprès de qui je vis
Qui a toujours été là
Tout prêt de moi
Qui suis fière
Qui revendique ma liberté
Parce que c'est vital
Et écrire enfin
Pour dire simplement
Qu'il est important
De protéger les enfants
Afin qu'ils deviennent un jour épanouis et heureux
De transmettre la vie à leur tour
Une blessure cela peut se refermer
Il suffit de pardonner
On m'a dit de me taire
Merci car cela m'a permis d'écrire enfin
Je vais pouvoir quitter cette prison
Où le mensonge et l'hypocrisie
Et la peur m'ont tenu si longtemps
Prisonnière de vos silences
Je me libère donc de ces chaînes
Qui ne sont pas les miennes
Je vais prendre enfin un chemin
Qui sera le mien
Je vais suivre ma voie
En donnant de la voix
En chantant en dansant en riant
Je penserai à l'avenir
En vivant pleinement le présent
Je choisirai les miens
Parmi ceux qui m'entourent
Le plus important à ce jour
Est de prendre enfin soin de moi
Et de vivre avec mes enfants
Et mon homme
En harmonie avec eux
Et surtout en croyant en moi
En tout premier lieu
Et en un avenir plein de promesses




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