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Bastien C

Je ne saurais dire si j'aime plus lire qu'écrire, ou l'inverse. Arsène Lupin a marqué ma jeunesse, bien avant les BD. Plus tard j'ai compris que n'importe quel livre renferme un trésor si l'on prend la peine de s'y intéresser. Aujourd'hui, j'écris pour d'autres et pour transmettre à mon tour ces petites émotions qui donnent envie d'aller lire la page suivante...

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œuvres
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"J'aime" reçus

Œuvres

Bastien C

"Tiens, papa, c'est pour toi !". La petite fille tendit à son père une enveloppe blanche qu'elle avait extirpée d'une liasse de magasines publicitaires, trempés et maladroitement rassemblés sous son bras en un tas multiforme. La boîte aux lettres, qui était restée ouverte toute la nuit, avait offert la paperasse aux intempéries hivernales, dont la pluie qui ne cessait depuis trois jours.
"Ah, merci !" répondit presque machinalement Samuel. "A mon avis...c'est encore une facture d'électricité, et juste avant Noël, pour bien enfoncer le clou !" ajouta-t-il. Il posa la casserolle qu'il était en train d'essyuer puis ouvrit rapidement l'enveloppe, parcourut son contenu avant de replier les quelques feuilles et de les reposer sur la table de la cuisine, d'un geste protocolaire.
Il s'apprétait à reprendre sa besogne losque Camille revint le voir. "Eh papa ! Il y avait une autre carte dans le tas, mais c'est étrange, ce n'est pas notre nom dessus" précisa-t-elle. "Ah oui ?", répondit Samuel à la fois amusé et intrigué. Il se retourna et prit des mains de sa fille une petite enveloppe rouge et carrée, adressée à une certaine "Clémence Chabert". Ce nom ne lui était pas inconnu, loin de là. C'est à madame Chabert et à ses enfants qu'il avait acheté la maison dans laquelle il vivait depuis maintenant cinq ans. Quelqu'un ne devait pas être au courant de son déménagement. Cette personne ne devait d'ailleurs pas avoir beaucoup de contact avec elle, sinon elle n'aurait jamais envoyé la carte à cette adresse.
Mis à part quelques courriers du Trésor Public qui avaient échoué tardivement à cette adresse, le numéro 23, impasse de la Colombière, aucune autre correspondance pour madame Chabert n'avait subi le même sort. Que faire alors de cette enveloppe rouge ? Samuel l'aurait bien faite suivre à sa réelle destinataire, mais la simple idée de se retrouver face à la guichetière de la Poste, malaimable et maquillée comme une voiture volée le dissuada net. Il savait qu'il se heurterait inexorablement à quelque réponse du type "Vous me faites doucement rigoler ! Vous croyez que je vais la retrouver comment cette dame là ?". Après tout, il ne s'agissait que d'une simple enveloppe, sans l'ombre d'un caractère officiel. Elle ne manquerait donc certainement pas à madame Chabert.
Sorti de sa réflexion par un bruit sourd dans la rue, il se dirigea vers la poubelle pour sceller définitivement le destin de cette missive égarée. Mais il eu soudain une pensée fugitive. Nous étions deux jours avant Noël. Cette enveloppe contenait donc très probablement une carte pour l'occasion. Mais c'était moins celle-ci qui l'intéressait, que ce qui pouvait l'accompagner. Il y avait peu être un bon gros billet. Dix, vingt euros ? Cinquante euros pourquoi pas ? Il se souvint du plaisir qu'il éprouvait à ouvrir le courrier qui lui était adressé lorsque Noël ou son anniversaire approchait. Il y découvrait presque à coup sûr une petite liasse de monnaie qui ouvrait immédiatement le champ des possibles.
Samuel avait consenti à pas mal de dépenses cette année, pour contenter Camille mais également une ribambelle de neveux et de nièces dont la liste s'était encore allongée de deux exemplaires depuis l'année précédente. Il ne serait donc pas un petit coup de pouce du destin qui lui permettrait de transformer cette erreur d'adressage en un don anonyme.
Pour ne pas susciter la curiosité, voire la désaprobation de sa fille qui rôdait encore dans les parages, il finit religieusement d'essuyer les quelques assiettes qui gisaient sur l'égouttoir. Puis il s'enferma dans sa chambre. Seul, assis sur le lit, il scrupta d'abord l'enveloppe pour tenter d'y trouver le moindre indice sur son origine. Pas de nom, pas plus d'adresse d'envoi. Et le cachet de la poste était à peine visible. Le timbre lui-même, une très classique Marianne, ne trahissait aucune passion particulière de l'expéditeur pour les chevaux, les fleurs ou les plus beaux monuments de France.
Samuel prit cela comme un signe du destin, en se disant que le peu d'efforts déployés par ce dernier pour être identifié, justifiait amplement son geste perfide. Il décolla doucement le rabat de l'enveloppe, découvrant comme il s'y attendait une carte de papier glacé de couleur blanche. Un sapin vert enguirlandé ornait la première face et trônait au dessus d'un simple "Joyeux Noël". Il ouvrit ensuite précautionneusement la carte pour voir quel trésor elle pouvait bien renfermer. Mais il dut rapidement se rendre à l'évidence. Il n'y avait rien ! Ou plutôt rien de plus qu'un très petit message écrit à l'encre bleue auquel il ne porta pas tout de suite attention. Cette fois-ci le destin ne l'aiderait pas. Tant pis...
Décu, Samuel lut presque machinalement la petite phrase. Mais celle-ci le fit sursauter tant son contenu était imprévisible. Il était écrit :"Dans un mois il sera trop tard !". Il se demanda ce qui avait bien pu passer par la tête de son auteur pour écrire une telle sommation dans une carte habituellemnt destinée à apporter de la joie.
"La curiosité est décidément un bien vilain défaut", se dit Samuel qui se rendait soudain compte que non seulement il n'avait rien gagné à ouvrir ce courrier, mais qu'en plus, il se retrouvait avec une désagréable sensation. Il replia la carte et la remit dans son enveloppe. Quelque chose, cependant, sembla empêcher son geste. Il ressortit la carte de cette maudite enveloppe qu'il ouvrit en grand. Il s'apercut qu'un morceau de papier y était resté. Il le retira puis le déplia. Il s'agissait d'un morceau de cahier d'écolier. Samuel en reconnu la marge rouge et les lignes horizontales bleues. Le papier avait été déchiré d'une page formait une bande d'une dizaine de centimètres de largeur et d'environ trois centimètres de hauteur. Encore une fois, rien dessus, hormis un tampon qu'il plaça sous la lumière de sa lampe de chevet pour mieux le scruter. On pouvait y distinguer une forme de tête de cheval accompagnée d'un sigle et d'un nom : "CFE la Limonge".
Cette fois-ci, c'en était trop pour Samuel pour qui l'analyse d'une situation passait forcément par la dégustation d'un bon café chaud. Il sortit de sa chambre et se dirigea dans la cuisine pour y faire couler son brevage préféré et au passage s'enivrer de la douce fumée qui émanait de son percolateur. Il jetta un coup d'oeil pensif par la fenêtre de la cuisine avant de se saisir de la tasse chaude et de monter dans la mezzanine où se trouvait son bureau.
Il s'assit dans son fauteuil, allongea les jambes sous son vaste bureau et étala devant lui l'enveloppe, la carte et le morceau de papier. "Faisons le point" dit-il comme en véritable enquêteur. "Qu'avons nous ? Une enveloppe qui ne m'est pas adressée et qui vient de nulle part, une carte pour le moins ambigüe et un morceau de papier tamponné. Que faire de tout celà ?". Samuel avait, comme à l'accoutumée, prévu un tas de choses à faire cet après-midi. Mais il savait que ça ne serait pas possible sans avoir tenté de pousser un peu plus loin ses recherches. Il pouvait par exemple trouver des renseignements sur ce fameux sigle. Il pouvait aussi déterminer la date qui correspond à l'expiration du délai donné par la carte.
Il alluma son ordinateur. Une recherche sur Internet lui donna rapidement des résultats sur le sigle. Il y avait de très nombreuses pages sur la Cotisation Foncière des Entreprises, auxquelles Samuel n'accorda aucun intérêt, préféreant se concentrer sur les Centres Français d'Equitation, dont l'un portait justement le nom de "la Limonge". Il fut assez satisfait de constater que celui-ci se trouvait à une petite centaine de kilomètres en direction du sud. Sur la page officielle du centre apparaissait un logo en forme de tête de cheval qui était identique au tampon. Il consulta alors quelques pages pour voir si , à tout hasard, un détail pourrait attirer son attention. Mais il n'en fût rien.
Samuel prit alors son calendrier et regarda l'enveloppe de près. Le cachet de la poste était certes effacé et l'on ne voyait pas le bureau d'expédition mais la date pouvait encore se deviner. L'enveloppe avait était postée le vingt décembre, c'est-à-dire il y a trois jours. En ajoutant un mois, on aboutissait mathématiquement à la date du vingt janvier de l'année prochaine.
La deuxième énigme était donc résolue. Samuel avait entre ses mains la date fatidique et la localisation du centre d'équitation. Oui mais que faire désormais ? Ou plutôt, et c'est ce qui trottait dans sa tête, fallait-il faire quelque chose ? Que se passerait-il vraiment le vingt janvier. Pour qui sera-t-il trop tard ? Est-ce que ce courrier qui ne lui était pas destiné, vallait vraiment la peine de perdre du temps à résoudre un problème qui n'en était peu-être pas un ?
Samuel se prit à repenser à madame Chabert. Il se souvenait très peu de cette femme et de ses enfants. Elle était veuve depui peu de temps, si l'on en croyait les dires de la directrice de l'agence immobilière qui lui avait fait visiter les lieux. Et c'est pour cette raison qu'elle souhaitait vendre rapidement et à un prix largement abordable. A l'époque, Samuel était pressé, lui, de s'installer dans cette paisible commune dans laquelle il n'y avait pas pléthore d'offres mais qui se trouvait à une distance raisonnable de la rédaction du journal. Il n'avait pas osé demander de détails sur les circonstances de la mort du mari cependant il s'était fait la réfléxion, en rencontrant pour la première fois madame Chabert, âgée à l'époque d'une cinquantaine d'année tout juste passée, que son mari faisait finalement un assez jeune défunt.
Parmi ses enfants, il ne se souvenait que d'Adrien. Il l'avait intrigué car à l'occasion de l'acte de vente, il avait appris qu'il était comédien. Et tandis que le notaire égrénait mot à mot les quelques cinquante pages du document officiel, Samuel s'était amusé à chercher quels rôles on pouvait bien confier à ce jeune gringalet hirsute. Une autre chose revint à son esprit. La veuve et ses enfants avaint marqué une joie toute mesurée après avoir apposé leurs signatures sur l'acte. Or dans ces moments-là, même triste de quitter le lieu d'agréables souvenirs, on ressent tout de même un peu de bonheur à voir une telle affaire se réaliser. Il n'en fut rien les concernant, comme si cette vente ne leur permettait que de tirer un trait sur des épisodes dramatiques.
"Après tout, si cette carte n'était pas tombée là par hasard ?" prononça Samuel, un léger sourire aux lèvres. Lui qui s'ennuyait depuis quelques temps dans son rôle de journaliste politique en région venait peut-être de trouver une affaire qui pourrait satisfaire son appétit. "Je ne sais pas ce qui se passera le vingt janvier prochain, mais en tout cas, je suis bien décidé à être aux premières loges !".
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