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Plume au vent

Retrouvez-moi sur maplumeauvent.over-blog.com

J'ai toujour écrit... Sur des bouts de papier qui traînaient, dans des calepins cachés au fond de mes sacs, sur les pages blanches d'un journal intime ou sur celles, moins poétiques, de mon ordinateur... Et puis j'ai eu envie qu'on me lise. J'ai eu envie de partager cet univers secret, mon monde intérieur.

Alors me voila, avec mes poèmes et mes nouvelles.

Je vous les offre et j'espère qu'elles éveilleront en vous ce petit quelque chose qui crée les rencontres, comme une lueur au fond du coeur, une étincelle.... et qu'ainsi peut-être, un peu de mon monde deviendra le vôtre.

2
œuvres
0
défis réussis
8
"J'aime" reçus

Œuvres

Plume au vent
Conte poétique
6
4
4
17
Plume au vent


Il y a des silences qu'il ne faut pas déranger.
Pareils à l'eau dormante, ils apaisent notre âme.
Yasmina Khadra

Que dit-on lorsqu'on dit « je t'aime » ?
Trois mots usés d'avoir été sans cesse utilisés.
Trois mots harassés d'avoir été trop prononcés.
Trois mots blessés, estropiés.
Meurtris.
Anéantis.
Il aurait fallu qu'on en prenne soin, qu'on les cajole, ces trois mots-là, qu'on les enrubanne dans du papier de soie et qu'on les range précieusement dans une boîte ouvragée qu'on aurait cachée dans le double fond d'un secrétaire ancien. Il aurait fallu qu'on ne les sorte que pour les grandes occasions, comme un collier de perles précieuses, qu'on les manipule avec précaution et, une fois libérés de l'enveloppe qui les protégeait, qu'on les susurre à peine, tel un secret bien gardé qu'on hésite encore à révéler, alors qu'il se tient là, tapi au creux des lèvres de l'amoureux, prêt à se glisser dans l'oreille attentive d'une Dulcinée.
Mais on a préféré les maltraiter. Les dire sans les penser. Les penser sans les dire.
Souvent même, « je t'aime » veut dire « je ne m'aime pas ». On dit « je t'aime » pour dire « aime-moi ». On dit « je t'aime » pour dire « sauve-moi ».
Alors si les mots qui disent l'amour ne savent plus vraiment ce qu'ils disent, comment définir l'amour lui-même ? Comment savoir si l'on aime et si l'on est aimé, si l'on ne sait ce qu'amour est ?
Je ne savais plus ce que ces mots signifiaient lorsque je l'ai rencontré.
Lorsque le désir me brûlait, je croyais aimer.
Lorsque le manque me tiraillait, je croyais aimer.
Lorsqu' humiliée et rejetée, je pleurais, je croyais aimer.
Mais l'amour n'accepte aucun synonyme. Privé de sens, mais pas d'essence, il se suffit à lui-même. Et peut-être est-ce dans le silence qu'il s'exprime le mieux.

1.
Il a a des yeux verts qui vous transpercent jusqu’aux tréfonds de l’âme. Il est de ceux qui connaissent les grands secrets de l’existence, qui vivent constamment en conscience. Lui, il sait. Il sait ce que tous se cachent ou font semblant d’ignorer. Il sait que vivre est vain. Et pourtant, il se tient debout, le regard franc et le sourire radieux. La première fois que je l’ai vu, j’ai su qu’il marquerait ma vie. Il se dégageait de lui une vérité. La vérité peut-être. Lui qui savait que rien ne sert de vivre allait m'apprendre à vivre.
Pour David, les mots ont un sens. Ils ne sont pas jetés au hasard sans avoir été au préalable choisis et pesés avec précaution. David a le goût du langage.
Face à moi, il aimait raconter, expliquer, démontrer et souvent contester. Pas moi. En tout cas, rarement. Mais les croyances, les codes, les contraintes. Ces chaînes invisibles qui bâillonnent les lèvres, les cœurs et les esprits.
J'aimais ses gestes quand il parlait. Ses lèvres dessinaient des sons dans l'air. Ses mains balayaient l'espace. Ses yeux dans les miens cherchaient mon approbation ou mon désaccord.
J'aimais sa voix aussi, calme et grave, qui disait posément ce dont elle était sûre, et parsemait son discours de quelques hésitations, qui lui permettaient de ne pas sembler être ce qu'il aurait détesté, un donneur de leçons.
Et quand il se taisait pour me laisser parler, j'aimais ce regard profond qu'il plongeait dans le mien, et dans lequel je voyais se mêler la surprise et l'admiration.
Ces moments-là, où nous étions libres de nos mots, libres de nous-mêmes, sont sans doute les plus intenses qu'il m'ait été donné de vivre dans ma vie. Parce qu'alors, rien ne comptait que l'instant béni que nous partagions. Dans ce temps suspendu, nous n'étions que purs esprits. Il n'était même pas question de l'empressement de nos corps qui pourtant se désiraient. Il n'était question que d'une vérité. Profonde et éternelle. La nôtre.
Pendant les mois qui suivirent notre rencontre, je n'ai plus écouté que la mélodie enivrante de ce dialogue amoureux. Plus rien d'autre ne comptait que ces moments-là. Et sa voix. Qui couvrait tous les autres sons. J'étais comme ensorcelée et j'ai refusé de prêter l'oreille au lancinant refrain que me chantait mon âme et qui pourtant me disait de me méfier, car la vérité d'un moment de plénitude n'est souvent qu'un mensonge.... C'est ainsi qu'un jour, David soudain s'est tu.

2.
Tout à coup, il n'a plus rien dit, plus rien écrit. Mon cœur blessé a pleuré. Mon esprit secoué a hurlé. Et mon âme, elle qui savait, a tenté de me réconforter. Mais je n'ai pas écouté. Je ne voulais converser qu'avec lui, cet autre que j'avais cru être moi et qui avait disparu. Tel un fantôme, il était passé si vite, que je me demandais s'il avait même existé. Il ne me restait rien de lui, que les quelques lettres qui forment son prénom, et que je répétais dans le silence avec l'espoir de lui redonner corps et de le voir réapparaître. Triste incantation.
D, Je presse ma langue contre mes dents.
A, J'ouvre les lèvres.
V, je soupire.
I, Je te souris.
D, Tu te refermes.
Ton prénom te raconte. Il est clos sur lui-même, et s'il s'ouvre un instant laissant entrevoir à celui qui le prononce les infinis trésors de douceur qu'il enserre, il se referme aussitôt, si bien qu'on n'a plus qu'une idée en tête : le prononcer encore. Lentement, l'épeler pour t'appeler.
D, Sensuelle, ma langue effleure mes lèvres humides.
A, J'ouvre une bouche avide pour mieux goûter la tienne.
V, J'aspire tes lèvres chaudes dans un souffle d'extase.
I, Je me recule et te regarde. Mon sourire s'éteint.
D, Tu n'es déjà plus là.
Le silence n'est rien. Puisque c'est l'absence de bruit. Mais c'est aussi l'absence de l'autre. Et en cela il est concret, palpable, consistant même. Il matérialise le vide, lui donne une substance, une existence. On entend l'autre ne rien dire, et c'est insupportable. Sans arrêt, en continu, il se tait. Il déverse un flot incessant de non-dits, une logorrhée mutique. C'est un moulin à ne rien dire. Et il fait un tel vacarme, qu'on finit par ne plus entendre que lui... Ce silence assourdissant, qui martèle la tête et le cœur, jusqu'au vertige.
Le silence, ce n'est pas le vide. Il occupe l'espace, emplit le temps.
Le silence, c'est le chaos.

3.
Et il m'en aura fallu du temps pour ordonner ce chaos.
Dans ma tête, j'ai d'abord fait « le grand ménage de printemps ». J'ai rassemblé toutes les photographies mentales que j'avais faites de lui et je les ai jetées dans la sombre cave de mes émotions, là même où il me serait impossible de descendre tant les marches qui y mènent sont instables et vermoulues.
J'ai jeté son corps nu étendu sur le lit.
J'ai jeté ses mains délicates, qui toujours frôlent et jamais ne saisissent.
J'ai jeté ses bras puissants, les sillons veineux qui s'y dessinent.
J'ai jeté ses épaules, larges et enveloppantes.
J'ai jeté son sexe, sa courbure sensuelle
J'ai jeté ses reins, ses fesses, la ligne pure de sa colonne.
J'ai jeté sa nuque, la douceur mystérieuse de son parfum.
Et son sourire aussi, si triste.
Même son regard, toujours inquiet.
Cette lueur enfin, qui perçait dans ses pupilles, quand par instant, il oubliait qu'il ne s'aimait pas et me laissait l'aimer.
J'ai tout jeté mais je n'ai rien oublié.
Il me suffisait de fermer les yeux un instant pour revoir distinctement chacun des traits imparfaits de son visage qui s'étonnait de mes baisers, chacune des courbes abruptes de son corps qui s'abandonnait à mes caresses. Alors, j'ai pensé les garder obstinément ouverts, pour qu'ils affrontent la réalité de son absence, pour qu'ils s'assèchent et qu'ils l'effacent.
Voila.
Assécher mes yeux pour effacer les siens.



Mais c'était sans compter sur la puissance de ma fertile imagination qui entendait dans le silence des mots d'amour qu'il ne prononçait pas.
Sans m'en rendre compte, j'avais mis des fleurs à la cave. Je l'avais décorée de mille couleurs et de lumière. J'avais camouflé ses murs suintants d'humidité et de larmes et les avais recouverts de sucre et de paillettes, de roses et de caramel. J'avais caché la moisissure sous des odeurs de fête foraine.
Et dans ce décor édulcoré, j'avais cédé à la tentation de mon esprit malade. J'avais laissé mes yeux se fermer pour rejouer l'histoire, encore et encore, jusqu'à la modifier. Dans ma cave enjolivée, je m'étais inventé des souvenirs et m'en étais nourrie, jusqu'à la nausée. Berlingots, sucres d'orge et barbe à papa !
L'indigestion plutôt que l'abandon.
Désormais, je vivais dans deux mondes parallèles. David n'était pas là. Mais dans ma tête, il était partout. Son visage se superposait comme un filtre aux images de mon quotidien. Ouverts ou fermés, mes yeux toujours le voyaient.
Une douce folie s'était emparé de mon esprit vagabond.
Elle avait profité d'un de ces instants troublés où, allongée sur le sol froid de la cave, je me réchauffais de rêves chimériques. Cruelle, elle s'était immiscée dans ma cervelle pour y imprimer l'image indélébile de cet impossible amour. Pour toujours et à jamais, me faudrait-il vivre ainsi, le regard vide et incertain, fixant la matière sans la voir, aveuglée par la silhouette fantomatique de son visage aimé ?

5.
Heureusement, il y eut la solitude. C'est elle qui m'a libérée. Grâce à elle, j'ai enfin pu quitter ma cave parfumée pour me délester du fardeau de mes folles illusions. Grâce à elle, j'ai enfin pu entendre les cris étouffés de mon âme apeurée.
Et j'ai fait face à Ma Réalité.
Elle est venue un soir me rendre visite. Je m'étais installée près du feu. A la main, un livre ancien. Dans l'autre, un nectar saône-et-loirien du nom de Saint-Amour. Je savourais les délices de l'instant et me laissais enivrer par mes rêves asservissants. Premier verre de vin.
Soudain on a sonné. Une femme vêtue de noire s'est présentée. Elle portait un manteau effilé dont la large capuche dissimulait en partie son visage que je devinais ridé, presque fripé. C'était Ma Réalité. Elle est entrée sans y être invitée et elle s'est installée dans mon fauteuil. Je l'ai d'abord regardée faire, décontenancée, puis j'ai fait mine de ne plus la voir. J'ai vaqué à des occupations ménagères, tout en me servant un autre verre. Parfois, nos yeux se rencontraient. Elle avait abaissé d'un geste furtif la capuche qui me cachait son visage et à chaque regard croisé, elle me gratifiait d'un étrange sourire narquois. Ses fossettes se relevaient pour aussitôt retomber.
Qu'est-ce qu'elle a celle-là ? Elle a des tics ou quoi ? Second verre de vin.
J'ai fini par lui servir un verre dont elle sembla se délecter. Alors son visage changea. Ses dents se teintèrent de rose puis de noir. Taché par le vin trop tannique, son sourire était devenu effrayant. Et puis toujours elle me fixait de son regard moqueur.
Non, mais elle ne va pas me lâcher ou quoi ? Troisième verre de vin.
Je finis par lui parler. Je t'avoue que je ne sais pas à quoi tu joues. Un dernier verre et tu t'en vas. Je l'entendis grommeler. Tant pis pour elle. Quatrième verre de vin.
Elle avait baissé la tête et fixait à présent son regard sur le tapis gris du salon. Rien ne laissait présager qu'elle comptait s'en aller. D'abord agacée, je fus bientôt prise de remords. Elle était un peu envahissante. Il fallait le reconnaître. Mais c'était une pauvre vieille femme, sans doute très seule. Peut-être n'avait-elle plus personne qui prenait soin d'elle. Peut-être cherchait-elle simplement à être réconfortée. Alors je me suis approchée et sur son épaule osseuse, j'ai posé une main bienveillante. Cinquième verre de vin.
Lentement, je la vis relever la tête pour à nouveau plonger ses yeux dans les miens. C'est à cet instant que je vis enfin Ma Réalité en face. Jamais faciès ne m'avait paru plus repoussant. Les traits figés dans une terrible grimace, elle ouvrait des yeux hagards qui semblaient ne plus pouvoir cligner. Sa bouche se tordait en un rictus diabolique qui me glaçait le sang. Je reculai d'un bond. Terrorisée. Ça suffit maintenant ! Fous le camp ! Sixième verre de vin.
Sur le sol blanc carrelé, je me suis effondrée. Saisie de spasmes irrépressibles, je pleurais comme une enfant qu'on a punie. Un instant j'ai pensé que ces larmes avaient pu l'amadouer mais plus je pleurais, plus elle semblait satisfaite que je l'aie vue telle qu'elle était. Terrible et monstrueuse.
Alors elle se mit à rire et d'une voix stridente, elle hurla :
Tu veux que je partes ?
Mais je suis chez moi ici. C'est toi qui n'y es pas. Regarde, regarde bien autour de toi. Ce que tu imagines existe-t-il ? Se trouve-t-il ici la moindre preuve que ce que tu espères puisse un jour advenir ?
Tu n'es rien pour lui.
Tu n'existes pas.
J'ai plaqué mes mains contre mes oreilles. Pour qu'elles fassent écran. Je secouais frénétiquement la tête. Je ne voulais pas entendre ces mots-là. Trop durs, trop abrupts. Trop justes. La vérité, je la connaissais mais je la refusais. Je ne voulais que le silence. Ce silence souffrant mais rassurant. Son silence.
Alors, je me suis relevée et j'ai fini les quelques gouttes de vin qui stagnaient encore dans le fond de mon verre et ivre, j'ai rejoint mon lit et le sommeil pour toute entière plonger dans mes rêves au goût de miel et de vanille et laisser sur sa chaise l'aigre réalité qui reviendrait, je le savais.

6.
Elle n'a d'ailleurs pas tardé. Quand je me suis levée, j'ai parcouru le salon jusqu'à la cuisine sans la voir. Soulagement. J'ai préparé un café et me suis installée, le cœur léger, sur la terrasse ensoleillée dans le jardin.
Au loin, une ombre.
Je la devinais du coin de l’œil, mais je refusais de tourner la tête. Je la sentais se rapprocher. Lentement. Sûrement. Puis finalement elle se colla à moi, à mon dos, soufflant dans ma nuque son haleine fétide.
Désormais, partout elle me suivait. Impossible de m'en débarrasser. Et le visage de David lui, emplissait toujours mon horizon.
Partout où je regardais, il était là.
Partout où je ne regardais pas, elle était là.
Il me fallait faire un choix.
Renoncer à mes rêves d'amour éperdu avec un éternel absent. Ou bien rêver encore, infiniment, mais pour toujours, sentir cette ombre derrière moi, cette ombre qui se riait de moi, et parfumait mon espoir de l'odeur aigre de l'échec.
Rêver mais vivre dans la peur, ou accepter la réalité et vivre sans amour.
L'espoir souffrant ou le vide désespérant. La peste ou le choléra.
Alors j'ai voulu revoir David. Pour le sortir du rêve et le faire entrer dans ma réalité. Pour lui rendre son être véritable, le voir tel qu'il était et non tel que j'avais fini par l'inventer. Dire enfin adieu au fruit glorieux de mon imagination.
Ainsi peut-être accepterais-je Ma Réalité. Peut-être verrais-je en elle un peu de moi. Peut-être comprendrais-je qu'un jour moi aussi je serai une ombre, l'ombre de moi-même, une vieille femme seule et délaissée, mais pleine d'expériences vécues et de souffrances vaincues. Et peut-être que la regardant enfin pour ce qu'elle est, sans crainte et sans jugement, je pourrais l'aimer. L'aimer elle, davantage que lui. M'aimer moi, davantage que lui.
Il fallait que je le voie et qu'il se révèle autre. Que je ne voie plus en lui mon reflet mais qu'en elle je me reconnaisse. Que je le quitte pour enfin me retrouver.

7.
Il m'aura fallu trois entrevues pour y parvenir.
Trois.
Comme les trois formes de la matière : le solide, le liquide et le gazeux.
Comme les trois phases de l'existence : la naissance, la vie, la mort
Comme les trois êtres qui font un homme : le corps, l'esprit et l'âme
Le chiffre trois c'est l'union et l'équilibre.
Au bout de trois, je serai l'harmonie.

UN
Séparation des corps
Sa silhouette amaigrie m'apparaît.
Il me sourit,
et m'invite à entrer.
Je m'installe sur le canapé.
Lui s'assoit face à moi,
Sur un fauteuil abîmé.
Il ne choisit pas la place qu'il choisissait autrefois
Quand il me demandait de me rapprocher,
pour se serrer contre moi.
Ses yeux n'ont plus le même éclat.
Sa peau non plus.
Il a perdu la lumière qui m'irradiait,
Mais je la retrouve par instants dans ses prunelles
Quand dans son cœur mes mots résonnent.
J'ai froid.
Il a laissé la porte ouverte.
Peut-être pour ne pas que je m'éternise.
Je sens le vent glisser sous l'étoffe trop fine qui me recouvre.
Sous ma peau aussi,
Jusque dans mes entrailles.
Je ne me réchauffe
Qu'au moment de partir,
Quand il me prend dans ses bras,
Contraint et forcé.
Je l'ai demandé,
Il a d'abord refusé.
Il ne voulait pas qu'en lui s'imprime mon parfum,
Ce parfum qu'il aimait,
Qui le faisait me désirer,
Auquel il repensait
Quand il rêvait de mon corps,
de ce qu'il en ferait s'il était près de moi.
Quand il a mis ses mains sur mes reins,
Ses bras autour de ma taille,
J'ai retrouvé ses courbes adorées,
Son torse puissant,
Ses épaules solides,
La texture de sa peau aussi,
Douce et délicate,
comme celle d'un enfant qu'on protège.
J'ai retrouvé ce contraste qui me faisait l'aimer,
Cette fragile virilité.
Et au creux de son cou,
J'ai déposé un baiser.
Un baiser d'adieu
Qui disait plus jamais ….
Plus jamais je ne te toucherai,
Plus jamais je ne t'embrasserai,
Plus jamais je ne te respirerai.
C'est la dernière fois,
C'est la plus belle fois.

DEUX
Séparation des esprits
Il a dit non.
J'ai tout essayé pour qu'il me revienne.
J'ai dit les mots d'amour que je n'avais fait qu'écrire.
Maladroitement,
J'ai dit l'admiration
Mais n'ai récolté que l'humiliation.
Parce qu'il a dit non.
Plusieurs fois non.
Et qu'il a répété encore et encore
Toutes les raisons,
comme une récitation,
qui le tenaient éloigné
de mon amour trop pressé.
Il a dit non
L'air supérieur
Et moi j'ai souri
Pour ne pas qu'il devine tapies,
les larmes qui coulaient à l'intérieur.
Et puis soudain
J'ai vu au loin,
L'ombre de Ma Réalité
Qui lançait sur mes plaies
Étrangement,
un regard compatissant.
Ce n'est pas grave, a-t-elle murmuré,
C'est ce que tu es venue chercher.
Il doit te dire non
Pour que tu puisses te dire oui.
Aime ce non qui te ramène à toi.
Aime-toi.
Tu vaux mieux que ça.
Alors je l'ai laissé partir.
Une fois encore, j'ai caressé son dos,
Mais c'était s'appuyer contre les flots
Déjà il n'était plus là.
Je suis rentrée chez moi.
J'ai retrouvé l'absence,
Le silence,
Qui ne faisait plus le même bruit
Car de ma cave, tous mes doux rêves s'étaient enfuis.

TROIS
Séparations des âmes
Il a scellé notre ultime adieu
Par une rose bleue,
Une fleur que dans la nature, on ne trouve pas.
Une fleur qui n'existe pas.
C'est un simple bouton sans tige et sans épine
Dans un petit vase en verre.
C'est mon cadeau d'anniversaire.
Il l'a choisi à la va-vite
Avant de me laisser filer
et de reprendre sa vie
là où il l'avait laissée.
Petite partie d'un tout aboli,
Petit bouton joli,
mais démuni de ce qui l'unifie.
Plus de tige pour le soutenir.
Juste une coupe en verre dans laquelle il chancelle.
Petit bouton meurtri,
Tout de bleu badigeonné.
Plus d'épines pour le protéger.
Juste cette coupe en verre dont je ne sais que faire.
Suis-je ce bouton délaissé ?
Est-il la tige rejetée
Qu'on a coupée,
jetée à la poubelle
Pour rendre la rose plus belle ?
Pauvre tige sans bouton,
Que lui reste-t-il désormais
Pour survivre à la disparition
De ce qui l’embellissait
Si ce n'est ces épines
tranchantes,
coupantes,
Qui blessent l'échine
De celles qui trop près s'approchent,
De celles qui s'accrochent ….
Triste bouton sans tige,
J'aurais dû moi aussi
Finir en charpie
Mais recouvert d'un bleu artifice
On m'a offert une seconde vie,
La fin de l'inutile sacrifice.

8.
C'en était fini. Enfin.
David bien sûr, serait toujours là, quelque part dans un coin reculé de ma tête, de mon cœur. Il avait choisi de disparaître, d'ôter à ma vue ses doux yeux d'émeraude. Mais si je l'aimais, je m'aimais plus encore.
J'aimais cette vieille femme triste et désolée qui était venue me rendre visite. Car je savais désormais qu'elle était autre que ce qu'elle montrait. Qu'elle était riche d'une vie d'amour remplie. Riche des hommes qu'elle avait embrassés, qu'elle avait caressés. Qu'à travers eux, elle s'était trouvée. Et que si sa vie n'avait été souvent que vide et silence, elle l'avait vécue pleinement. Elle en avait savouré chaque instant, réjouissant ou insatisfaisant. Car tout prend sens quand on sait regarder.
Tout apprend, tout enseigne à devenir plus grand.
Même le vain, même le rien.
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